IDS116 - Impacts du référentiel HAS v2021 sur l'ingénierie biomédicale
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Auteurs
Contacts
- Julien CHARTON : j-charton@hotmail.fr
- Flora DUBUC : flora.dubuc@gmail.com
- Coralie EBLE : coralie@eble.fr
- Floriane PERIER : floriane.perier@gmail.com
- Clarisse LASCAR-GUILLAUME : clarisse.lascar@orange.fr
Citations
A rappeler pour tout usage : Julien Charton, Flora Dubuc, Coralie Eblé, Floriane Perier, Clarisse Lascar-Guillaume, « IDS116 - Impacts du référentiel HAS v2021 sur l’ingénierie biomédicale », Université de Technologie de Compiègne (France), Master Ingénierie de la Santé, Mémoire de Projet, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS116, janvier 2021, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids116/, DOI : https://doi.org/10.34746/dy3d-5a92
Article publié
Suite à ces travaux, un article a été publié : ID interne : 2022_05_idsap
Remerciements
Au travers de ce mémoire, nous souhaitons remercier M. Gilbert FARGES, responsable de l’enseignement « Ingénierie de projet » pour son partage d’expérience, son aide et le temps qu’il nous a accordé pour que ce mémoire puisse voir le jour.
Par ailleurs nous souhaitons remercier nos responsables de filière, Mme Isabelle CLAUDE et M. Jean-Mathieu PROT ainsi que Mme Béatrice KONIG, responsable veille et recherche documentaire à l’UTC pour leur encadrement et leurs retours tout au long de ce projet.
De plus, nous remercions les experts HAS de nous avoir éclairés sur les objectifs de ce référentiel HASv2021.
Enfin nous remercions les ingénieurs biomédicaux en établissement de santé rencontrés, pour leurs retours et leurs conseils concernant le choix et la formulation des objectifs relatifs aux critères du référentiel HASv2021.
Résumé
Le manuel de certification des établissements de santé de la HAS version 2021 a pour objectif d’améliorer et de promouvoir la qualité et la sécurité des activités menées au sein des établissements de santé, en promouvant une culture des résultats, centrés sur le patient. Incontournable car obligatoire, ce référentiel HASv2021 a vu la disparition de la mention explicite de l’ingénierie biomédicale.
Le but de ce projet est de rendre visible les critères concernant l’ingénierie biomédicale afin de l’aider à se positionner par rapport aux critères de ce manuel. Une cartographie des processus est proposée afin de permettre à l’ingénierie biomédicale de visualiser en un clin d’œil les différents critères l’impliquant. Un outil de management lui permet de s’évaluer vis-à-vis de ces critères et d’identifier les axes où des progrès doivent être encore réalisés, dans une perspective d’amélioration continue.
Abstract
The objective of the HASv2021 certification manual for healthcare institutions is to improve and promote the quality and safety of activities carried out within healthcare institutions, by promoting a culture of patient-centered results. This HASv2021 guideline, which is mandatory, no longer explicitly mentions biomedical engineering.
The aim of this project is to highlight the criteria relevant to biomedical engineering in order to help them position themselves with respect to the criteria of this manual.
A process map is proposed in order to allow biomedical engineering to visualize at a glance the different criteria involving them. A management tool allows them to evaluate themselves with respect to these criteria and to identify the areas where progress still needs to be made, from a perspective of continuous improvement.
Liste des abréviations
- ACS : American College of Surgeons
- ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé
- BPAC : Bonnes Pratiques d’Activités Connexes
- DM : Dispositifs Médicaux
- GHT : Groupement Hospitalier de Territoire
- HAD : Hospitalisation à Domicile
- HAS : Haute Autorité de Santé
- IPAQH : Indicateurs de Performance pour l’Amélioration de la Qualité Hospitalière
- IRM : Imagerie par Résonnance Magnétique
- JCAHO : Joint Commission on Accreditation of Hospital Organization
- MIRE : Mesures Implantées pour le Renouveau de l’Evaluation
- PEP : Pratiques Exigibles Prioritaires
- QQOQCP : Qui, Quoi, Où, Quand, Comment, Pourquoi
- SBM : Service BioMédical
- V : Version
Téléchargements
Mémoire complet :
Impacts du référentiel HASv2021 sur l'ingénierie biomédicale
.
Chapitre 1 : Contexte du référentiel HAS v2021 et enjeux pour l’ingénierie biomédicale
Le secteur hospitalier français fait l’objet de réformes [1], [2] qui visent à optimiser son organisation, sa régulation, ou sa performance, et cette dynamique est croissante [3]. La qualité des soins est devenue une question centrale, à la fin des années 1990, sous l’influence de la lutte contre les infections nosocomiales ainsi que la publication des premiers classements hospitaliers [4], [5]. La qualité était alors simplement perçue comme le respect de normes sur des activités ciblées [5]. Une qualité suffisante des soins pouvait donc être atteinte en ne s’intéressant qu’à des activités spécifiques. Cette vision a évolué et la qualité est désormais un objectif à part entière du système de santé ; elle prend en compte toutes les étapes du parcours de soins. Cette transformation s’explique par de nombreux facteurs : économiques, sécuritaires, homogénéisation des pratiques, etc.
La politique des pouvoirs publics s’est donc tournée vers l’amélioration des performances du système de santé et des « indicateurs qualité » ont progressivement été déployés par le ministère de la Santé et la Haute Autorité de Santé (HAS) pour pouvoir quantifier cette amélioration des performances. Ces indicateurs doivent être « scientifiquement validés » et « acceptables » par les professionnels de santé [5]. Ils ont été intégrés depuis 2009 au processus de certification des établissements par la Haute Autorité de Santé [3].
Les indicateurs sont utilisés comme outils de régulation de la qualité hospitalière, dans une perspective de contrôle externe. Ainsi, les indicateurs permettent d’objectiver la qualité hospitalière et de donner lieu à une mesure quantifiée [5]. Cependant, leur but n’est pas seulement d'évaluer la qualité, mais aussi et surtout de l'améliorer. Ils jouent un rôle de levier interne pour permettre aux professionnels de santé d’améliorer la qualité des soins à l’échelle de l’établissement. Les indicateurs rendus publics permettent également de renforcer la confiance des patients vis-à-vis du système de santé [4]. La comparaison des résultats entre établissements suscite la réactivité des acteurs hospitaliers et les incite à modifier leurs pratiques par crainte des conséquences d’un mauvais classement sur leur réputation.
Les services d’ingénierie biomédicale en établissement de santé sont aussi tenus de respecter les critères de la HAS. Bien que souvent dans l’ombre, ils sont un des maillons essentiels dans la garantie de la qualité de la prise en charge des patients. Leur travail permet de garantir la disponibilité et la sûreté des dispositifs médicaux et donc par extension, la qualité des soins administrés aux patients [6].
Contrairement aux autres pays de l’Union Européenne, la procédure de certification est obligatoire pour l’ensemble des établissements de santé (articles L. 6113-3 et suivants du code de la santé publique) [7]. Cette certification est donc souvent vue comme une contrainte, un surcroît de travail pour les professionnels de santé. La logique d’optimisation des moyens liée à la problématique de la réduction du déficit public est aussi souvent décriée par les professionnels de santé [8]. L’objectif est donc de faire évoluer la certification de façon à se rapprocher des pratiques quotidiennes des équipes de soins. Il s’agit de passer d’une culture de moyens, centrant l’évaluation sur les aspects organisationnels, à une culture des résultats, centrés sur le patient [9]. Cette transformation est au cœur du nouveau manuel de certification v2021 de la HAS, qui sera au centre de la suite de ce mémoire.
I. La HAS, certificateur des établissements de santé depuis 1996 en France
1. Les missions de la Haute Autorité de Santé
La Haute Autorité de Santé est « une autorité indépendante, publique à caractère scientifique » [10]. Elle a été créée lors de la mise en place de la loi du 13 août 2004 relative à l’Assurance maladie. Ses missions et activités visent à accompagner et aider les personnes soignées et leurs accompagnateurs.
Pour cela elle travaille étroitement avec les professionnels de santé et du social pour faciliter leurs activités et leurs organisations, ainsi qu'avec des industries de santé et des professionnels spécialisés en économie et finances afin qu’ils prennent des décisions adéquates.
La HAS possède trois grandes missions (voir Figure 1), telles que mentionnées sur son site [11] :
Figure 1 : Les trois missions de la HAS, Source : Auteurs, d’après [11]
La HAS est composée de 8 grandes commissions (voir figure 2) qui servent à prendre des décisions stratégiques et à assurer le respect des différentes missions [12]. Chaque commission possède un président nommé par le président de la République.
Figure 2 : Les 8 commissions de la Haute Autorité de Santé, Source : Auteurs d’après [12]
2. L’historique international des accréditations et de la HAS
La première accréditation vient des États-Unis et date de 1913, avec la création de l’association des chirurgiens « American College of Surgeons » (ACS) [13], [14] :
- En 1926 est édité le premier référentiel qualité pour l’hôpital.
- En 1951 est créée la « Joint Commission on Accreditation of Hospital Organization » (JCAHO ou Joint Commission) par 5 associations professionnelles nord-américaines.
- En 1997, la Joint Commission lance « ORYX », qui vise l’évolution des standards qualité vers la mesure des performances réelles.
- Enfin en 2009, la mission de la Joint Commission est renouvelée.
Au Canada, les accréditations datent de 1959 avec la création de la « Canadian Commission on Hospital Accreditation » [13], [15] :
- En 1995 se lance le programme d'agrément dont le centre est le client.
- En 2001 a lieu le lancement du référentiel MIRE (Mesures Implantées pour le Renouveau de l'Evaluation).
- En 2008 le programme d’agrément « Qmentum » met l’accent sur l’amélioration de la qualité et la sécurité des patients.
- Enfin, en 2014 « Qmentum » évolue avec des « soins centrés sur l’usager et la famille », un partenariat mutuellement bénéfique entre le personnel de l’organisme et ses usagers, clients ou résidents, ainsi qu’un nouveau slogan « Meilleure qualité, meilleure santé ».
En France, la procédure d’accréditation des établissements de santé est introduite pour la première fois par l’ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996 dite ordonnance « Juppé » [16]. Les établissements ont alors cinq ans pour mettre en place une démarche d’amélioration continue de la qualité [17]. La première procédure de certification a été réalisée en 1999 avec le premier manuel d’accréditation. Elle a permis de « développer la culture de qualité et de sécurité des soins et d’impliquer les établissements dans une démarche d’amélioration continue » [18]. Cette procédure était alors menée par l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé (ANAES). Celle-ci disparaît à la suite de la création de la HAS en 2004. Désormais, l’accréditation des établissements de santé est remplacée par la certification.
La seconde procédure a été réalisée en 2007 avec le deuxième manuel de certification [19], et a “introduit l’évaluation des pratiques professionnelles dans les unités de soins”.
La troisième procédure (et troisième manuel de certification) date de 2010 (v2009) [20]. Elle a mis en place une exigence accrue pour la prise en charge du patient et la gestion des risques. Elle a également mis en place des exigences essentielles, à travers les Pratiques Exigibles Prioritaires (PEP).
En 2011, une révision du manuel de 2010 est réalisée, afin de rajouter les critères qui concernent l’Hospitalisation A Domicile (HAD) [21].
En 2014, une autre révision du manuel est faite, dans le but de renforcer l’identification et la maîtrise des risques des établissements de santé. La méthode d’évaluation est désormais centrée sur le patient [22].
Enfin, la cinquième procédure qui sera étudiée dans ce mémoire a été lancée en 2020 (quatrième manuel, v2021) [18]. Celle-ci a trois ambitions majeures [23]:
- « Médicaliser la certification et davantage prendre en compte le résultat de la prise en charge du patient ;
- Simplifier la démarche de certification ;
- Valoriser l’insertion territoriale des établissements de santé et la construction de parcours de soins ».
Le référentiel est la base de la certification : il contient les critères d’exigences à satisfaire par l’établissement de santé.
Dans la v2021, le référentiel est structuré en trois chapitres principaux : le patient, les équipes de soins et l’établissement. Ces chapitres sont ensuite déclinés en 15 objectifs et 131 critères détaillés, selon trois niveaux d’exigences : standards, impératifs, et avancés [18].
II. L’émergence d’un nouveau référentiel
Plusieurs raisons justifient la rédaction d’un nouveau référentiel [23], [24]:
- S’adapter aux nouvelles exigences en termes de qualité et sécurité des soins. En effet, ces domaines sont en constante évolution et la certification doit suivre celle-ci pour ne pas devenir obsolète.
- S’adapter au système de santé, aux attentes des patients et des professionnels qui évoluent également à travers des exigences sociétales ou de nouvelles stratégies politiques…
- L’ancienne version ne prenait que peu en compte l’engagement des patients dans leur parcours de soins. A l’heure actuelle, le patient est de plus en plus impliqué dans les soins et souhaite être mieux informé et associé aux soins que les équipes lui prodiguent.
- Du côté des professionnels de santé, ils demandent une simplification des démarches administratives et la mise en place d’un document donnant du sens à leur pratique.
Pour répondre à ces évolutions (de mentalité, de pratique, d’exigences…), une nouvelle version du référentiel HAS est nécessaire. De plus, la crise du Covid-19, qui a retardé la rédaction de ce nouveau référentiel, aura permis de compléter et d’enrichir ce nouveau document par les retours d’expérience des acteurs du domaine de la santé.
En effet, il est nécessaire de mentionner que le référentiel est co-construit à l’aide de cinq étapes impliquant de nombreux acteurs du domaine de la santé [23]:
- Les séminaires de co-construction : Environ 250 personnes (professionnels de santé et usagers-experts) participent à ces séminaires. Venant de divers horizons, ils se réunissent afin de réaliser un brainstorming concernant divers points critiques sur lesquels le référentiel devra se pencher.
- La rédaction du référentiel : Le groupe de rédaction est beaucoup plus restreint que le groupe précédent et est composé de professionnels de santé, de directeurs d’établissements, de collaborateurs internes, d’experts-visiteurs ainsi que de représentants des usagers. Ces personnes se réunissent afin de travailler sur les idées énoncées lors des séminaires, avec pour objectif de commencer à rédiger le nouveau référentiel.
- La concertation des parties prenantes : Une fois la première version du référentiel rédigé, les parties prenantes (représentants d'usagers, collaborateurs, fédérations hospitalières…) sont interrogées sur cette première version. A l’issue de la concertation, un document concernant les points à redéfinir liés à la première version du référentiel est rédigé. Ce document servira de base au référentiel final.
- Expérimentations : Des tests d’application du référentiel sont appliqués dans des établissements de santé.
- Diffusion et lancement du référentiel : Une fois le référentiel publié, les établissements de santé pourront commencer à se faire certifier environ 6 mois après la publication.
1. Evolution des référentiels de la HAS vis-à-vis de l’ingénierie biomédicale
Le référentiel HAS v2007
Il s’agit du deuxième manuel de certification mis en place par la HAS depuis sa création. C’est un allègement et une amélioration de la première version qui va, cette fois, se concentrer sur la responsabilité et le rôle du personnel de soins. Le terme "biomédical" n’est cité qu’une seule fois dans le document [19].
Ce référentiel est divisé en deux parties distinctes :
- « Partie 1 - Principes et outils de la certification » ;
- « Partie 2 - Les références. »
Dans cette dernière partie, parmi les 44 références détaillées, seul le critère 14 C intitulé « La maintenance préventive et curative des dispositifs médicaux est assurée » est destiné aux dispositifs médicaux. Il est relatif à la référence 14 « La gestion des risques liés aux dispositifs médicaux ». Il concerne la responsabilité et la gestion des maintenances curatives et préventives des équipements, ainsi que leurs traçabilité et contrôles.
Le manuel reste encore très compartimenté et chaque critère se focalise sur la responsabilité et les ressources mises en œuvre pour réaliser les objectifs décrits.
Le référentiel HAS v2010
La version 2010 du manuel de certification des établissements de santé de la HAS (sortie en juin 2009) subit une évolution majeure vis à vis de la version 2007. Elle se veut plus claire pour les usagers et souhaite ancrer la certification comme élément majeur de mesure de la qualité d’un établissement [20].
Ses objectifs étaient :
- Intégrer une démarche qualité dans les hôpitaux.
- Simplifier, alléger les précédents référentiels pour éviter des démarches administratives peu utiles et chronophages.
- Rendre la certification plus efficace concernant la qualité et la sécurité des soins.
- Augmenter la garantie que la certification offre aux usagers (reconnaissance, renommée de l’établissement).
Concernant les nouveautés de cette version par rapport aux précédentes il y a apparition de :
- L’IPAQH (Indicateurs de Performance pour l’Amélioration de la Qualité Hospitalière) qui tend à impliquer les établissements de santé dans une démarche d’amélioration continue.
- PEP, points qui, si non respectés, peuvent remettre en cause la décision de certifier ou non l’établissement.
Ce manuel possède un plan en deux chapitres :
- Chapitre 1 : « Management de l'établissement. »
- Chapitre 2 : « Prise en charge du patient. »
Ceux-ci sont ensuite déclinés en 28 références puis en 83 critères.
Parmi ces critères, un concerne l’ingénierie biomédicale : le critère 8k « Gestion des équipements biomédicaux ». Ce critère s’organise dans le but de mettre en œuvre une démarche d’amélioration continue avec la présence de trois étapes [25] :
- E1 : Prévoir. Un système de gestion des équipements biomédicaux est défini et comprend un plan pluriannuel de remplacement et d’investissement. En cas de panne d’un équipement biomédical, une procédure (dépannage d’urgence, équipement de secours ou solution dégradée) est formalisée et opérationnelle.
- E2 : Mettre en œuvre. Un professionnel identifié est responsable du système de gestion des équipements biomédicaux. La maintenance des équipements biomédicaux critiques est assurée, les actions sont tracées. Les documents nécessaires à l’exploitation des équipements biomédicaux sont mis à disposition des professionnels.
- E3 : Evaluer et améliorer. La gestion des équipements biomédicaux est évaluée et donne lieu à des actions d’amélioration.
La version 2010 signe alors pour la première fois la prise en compte des activités biomédicales de manière explicite et implique pleinement l’ingénierie biomédicale dans leur démarche de certification. En effet les dernières versions ne citent pas ou implicitement l’ingénierie biomédicale. La version 2007 ne mentionne que la partie maintenance des dispositifs médicaux.
De plus, le critère 8k apparaît dans le chapitre 1 “Management de l’établissement” ce qui ancre l’ingénierie biomédicale comme étant un service support de l'établissement de santé.
Il est utile de mentionner que le critère 8k est le seul à expliciter les impacts de l’ingénierie biomédicale dans le cadre de la démarche de certification, cependant, d’autres critères cités implicitement concernent également l’ingénierie biomédicale. L’analyse de ces critères a fait le sujet de travaux et de la création d’un outil d’autodiagnostic [13]. D’après ces travaux [13], parmi les 83 critères, 11 concernaient indirectement l’activité biomédicale. Dix d’entre eux se trouvaient dans la partie « Management de l’établissement ». Cette répartition signe la vocation « support » de l’ingénierie biomédicale pour des apports explicitement attendus de la part de la HAS en qualité et sécurité des soins, management des risques et prévention des ressources et de l’environnement.
Toujours d’après les travaux précédents [13], 5 processus associés à un ou plusieurs critères impliquaient l’ingénierie biomédicale :
- « Maîtriser l’ingénierie biomédicale » ;
- « Anticiper les risques et respecter la réglementation » ;
- « Sécuriser les pratiques en établissant une politique qualité » ;
- « Garantir le respect des règles d’hygiène » ;
- « Maîtriser les ressources et préserver l’environnement ».
Le référentiel HAS v2010 révision de 2011
En avril 2011, la HAS décide d’effectuer une révision du manuel de certification des établissements de santé de 2010 [21]. Cette révision avait pour but de prendre en compte les actualités du moment ainsi que les besoins environnementaux. Elle a également permis de mettre à jour le manuel à partir des retours faits sur la version 2010 et de mettre l’accent sur des informations importantes. Parmi les modifications effectuées, il y a la mise en avant des activités en HAD. En effet, dans les versions précédentes, l‘HAD était mentionnée très rarement et était concernée indirectement par les différents critères. Nous pouvons prendre l’exemple de la figure suivante (figure 3) qui est la première modification remarquable. Ici, il est précisé directement les critères des Pratiques Exigibles Prioritaires impliquant l’HAD.
Figure 3 : Comparaison des tableaux de pratiques exigibles prioritaires v2010 (juin 2009) à gauche et v2010 (avril 2011) à droite, Source : d’après [20], [21]
Dans cette version, la HAS précise les critères directement liés à l’HAD. D’un point de vue biomédical, en mettant en avant l’HAD sur certains critères, cela lie donc indirectement ces critères aux activités biomédicales.
D’après des travaux réalisés précédemment [26], une analyse des impacts globaux (directs et indirects) de ce référentiel sur l’ingénierie biomédicale montre que 19 critères (sur le total de 82) peuvent être considérés comme ayant un impact important. 14 d’entre eux se trouvent dans le chapitre « Management de l’établissement » (références 1, 7 et 8) et cinq dans le chapitre « Prise en charge du patient » (références 21, 22 et 26).
D’après ces travaux [26], cinq processus associés à un ou plusieurs critères impliquaient l’ingénierie biomédicale :
- « Gérer les équipements biomédicaux »
- « Anticiper les risques et respecter les réglementations »
- « Gérer ses impacts sur l’environnement »
- « S’engager dans la politique qualité-santé »
- « Contribuer aux démarches qualité des services des soins ou médico-techniques ».
Le référentiel HAS v2010 révision de 2014
Cette version 2014 est une révision du manuel de 2010. Elle met en place le Compte de Qualité dont les objectifs sont de rendre plus continue la démarche de certification en regroupant dans un même document le diagnostic réalisé par l’établissement et les plans d’actions établis afin d’améliorer la qualité et la réduction des risques [27].
Cette version met également en place l’utilisation de nouvelles méthodes de visites, avec :
- Le patient traceur qui permet l’évaluation de la prise en compte des critères de la certification lors de la prise en charge d’un patient.
- L’audit de processus pour investiguer sur les thèmes de la certification.
L’amélioration de la qualité des soins est au cœur de cette certification. Cette version est constituée de trois priorités :
- Promouvoir les démarches sur des thèmes d’impulsion : l’engagement des établissements sur la qualité et la sécurité des soins est important.
- Fournir aux professionnels des leviers spécifiques d’amélioration des prises en charge : ces leviers spécifiques sont mis en place pour développer des initiatives sur les sujets de fonctionnement des équipes de soin, structuration des parcours de soins, mise en place de solutions pour la sécurité… Le but est d’impliquer les équipes et professionnels sur les sujets dans lesquels ils peuvent agir.
- Consolider les acquis sur les Pratiques Exigibles Prioritaires. Les PEP sont basées sur les critères de la v2010 sur lesquels le niveau d’exigences est renforcé pour deux d’entre elles :
- La PEP sur le critère 18.a : « Continuité et coordination de la prise en charge des patients » qui s’étend à présent à l’ensemble des prises en charge ;
- Le critère 26.b : évaluant l’organisation de secteurs d’activité à risque majeur qui s’étend aux salles de naissance et à la radiologie interventionnelle.
L’ajout de ces critères n’affecte pas directement l’ingénierie biomédicale, mais l’ajout de ces nouvelles méthodes permet de favoriser l’introduction d’une culture qualité dans les structures de soins [28].
Le référentiel HAS v2021 : le patient au cœur du référentiel
Dans la v2021, le patient est au cœur du référentiel [18]. L’enjeu est de passer d’une évaluation principalement centrée sur les moyens et les organisations à une évaluation du résultat basée sur le niveau de service rendu au patient. Trois orientations ont guidé l’élaboration de ce nouveau référentiel de certification : s’adapter aux évolutions du système de santé en valorisant le travail en équipe et en prenant en compte les GHT ; prendre mieux en compte le résultat de la prise en charge du patient ; et enfin simplifier la démarche de certification [9].
La mention explicite du terme « biomédical » n’est pas présente et la suite de ce mémoire mettra en avant les implications de cette absence pour le patient, le personnel soignant, ainsi que l’établissement.
La figure 4 résume les dates de sortie des différents référentiels décrits plus haut.
Figure 4 : Frise chronologique concernant la sortie des manuels de certification des établissements de santé de la HAS depuis 2007, Source : Auteurs
2. L’ingénierie biomédicale, en quête de reconnaissance par les pairs
L’ingénierie biomédicale est un maillon essentiel de la qualité perçue du système de santé [29]. L’ingénierie biomédicale en établissement de santé prend en charge l’exploitation des équipements biomédicaux et participe, depuis sa création vers les années 1970, à la sécurité des soins [28]. En assurant l’achat, la maintenance, le contrôle des dispositifs médicaux et les formations, elle permet la bonne exploitation des dispositifs par le personnel soignant et influe donc sur la satisfaction du patient. Finalement, la perception par le patient de la qualité des soins reçus impacte directement la notoriété et la pérennité de l’établissement d’accueil [30]. Afin que cette dynamique soit vertueuse, le respect d’exigences et la réalisation d’évaluations périodiques permettant d’obtenir des reconnaissances par des tierces parties accréditées sont nécessaires.
Depuis la première version du Manuel de certification de 1999, l’implication de l’ingénierie biomédicale dans la démarche de certification a progressivement évolué en concordance avec le nombre de critères la concernant directement et indirectement. Si cette évolution était jusqu’alors croissante, la tendance pourrait être inversée avec le nouveau référentiel 2021, qui ne mentionne plus de manière explicite le terme « biomédical ». Pourtant, de par ses missions et son rôle spécifique, l’ingénierie biomédicale tend à s’individualiser des autres fonctions techniques (filières logistiques et techniques hospitalières) depuis la loi portant réforme hospitalière de 1991 [28]. La loi hôpital, patient, santé, territoire (HPST) de 2009 a également modifié l’implication des ingénieurs biomédicaux qui ont désormais un rôle d’aide à l’arbitrage entre les services sur les plans réglementaire et technique, mais aussi en termes d’équilibre budgétaire général [31]. L’ingénierie biomédicale souhaite donc avoir une reconnaissance de son savoir-faire et de ses apports essentiels mais souvent occultés.
La démarche de certification portée par la HAS avait permis de donner un socle de reconnaissance avec le critère 8K « Gestion des équipements biomédicaux » [28]. Cependant, sa disparition dans la version 2021 laisse entrevoir la possibilité que l’ingénierie biomédicale se tourne vers d’autres référentiels d’application volontaire pour mettre en valeur ses compétences et répondre aux problématiques d’efficacité auxquelles elle est confrontée [6]. Ces référentiels facultatifs peuvent être des normes telles que la NF S99-170 « Maintenance des dispositifs médicaux en exploitation », la NF S99-172 « Management du risque des dispositifs médicaux en exploitation » ; le guide des bonnes pratiques de l’ingénierie biomédicale de 2011 et son addenda de 2013, associés à la nouvelle Bonnes Pratique d’Activités Connexes n°6 spécifique pour les GHT en France ; et enfin la norme ISO 9001 sur les systèmes de management de la qualité [6], [32]. Cette dernière est une référence internationale permettant de démontrer la maîtrise des activités professionnelles et surtout, d’obtenir une reconnaissance des pairs [32]. D’après des études [32], le nombre de services biomédicaux certifiés ISO9001 semblait diminuer depuis 2016. Cette tendance pourrait s’inverser si l’absence de l’ingénierie biomédicale dans le référentiel 2021 de la HAS est confirmée. Une analyse plus poussée de ce référentiel est donc nécessaire pour mettre en évidence les éventuels apports de l’ingénierie biomédicale dans la démarche de certification HAS v2021.
3. La vision des experts de l’HAS
Afin de mieux comprendre l’absence de l’ingénierie biomédicale dans le référentiel HAS v2021, des experts de l’HAS ont apporté leur réponse. La version précédente avait pour objectif de mettre en avant une logique de processus et d’actions, et d’offrir des outils et des conseils aux établissements de santé pour qu’ils produisent des résultats convenables. Cette logique passait principalement par la qualité et la gestion des risques. La version actuelle gravite entièrement autour du patient et est basée sur une logique de résultats, obtenus à l’aide de la version précédente. En comparant les deux versions, il y a donc simplement un changement d’évaluation.
Dans la version actuelle, le référentiel HAS v2021 reconstitue donc le parcours du patient et chaque acteur (dont l’ingénierie biomédicale) doit intervenir au bon moment dans ce parcours. Citer l’ingénierie biomédicale pousserait à citer tous les acteurs. De plus, cette version donne plus de liberté à chaque établissement car ils peuvent l’interpréter et l’appliquer comme ils le veulent, en faisant leur propre évaluation en fonction du référentiel (figure 5).
Figure 5 : Evolution des versions des manuels de certification de l’HAS selon les experts, Source : Auteurs
4. Le problème soulevé pour l’ingénierie biomédicale
Afin de cibler la problématique que pose ce nouveau référentiel HASv2021 sur l’ingénierie biomédicale, un QQOQCP (Figure 5) est élaboré. Cet outil de base de la qualité permet de faire émerger une problématique précise à partir d’un questionnement flou.
Ce présent document va donc tenter de répondre à cette problématique : “Comment aider l’ingénierie biomédicale à se positionner face à ce référentiel afin qu’elle soit tout autant impliquée que les services de soins dans la démarche de certification ?”
Figure 6 : Cadrage et définition des enjeux concernant l'impact du nouveau référentiel HASv2021 à l'aide d'un QQOQCP, Source : Auteurs
De ce travail émergent trois acteurs principaux présentant des enjeux différents mais complémentaires et pertinents au sein d’un établissement de santé.
Premièrement, le personnel de l’ingénierie biomédicale qui doit assurer la sécurité, le suivi et le contrôle qualité des dispositifs médicaux mis à disposition afin que ceux-ci ne causent pas de dommages aux utilisateurs et aux patients.
Deuxièmement, l’établissement de santé qui doit garantir la qualité et la sécurité des soins vis-à-vis des patients ainsi que garantir une relation solide et durable “hôpital-patient”.
Pour terminer, les patients qui attendent une prise en charge et un parcours de soins optimisé. La figure 7 présente les différents enjeux pour les entités citées précédemment.
Figure 7 : Enjeux de l’application du référentiel HASv2021 pour les principales entités impliquées, Source : Auteurs
Chapitre 2 : Analyse des critères du référentiel HASv2021 vis à vis de l’ingénierie biomédicale
Comme vu dans le chapitre précédent, le patient est au centre du référentiel HASv2021. Il constitue un élément essentiel pour l’établissement de santé.
L’ingénierie biomédicale n'étant plus clairement citée dans ce manuel, mais faisant partie d’un tout, gravitant autour du bien-être et de la qualité des soins, un répertoire des critères du référentiel HASv2021 impliquant l’ingénierie biomédicale de manière indirecte est proposé. Cela permettra le développement d’outils afin de faciliter la prise en main et la mise en place du référentiel dans les services biomédicaux.
Pour réaliser cette analyse, un tri a été effectué dans les critères dans le but de déterminer ceux impactant l’ingénierie biomédicale. Par la suite, un vote a été réalisé afin d’élaborer un diagramme d’affinités permettant de regrouper les critères entre eux. La partie qui suit vise donc à détailler les six catégories (en-têtes du diagramme) reprenant les critères reconnus comme impactant l’ingénierie biomédicale, ainsi que la reformulation en objectifs plus spécifiques. Les critères n’impactant pas l’ingénierie biomédicale sont présentés en Annexe 2.
Une cartographie des processus a également été élaborée afin de visualiser la manière dont l’ingénierie biomédicale peut se positionner par rapport au référentiel HASv2021.
I. Analyse des critères retenus
Après analyse, 43 critères sur 131 au total (soit 33%) impactent l’ingénierie biomédicale. Ces critères ont été révisés en collaboration avec des ingénieurs biomédicaux qui ont apporté leur expertise quant au choix et la formulation des critères.
1. Contribuer à la coordination des équipes et la gestion du parcours de soins
Ce processus regroupe deux notions importantes qui se complètent (tableau 1). Ce sont des éléments clés dans la prise en charge du patient et sa sécurité. La coordination des équipes permet de veiller à ne rien oublier en assurant une répartition des tâches ainsi qu’une adaptation aux imprévus. Cette coordination va par la suite faciliter la gestion du parcours de soins par les équipes soignantes. D’un point de vue biomédical, la coordination des équipes se traduit par une distribution des tâches afin de gérer des interventions programmées et interventions non programmées, par la formation de l’équipe sur les nouveaux appareils, et par la disponibilité du service en cas de besoins.
Enfin, la mise en place de ce processus passe par sa gouvernance. En effet, le responsable biomédical joue un rôle important. Il doit connaître son équipe et attribuer les tâches selon les compétences de chaque membre de l’équipe.
Tableau 1 : Critères et objectifs retenus pour le processus « Coordination », Source : Auteurs
2. Contribuer à la satisfaction du patient
Ce processus concerne la satisfaction du patient (tableau 2). Celui-ci étant au cœur du référentiel HASv2021, son implication dans son parcours de soins constitue un point central. Il est intéressant de remarquer que malgré l’absence de contact direct avec le patient, l’ingénierie biomédicale est tout de même impactée par des critères concernant celui-ci. En effet, le patient constitue un levier majeur dans la démarche d’amélioration continue de l’établissement de santé de par son implication dans son parcours de soins. L’ingénierie biomédicale se retrouve donc impactée de manière indirecte et doit pouvoir répondre, in fine, au besoin du patient en termes de dispositifs médicaux / fluides médicaux tout en assurant qualité et sécurité liée à l’utilisation de ces dispositifs.
Tableau 2 : Critères et objectifs retenus pour le processus « Satisfaction », Source : Auteurs
3. Contribuer à la maîtrise des risques
Ce processus se concentre sur la maîtrise de l’ensemble des risques liés à l'ingénierie biomédicale (tableau 3).
Du dispositif médical au patient, en passant par le personnel de santé, l’ingénierie biomédicale doit maîtriser et gérer les problèmes que peut causer un équipement médical (DM). Dès l'arrivée du DM, elle est implicitement responsable du stockage et de sa sécurité. Son rôle continue en se protégeant et protégeant le patient et le personnel, des risques infectieux et informatiques qui l’entourent. L’ingénierie biomédical est également un atout majeur et un maillon essentiel lors de la gestion de situations de crise.
Tableau 3 : Critères et objectifs retenus pour le processus « Risques », Source : Auteurs
4. Contribuer à l'optimisation de la qualité et la sécurité des soins
Ce processus reprend les actions que doit entreprendre l’ingénierie biomédicale pour optimiser la qualité et la sécurité des soins (tableau 4). En effet, elle doit mettre en place des indicateurs et des bonnes pratiques pour faire des évaluations et noter les objectifs atteints, le tout dans une démarche d’amélioration continue. Ces critères sont donc retenus afin de permettre à l’ingénierie biomédicale d’améliorer l’efficacité, l’efficience et la qualité perçue dans un objectif de sécurité optimale des soins donnés aux patients.
Tableau 4 : Critères et objectifs retenus pour le processus « Qualité/Sécurité », Source : Auteurs
5. Contribuer à l'apport des Ressources Humaines
Ce processus se concentre sur l’apport des Ressources Humaines et l’importance d’une bonne qualité de vie au travail (QVT). Celle-ci découle d’une politique mise en place par la gouvernance et qui impacte également l’ingénierie biomédicale dont le service est composé de plusieurs professionnels (ingénieurs, techniciens, etc.). La QVT aura un impact sur l’efficience de l’ingénierie biomédicale et in fine sur la sécurité des soins. L’ingénierie biomédicale contribue à la mise en place de cette politique en participant activement à sa mise en place, en faisant des retours et des propositions auprès de la gouvernance dans une démarche d’amélioration. De plus, il est primordial que des mécanismes de prévention et de régulation des conflits et des difficultés interpersonnelles soient mis en place au sein de l’ingénierie biomédicale par le responsable biomédical. Cela permet d’assurer la cohésion de l’équipe et de mettre en confiance les différents acteurs biomédicaux (tableau 5).
Tableau 5 : Critères et objectifs retenus pour le processus « Ressources Humaines », Source : Auteurs
6. Contribuer à la mutualisation des moyens (GHT)
Ce processus se focalise sur la mutualisation des moyens (tableau 6). La réforme des GHT en France a impacté la manière de travailler du personnel soignant mais également de l’ingénierie biomédicale. L’ingénierie biomédicale se doit de veiller à l’homogénéisation technique et la mutualisation des dispositifs médicaux au sein du parc biomédical du GHT. Cela permet d’assurer la cohérence de la prise en charge des patients sur l’ensemble du territoire. Des partenariats avec d’autres acteurs du territoire peuvent éventuellement être mis en place. Une gestion commune et efficiente des différents services d’ingénierie biomédicale intégrés aux établissements de santé membres du GHT est nécessaire.
Tableau 6 : Critères et objectifs retenus pour le processus « Mutualisation », Source : Auteurs
II. Cartographie des processus
Cette cartographie des processus permet à l’ingénierie biomédicale de se positionner face au référentiel HAS V2021, ainsi que d’identifier les actions d’amélioration possibles pour être conforme à ce référentiel. Elle va également permettre de déterminer les étapes de fonctionnement et les interactions au sein de l’ingénierie biomédicale.
Les en-têtes de notre diagramme des affinités constituent le cœur de cette cartographie, divisée en trois grands processus : management, opérationnel, support.
Pour rappel, les processus opérationnels contribuent directement à la réalisation des services. Les processus de support contribuent au bon déroulement des processus opérationnels en apportant les ressources nécessaires. Enfin, les processus management ont pour but de déterminer la politique et le déploiement des objectifs entre les équipes.
Afin de construire une cartographie (figure 8) la plus représentative possible, il a fallu définir les besoins et les livrables, répertorier les activités principales qui ont été dégagées à partir du référentiel HAS v2021, classer ces derniers selon les processus concernés et décrire les interactions.
Par ailleurs, il a semblé important de mettre en avant une amélioration continue de cet outil de management à travers deux processus :
- Le processus 7 qui est la mesure de la performance passant par la mesure de l’efficacité, de l’efficience et de la qualité perçue. Ce processus doit être appliqué une à deux fois par an.
- Le processus 8 correspond à la mise en place d’actions d’améliorations en prenant en compte les résultats précédemment obtenus. Ce processus peut demander une redéfinition des besoins de l’ingénierie biomédicale
Figure 8 : Cartographie des processus pour l’ingénierie biomédicale selon le référentiel HAS v2021, Source : Auteurs
Chapitre 3 : Maîtriser les impacts biomédicaux de la certification HAS v2021
I. Outil de management pour l’ingénieur biomédical
Le chapitre précédent a permis de mettre en avant les critères indirects impliquant l’ingénierie biomédicale. En effet, les critères retenus ont été transformés en objectifs précis. Une cartographie des processus a été établie dans le but de permettre à l’ingénierie biomédicale d’avoir une vision globale de ses leviers d’actions.
Afin de faciliter la prise en main et la mise en place du référentiel, deux options étaient envisagées : un guide des bonnes pratiques afin de rendre plus accessible le manuel ou un outil de management. Le choix final s’est porté sur un outil de management. Cet outil permettra à l’ingénieur biomédical en établissement de santé de s’évaluer de façon autonome, d’identifier rapidement les axes d’amélioration et de se positionner par rapport au référentiel HASv2021. Les résultats et les actions à mettre en place pourront être partagés au sein de l'ingénierie biomédicale. Des évaluations périodiques pourront être réalisées par l’ingénierie biomédicale afin de constater si les stratégies d’amélioration ont été probantes et déterminer de nouveaux axes d’amélioration. Cela s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue qui a pour objectif final de fournir une meilleure qualité des soins au patient. Cette partie vise à décrire les différentes fonctionnalités de cet outil.
1. Présentation des fonctionnalités de l’outil
A. Mode d’emploi
L’onglet « Mode d’emploi » permet de présenter l’outil ainsi que les différents critères d’évaluation à l’utilisateur.
Après avoir inscrit les informations nécessaires, l’utilisateur va prendre connaissance des différentes parties explicatives.
Dans la partie Mode d’emploi, les objectifs expliquent le but de l’outil et ce qu’il va évaluer, puis dans Présentation des éléments, une courte explication des différents onglets est présentée.
Dans la partie Echelle d’évaluation, il est expliqué les choix de véracité des critères choisis afin de comprendre à quoi correspondent ces propositions : Non applicable, Faux, Plutôt Faux, etc., ainsi que le pourcentage associé.
Les libellés des niveaux de maturité liés aux processus permettent de qualifier l’état du processus.
La figure suivante montre une partie de l’onglet « Mode d’emploi » :
Figure 9 : Exemple de l’onglet “Mode d’emploi” partie Echelle d’évaluation, Source : Auteurs
Enfin dans la partie Echelle d’évaluation pour les INDICATEURS, il est expliqué le pourcentage de l’indicateur qui permet de juger la maitrise des Processus.
B. Evaluation
L’onglet “Evaluation” permet à l'utilisateur d’évaluer l’efficacité des actions mises en place pour respecter les impacts indirects biomédicaux du référentiel HAS v2021. Il contient les six processus vus dans le chapitre précédent avec les critères (objectifs) associés. Chaque critère est à évaluer selon les niveaux de véracité du mode d’emploi, liés aux taux de véracité. Si le taux est de 100%, un message s’affiche afin de préciser les preuves.
Dans cet onglet, l’utilisateur peut également évaluer l’efficience et la qualité perçue grâce à 8 questions. Tous ces éléments permettent donc d’avoir une mesure de la performance.
La figure suivante montre une partie de l’onglet « Evaluation » concernant le processus 4 :
Figure 10 : Exemple de l’onglet “Evaluation” pour la mesure de l’efficacité du processus n°4, Source : Auteurs
En survolant la case, le(s) critère(s) de la HAS associé à l’objectif formulé s’affiche. De la même façon, si l’utilisateur clique sur la case, des exemples de modes de preuves en lien avec l’objectif sont présentés.
C. Résultats
L’onglet “Résultats” comporte un graphe radar présentant le taux de maturité des processus en pourcentage ainsi qu’un histogramme présentant les niveaux de véracités des 43 critères.
Dessous, un second graphe radar permet de rendre compte du taux de validation documentaire pour chacun des processus. L’ingénierie biomédicale peut ainsi identifier rapidement les processus nécessitant une amélioration de la maîtrise documentaire en vue d’un audit.
Le taux de performance sur les 43 critères et sur les indicateurs est aussi présenté sous forme d’un graphe en triangle avec pour axes l’efficacité, l’efficience et la qualité perçue.
La figure suivante montre une partie de l’onglet « Résultats » :
Figure 11 : Vue de l'onglet "Résultats" avec les scores présentés sous forme de trois graphes radar, Source : Auteurs
Pour ces trois graphes relatifs à la maturité des processus, la validation documentaire et le taux de performance, un espace est à chaque fois dédié aux plans d’actions prioritaires qui pourront être mis en place selon les résultats obtenus.
Enfin, un tableau de synthèse permet de visualiser l’ensemble de résultats et de spécifier d’éventuels commentaires et des propositions d’amélioration, si possible collectives.
D. Management des processus
L’onglet « Management des processus » présente une cartographie qui offre à l’utilisateur une vision claire des critères à respecter afin de satisfaire au manuel HAS v2021. La cartographie proposée est modifiable au besoin de l’ingénierie biomédicale. Cet onglet propose également un tableau modifiable comprenant les processus, les responsables ainsi que l’état d’avancement du processus. Celui-ci sera utile pour l’onglet suivant : le « planning de suivi ».
La figure suivante montre une partie de l’onglet « Management des processus » :
Figure 12 : Exemple de l’onglet « management des processus », Source : Auteurs
E. Planning de suivi
Le « planning de suivi » permet à l’utilisateur de visualiser l’état d’avancement de chaque processus, son responsable associé ainsi que l’objectif à atteindre. Des commentaires peuvent être ajoutés ainsi qu’une date de début et de fin liée au processus. Ces éléments sont modifiables par l’utilisateur afin de permettre de satisfaire aux particularités de chaque établissement de santé.
La figure suivante montre une partie de l’onglet « Planning de suivi » :
Figure 13 : Exemple de l’onglet « planning de suivi », Source : Auteurs
F. Auto-déclaration ISO 17050
Enfin, pour conclure l’auto-évaluation de l’ingénierie biomédicale d’un établissement de santé, un l’onglet « Auto déclaration ISO 17050 » est proposé. La norme ISO 17050 partie 1 présente les exigences générales applicables permettant de déclarer la conformité d'un objet évalué (processus, personne, produit, organisme, système de management) [33]. Par la suite, les entreprises ou autres structures obtiennent des certifications.
Ce dernier onglet permet à l’utilisateur de s’auto déclarer sur l’impact du référentiel HAS v2021 sur l’ingénierie biomédicale de son établissement de santé. Cet onglet récapitule les processus évalués, les différents résultats obtenus, les documents complémentaires consultables et les personnes compétentes et indépendantes impliquées. Il peut être imprimé afin d’être conservé.
La figure suivante montre une partie de l’onglet « Auto-déclaration ISO 17050 » :
Figure 14 : Exemple de l’onglet Auto-déclaration ISO 17050, Source : Auteurs
2. Vidéo explicative du projet et de l’outil de management
Une vidéo visant à expliquer la genèse de ce projet et l’utilisation de l’outil de management a également été réalisée. D’une durée d’une dizaine de minutes, elle est divisée en six parties. Après un résumé rapide de l’historique des précédents manuels, la place essentielle mais souvent occultée de l’ingénierie biomédicale est rappelée. Ainsi la réflexion menée en amont de la création de l’outil est synthétisée de façon à ce que les personnes qui ne sont pas familières avec la démarche de certification de la HAS comprennent le contexte et les enjeux. La méthodologie adoptée, les processus et quelques critères associés sont présentés. Enfin l’utilisation de l’outil est illustrée de façon concrète pour que l’utilisateur puisse se familiariser avec celui-ci. A la manière d'un tutoriel, la vidéo guide l'utilisateur au sein des différents onglets et lui montre les étapes à réaliser pour pouvoir réaliser l'évaluation, obtenir les résultats et mettre en place des plans d'actions. Comme les autres livrables de ce projet, cette vidéo est disponible sur le site https://travaux.master.utc.fr.
Figure 15 : Extraits de la vidéo explicative. Source : Auteurs
Conclusion de l’impact du référentiel HAS v2021 sur l’ingénierie biomédicale et perspectives
Bien que l’ingénierie biomédicale ne soit pas explicitement mentionnée dans ce nouveau manuel HAS v2021, elle est tout de même impliquée. En effet, 33% des critères de ce manuel la concernent. Ces critères gravitent autour d’une culture centrée sur le patient et permettent ainsi d’améliorer la qualité et la sécurité des actions menées dans les établissements de santé.
Grâce à l’outil de management proposé, l’ingénierie biomédicale va pouvoir se positionner par rapport à ce référentiel HAS v2021. Cet outil lui permettra de s’évaluer par rapport aux critères retenus, et d’identifier les actions d’amélioration continue à mettre en place.
Cet outil aura donc pour objectif d’être utile, utilisable et utilisé par l’ingénierie biomédicale. Une fois que les professionnels l’auront essayé et auront fait leurs retours, ce dernier pourra être amélioré afin de répondre au mieux à leurs attentes. A l’avenir, si de nouvelles révisions du référentiel paraissent, l’outil pourra être modifié pour être conforme aux nouvelles corrections.