IDS169 - Mise en place d’outils innovants pour renforcer le suivi et la gestion des dispositifs biomédicaux lors des processus de maintenance
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Auteurs
Contacts
- Ingénieur Erwan DENIAUD : deniaud.erwan@gmail.com
- Ingénieur Naseur MAMIA : naseur.mamia@gmail.com
- Ingénieur Omar BOUTALAKA : omar.boutalaka1999@gmail.com
Citation
A rappeler pour tout usage : Erwan DENIAUD, Omar BOUTALAKA, Naseur MAMIA,, "Mise en place d'outils innovants pour renforcer le suivi et la gestion des dispositifs biomédicaux lors des processus de maintenance", Université de Technologie de Compiègne (France), Master Ingénierie de la Santé, Mémoire de Projet, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS169, https://doi.org/10.34746/ids169, décembre 2022, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids169/
Résumé
Le service biomédical de l’Hôpital de Compiègne s'inscrit dans un processus d'amélioration continue de la qualité, déjà certifié ISO 9001 depuis 2016. La reconduction de la certification ISO 9001 est prévue pour mars 2023. Dans cette démarche qualité le service biomédical de Compiègne cherche continuellement à améliorer le processus existant de la prise en charges des DM lors de la maintenance.
L’objectif de ce mémoire est de faire un état de lieu et d’étudier la faisabilité de la mise en place d’un outil permettant d’améliorer la traçabilité des DM lors du processus de maintenance tout en tenant compte des différentes contraintes et de l’infrastructure existante. Ainsi les différentes solutions proposées pourront être mises en place en répondant aux besoins des différents acteurs.
Abstract
The biomedical department of Compiègne Hospital is part of a process of continuous quality improvement, already ISO 9001 certified since 2016. The renewal of ISO 9001 certification is scheduled for March 2023. In this quality approach, Compiègne's biomedical service continually seeks to improve the existing process of taking over DM during maintenance.
The purpose of this brief is to take stock of the situation and to study the feasibility of setting up a tool to improve the traceability of DMs during the maintenance process while taking into account the various constraints and the existing infrastructure. In this way, the various solutions proposed can be implemented in response to the needs of the various stakeholders.
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Remerciements
La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui nous voudrons témoigner toute nos gratitudes.
Nos remerciements s’adressent à notre encadrant M. Alessio DEL Mastro, pour nous avoir accueilli au sein de son service, pour s’être montré toujours très disponible à l’écoute et pour ses conseils.
Nous exprimons notre reconnaissance envers notre enseignante Mme. Isabelle CLAUDE, pour ses conseils, encouragements, soutien moral et pour ses précieuses remarques.
Un grand merci aux personnels de l’équipe biomédical au sein de centre hospitalier Compiègne, M. Lucas ZUGAJ et M. Mostafa Elamine GACEM, pour les efforts qu’ils n’ont cessé de déployer afin de créer les conditions les plus favorables pour le déroulement du projet.
Nos remerciements s’adressent aux membres du jury d’avoir accepté de juger et d’évaluer notre modeste travail.
Liste des acronymes
CHICN : Centre Hospitalier Intercommunal Compiègne Noyon
CH : Centre Hospitalier
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
DM : Dispositifs médicaux
GHT : Groupement hospitalier territorial
GMAO : Gestion de maintenance assistée par ordinateur
MCO : Médecine, chirurgie, obstétrique
RFID : Radio Fréquence Identification
SBM : Service biomédical
SWOT : Strengths / Weaknesses / Opportunities / Threats
UTC : Université de Technologie de Compiègne
Introduction générale
Les services biomédicaux ont un rôle majeur dans la qualité et la sécurité de la prise en charge des patients, d’où la nécessité de maintenir les dispositifs médicaux (DM) en bon état de fonctionnement. En effet, la disponibilité des DM auprès des services de soins a aussi un impact sur la crédibilité de service biomédical (SBM). En fait, le service biomédical et les services de soins rencontrent plusieurs problèmes en matière de traçabilité géographique et temporelle des DM surtout lors de leurs maintenances. C’est dans ce contexte que se situe notre projet effectué en collaboration entre l’Université de Technologie de Compiègne et le service biomédical de l’Hôpital de Compiègne. L’objectif de ce projet sera donc d’étudier les besoins et proposer des solutions afin d’améliorer le suivi et la gestion des DM lors des processus de maintenance.
CHAPITRE 1 Contexte général
L’objectif de ce chapitre est de fournir une présentation générale sur l'organisme d'accueil en précisant son historique, son activité et son organigramme. Ainsi, dans cette partie nous allons présenter le contexte du projet pour cadrer ce dernier en clarifiant l’objet autour duquel il s’articule, ainsi que la problématique.
1. Le centre hospitalier de Compiègne-Noyon
Le présent travail est effectué au sein du service biomédical du Centre Hospitalier Intercommunal Compiègne Noyon (CHICN), qui est l’établissement support du Groupement hospitalier territorial (GHT) de l’Oise. Cet hôpital a pour objectif principal d’offrir un large panel de soins classiques (Figure 1) mais aussi spécialisés, grâce à son plateau technique composé d’un plateau d’imagerie, un laboratoire de biologie humaine, une pharmacie, un bloc opératoire et obstétrical, un service de réanimation polyvalente etc, cette liste n’est pas exhaustive [1].
Figure 1 : Plan des services de soins de l'hôpital de Compiègne [2]
Le tableau suivant présente le CHICN en chiffres pour l'année 2021 :
Tableau 1 : CHICN en chiffres [3]
La capacité d’accueil au CHICN est de 1179 lits et places dont 530 lits MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) [4] pour un territoire de plus de 250 000 habitants, ce qui représente un taux d’équipement de 4.7 lits pour 1000 habitants. Ce taux est supérieur à la moyenne régional et national qui ont un taux respectivement de 3.2 et 3.1 [5]. Ces chiffres nous montrent bien la forte activité et l’offre de soins proposés par le CHICN. Cela nécessite donc un plateau technique et une bonne gestion du parc des DM. D’où l’importance du rôle joué par le service biomédical.
2. Le Service Biomédical du CHCN
2.1. Organisation du service
Le CHICN compte un service biomédical (SBM) basé au centre hospitalier de Compiègne, réparti sur deux ateliers. Le SBM et service informatique sont tous deux rattachés à la « Direction, des systèmes d’informations et équipements biomédicaux » (Figure 2 : Organigramme service biomédical (source auteurs)):
Figure 2 : Organigramme service biomédical (source auteurs)
2.2. Le service biomédical en chiffres
Le tableau suivant présente le biomédical en chiffres pour l'année 2021 :
Tableau 2 : Service Biomédical en chiffres (source auteurs)
Le nombre important d’interventions nécessite une prise en charge, par le SBM, conditionnés par des critères de priorités « criticité » qui ont été définis préalablement dont nous verrons le détail par la suite.
La valeur du parc des DM est d’environ 20 millions d’euros, ce qui représente une valeur de 3.77 M€ / 100 lits MCO. Cette valeur est inférieure à la médiane des établissements de même capacité qui est de 4,3 M€ / 100 lits [6]. Vue le nombre de DM et la valeur du parc cela nous montre que celui-ci est vieillissant ce qui explique en partie le nombre élevé d’interventions.
En ce qui concerne le nombre de technicien nous pouvons constater par rapport à l’étude [6], que le CHICN est en sous-effectif car la valeur médiane pour un établissement équivalent est de 4 ETP (équivalent temps plein), ce qui se traduit par une surcharge du travail et la sollicitation des sociétés externes.
2.3. Les missions du service biomédical
Le SBM a pour mission d’assurer la disponibilité des DM au sein du GHT. Pour cela, le SBM effectue les maintenances préventives et curatives afin de maintenir les DM en bon état. D’autres missions incombent au SBM, telles que :
- L’achat des DM.
- L’installation des DM et les formations aux utilisateurs.
- La gestion et distribution de certains consommables.
- La commande et la distribution des fluides médicaux.
- La réforme des DM
Le SBM utilise une GMAO (Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur) « Asset+ » fourni par « GE » (Général Electric) dans un but de suivre le parc de DM, tracer les interventions, les mises en services et les demandes d’achats. Ainsi, le SBM dispose d’un numéro dédié aux urgences biomédicales où chaque technicien à son numéro de poste personnel.
3 La norme ISO 9001 au CHCN
3.1. Service biomédical & ISO 9001
Dans notre projet, nous nous intéresserons à la norme ISO 9001 qui est une référence internationale [7] et qui donne une reconnaissance appréciée par tous les acteurs de la santé lors de son obtention, car elle montre la maîtrise des activités du service certifié.
La norme ISO 9001 : 2015 exige que l'organisme détermine les risques et opportunités qui doivent être pris en compte. De plus, le manuel qualité qui est le document essentiel à la démarche de certification encadre la structure à laquelle s’inscrit la démarche qualité.
Dans ce cadre, un service biomédical peut être certifié ISO 9001 : 2015 sur seulement un ou deux processus comme la maintenance ou les achats. En ce qui concerne la maintenance, l’évaluation de la performance du service fourni est exigée. Cela est mesurable par des indicateurs tels que : le taux de réalisation des maintenances préventives des DM critiques, les délais de réparations, la traçabilité des interventions, la satisfaction des utilisateurs…
Dans la réalité, le nombre de services biomédicaux certifiés est très faible par rapport au nombre de services existants, comme il est montré dans la figure 3 qui représente le nombre de services biomédicaux certifiés ISO 9001 en France dès 1997 à 2021 [8]. Nous pouvons voir que le nombre ne dépasse pas 7 services certifiés sur 450 services, alors qu’en 2013 nous comptions 16 services [9].
Figure 3 : Courbe de l’évolution du nombre de services biomédicaux certifiés ISO 9001 en France [3]
Parmi ces 7 services, le service biomédical de l’hôpital de Compiègne est certifié ISO 9001 : 2015 pour les achats et la maintenance des équipements et fluides médicaux depuis décembre 2019.
Le renouvellement de la certification est prévu pour février 2023, ce qui oblige le SBM à être dans une démarche d’amélioration continue notamment en ce qui concerne la gestion de la maintenance.
3.2. Maintenance des DM
La maintenance est, définie dans la norme NF X 60-000 de l'AFNOR, "l'ensemble des activités ayant pour objectif de maintenir ou rétablir un bien dans un état spécifié de fonctionnement pour établir une fonction requise" [10].
La maintenance correspond à l’ensemble des actions managériales, administratives et techniques visant à créer un fonctionnement répondant aux normes réglementaires. Dans un milieu hospitalier, le SBM doit élaborer une politique de maintenance suivant le cadre réglementaire défini dans le décret du 5 Décembre 2001. Celui-ci fixe les modalités et obligations de maintenance du contrôle qualité. Il est suivi par l’arrêté du 03 mars 2003 précisant la liste des dispositifs médicaux soumis à l’obligation de maintenance [11]. Ainsi cette politique dépend d’autres contraintes financière (budget), humains (personnels)…
Ainsi, dans un service il existe deux types de maintenances : une préventive dont l’objectif est prévoir des actions régulières sur un DM afin d'assurer son entretien dans la durée et, une corrective qui consiste à réparer un DM lorsqu’il tombe en panne.
L’arrêté du 3 mars 2003 dresse la liste des dispositifs soumis à l’obligation de maintenance préventive. Celle-ci concerne tous les dispositifs médicaux de classes IIb « machines de dialyse, couveuses pour nouveaux nés, oxymètres, respirateurs, moniteurs de signes vitaux… »..
Pour réaliser ces maintenances préventives, le SBM rencontre parfois des problèmes de localisation de ces DM, ce qui engendre des retards de maintenances, une perte de temps pour le SBM et surtout un risque pour le patient.
Pour maintenir un DM, le SBM du CHCN a le choix entre : la maintenance interne réalisée par les techniciens du service ou la maintenance externalisée réalisée par des sociétés. Ce choix dépend de plusieurs critères à savoir : La disponibilité, l'habilitation et la qualification des techniciens, le coût des réparations, le temps d’intervention estimé ainsi que la criticité du DM.
La criticité ou taux de criticité, est la mesure de la combinaison de la sévérité d’un effet et de la fréquence de son apparition, ou d’autres facteurs, d’une défaillance, comme une mesure de la nécessité d’un traitement ou d’une atténuation [12].
La criticité est donc la valeur attribuée au dispositif médical selon son contexte d’exploitation. Plusieurs facteurs peuvent entrer en compte ou non pour mesurer la criticité selon la politique mise en place de la gestion de parc des DM par le SBM. Les indicateurs qui peuvent être pris en compte sont : la classe du DM, l’intensité d’utilisation, le service de soins, nombre d’interventions sur le DM, vétusté, interchangeabilité…
Généralement le seuil de criticité peut être calculé ou défini par différentes méthodes telles que PIEU, AMDEC, ou encore MACE.
A titre d’exemple, la méthode AMDEC correspond à l’analyse des modes de défaillance de leurs effets et de leur criticité et répond à la norme NF EN 60812 [12]. Le calcul par cette méthode prend en considération trois paramètres à savoir : la fréquence « F » ou possibilité d'apparition d'une défaillance, la gravité « G » où le niveau de risque occasionné en fonction du classement des dispositifs médicaux et la détectabilité « D » du DM selon le service de soins, en appliquant la formule
Le SBM du CHCIN a défini le seuil de criticité, selon l’expérience de son personnel. Ce seuil ne correspond pas forcément au danger que l’équipement représente s’il est en panne ou mal réglé, mais à sa criticité dans le contexte du service de soin, la catégorie du DM et plus généralement de l’établissement.
Les seuils de criticité sont définis comme suit :
- 3 : Équipement de faible criticité. Pas de risque pour le patient ni de gêne pour le service occasionné par l’immobilisation de l’appareil. Toute demande d'intervention sur cet équipement sera en conséquence de faible urgence
- 2 : Équipement de criticité moyenne. Pas de risque pour le patient mais une gêne peut être occasionnée par l’immobilisation de l’équipement. Une demande d'intervention pourra être d'urgence moyenne
- 1 : Équipement de haute criticité. Un arrêt de l'activité, souvent critique pour le service pourrait occasionner un problème majeur. Dans un cas extrême, un risque potentiel pour le patient peut avoir lieu si l’appareil est immobilisé pendant une longue période. Le service est surement bloqué, partiellement ou totalement, par cette immobilisation. Dans tous ces cas, on parle d'une intervention de grande urgence
- 0 : Équipement d'une criticité ultime. Un arrêt de cet équipement mettra certainement en péril, en partie ou en totalité, l'activité du service de soins et engendre potentiellement un risque pour le patient. Une intervention immédiate pour tenter de débloquer la situation est requise de la part du service biomédical. On parle dans ce cas d'une intervention de très grande urgence
Par exemple, le moniteur multiparamétrique dans le service cardiologie est en criticité niveau 2 (urgence moyenne), en revanche ce même DM aura une criticité niveau 1 (grande urgence) dans le bloc opératoire ce qui peut s’expliquer par une urgence lors d’une opération en cours.
La traçabilité des interventions de maintenances des DM est un point essentiel dans la norme ISO 9001. Le SBM de CHCN, dans sa démarche d’amélioration continue, a décidé de renforcer ce point en voulant mieux suivre le flux des DM lors des processus de maintenances.
CHAPITRE 2 Problématique & Objectifs
1. Fonctionnement actuel
Pour mieux comprendre le contexte nous allons décrire le processus actuel de prise en charge d’un DM lors de sa maintenance. Lors d’une panne d’un DM, une demande d’intervention est effectué par le service de soin, via la GMAO à un temps t0 . Ensuite, si la demande concerne un DM mobile celui-ci est récupéré et descendu à l’un des ateliers biomédicaux par un technicien lorsqu’il est disponible, à un temps t1 . Le DM sera diagnostiqué à t2 avec trois possibilités :
- Réparation en interne à t3 et remise du DM réparé dans le SBM à t4
- Réparation en externe à t3' et remise du DM réparé dans le SBM à t4'
- Réparation en attente de pièces t3' et remise du DM réparé dans le SBM à t4''
Enfin, le DM sera disponible dans le SBM à t5 et remis au service de soins à t6. Il est à noter que la logistique des DM envoyés en externe se fait par le biais du magasin.
Actuellement avec ce fonctionnement, il n’est pas possible de tracer complétement le parcours du DM lors de ce processus (Figure 4), de manière temporelle et géographique.
Figure 4 : Flux de prise en charge d'un DM (source auteurs)
2. Problématique & Objectif
La clarification de la problématique est un point de départ essentiel pour mieux cerner notre projet et ses attentes. Pour ce faire, nous avons utilisé l’outil « QQOQCP » ce qui a permis de bien identifier le problème, mais aussi savoir qui était concerné, quand et où apparaît le problème.
Ce dernier nous a permis d’extraire la problématique suivante : Comment gérer la traçabilité dans le temps et dans l’espace des DM entre la sortie du service de soins et la remise à disposition auprès des utilisateurs ?
Les enjeux de notre projet sont multiples et concernent différentes parties prenantes à savoir patients, personnels de santé, service biomédical, direction…
Parmi ces enjeux on trouve :
- Garantir une meilleure prise en charge pour le patient :
- Qualité de soins
- Réduction du délai des examens
- Moins de retard sur la prise en charge
- Être à jour sur la maintenance
- Augmenter la disponibilité des DM :
- Libérer du temps chez le personnel soignant
- Redonner du temps à l’équipe biomédicale
- Diminuer le temps d’immobilisation
- Enjeux économiques :
- Limiter les pertes et les vols des DM
- Réduire les rachats inutiles des DM identifiés comme perdus
- Meilleure gestion du budget
Nous pouvons ainsi mettre en avant l’objectif principal qui est de : renforcer la méthode et les indicateurs qualité de la logistique biomédicale afin d’optimiser la durée d’immobilisation lors des maintenances.
CHAPITRE 3 Méthodologies et solutions
1. Approche suivie et exploitation des données
Pour répondre à la problématique, nous avons dû collecter plusieurs données sur le terrain afin de mieux cibler les services de soins, la catégorie et les types des DM concernés. Pour ce faire, nous avons exploité et extrait de nombreuses données issues de la GMAO ainsi que de la plateforme Q-Lik.
Q-Lik est une plateforme permettant d’analyser les données de la GMAO Asset Plus sous formes de graphes et de tableaux de bords. Une extraction des données en Excel doit être faite puis traitée dans Q-Lik. C’est un outil qui permet via un tableau de bord personnalisable de visualiser l’essentiel des données. (Figure 5 : Exemple du tableau de bord logiciel Q-Lik (source auteurs)) :
Figure 5 : Exemple du tableau de bord logiciel Q-Lik (source auteurs)
Dans l’exemple ci-dessus, nous pouvons clairement voir un exemple de tableau de bord avec différents indicateurs. Sur l’histogramme 1, nous visualisons les interventions non prises en charge avec l’historique des 24 derniers mois. Sur le diagramme 2, sont affichés les différents types d’interventions (préventif, réparation fournisseur...). Les diagrammes 3 et 4 représentent respectivement la ou les catégories de DM ainsi que les modèles.
La Figure 6 représente le nombre d’interventions des 24 derniers mois réparties par service, ce qui permet de mettre en évidence les services les plus concernés par la maintenance curative. Cela nous aidera à prioriser certains services lors de la mise en place de solutions comme le bloc opératoire, la réanimation et la cardiologie car ils représentent 40 % des interventions.
Figure 6 : Nombre des interventions par service (source auteurs)
Après l’identification des différents services nous nous sommes intéressés aux catégories des DM concernés par ces interventions. Sur le diagramme Figure 7, nous constatons que la majorité des DM sont mobiles, tels que pousse seringues, tensiomètre automatique, pompe à perfusion, moniteur cardio-respiratoire…
Figure 7 : Répartition des pannes par catégories des DM (source auteurs)
Par exemple, pour ces DM mobiles le temps moyen d’immobilisation est :
- Pousse seringues : 33 jours
- Tensiomètre automatique : 17 jours
- Pompe à perfusion : 22 jours
- Moniteur cardio-respiratoire : 18 jours
Par rapport à ces temps d’immobilisation, nous n’avons pas le détail des différentes étapes de prise en charge de ces DM mobiles en termes de temps et de localisation comme il est montré dans la figure 4. Cela peut créer un réel problème dans certains services de soins qui peuvent manquer d’équipements pour la prise en charge des patients.
2. Benchmark des solutions de géolocalisation
Afin de pouvoir proposer des solutions adaptées, nous avons fait un benchmark qui nous a permis d’avoir un aperçu des solutions existantes et adoptées par d’autres établissements. Parmi ces structures on trouve :
- CHU de Amiens, CHU de Brest : utilisent une solution proposée par la société Stanley Healthcare qui se base sur la technologie de Wifi pour la géolocalisation [13].
- CHU de Caen, AP-HP, CH de Perpignan : utilisent une solution proposée par la société Apitrak, certaines en technologie Wifi et d’autres en technologie Bluetooth [14].
- Unicancer de Rennes, CHU de Bordeaux, CH de Dieppe : utilisent une solution proposée par la société Sigscan, certaines en technologie RFID et d’autres en technologie Bluetooth [15].
Après avoir prospecté auprès des différents établissements de santé, nous avons fait des recherches sur les différentes sociétés proposant des solutions de géolocalisation toutes technologies confondues Wifi, RFID, Bluetooth.
Parmi ces sociétés nous trouvons : Intelligent Locations [16], DSI global services [17] , Ubudu [18], Stanley Healthcare, Apitrak, Sigscan et Pole star [19].
Nous avons choisi de poursuivre notre étude en comparant les solutions proposées par les trois sociétés suivantes : Stanley Healthcare, Apitrak et Sigscan car elles sont bien présentes dans de nombreux CH et leurs logiciels peut être couplé à la GMAO ce qui représente un avantage. De plus, ce sont les seules sociétés qui ont répondu à nos sollicitations.
Afin de comprendre les solutions proposées et la faisabilité parmi ces trois fournisseurs, nous avons planifié des démonstrations en visio. Dans la suite du rapport un tableau comparatif des différentes technologies sera présenté.
3. Proposition de solutions pour le CHCN
Le SBM de Compiègne souhaite qu’on lui propose trois solutions pour améliorer le suivi des DM lors des opérations de maintenances. L’une d’elles doit être faisable avec les ressources internes et mise en place pour la fin de l’année 2022.
3.1. Solution 1 : faisabilité possible avec ressources interne
Pour mieux suivre les DM en interne, la solution est de mettre en place des indicateurs qui nous permettront de tracer le DM à chaque étape de sa prise en charge lors de la maintenance. Ces indicateurs nous permettront de connaitre les temps indiqués dans le chapitre 2 partie 1.
La solution consistera à ce que chaque technicien renseigne, dans la GMAO, les différentes étapes de prise en charge en créant des actions. Chacune de ces actions sera datée et exploitée grâce à la plateforme Q-lik qui les mettra en évidence sous forme d’indicateurs et tableaux de bord. Chacune de ces actions aura pour correspondance l’étape de prise en charge indiquée sur le schéma de flux indiqué dans la Figure 4.
Afin de mettre en place ces indicateurs il est nécessaire d’exploiter les fonctionnalités de la GMAO. La Figure 8 représente un exemple de demande d’intervention d’un DM en panne via l’interface de la GMAO.
Figure 8 : Interface GMAO lors de processus de la maintenance d'un DM en panne
Pour tracer les différentes étapes du processus de prise en charge du DM, nous avons proposé d’utiliser le champ « État » qui n’est pas exploité.
Figure 9 : Champ "État" dans la GMAO Asset Plus
L’idée est d’associer chaque étape de prise en charge à l’une des actions présentes dans la liste déroulante.
Tableau 3 : Action prise en charge GMAO
Le tableau ci-dessus présente la correspondance des étapes avec les actions présentes dans la liste déroulante de la GMAO. Pour information les temps t0 et t6 sont déjà connus. Il est à noter que ces actions ont des libellés non adaptés car la GMAO est commune au SBM, DSI et service technique c’est pourquoi ils demeurent provisoires en attendant la création de nouvelles actions (voir tableau 3 ci-dessus).
Suite à notre réunion avec le SBM et la DSI, nous avons étudié la faisabilité de la création de ces champs. En temps qu’administrateurs, les informaticiens pourrons créer ces nouvelles actions qui seront bien plus adaptées au service biomédical. Chacune de ces actions sera à renseigner, par le technicien, au fur et à mesure du processus de prise en charge du DM en respectant le plan de zonage de l’atelier.
Figure 10 : Plan de zonage du grand atelier (source auteur)
Les zones sont réparties de la manière suivante :
Zone 1 : DM en panne récupéré
Zone 2 : Diagnostic
Zone 3 : Réparation
Zone 4 : DM en attente de pièce
Zone 5 : DM à envoyer SAV
Zone 6 : DM réparer
Cette solution à faisabilité interne et rapide (Quick-Win) peut être mise en place rapidement et à moindre coût. Cependant, la difficulté de la mise en place de cette solution résidera dans la capacité à faire changer les habitudes des techniciens. Pour pallier à ce risque, il sera nécessaire de bien informer les techniciens de la plus-value de cette solution, à savoir un gain de temps pour les services de soins, meilleure image du SBM et surtout le renforcement de la sécurité au patient malgré un temps supplémentaire de saisie estimé à environ 2mn par DM.
3.2. Solution 2 RFID :
Cette solution envisagée repose sur la technologie RFID « Radio Fréquence Identification » qui permettra de localiser les DM dans le temps et dans l’espace. Pour répondre aux contraintes budgétaires imposées, nous choisirons d’installer des bornes de détections aux entrées des ateliers biomédicaux pour tracer les interventions en internes et une borne à l’entrée du magasin pour suivre les DM envoyés à l’extérieur. Il sera possible d’installer des antennes complémentaires, dans l’atelier, afin de tracer les différentes étapes de prise en charge (diagnostic, en attente pièce, réparé). Cette solution nécessitera d’équiper les DM concernés par des étiquettes « Tag » RFID.
Dans cette solution nous proposons l’utilisation des étiquettes passives, car n’ont pas besoin de source d’énergie, étant donné qu’elles sont alimentées via le signal du lecteur par induction lors du processus de lecture.
La limite de cette solution ne permettra pas de localiser le DM en dehors de SBM mais pourra être mise en place dans tout l’hôpital et ce, de manière progressive. En dehors de la localisation, cette solution peut également être utilisée pour réaliser un inventaire extrêmement rapide et fiable.
Cette solution, proposée par la société Apitrak se compose de plusieurs éléments dont les prix varient selon la quantité commandée :
- Etiquette RIFD : prix quelques centimes d’euros / unité
- La borne de lecture : 2000€
- Antennes : 200€
Bien entendu, il faut prévoir le logiciel qui permettra de lire toutes ces données, dont le coût annuel variera selon l’installation.
3.3. Solution 3 RFID/ Wifi / Bluetooth :
Cette solution à mettre en place à long terme peut se présenter sous différentes formes :
- Généraliser l’installation RFID à l’ensemble de services : cela nécessitera l’implantation de nombreuses bornes réceptrices à l’entrée de chaque service donc extrêmement coûteux.
- Utiliser la solution Wifi ou le Bluetooth : ces solutions auront l’avantage de pouvoir géolocaliser en temps réel les DM dans le temps et l’espace.
La mise en place de la solution Bluetooth peut être intéressante en termes de coût lorsque les bornes Wifi de la structure sont compatibles Bluetooth. Malheureusement ce n’est pas le cas du CH de Compiègne. C’est pour cela que nous proposerons la technologie wifi en solution à long terme mais qui pourra être déployée progressivement en fonction des services prioritaires.
Cette solution proposée par la société Stanley nécessitera l’achat de Tag actif, à installer sur chaque DM et une licence associée sans coût supplémentaire lié à la maintenance du logiciel. Ces Tag actifs ont une batterie interne intégrée dans leur circuit et disposent d’un émetteur permettant d’envoyer une réponse au lecteur (bornes Wifi). Contrairement à la technologie RFID, qui sert à localiser, le wifi permettra de géolocaliser en temps réel un DM et ainsi exploiter un maximum de données (endroit, temps d’immobilisation, taux utilisation d’un DM...).
Il est difficile d’estimer le coût de cette installation car cela dépend du nombre du DM, la couverture Wifi existante, le type de Tags (Standard, étanche, avec accéléromètre…).
3.4. Comparaison entre les différentes technologies
Le tableau suivant présente une comparaison entre les différentes technologies :
Tableau 4 : Comparaison entre différentes technologies
3.5. Comparaison entre les différentes solutions
Tableau 5 : Comparaison entre les différentes solutions
Comme nous pouvons le voir, certaines des solutions proposées répondent partiellement à la problématique et d’autres répondent totalement aux besoins. La première proposition permet de tracer le parcours du DM uniquement par saisie manuelle des informations c’est pour cela que cette solution n’est que provisoire en attendant la mise en place de la solution RFID. En ce qui concerne la deuxième proposition, elle pourra être mise en place à moyen terme et à moindre coût. Cette solution permettra également de tracer les différentes étapes de processus de prise en charge dès l’entrée du DM jusqu’à sa sortie du SBM est ce de manière automatique (lecteur RFID + logiciel). La troisième solution permet de répondre totalement aux besoins des différents acteurs (SBM, service de soins) en apportant du confort car il s'agit d' une solution totalement automatisée. Ces différentes solutions permettront de connaitre les différents temps indiqués dans la figure 4 :
- Solution 1 : de t0 à t6 (saisie manuel via GMAO & Q-lik)
- Solution 2 : de t0 à t6 sauf t3 car les zones géographiques diagnostic et réparation interne sont trop proches pour être différenciées par la borne RFID (renseignement automatique).
- Solution 3 : de t0 à t6 (renseignement automatique)
Conclusion générale
Pour conclure, la responsabilité de l’ingénieur biomédical sur la gestion du parc d’équipements et de son maintien est une mission primordiale demandant une forte mobilisation. La localisation ou bien la géolocalisation des DM, est, en réalité, une application qui s’adapte aux besoins des acteurs.
Mener à bien ce projet nécessite de prendre en compte les différentes contraintes à savoir le coût, le temps, l’infrastructure mais aussi les ressources humaines. Dans ce mémoire nous avons proposé trois solutions qui peuvent être mises en place stratégiquement d’une manière successive.
Ce projet nous a permis de travailler en collaboration avec de nombreux acteurs du milieu hospitalier et industriel. Cela était une opportunité de mettre en pratique, la théorie acquise lors des différentes unités d’enseignement. De plus, ce projet nous a aidés à développer nos compétences de travail en équipe en termes de gestion, communication et leadership dans le but d’améliorer notre performance dans la réalisation des projets.