• IDS089 - La veille technologique en ingénierie biomédicale hospitalière

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    Bonne lecture...

    Auteur

    Bed­nars­ki Romain

    Contact

    Bed­nars­ki Romain : romain.bednarski@outlook.fr

    Citation

    A rap­pe­ler pour tout usage :  Romain BEDNARSKI, “La veille tech­no­lo­gique en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale hos­pi­ta­lière”Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Par­cours Tech­no­lo­gies Bio­mé­di­cales et Ter­ri­toires de San­té (TBTS), https://www.travaux.master.utc.fr/, réf “IDS089”, juin 2021.

    Résumé

    Une des mis­sions de l’ingénieur bio­mé­di­cal hos­pi­ta­lier est de réa­li­ser une veille tech­no­lo­gique de son domaine. Pour la majeure par­tie d’entre eux, cette tâche est dif­fi­cile à réa­li­ser car chro­no­phage et peu struc­tu­rée. Pour­tant, une veille peut contri­buer à un meilleur fonc­tion­ne­ment de son éta­blis­se­ment et valo­ri­ser la profession.

    L’objectif du pro­jet est de réa­li­ser un état de l’art de la pra­tique de la veille dans le domaine de l’ingénierie bio­mé­di­cale hos­pi­ta­lière puis de com­pi­ler ces élé­ments en une méthode appli­cable à n’importe quel ser­vice bio­mé­di­cal. Les résul­tats d’un son­dage dif­fu­sé auprès des ingé­nieurs bio­mé­di­caux en fonc­tion per­met­tra d’alimenter la réflexion sur le sujet et aider à la mise en place concrète au ser­vice bio­mé­di­cal du centre hos­pi­ta­lier d’Annecy-Genevois.

    La méthode de veille décrite, les pistes d’amélioration de la veille se tournent alors vers la coopé­ra­tion entre les ingé­nieurs bio­mé­di­caux, ren­du pos­sible notam­ment par les actions de l’AFIB.

    Abstract

    One of the mis­sions of the hos­pi­tal bio­me­di­cal engi­neer is to car­ry out a tech­no­lo­gi­cal intel­li­gence in his field. For most of them, this task is dif­fi­cult to accom­plish because it is time-consu­ming and unstruc­tu­red. Howe­ver, a moni­to­ring can contri­bute to a bet­ter ope­ra­tion of its hos­pi­tal and valo­rise the profession.

    The objec­tive of the pro­ject is to achieve a state-of-the-art of the prac­tice of tech­no­lo­gi­cal intel­li­gence in the field of hos­pi­tal bio­me­di­cal engi­nee­ring and then to com­pile these ele­ments into a method appli­cable to any bio­me­di­cal ser­vice. The results of a sur­vey sha­red to the bio­me­di­cal engi­neers in office will pro­vide ideas for the sub­ject and help with concrete imple­men­ta­tion in the bio­me­di­cal ser­vice of the Anne­cy-Gene­vois hos­pi­tal center.

    Once the tech­no­lo­gi­cal intel­li­gence method is des­cri­bed, the way of impro­ving it then turns to coope­ra­tion bet­ween bio­me­di­cal engi­neers, made pos­sible in par­ti­cu­lar by the actions of the AFIB.

    Téléchargements

    IDS089 Mémoire
    IDS089 Mémoire

    Mémoire complet :

    La veille technologique en ingénierie biomédicale hospitalière


    Remerciements

    Je sou­haite remer­cier toutes les per­sonnes ayant per­mis la bonne réa­li­sa­tion de ce stage, autant sur le plan per­son­nel que professionnel.

    Je remer­cie tout d’abord Albin Lore, res­pon­sable du ser­vice bio­mé­di­cal et maître de stage, pour la confiance accor­dée et le par­tage de son expé­rience. Je le remer­cie aus­si pour la qua­li­té de ses conseils et sa disponibilité.

    Je sou­haite remer­cier Joël Delode, sui­veur du stage auprès de l’AFIB, pour son aide et ses réponses. Éga­le­ment, je remer­cie tous les ingé­nieurs ayant répon­du aux ques­tions et au son­dage et par­ti­cu­liè­re­ment Jacinthe Lapointe et Clé­ment Tho­mas, ingé­nieurs bio­mé­di­caux du ser­vice, pour leur temps et leur retour d’expérience.

    Je remer­cie l’équipe bio­mé­di­cale du CHANGE pour leur accueil et leur aide pour la bonne réa­li­sa­tion de mes missions.

    Mer­ci à Gil­bert Farges pour son sou­tien et sa bien­veillance pen­dant le dérou­le­ment du stage. Je sou­haite aus­si remer­cier l’équipe ensei­gnante de l’UTC et par­ti­cu­liè­re­ment du mas­ter ingé­nie­rie de la santé.

    Enfin, un grand mer­ci à ma mère, mon père et ma copine pour leur sou­tien et leur pré­sence au quotidien.

    Liste des figures

    Liste des abréviations

    • AFIB : Asso­cia­tion Fran­çaise des Ingé­nieurs Biomédicaux
    • ANAP : Agence Natio­nale d'Appui à la Per­for­mance des éta­blis­se­ments de san­té et médico-sociaux
    • CHANGE : Centre Hos­pi­ta­lier Anne­cy Genevois
    • DALI : Direc­tion des Achats, de la Logis­tique et des Infrastructures
    • DS : Direc­tion des Soins
    • GBPB : Guide des Bonnes Pra­tiques Biomédicales
    • GBPIB : Guide des Bonnes Pra­tiques en Ingé­nie­rie Biomédicale
    • GHT : Grou­pe­ment Hos­pi­ta­lier de Territoire
    • REX : Retour d’expérience
    • UTC : Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Compiègne

    Introduction

    Le domaine de l’ingénierie bio­mé­di­cale est en constante évo­lu­tion. Des inno­va­tions pro­met­teuses sont déve­lop­pées et pro­posent des oppor­tu­ni­tés d’amélioration des pra­tiques hos­pi­ta­lières actuelles. Les acteurs de l'ingénierie bio­mé­di­cale hos­pi­ta­lière sont conscients de leur rôle à jouer mais la mul­ti­pli­ci­té de leurs mis­sions et des pro­jets à mener fait qu’il est com­plexe d’organiser un tra­vail de veille tech­no­lo­gique, régle­men­taire et autres. Ain­si, les ingé­nieurs bio­mé­di­caux hos­pi­ta­liers recon­naissent la dif­fi­cul­té de trai­ter ce sujet en esti­mant impor­tant de pro­po­ser des amé­lio­ra­tions de leur méthode.

    La mise en place d’une veille tech­no­lo­gique au sein d’un ser­vice d’ingénierie bio­mé­di­cale demande une coor­di­na­tion des dif­fé­rents acteurs internes et externes au ser­vice. L’expérience des ingé­nieurs bio­mé­di­caux, des pro­fes­sion­nels de la veille, des par­ties pre­nantes et de la docu­men­ta­tion actuelle per­mettent de défi­nir une méthode appli­cable en ingé­nie­rie biomédicale.

    Il est néces­saire de dres­ser un état de l’art des recom­man­da­tions et tra­vaux pré­cé­dents sur la veille tech­no­lo­gique afin de débu­ter la réflexion sur le sujet avec l’avis pra­tique des ingé­nieurs bio­mé­di­caux. Les retours d’expérience des ingé­nieurs bio­mé­di­caux per­mettent de s’orienter sur les axes à prio­ri­ser lors de la mise en place d’une veille dans un ser­vice hos­pi­ta­lier. Ain­si une méthode basée sur ces élé­ments peut être déve­lop­pée puis appli­quer au ser­vice bio­mé­di­cal du Centre Hos­pi­ta­lier Anne­cy-Gene­vois (CHANGE).

    En plus de cette pro­po­si­tion et pour faci­li­ter la mise en place, des recom­man­da­tions en lien avec la méthode sont pro­po­sées direc­te­ment à l’association fran­çaise des ingé­nieurs bio­mé­di­caux (AFIB). Cette asso­cia­tion ayant pour objec­tif de se don­ner les moyens de déve­lop­per la veille du domaine bio­mé­di­cal. Un article qui paraî­tra dans la revue IRBM News est en construc­tion et vien­dra com­plé­ter les élé­ments de ce mémoire.

    I L’ingénierie Biomédicale

    L’AFIB, Association Française des Ingénieurs Biomédicaux

    Avec l’essor du sec­teur bio­mé­di­cal au sein de l’hôpital et le besoin de valo­ri­ser le rôle des ingé­nieurs bio­mé­di­caux, en 1982 un groupe d’ingénieur a choi­si de déve­lop­per une asso­cia­tion ayant pour objec­tif le par­tage d’information entre les ingé­nieurs bio­mé­di­caux hos­pi­ta­liers. Il s’agissait aus­si d’une façon d’unir la pro­fes­sion et de ren­for­cer l’impact des ingé­nieurs dans le sec­teur hos­pi­ta­lier. [1]

    Aujourd’hui l’AFIB compte plus de 350 adhé­rents par­ta­geant les mêmes enjeux de déve­lop­pe­ment de la pro­fes­sion, de la réflexion sur les défis hos­pi­ta­liers et plu­sieurs actions pour déve­lop­per le domaine. Éga­le­ment, l’un des grands inté­rêts de l’association, elle consti­tue un moyen d’échanges entre les ingé­nieurs bio­mé­di­caux hos­pi­ta­liers et notam­ment sur la veille tech­no­lo­gique. [2]

    L’AFIB orga­nise régu­liè­re­ment des groupes de tra­vail. Ceux-ci dépêchent des ingé­nieurs bio­mé­di­caux auprès de congrès et évé­ne­ments impor­tants de la pro­fes­sion et viennent ali­men­ter le site inter­net de rap­port sur les sujets d’actualité. L’association tra­vaille éga­le­ment sur les publi­ca­tions de la revue IRBM News. [3]

    Le sujet de stage pro­po­sé par Albin Lore, en tant qu’ancien cor­res­pon­dant régio­nal AFIB et actuel res­pon­sable du ser­vice bio­mé­di­cal du CHANGE, auprès de l’AFIB repré­sente la volon­té de l’association d’améliorer son orga­ni­sa­tion interne de la veille du sec­teur bio­mé­di­cal. Elle sou­haite faire évo­luer sa façon de créer du conte­nu et de pro­po­ser à ces adhé­rents la des­crip­tion d’une méthode faci­li­tant sa mise en place en milieu hospitalier.

    Le Centre Hospitalier Annecy-Genevois

    Figure 1 Photographie du CHANGE depuis le col des sauts (Source : Auteur)

    L'origine his­to­rique du centre hos­pi­ta­lier remonte à sa créa­tion en tant qu’hôpital cen­tral d’Annecy en 1758. En 1975 est inau­gu­ré le bâti­ment cen­tral situé proche du centre his­to­rique de la ville d’Annecy avec une moder­ni­sa­tion impor­tante de la struc­ture, notam­ment celle du pla­teau tech­nique. Puis en 2008, l’hôpital démé­nage vers le site de Metz-Tes­sy pour mieux déve­lop­per son acti­vi­té, site prin­ci­pal actuel du CHANGE. [4]

    Le CHRA (Centre Hos­pi­ta­lier de la Région d’Annecy) a débu­té un tra­vail de rap­pro­che­ment avec le Centre Hos­pi­ta­lier de Saint-Julien en Gene­vois dès 2003 pour fusion­ner com­plè­te­ment en 2014 après avoir mutua­li­sé les forces médi­cales et les pro­jets de déve­lop­pe­ment. Aujourd'hui les deux struc­tures dis­posent d’une direc­tion com­mune et mènent les pro­jets ensemble pour répondre aux besoins de san­té de la région. Le CHANGE est répar­ti en sept sites dis­tincts [5] :

    • Centre hos­pi­ta­lier d’Annecy-Genevois, site d’Annecy
    • Centre hos­pi­ta­lier d’Annecy-Genevois, site de Saint-Julien-en-Genevois
    • Hôpi­tal de jour de psy­chia­trie adulte et enfant, site d’Annecy
    • Uni­tés de soins de longue durée et soins de suite et de réadap­ta­tion, site d’Annecy
    • EHPAD Saint-Fran­çois, site d’Annecy
    • EHPAD, site de Saint-Julien-en-Genevois
    • USLD, site de Saint-Julien-en-Genevois

    À par­tir des chiffres de 2019, le CHANGE dis­pose de 886 lits MCO (Méde­cine, Chi­rur­gie, Obs­té­trique) et d’une offre de soins com­plète en neu­ro­chi­rur­gie, neu­ro­vas­cu­laire, chi­rur­gie car­diaque et vas­cu­laire et diag­nos­tic anté­na­tale. Le pla­teau tech­nique est com­po­sé de trois scan­ners, deux IRM (1,5 et 3T), deux salles d’imagerie car­dio-vas­cu­laires inter­ven­tion­nelles, dix-neuf salles d’opérations. [5]

    En tout, le CHANGE emploie l’équivalent de 4200 per­sonnes à temps plein dont plus de 700 pra­ti­ciens, internes et sages-femmes. [5]

    Le GHT Haute-Savoie pays de GEX

    Le CHANGE est l’établissement sup­port du GHT (Grou­pe­ment Hos­pi­ta­lier de Ter­ri­toire) com­po­sé de deux autres éta­blis­se­ments : le CH Gabriel Déplante de Rumil­ly et le CH du Pays de Gex. Ces deux éta­blis­se­ments sont cen­trés sur une offre de soin de proxi­mi­té ain­si que l’hébergement des per­sonnes âgées.

    Le GHT déve­loppe des pro­jets ter­ri­to­riaux mais la majo­ri­té de l’offre de soin est tour­née sur les deux sites du CHANGE que sont Anne­cy et Saint-Julien en Gene­vois. [5], [6]

    Le nouveau CHANGE

    Un pro­jet d’extension sur le site d’Annecy repré­sen­tant un inves­tis­se­ment glo­bal de plus de 95,7 mil­lions d’euros dont 16 mil­lions d’équipements bio­mé­di­caux com­por­tant trois restruc­tu­ra­tions [5] :

    • Un nou­veau centre de can­cé­ro­lo­gie dans un nou­veau bâti­ment indé­pen­dant avec consul­ta­tions, hos­pi­ta­li­sa­tions et radiothérapie.
    • Un centre de chi­rur­gie ambu­la­toire dans le bâti­ment principal.
    • Une exten­sion des urgences adultes.
    • Plu­sieurs opé­ra­tions de démé­na­ge­ment des services.
    Figure 2 Organigramme de la DALI (Source : Auteur)

    Par­mi les dix direc­tions du CHANGE se trouve la DALI (Figure 2)dont dépend hié­rar­chi­que­ment le ser­vice bio­mé­di­cal. Il s’agit de la direc­tion trai­tant les affaires finan­cières, les ques­tions logis­tiques, les tra­vaux et autres sujets non-médi­caux. La direc­trice de la DALI est par consé­quent la supé­rieure hié­rar­chique directe du res­pon­sable biomédical.

    Afin de mettre en rela­tion ces équipes, des points heb­do­ma­daires sont orga­ni­sés afin de flui­di­fier le flux de tra­vail. Cha­cun ayant des enjeux et des pro­blé­ma­tiques com­munes avec les autres.

    Pour per­mettre un tra­vail en mode pro­jet au sein de l’établissement, une coor­di­na­trice rele­vant de la direc­tion des soins et fai­sant par­tie de la direc­tion des opé­ra­tions inter­vient au sein de la DALI. Elle revoie l’entièreté des pro­jets avec les dif­fé­rentes par­ties pre­nantes pour coor­don­ner les moyens, les actions, les calen­driers et les prio­ri­tés afin de les mener à bien.

    Le service biomédical du CHANGE

    Le ser­vice bio­mé­di­cal est com­po­sé d’un ingé­nieur res­pon­sable, deux ingé­nieurs, dix tech­ni­ciens dont un chef d’atelier et un ges­tion­naire de l’accueil et des stocks (Figure 3). Par lien fonc­tion­nel, il est éga­le­ment com­po­sé d’une appro­vi­sion­neuse et d’un ache­teur dont le poste est actuel­le­ment en recru­te­ment. C’est pour­quoi actuel­le­ment les dos­siers concer­nant les achats sont trai­tés avec les responsables.

    Les mis­sions du ser­vice couvrent l’ensemble du sec­teur bio­mé­di­cal au sein de l’établissement :

    • Achats et investissements
    • Main­te­nances
    • Consom­mables
    • Maté­rio­vi­gi­lance
    Figure 3 Organigramme du service biomédical au CHANGE (Source : Auteur)

    Pour le plan d’équipement 2021, le bud­get vali­dé par l’ARS repré­sente plus de 2,8 mil­lions d’investissement ou renou­vel­le­ment sur les équi­pe­ments. Ce bud­get n’inclut par l’investissement pour le nou­veau CHANGE.

    Le ser­vice bio­mé­di­cal déve­loppe un pro­jet de ser­vice por­té par son res­pon­sable repar­ti en six axes. Quatre de ces axes ont un impact sur la mise en place d’une veille tech­no­lo­gique et donc un inté­rêt pour celle-ci :

    • Redé­fi­nir les res­pon­sa­bi­li­tés de cha­cun : la dési­gna­tion d’un coor­di­na­teur de veille peut s’y intégrer.
    • Créer des points d’échanges : Par­ta­ger au maxi­mum les infor­ma­tions de cha­cun et donc la collaboration.
    • Déve­lop­pe­ment de la com­mu­ni­ca­tion de ser­vice : Amé­lio­rer la qua­li­té per­çue du tra­vail en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale en par­ta­geant ces syn­thèses et comptes-ren­dus de veille au sein et en dehors de l’établissement.
    • Déve­lop­pe­ment de la veille bio­mé­di­cale : dont bien-sûr la veille technologique.

    Une des missions de l’ingénieur biomédical

    Avec l’augmentation des tech­no­lo­gies de pointe dans le domaine hos­pi­ta­lier, le déve­lop­pe­ment de l’ingénierie bio­mé­di­cale a répon­du à la néces­si­té de nou­velles com­pé­tences tech­niques spé­cia­li­sées et donc l’apparition d’ingénieurs spé­cia­li­sés au sein de l’hôpital. [1], [2]

    Le domaine de l'ingénierie bio­mé­di­cale est un domaine pro­pice aux inno­va­tions. Le sujet de la san­té reste un incon­tour­nable des débats et pré­sente éga­le­ment un enjeu finan­cier impor­tant à l’échelle natio­nale. Le chiffre d’affaires de l’industrie du dis­po­si­tif médi­cal était de 30 mil­liards d’euros en 2019 [7]. C’est pour­quoi ce domaine est en constante évo­lu­tion et les ingé­nieurs bio­mé­di­caux hos­pi­ta­liers se doivent de suivre ces chan­ge­ments, voir les anticiper.

    Comme il est décrit dans les dif­fé­rents guides et bonnes pra­tiques, l’activité de veille fait par­tie du rôle des ingé­nieurs bio­mé­di­caux hos­pi­ta­liers [8], [9]. Celui-ci per­met de conso­li­der ses com­pé­tences pro­fes­sion­nelles au sein de son éta­blis­se­ment et de pro­po­ser une plus-value inté­res­sante auprès de ces collaborateurs :

    • Recherche d’informations
    • Conseils et orientations
    • Apports d'éléments décisionnels
    Figure 4 Bénéfices de la veille technologique pour le patient (Source : Auteur)

    Les objec­tifs d’amélioration de la qua­li­té des soins et de la ges­tion finan­cière d’un éta­blis­se­ment de san­té font éga­le­ment par­tie des béné­fices d’une veille tech­no­lo­gique du ser­vice bio­mé­di­cal (Figure 4). La réa­li­sa­tion du plan d’équipement et des autres plans d’investissements sont amé­lio­rées par les apports de ce tra­vail en plus du pro­ces­sus d'acquisition des dis­po­si­tifs médi­caux qui en béné­fi­cie directement.

    II Le développement d’une veille technologique

    Cette par­tie décrit le che­mi­ne­ment du pro­jet et ses résul­tats puis débouche sur la mise en place d’une veille au ser­vice bio­mé­di­cal du CHANGE.

    Théorie de la veille

    La veille est une acti­vi­té de recherche et syn­thèse d’information sur un domaine pré­cis. Elle est réa­li­sée par un pro­fes­sion­nel aver­ti qui se charge de col­lec­ter les don­nées puis de pro­duire une syn­thèse qui per­met, à terme, d’améliorer ses acti­vi­tés et celles de son éta­blis­se­ment. La veille est donc une acti­vi­té visant à se tenir infor­mé pour être capable d’anticiper les chan­ge­ments et se don­ner les moyens de réagir [10].

    La veille n’est pas à confondre avec la réa­li­sa­tion d’une étude sur un sujet. La veille relève d’une sur­veille sur un domaine avec obli­ga­toi­re­ment un tra­vail s’étendant dans la durée. S'il fal­lait faire l’analogie avec un maga­zine, un sujet d’étude serait l’achat d’un numé­ro et la veille l’abonnement annuel au maga­zine [11].

    Les don­nées de veille peuvent pro­ve­nir de nom­breuses sources d’informations, que ce soit une revue, un jour­nal d’actualité, une news­let­ter ain­si que les congrès. Un for­mat appré­cié par les ingé­nieurs bio­mé­di­caux sont les états de l’art qui résument en un docu­ment l’état actuel des tech­no­lo­gies et des connais­sances sur un sujet tech­nique. L’objectif prin­ci­pal de la veille pour eux étant d’être infor­mé au plus tôt des inno­va­tions poten­tielles des pro­jets inté­res­sants pour son éta­blis­se­ment et d’en pré­pa­rer l’éventuelle acquisition.

    Sans vou­loir cadrer tota­le­ment l’activité de veille dans un pro­ces­sus strict, la réflexion sur la veille en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale laisse libre les échanges spon­ta­nés sou­vent pro­pice aux idées ori­gi­nales et nova­trices [11]. Échanges qu’il faut donc encourager.

    La veille tech­no­lo­gique seule ne per­met pas entiè­re­ment l’accès aux inno­va­tions bio­mé­di­cales. C’est la capa­ci­té d’analyse des infor­ma­tions régle­men­taires, le contexte finan­cier et orga­ni­sa­tion­nel de son éta­blis­se­ment et sa poli­tique qui apportent un réel gain pour l’établissement. Une inno­va­tion doit mal­gré tout inter­ve­nir comme réponse à un besoin ou un pro­jet en santé.

    Définitions propres à la veille

    Une infor­ma­tion : don­née, ren­sei­gne­ment, pré­ci­sion qui est capable d’informer sur un sujet [10].

    Une infor­ma­tion inté­res­sante : Il s’agit d’une infor­ma­tion qui attire l’attention et peut mener à une réflexion mais sans for­cé­ment être per­ti­nente dans le contexte.

    Une infor­ma­tion utile : Il est pos­sible de par­ler d'information pou­vant être uti­li­sée. On peut par­ler d’une infor­ma­tion déci­sion­nelle dans le cas de notre sujet [10], [11].

    La veille conti­nue : Pro­ces­sus de veille régu­lier per­met­tant de s’informer des actua­li­tés du secteur.

    La veille ponc­tuelle : Pro­ces­sus avan­cé de veille avec ren­du syn­thé­tique sur un sujet avec la mise en pers­pec­tive des élé­ments de contexte.

    Une inno­va­tion : nou­vel objet ou nou­velle pra­tique amé­lio­rant l’existant [12].

    Méthode de réflexion

    Le pro­jet a été divi­sé en trois phases dont la der­nière est double :

    La phase état de l’art qui consiste en un emma­ga­si­ne­ment très court du maxi­mum d’informations sur la veille. Celle-ci per­met­tant de plon­ger dans ce sujet en pré­pa­rant les étapes sui­vantes du pro­jet et de défi­nir en un temps très court des objec­tifs inter­mé­diaires et de pro­po­ser un objec­tif de ren­du per­ti­nent. La phase inter­mé­diaire fût la plus chro­no­phage avec notam­ment la dif­fu­sion du son­dage et la dis­po­ni­bi­li­té des acteurs. La der­nière phase dite « double » repré­sente deux élé­ments dis­tincts dont les objec­tifs diffèrent :

    • Le pré­sent mémoire conte­nant les élé­ments prin­ci­paux du pro­jet et l’aboutissement par la mise en place concrète de ces élé­ments au CHANGE, éta­blis­se­ment accueil du stage.
    • Un article dans la revue IRBM News repre­nant ce tra­vail pour un par­tage communautaire.

    État de l’art de la veille technologique

    Référentiels

    Les acteurs de l’ingénierie bio­mé­di­cale ont décrit des bonnes pra­tiques et des guides pour mener à bien les mis­sions de l’ingénieur bio­mé­di­cal. La men­tion de la veille tech­no­lo­gique et régle­men­taire y est faite dans la plu­part d’entre eux :

    • Le Guide des Bonnes Pra­tiques Bio­mé­di­cales [8]
    • Le Guide des Bonnes Pra­tiques en Ingé­nie­rie Bio­mé­di­cale [9]
    • Les fiches métiers de l’AFIB [13], [14]
    • La car­to­gra­phie des pro­ces­sus de l’ANAP [15]
    • D’autres tra­vaux d’étudiant (stage, recherche, thèse professionnelle)
    GBPB 2002

    C’est dans le pre­mier guide des bonnes pra­tiques bio­mé­di­cal que l’on retrouve ce lien entre la veille tech­no­lo­gique et règle­men­taire avec l’ingénieur bio­mé­di­cal. La veille tech­no­lo­gique y est men­tion­née comme en lien avec la pro­cé­dure d’achat des dis­po­si­tifs médi­caux et per­met à l’ingénieur bio­mé­di­cal de se tenir infor­mé des évo­lu­tions et inno­va­tions exis­tantes sur le mar­ché et de doter au mieux son éta­blis­se­ment avec des équi­pe­ments actuels [8]. Cette notion retrou­vée dans le GBPB v2002 décrit la recherche d’information en amont d’un pro­jet et éta­blie per­ti­nem­ment le prin­cipe d’une veille « utile ».

    Ce sujet de la veille fût éga­le­ment déve­lop­pé au sein d’un ser­vice bio­mé­di­cal suisse en 2009 où l’objectif était de mettre en place une veille tech­no­lo­gique essen­tiel­le­ment en four­nis­sant aux ingé­nieurs des outils de ges­tion de l’information [16]. Il y est éga­le­ment fait men­tion de la norme AFNOR XP X 50-053 décri­vant un pro­ces­sus de veille théo­rique [10]. Un pas de plus pour la veille tech­no­lo­gique et régle­men­taire en ingé­nie­rie biomédicale.

    GBPIB 2011

    La mise à jour des bonnes pra­tiques apporte son lot de nou­veau­té et d’amélioration qui béné­fi­cient à la veille tech­no­lo­gique et régle­men­taire. En effet, la bonne pra­tique d’activité connexes : veille tech­no­lo­gique et régle­men­taire, à l’heure actuelle non-décrite en détail, montre bien l’importance de ce rôle [9].

    Fiches métiers et cartographie

    En 2015, L’AFIB pro­pose aux lec­teurs d’IRBM News ses fiches sur le métier d’ingénieur bio­mé­di­cal avec quelques élé­ments concrets sur la méthode de réa­li­sa­tion de la veille [13], [14] :

    • Assu­rer une veille continue
    • Déga­ger du temps pour la lecture
    • Groupe de tra­vail inter-établissement
    • Ren­du de veille
    • (…)

    Ces élé­ments prouvent encore une fois l’implication de l’AFIB pour ce sujet qu’est la veille.

    L’ANAP (Agence Natio­nale d'Appui à la Per­for­mance des éta­blis­se­ments de san­té et médi­co-sociaux) pro­pose éga­le­ment sa contri­bu­tion avec une car­to­gra­phie des pro­ces­sus en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale repre­nant des élé­ments de réa­li­sa­tion de la veille inté­res­sants. Ces pro­ces­sus décrivent notam­ment l’évaluation à pos­te­rio­ri d’innovations acquises dans le cadre d’un tra­vail de veille [15].

    Ces notions et pro­po­si­tions de mana­ge­ment de la veille tech­no­lo­gique et régle­men­taire au sein d’un ser­vice bio­mé­di­cal sont per­ti­nentes et com­plé­men­taires. La com­pi­la­tion de ces don­nées per­met de construire de façon très théo­rique une méthode de veille appli­cable en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale. Cepen­dant, il est impor­tant d’y incor­po­rer des élé­ments fai­sant leurs preuves en pra­tique, l’avis d’expert en veille docu­men­taire mais aus­si d’acteurs bio­mé­di­caux expérimentés.

    Appréciation des ingénieurs biomédicaux

    Premiers retours d’expérience

    Au tout début de la réflexion sur la veille, il était impor­tant d’avoir un pre­mier retour d’expérience libre de la part des ingé­nieurs. L’objectif était de com­prendre ce qu’était la veille, en pra­tique, pour un ingé­nieur bio­mé­di­cal tra­vaillant à l’hôpital.

    La remarque reve­nant à la majo­ri­té des entre­tiens était le manque de temps à accor­der pour la veille, non seule­ment par la mul­ti­pli­ci­té des mis­sions de l’ingénieur mais aus­si par le manque d’organisation de celle-ci. Les entre­tiens se sont sur­tout concen­trés autour des res­sources d’information. Il s’agit d’une des étapes les plus chro­no­phage d’une veille et encore plus en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale où la res­source ne manque pas et est très diverse :

    • Congrès
    • Revues
    • Four­nis­seurs
    • Sites Web
    • Retours d’expérience
    • Recom­man­da­tions
    • (…)

    Ces res­sources sont toutes sin­gu­lières et ne pré­sentent pas d’interconnectivité, il est impos­sible de faire une recherche par mots-clefs sur l’ensemble des res­sources bio­mé­di­cales. Chaque source demande une méthode et un moyen dif­fé­rent pour l’interroger sur un sujet. 

    En fonc­tion de l’expérience au sein de son éta­blis­se­ment, un ingé­nieur bio­mé­di­cal aura plus de faci­li­té à échan­ger avec la direc­tion sur leurs objec­tifs et leurs choix de poli­tique. C’est éga­le­ment très dépen­dant de ‘l’organisation interne. 

    À la fin de ces entre­tiens, le constat fut que le sour­cing, la com­mu­ni­ca­tion, les don­nées et la rela­tion avec col­la­bo­ra­teur de l’hôpital n’étaient pas la source des dif­fi­cul­tés pour la réa­li­sa­tion d’une veille tech­no­lo­gique. Il s’agissait plu­tôt d’un manque de struc­ture de la méthode qui peut per­mettre de mettre en lien toutes ces com­pé­tences déjà pré­sentes dans un pro­ces­sus per­for­mant mon­trant des vrais résul­tats de veille. Pour cela, il fal­lait prendre du recul sur cette veille pour com­prendre les attentes des par­ties pre­nantes et les moyens à disposition.

    Création du sondage

    Pour incor­po­rer dans la théo­rie l’expérience et la pra­tique des ingé­nieurs bio­mé­di­caux hos­pi­ta­liers un son­dage a été construit et dif­fu­sé. D’abord, une lec­ture active et une ana­lyse des réfé­ren­tiels cités pré­cé­dem­ment a été réa­li­sée abou­tis­sant à un pro­to­cole de veille tech­no­lo­gique théo­rique. Celui-ci a beau­coup évo­lué depuis par l’ajout de la méthode des docu­men­ta­listes veilleurs du CHANGE et de l’UTC, des remarques et sug­ges­tions de nom­breux ingé­nieurs bio­mé­di­caux et par l’expérience vécue pen­dant le stage.

    Afin de plon­ger le son­dé dans le sujet et don­ner un fil direc­teur pour ali­men­ter sa réflexion, les dif­fé­rentes ques­tions du son­dage sui­vaient à la lettre les étapes théo­riques de la veille. Elles étaient répar­ties en deux grandes parties :

    • Pré­pa­ra­tion et infor­ma­tions : ques­tions sur l’organisation de la veille dans le ser­vice et les res­sources utilisées.
    • Ana­lyse et trans­mis­sion : ce qu’il en est fait ensuite, les per­sonnes impli­quées et le for­mat des ren­dus (si existant).

    L’ingénieur éva­luait sa méthode de veille selon plu­sieurs cri­tères éta­blis et avait l’opportunité de lais­ser à la fin son avis sur les axes prio­ri­taires et remarques sur le sujet.

    Après une ver­sion pre­mière ver­sion tes­tée, le son­dage a été dif­fu­sé dans son for­mat défi­ni­tif le 14 avril 2021. Au 21 juin 2021 126 ingé­nieurs bio­mé­di­caux de plu­sieurs éta­blis­se­ments répar­tis en France et en Suisse ont répon­du aux ques­tions. La repré­sen­ta­ti­vi­té des dif­fé­rents pro­fils d’établissements (CHU, Grand CH, CH) est satis­fai­sante (Figure 5)avec en des avis d’ingénieurs bio­mé­di­caux débu­tants comme expé­ri­men­tés. Par ailleurs, peu importe la situa­tion des ingé­nieurs (en CHU ou petit CH) le juge­ment sur la méthode de veille montre la même nota­tion : 3,5 /8 en moyenne. Sur les autres ques­tions concer­nant la méthode de réa­li­sa­tion sur la veille, il n'y a pas de cor­ré­la­tion entre la situa­tion de l’ingénieur et son envi­ron­ne­ment de travail.

    Figure 5 Répartition des ingénieurs répondant selon le type d'établissement (Source : Auteur)
    Bilan suite au sondage

    Comme men­tion­né pré­cé­dem­ment, la veille tech­no­lo­gique inté­resse beau­coup les ingé­nieurs bio­mé­di­caux et fait par­tie des sujets prin­ci­paux au sein de l’AFIB. Or, le son­dage dif­fu­sé aux ingé­nieurs bio­mé­di­caux révèle une cer­taine frus­tra­tion de la part des ingé­nieurs bio­mé­di­caux. Ils estiment que leur tra­vail de veille tech­no­lo­gique n’est pas opti­mal, trop chro­no­phage et qu’il serait temps que cette facette de l’ingénierie bio­mé­di­cale se pro­fes­sion­na­lise. Une veille mieux pré­pa­rée semble ame­ner une meilleure satis­fac­tion du tra­vail réa­li­sé, et donc plus de béné­fices (Figure 4).

    Figure 6 Graphique de relation entre la préparation et la satisfaction du travail de veille (Source : Auteur)

    Les réponses aux son­dages ont été construc­tives et ont per­mis de consi­dé­rer les réa­li­tés de ter­rain et les enjeux com­muns aux ingé­nieurs tra­vaillant à l’hôpital. Pen­dant toute la période de réflexion sur la méthode de réa­li­sa­tion de la veille au ser­vice bio­mé­di­cal, les points sou­le­vés, les remarques et les retours d’expérience ont per­mis d’alimenter en idées ce projet.

    Il est impor­tant ici de remer­cier les ingé­nieurs qui ont pris de leur temps pour y répondre.

    Accès aux informations

    Selon les avis du son­dage, le fac­teur limi­tant n’est pas l’absence d’accès à l’information puisque les ingé­nieurs ont majo­ri­tai­re­ment accès aux évè­ne­ments impor­tant de la pro­fes­sion (congrès, webi­nars, groupes régio­naux...) ain­si que les revues incon­tour­nables (Figure 7).

    Le juge­ment et la prise de recul lors de la récep­tion des infor­ma­tions font par­tie des com­pé­tences des ingé­nieurs. La source d’information étant par­fois par­tial, il est néces­saire de croi­ser les don­nées afin d’en tirer les conclu­sions vraies. C’est d’autant plus vrai que les ingé­nieurs bio­mé­di­caux ren­contrent les four­nis­seurs des équipements.

    Une autre source d’information inté­res­sante et très qua­li­ta­tive sur le plan cli­nique est l’avis du per­son­nel soi­gnant. Actuel­le­ment sol­li­ci­té uni­que­ment dans le cadre d’un pro­jet, un quart des ingé­nieurs a pour­tant pris l’habitude de ren­con­trer les équipes afin d’échanger sur les éven­tuelles nou­velles pra­tiques. Poten­tiel­le­ment, il est per­ti­nent de pro­fi­ter de la réa­li­sa­tion du plan d’équipement et la ren­contre des équipes pour échan­ger sur ce sujet.

    Cepen­dant, il est impor­tant de noter que l’accès à l’information ne signi­fie pas l’analyse et le trai­te­ment de celle-ci. Cette remarque reflète bien le tra­vail de veille comme une suc­ces­sion d’actions visant la don­née utile, néces­si­tant à l’origine une mul­ti­tude d’information à synthétiser.

    Figure 7 Graphique réponse de cinq questions phares du sondage sur la veille en ingénierie biomédicale (Source : Auteur)
    Point fort : Passation d’information

    Sans par­ler ici d’un compte ren­du de veille, l’information cap­té par les acteurs de l’ingénierie bio­mé­di­cale ne semble pas res­ter muette. Celle-ci a plu­tôt ten­dance à rebon­dir de façon infor­melle aux par­ties pre­nantes. 70% de l’information sur un nou­vel acte poten­tiel à l’établissement se retrouve être trans­mis à la cel­lule-médi­co-éco­no­mique, exemple par­mi les réponses issues du sondage.

    Variabilité d’organisation des services biomédicaux

    L’objectif n’est pas uni­que­ment cen­tré sur une appli­ca­tion au CHANGE. Pour tou­cher le plus grand nombre il est néces­saire de prendre en consi­dé­ra­tion les dif­fé­rences entre ser­vices bio­mé­di­caux. Ils sont tous de taille et d’organisation dif­fé­rentes selon l’établissement dont ils font par­tie. Il faut pro­po­ser des pistes d’amélioration appli­cables autant dans les gros éta­blis­se­ments que dans les plus modestes, en pro­fi­tant notam­ment de l’organisation des GHT.

    Les résul­tats du son­dage montrent l’intérêt d’une mutua­li­sa­tion des com­pé­tences et du temps humains. Pour 30% des ingé­nieurs son­dés, le tra­vail de veille ne peut être répar­tis entre les ingé­nieurs en poste d’un même éta­blis­se­ment, puisque seul sur site. Il est donc inté­res­sant d’organiser à l’échelle régio­nale des points d’échange entre éta­blis­se­ment pour ini­tier une démarche de col­la­bo­ra­tion sur le sujet de la veille technologique.

    III Développement de la méthode de veille en ingénierie biomédicale

    La com­pi­la­tion des don­nées biblio­gra­phiques et les résul­tats du son­dage per­mettent d’établir une méthode de veille en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale, faire le lien avec les élé­ments gra­vi­tant autour peut la rendre performante.

    Contexte du secteur hospitalier

    Les orga­nismes de san­té jouent éga­le­ment un rôle impor­tant dans l’orientation de l’offre des soins ter­ri­to­riaux. Connaître le contexte de l’établissement vis-à-vis de l’ARS va per­mettre de cibler les sujets impor­tants, ces mêmes sujets que devra trai­ter la veille.

    Les déci­sions prisent par les ins­tances admi­nis­tra­tives hos­pi­ta­lières ont un impact direct sur les acti­vi­tés du ser­vice bio­mé­di­cal. Ils éta­blissent les pro­jets majeurs qui ani­me­ront la dyna­mique de l’établissement pour plu­sieurs années et donc les pro­jets menés par les acteurs biomédicaux.

    La veille doit tenir compte des choix de poli­tique et des moyens dis­po­nibles pour son éta­blis­se­ment, sans quoi son ciblage sera mau­vais avec des résul­tats inex­ploi­tables. Pou­voir se tenir au cou­rant des sujets de dis­cus­sion et com­prendre l’environnement où le ser­vice bio­mé­di­cal évo­lue est essentiel.

    Parties prenantes

    Le ser­vice bio­mé­di­cal se trouve à l’interface entre les ser­vices de soins (chef de pôle, cadre, soi­gnants …) et la direc­tion géné­rale. Les actions menées par le ser­vice bio­mé­di­cal répondent aux objec­tifs de ces deux enti­tés avec comme objec­tif com­mun d’améliorer la prise en charge du patient dans son éta­blis­se­ment hospitalier.

    Cha­cune des par­ties pre­nantes ont des attentes, expri­mées ou non. Ils ont besoin des acteurs bio­mé­di­caux pour répondre à leurs ques­tions de façon objec­tive et éclai­rée. La prise en compte de leur méthode de tra­vail, pou­vant se faire via une veille orga­ni­sa­tion­nelle, est impor­tante pour aug­men­ter la per­ti­nence des ren­dus pro­duits par une veille biomédicale.

    La méthode

    Par sou­cis de clar­té, la méthode de veille décrite ci-après est divi­sée en trois par­ties (Figure 8). Chaque par­tie est réa­li­sée par un acteur interne du ser­vice bio­mé­di­cal dif­fé­rent et dépendent des résul­tats pré­cé­dents pour être menée à bien. Cette méthode peut être assi­mi­lée à une bonne pra­tique de veille tech­no­lo­gique en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale hos­pi­ta­lière, c’est pour­quoi sa des­crip­tion reste géné­rique afin de s’adapter au plus grand nombre. Dans le cha­pitre sui­vant du mémoire, cette méthode appli­quée au ser­vice bio­mé­di­cal du CHANGE don­ne­ra une des­crip­tion plus concrète de la mise en place de cette veille.

    Figure 8 Schéma synthétique de la méthode théorique de veille par le service biomédical (Source : Auteur)

    Pilotage de la veille

    Stratégie de veille technologique

    Au sein de l’équipe bio­mé­di­cale, un coor­di­na­teur de veille est dési­gné afin d’organiser et pilo­ter la veille dans sa glo­ba­li­té. Il sera la per­sonne réfé­rente en veille afin de conser­ver une struc­ture de tra­vail per­for­mante dans l’établissement et au-delà.

    Afin de défi­nir une stra­té­gie, il réunit les acteurs directs de la veille au sein de son ser­vice avec une équipe de direc­tion (dont la direc­tion médi­cale) au cou­rant du contexte et de la poli­tique de l’établissement. Ils défi­nissent par concer­ta­tion les sujets à trai­ter par ordre de prio­ri­té et selon les dates de fins de pro­jets défi­nies. La réflexion se fait éga­le­ment en asso­cia­tion avec les dif­fé­rents plans d’investissement, de main­te­nance et de renou­vel­le­ment. Cet échange doit être répé­té dans le temps pour syn­chro­ni­ser ces élé­ments de contexte avec le tra­vail réa­li­sé en veille. La stra­té­gie doit éga­le­ment béné­fi­cier du tra­vail de recen­se­ment des besoins des ser­vices de soins pour y implé­men­ter des sujets.

    Pour aug­men­ter la réac­ti­vi­té d’adaptation de la veille, il est néces­saire qu’un canal direct puisse exis­ter entre les équipes de direc­tion et médi­cales per­mettent d’ajouter un sujet impor­tant à cette stra­té­gie. Éga­le­ment, le coor­di­na­teur de veille se doit de res­ter vigi­lant sur une éven­tuelle évo­lu­tion notable de la situa­tion de l’établissement ou des par­ties pre­nantes externes.

    Le tra­vail de veille étant poten­tiel­le­ment lourd à réa­li­ser, il est impor­tant de le repar­tir entre les dif­fé­rents acteurs du ser­vice bio­mé­di­cal. Cela ne signi­fie pas un cloi­son­ne­ment mais une res­pon­sa­bi­li­sa­tion du sujet pris en charge par une per­sonne ou un groupe. Le coor­di­na­teur de ce tra­vail est en charge de suivre l’avancer de la veille et de relan­cer régu­liè­re­ment ses collaborateurs.

    Management des données

    Le coor­di­na­teur de veille fait le bilan des res­sources dis­po­nibles. Il sélec­tionne les res­sources les plus per­ti­nentes et de bonne qua­li­té qui seront néces­saires au sui­vi des sujets défi­nis pré­cé­dem­ment et éga­le­ment du domaine bio­mé­di­cal en géné­ral. Afin de faci­li­ter l’accès à ces res­sources, il met en place des flux d’entrée via les outils à disposition.

    Le choix des res­sources est l’un des piliers impor­tants de la veille. Il existe de nom­breuses res­sources qu’il est impor­tant de juger selon l’originalité du conte­nu, sa vrai­sem­blance et les sources cités [16]. Il est d’ailleurs pri­mor­dial de trai­ter une res­source fiable, ori­gi­nale et docu­men­tée comme une pépite [11].

    Dans un but de coor­di­na­tion des acteurs de la veille, il met éga­le­ment en place une base docu­men­taire infor­ma­tique selon les moyens à dis­po­si­tion afin de réunir au même endroit les don­nées bruts clas­sées selon le domaine, le sujet et la nature de la ressource.

    Après cette pre­mière étape pré­li­mi­naire, mise à jour régu­liè­re­ment, l’équipe bio­mé­di­cale dis­po­se­ra d’un pro­gramme de veille défi­nis­sant les sujets impor­tants, les res­sources dis­po­nibles et une base de don­nées de tra­vail à disposition.

    Figure 9 Synthèse de l'étape de pilotagede la veille (Source : Auteur)

    Veille et synthèse

    Cette étape est au cœur de cette méthode veille. Les com­pé­tences pour mener à bien cette action sont déjà pré­sentes dans les ser­vices biomédicaux.

    A par­tir des élé­ments pré­cé­dents, le char­gé ou le groupe de tra­vail de veille sur un sujet com­mence le tra­vail de recherche d’information à par­tir des res­sources dis­po­nibles. Il peut ain­si ali­men­ter la base de don­nées men­tion­né pré­cé­dem­ment par les docu­ments inté­res­sants mais éga­le­ment en y incor­po­rant sa prise de note.

    Alors même que le tra­vail de col­lecte est en cours, il est néces­saire d’anticiper l’étape sui­vante de syn­thèse de ces infor­ma­tions inté­res­santes et per­ti­nentes en infor­ma­tions utiles. La rédac­tion d’une note de syn­thèse rapide devient essen­tielle pour créer ce lien avec le contexte de l’établissement et ces enjeux. C'est un pro­ces­sus d’analyse de ces don­nées per­met­tant une double finalité :

    • Prendre conscience d’une tech­no­lo­gie, une pra­tique ou une inno­va­tion pou­vant avoir un impact béné­fique sur les acti­vi­tés de son éta­blis­se­ment de san­té tout en se pro­je­tant sur la fai­sa­bi­li­té d’un tel projet.
    • Mettre en évi­dence les infor­ma­tions man­quantes pour recher­cher d’autres données.

    Il est éga­le­ment impor­tant de pla­ni­fier ce tra­vail de veille en seg­men­tant les cré­neaux de recherche pour les répar­tir dans le temps et en aug­men­ter le résultat.

    Après un ou plu­sieurs cycles de col­lecte et d’analyse des infor­ma­tions, un compte ren­du fai­sant le lien entre les infor­ma­tions utiles sur une poten­tielle inno­va­tion, une étude de fai­sa­bi­li­té pri­maire, un lien avec le contexte et la poli­tique de l’établissement et le poten­tiel gain au glo­bal per­met­tra de faire le lien avec les par­ties pre­nantes. C’est à la fin de cette étape que les oppor­tu­ni­tés d’innovations concrètes appa­raissent, avec l'apparition des don­nées utilisables.

    Figure 10 Synthèse de l'étape de traitement des données (Source : Auteur)

    Diffusion

    Un compte ren­du de veille tech­no­lo­gique sur un sujet d’actualité apporte aux ins­tances déci­sion­nelles des élé­ments essen­tiels d’éclaircissement. L’acteur bio­mé­di­cal devient alors actif dans le pro­ces­sus déci­sion­nel de son éta­blis­se­ment en pro­po­sant un véri­table rôle de consul­tant tech­no­lo­gique, impli­qué dans les enjeux de san­té, finan­ciers, de sécu­ri­té (…). Il s’agit de l’étape finale de la veille où l’information qui en res­sort est utilisée.

    La mesure de la per­for­mance de la méthode veille peut être réa­li­sée par com­pa­rai­son entre les moyens mis en œuvre, les res­sources uti­li­sées et le temps consa­cré face au carac­tère uti­li­sé du résul­tat de veille.

    Il est impor­tant éga­le­ment d’entretenir le par­tage d’information infor­mel. Il est cou­rant pour l’ingénieur res­pon­sable d’un pro­jet d’échanger avec le per­son­nel soi­gnant sur des sujets tech­niques. L’apport d’éléments issus de la veille peut per­mettre un retour d’information per­ti­nent et l’émergence d’une nou­velle donnée.

    La dif­fu­sion du résul­tat de la veille peut elle aus­si être pla­ni­fiée selon un calen­drier pré­dé­fi­ni en adé­qua­tion avec le flux des déci­sions ou selon un modèle plus simple sans contrainte tem­po­relle. La méthode de dif­fu­sion doit aus­si être adé­quate pour que la récep­tion de ces infor­ma­tions s’inscrive natu­rel­le­ment dans la trans­mis­sion de l’information au sein de l’établissement.

    La cohé­sion entre les acteurs de l'ingénierie bio­mé­di­cale est une force à entre­te­nir. Le tra­vail d’un ser­vice iso­lé peut béné­fi­cier très lar­ge­ment aux autres ser­vices. L’objectif est donc de dif­fu­ser un retour d’expérience basé sur le tra­vail de veille en amont avec en plus un témoi­gnage com­plet sur une inno­va­tion acquise.

    Les béné­fices de cette col­la­bo­ra­tion à plus grande échelle serait une meilleure cou­ver­ture des actua­li­tés bio­mé­di­cales et inno­va­tions nou­velles avec un gain de temps consi­dé­rable pour les indi­vi­dus. Cha­cun béné­fi­ciant du tra­vail de recherche des autres pour venir le com­plé­ter par son expé­rience et ses connaissances.

     IV Mise en pratique au CHANGE

    Une mise en pra­tique des notions pré­cé­dentes de méthode de veille tech­no­lo­gique dans un ser­vice bio­mé­di­cal demande d’abord l’approbation de ces acteurs. Il s’agit de l’addition d’un rôle sup­plé­men­taire au sein de son éta­blis­se­ment qui demande un inves­tis­se­ment per­son­nel. Il est impor­tant que cha­cun puisse adhé­rer à cette idée et être convain­cu de l’intérêt de ce projet.

    Éga­le­ment, les par­ties pre­nantes que sont la direc­tion (en par­ti­cu­lier les acteurs de la DALI et la coor­di­na­trice DALI/DS) et les équipes soi­gnantes ont leur rôle à jouer. L’expression de leurs besoins et de leurs attentes demande un tra­vail sup­plé­men­taire mais pour­tant indis­pen­sable. La per­for­mance de la veille mise en place dépend beau­coup de la qua­li­té per­çue des béné­fi­ciaires [10].

    Adaptation de la méthode au CHANGE

    La pré­sen­ta­tion de l’aspect théo­rique ci-des­sus à l’ensemble de l’équipe d’ingénieur a mon­tré les axes prio­ri­taires à explo­rer afin de débu­ter cette mise en place. Il ne s’agit pas de mettre en place direc­te­ment tous les aspects de la méthode de veille mais bien de la frag­men­ter en implé­men­tant les pro­ces­sus progressivement.

    L’étape pré­li­mi­naire de pré­pa­ra­tion est per­çue comme per­ti­nente et indis­pen­sable. Ce rôle m’est confié dans un pre­mier temps puis sera trans­fé­ré à l’un des ingé­nieurs à mon départ, ingé­nieur deve­nant donc pilote de la veille.

    Les débats se sont concen­trés autour de l’étape au centre de la méthode de veille, celle de la recherche et l’analyse des don­nées. L’idée ici et de mettre en place deux cir­cuits de tra­vail de veille se rap­pro­chant de la théo­rie basique du pro­ces­sus de veille mais en la vul­ga­ri­sant selon deux termes reflé­tant la quan­ti­té de tra­vail néces­saire (Figure 11):

    • La veille dite “légère” cor­res­pon­dant en théo­rie à la veille conti­nue consiste en une recherche récur­rente et peu chro­no­phage avec une ana­lyse basique per­met­tant de gagner en infor­ma­tions avec un faible impact sur le temps humain.
    • La veille dite “lourde” cor­res­pon­dant en théo­rie à la veille ponc­tuelle se trouve en aval de la veille pré­cé­dente et est déclen­ché lorsqu’un sujet vient en réson­nance avec le contexte de l’établissement.
    Figure 11 Synthèse de l'adaptation de l'étape d'analyse des données au CHANGE (Source : Auteur)

    Sans par­ler de sim­pli­fi­ca­tion de la méthode, l’adaptation de la struc­ture des pro­ces­sus per­met d’implémenter pro­gres­si­ve­ment un cadre adap­té au tra­vail de veille. Le coor­di­na­teur peut donc moti­ver les acteurs et relan­cer les sujets si besoin.

    L’objectif était ici d’accompagner le chan­ge­ment. La contrainte d’une mise en place de la veille est frag­men­tée selon les prio­ri­tés choi­sies par les acteurs ain­si elle est faci­li­tée. Il sera envi­sa­geable ensuite de pour­suivre la démarche en y incor­po­rant des élé­ments au fil de l’eau.

    Actions mise en place

    La stratégie

    L’élaboration de la stra­té­gie de veille, pour­tant consi­dé­rée incon­tour­nable par 88% des ingé­nieurs n’est que peu réa­li­sé en pra­tique : 10% par­fai­te­ment et 30% Impar­fai­te­ment. Pour débu­ter la veille bio­mé­di­cale au CHANGE, les ingé­nieurs ont d’abord échan­gé sur les sujets poten­tiel­le­ment à suivre pen­dant l’année. La réflexion a été faite sur les don­nées du plan d’équipement mais sur­tout du plan plu­ri­an­nuel d’investissement.

    Quelques exemples des sujets per­ti­nents à suivre :

    • Neu­ro­lo­gie et Car­dio­lo­gie (inté­rêt pour le CHANGE étant évo­lué sur ce plan)
    • Soins cri­tiques et réani­ma­tion (contexte actuel de la COVID19)
    • Flux patient (ouver­ture pro­chaine de nou­veau bâtiment)
    • Ima­ge­rie inter­ven­tion­nelle (renou­vel­le­ment prochain)

    Dans un second temps, un entre­tien rapide avec la direc­trice de la DALI et la coor­di­na­trice pro­jets (DALI/DS) a été requis pour dis­cu­ter de la prio­ri­sa­tion des sujets impor­tants et éga­le­ment pour obte­nir leurs attentes en terme de veille tech­no­lo­gique bio­mé­di­cale. Cepen­dant, les pro­jets du nou­veau CHANGE ont retar­dé cette rencontre.

    L’objectif pour le ser­vice bio­mé­di­cal est d’être infor­mé des pro­jets médi­caux en cours d’étude par les autres cel­lules de l’hôpital et des orien­ta­tions futures de la direc­tion géné­rale. Éga­le­ment, il est per­ti­nent d’établir un lien de com­mu­ni­ca­tion direct avec le coor­di­na­teur de veille pour inté­grer dans la stra­té­gie des sujets nou­veaux et urgents.

    Préparation et développement des outils

    Ressources d’information

    En croi­sant les don­nées issues du son­dage et les abon­ne­ments dis­po­nibles dans l’établissement, voi­ci la liste des revues ou jour­naux qui sont inclus dans le tra­vail de veille technologique :

    • IRBM News
    • Tech­niques Hospitalières
    • Le Mani­pu­la­teur d’imagerie médi­cale et radiothérapie
    • Doc­teur Imago
    • Jour­nal de Chi­rur­gie Viscérale
    • Anes­thé­sie & Réanimation
    • Revue fran­co­phone des laboratoires
    • Revue de bio­lo­gie médicale
    • Option Bio
    • Revue médi­cale suisse
    • Le p'tit Biomed
    • D'autres sites inter­net spé­cia­li­sé ima­ge­rie et autres dispositifs

    Le centre de docu­men­ta­tion du CHANGE est un atout pour le ser­vice bio­mé­di­cal. Il s’agit d’une struc­ture docu­men­taire à dis­po­si­tion de l’IFSI mais éga­le­ment de tous les employés du centre hos­pi­ta­lier. Deux docu­men­ta­listes entre­tiennent une base docu­men­taire et pro­pose des ser­vices tels que la veille sur des sujets spécifiques.

    Après plu­sieurs échanges il était pos­sible de faire par­ve­nir par mail les som­maires de nom­breuses revues poten­tiel­le­ment inté­res­santes pour la veille tech­no­lo­gique. Il sera éga­le­ment envoyé au ser­vice bio­mé­di­cal cer­taines actua­li­tés du domaine bio­mé­di­cal déjà sui­vies par le centre documentation.

    Au sein du ser­vice, l’accès aux infor­ma­tions et l’utilisation de celle-ci était infor­mel mais exis­tant. Les ingé­nieurs en poste ont mis en place intui­ti­ve­ment des outils pour se tenir infor­més de cer­taines actua­li­tés du sec­teur par le biais de news­let­ters, abon­ne­ments aux revues ou réseaux pro­fes­sion­nels. Le but ici pour un coor­di­na­teur de veille est de for­ma­li­ser les outils en place comme des outils à des­ti­na­tion du ser­vice. Ain­si, les ingé­nieurs met­tront en com­mun les infor­ma­tions leur parvenant.

    L’agrégation des flux d’information est un véri­table gain de temps pour le veilleur. Il existe plu­sieurs outils gra­tuits ou payants capable de réunir au même endroit dif­fé­rents flux d’information sélec­tion­nés au préa­lable (Wake­let, Inorea­der, Feed­Spot …). L’outil choi­sit ici est le site inter­net Net­vibes (Figure 12), simple et gra­tuit [17]. Il per­met d’y agré­ger des flux RSS mais éga­le­ment d’y ajou­ter une fenêtre WEB d’un site inter­net choi­si, tout cela répar­ti en plu­sieurs onglets dont voi­ci un exemple sur la figure 12.

    Il était néces­saire de déve­lop­per la liste des res­sources dis­po­nibles aux acteurs du ser­vice pour dans un second temps déve­lop­per une base de don­nées adap­tée à cha­cun, faci­li­tant l’accès et le par­tage des données.

    Figure 10 Capture d'écran du portail de veille réalisé sur Netvibes (Source :[17])

    La mise en place de ces outils étant récente dans le flux de tra­vail des ingé­nieurs du ser­vice, il n’a pas encore été mesu­ré d’indicateurs de temps de recherche. Ce retour sera effec­tué à pos­té­rio­ri par le coor­di­na­teur de veille du service.

    Gestion de l’information

    Pour intro­duire la pra­tique actuelle de la veille dans le ser­vice, il était impor­tant de conser­ver les outils déjà bien en place dans la pra­tique des ingé­nieurs. L’étape sui­vante consiste donc à recla­ri­fier la base docu­men­taire exis­tante sur le dos­sier par­ta­gé infor­ma­tique pour mettre en place rapi­de­ment une col­la­bo­ra­tion dans le ser­vice. D’abord il faut éta­blir une logique d’arborescence qui dépend de l’organisation des pro­jets gérée par le ser­vice mis éga­le­ment selon l’organisation de l’établissement. Pour le CHANGE, la meilleure solu­tion est de se caler sur les domaines tech­niques (ima­ge­rie, labo­ra­toire, radio­thé­ra­pie, bloc opé­ra­toire, …) puis d’y détailler ensuite le type d’installation ou d’équipement. Il est pos­sible d'ajouter un dos­sier pro­jet en cours afin d’y regrou­per les recherches en cours.

    Grâce à la pré­sence d’un espace de sto­ckage dédié au bio­mé­di­cal, les ingé­nieurs avaient spon­ta­né­ment créé une base de don­née simple regrou­pée par sujet ou pro­jet. Elle y recense des échanges de mail, des docu­ments PDF et prises de note. Cette base est reprise dans le réper­toire com­mun à tout le ser­vice (y com­pris aux tech­ni­ciens) et est orga­ni­sée ainsi :

    • Thèmes en cor­res­pon­dance avec le site inter­net de l’AFIB
      • Domaines tech­niques
        • Dos­siers pro­jets facultatifs

    Dans cha­cun des dos­siers, la nomen­cla­ture des docu­ments pré­sents per­met la dis­tinc­tion et le tri des infor­ma­tions (fond et forme) pour faci­li­ter la recherche de fichier. Il est néces­saire que les docu­ments soient nom­més par année, type et titre. La codi­fi­ca­tion est encore à déter­mi­ner au sein du service.

    Analyse et rendu de veille

    L’analyse des don­nées cumu­lées sur un sujet est déclen­chée lorsqu’un lien concret avec les sujets éta­blis ou le contexte de l’établissement le requiert. Dans ce cas, le veilleur peut incor­po­rer des notes ou les rédi­ger dans un docu­ment texte direc­te­ment sur la base de don­nées. Ici, c’est bien une plus-value qui est créée. Cette don­née sera capi­ta­li­sée et pour­ra être uti­li­sée par une autre per­sonne du ser­vice dans le cadre d’un pro­jet ou d’une recherche.

    C’est cette étape ultime de la veille que les ingé­nieurs estiment réa­li­ser le moins : celle de la rédac­tion de la syn­thèse voir du rap­port de veille. En effet, seul 13 % des ingé­nieurs bio­mé­di­caux déclarent pro­duisent un ren­du de leur tra­vail de veille dont très peu sous une forme for­ma­li­sée dans l’établissement (exemple : fiche pro­jet, note de syn­thèse, empla­ce­ment décrit dans un pro­ces­sus qualité).

    C’est pour­quoi pour faci­li­ter ce tra­vail, il a été pro­po­sé de créer une fiche for­ma­li­sée repre­nant plu­sieurs élé­ments impor­tants à inclure pour que ces infor­ma­tions soient per­ti­nentes. L’idée est qu’après une lec­ture et ana­lyse, rem­plir cette fiche ne soit pas chro­no­phage pour le veilleur. Le for­mat et le conte­nu de cette fiche est encore à éta­blir avec les par­ties prenantes.

    V Expériences tirées de ce stage

    Qu’est-ce qu’un ingénieur biomédical hospitalier ?

    Le ser­vice bio­mé­di­cal occupe une place bien par­ti­cu­lière au sein d’un éta­blis­se­ment de san­té. Ses actions touchent à l’organisation de l’investissement finan­cier jusqu’à la sécu­ri­té d’un dis­po­si­tif en ser­vice de soin. L’envie de pro­gres­ser fait que l’ingénieur veuille veiller à la bonne réa­li­sa­tion de son rôle tout en élar­gis­sant ses com­pé­tences jusqu’à conseiller ses col­la­bo­ra­teurs dans leurs choix.

    Les acti­vi­tés de l’ingénieur bio­mé­di­cal hos­pi­ta­lier demandent beau­coup d’organisation et de pla­ni­fi­ca­tion. Il est res­pon­sable de nom­breux pro­jets et son exper­tise est essen­tiel pour les mener à bien. Autant sur l’aspect finan­cier, sur la logis­tique, sur l’implantation et l’exploitation. Il ne faut pas oublier qu’il est le garant de la sécu­ri­té de ces appa­reils. Cette notion de prio­ri­sa­tion des tâches, tout comme celle de l’acquisition des dis­po­si­tifs médi­caux, est donc primordiale.

    Les inter­lo­cu­teurs du ser­vice bio­mé­di­cal apportent éga­le­ment beau­coup à l’intérêt du métier. Les pro­blé­ma­tiques de cha­cun sont toutes dif­fé­rentes mais abou­tissent inévi­ta­ble­ment sur le même objec­tif de la qua­li­té et l’offre de soin. C’est pour­quoi il est impor­tant d’être à l’écoute et de prendre en consi­dé­ra­tion chaque échange.

    L’ingénieur bio­mé­di­cal est donc un coor­di­na­teur et meneur de pro­jet en même temps qu’un expert des dis­po­si­tifs médi­caux. Son rôle est de plus en plus capi­tal à l’hôpital avec un domaine de plus en plus technologique.

    Mission annexe : gestion de stock

    Ce pas­sage au ser­vice bio­mé­di­cal du CHANGE a été une oppor­tu­ni­té d’appliquer cer­tains des ensei­gne­ments de l’UTC. Une pro­blé­ma­tique de ges­tion de stock au maga­sin bio­mé­di­cal était à résoudre, l’objectif étant de sécu­ri­ser l’approvisionnement des pro­duits et consom­mables du maga­sin tout en fai­sant face au manque d’espace et de moyen informatique.

    Après un tra­vail achar­né sur plu­sieurs bases de don­nées et plu­sieurs échanges avec les acteurs de la logis­tique à l’hôpital, il a été pos­sible de coor­don­ner les forces humaines dans une même direc­tion. Ce rôle de mana­geur du chan­ge­ment était instructif.

    Pour le ser­vice bio­mé­di­cal, la ges­tion de stock par KANBAN a été choi­si pour son côté visuel et attrac­tif. Les cal­culs de seuil de com­mande et de stock de sécu­ri­té sont encore en phase de test mais pro­mettent une cla­ri­fi­ca­tion et un gain pour le ser­vice inté­res­sant. Sans les ensei­gne­ments infor­ma­tiques reçues à l’UTC, ces solu­tions m’auraient été inconnues.

    Conclusion

    Dans un éta­blis­se­ment de san­té, l'ingénierie bio­mé­di­cale regroupe l’expertise tech­no­lo­gique et règle­men­taire des appa­reils et dis­po­si­tifs médi­caux. Ces acteurs jouent donc un rôle impor­tant dans la qua­li­té des soins pro­mul­gués aux patients et se doivent d’être au cou­rant des inno­va­tions et avan­cées du domaine.

    C’est pour­quoi la veille tech­no­lo­gique en ingé­nie­rie bio­mé­di­cale est un sujet au cœur des dis­cus­sions entre ingé­nieurs et c’est là son plus grand atout. Avec cette pro­po­si­tion, un ser­vice peut envi­sa­ger la mise en place d’une veille tech­no­lo­gique, régle­men­taire ou autre à par­tir des élé­ments décrit et témoi­gnages de ce mémoire. Il appar­tient donc à cha­cun des coor­di­na­teurs de veille de prio­ri­ser ce tra­vail en fonc­tion du contexte et des moyens de son établissement.

    La com­mu­nau­té des ingé­nieurs bio­mé­di­caux hos­pi­ta­liers est la clé pour orga­ni­ser une veille bio­mé­di­cale à grande échelle qui serait au ser­vice de tous. Les res­sources, les ren­contres et la moti­va­tion existent déjà, il ne manque plus que l’outil qui vien­dra mettre en com­mun ces com­pé­tences. Cha­cun des ser­vices bio­mé­di­caux se doit d’organiser sa veille autour des sujets et pro­jets qui animent son éta­blis­se­ment, mais la coopé­ra­tion pour­ra per­mettre d’aller plus loin (GHT, groupes régio­naux, AFIB, …).

    Bibliographie

    [1] F.-X. Schweyer et J.-L. Metzger, « Entre profession, organisation et marché : le cas des ingénieurs biomédicaux hospitaliers », Revue française des affaires sociales, no 1, p. 183‑205, 2005, Consulté le : 27 juin 2021. [En ligne]. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2005-1-page-183.htm
    [2] « AFIB, Association Française des Ingénieurs Biomédicaux ». https://www.afib.asso.fr/ (consulté le 22 février 2021).
    [3] IRBM News. Consulté le : 27 Juin 2021. [En ligne]. Disponible sur : https://www.journals.elsevier.com/irbm-news
    [4] « Centre hospitalier Annecy Genevois », Wikipédia. Consulté le : 27 juin 2021. [En ligne]. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Centre_hospitalier_Annecy_Genevois&oldid=173635117
    [5] Service communication du CHANGE, « Site internet du CH Annecy Genevois ». https://www.ch-annecygenevois.fr/fr/node (consulté le juin 27, 2021).
    [6] « GHT Haute Savoie – Pays de Gex - Fiche d’identité de l’établissement ». https://www.reseau-hopital-ght.fr/tous-les-ght/ght-genevois-annecy-albanais.html?nentityname=GHT%20GENEVOIS%20ANNECY%20ALBANAIS&nid=141-175 (consulté le juin 27, 2021).
    [7] « Panorama des entreprises du dispositif médical en 2017 », Snitem. https://www.snitem.fr/publications/guides-et-documents-de-reference/nouveau-panorama-des-entreprises-du-dispositif-medical-en-2017/ (consulté le juin 27, 2021).
    [8] G. Farges, G. Wahart, Denax Jean-Marc, et Métayer Hubert, « Guide des Bonnes Pratiques Biomédicales en Etablissement de Santé », ITBM-RBM News, vol. 23, no supp. 2, p. 23s‑52s, nov. 2002, Consulté le : 22 février 2021. [En ligne]. Disponible sur : https://www.sciencedirect.com/science_ob=ArticleListURL&_method=list&_ArticleListID=-138910877&_sort=r&_st=13&view=c&_acct=C000032638&_version=1&_urlVersion=0&_userid=617607&md5=3fd5d796f0884c8a881c8aafcf263ea3&searchtype=a
    [9] G. Farges et al., Guide des bonnes pratiques de l’ingénierie biomédicale en établissement de santé, Les Pratiques de la Performance. Paris : Editions Lexitis, www.lespratiquesdelaperformance.fr, 2011. Consulté le : 22 février 2021. [En ligne]. Disponible sur : http://www.lespratiquesdelaperformance.fr/fr/guide-des-bonnes-pratiques-de-lingenierie-biomedicale-en-etablissement-de-sante-edition-2011.html
    [10] Norme XP X 50-053 - Prestations de veille et prestations de mise en place d’un système de veille. », Ed. Afnor, Paris, www.afnor.org, 1998.
    [11] Bruno Texier, « Veille : évaluez, redéployez », Archimag, no 340, p. 17‑19, déc. 2020.
    [12] « Innovation », Wikipédia. Juin 04, 2021. Consulté le : 27 juin 2021. [En ligne]. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Innovation&oldid=183554813
    [13] J. Natan et O. Balas, « Valoriser le métier d’ingénieur biomédical : des fiches pratiques pour décrire concrètement ses missions et ses actions », IRBM News, vol. 37, no 5‑6, p. 157‑186, oct. 2016, Doi :10.1016/j.irbmnw.2015.02.001
    [14] M. Decouvelaere, « Valoriser le métier d’ingénieur biomédical : des fiches pratiques pour décrire concrètement ses missions et ses actions », IRBM News, vol. 36, no 3, p. 57‑106, juin 2015, Doi : 10.1016/j.irbmnw.2016.08.003 
    [15] « Coopération - Cartographie des processus des fonctions Administratives et Techniques : Biomédical ». https://ressources.anap.fr/cooperation/publication/1872-cartographie-des-processus-des-fonctions-administratives-et-techniques-biomedical (consulté le juin 27, 2021).
    [16] Maximilien DUNOYER, « Mise en place d’une veille technologique au sein du service d’ingénierie biomédicale », Mastère « Equipements biomédicaux », nov. 2009.
    [17] « Netvibes ». https://www.netvibes.com/fr (consulté le juin 27, 2021).

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