Cartographie interactive des acteurs de l’écosystème réglementaire des dispositifs médicaux

IDS248 - Gestion de la transition des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro "legacy devices" vers le Règlement européen 2017/746

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A rap­pe­ler pour tout usage : C.VIGUIER, « Ges­tion de la tran­si­tion des dis­po­si­tifs médi­caux de diag­nos­tic in vitro "lega­cy devices" vers le Règle­ment euro­péen 2017/746 », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire de Stage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS248, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids248/

Résumé

Le 26 mai 2022 a mar­qué un chan­ge­ment impor­tant dans le sec­teur des Dis­po­si­tifs Médi­caux de Diag­nos­tic In Vitro puisque à cette date, le texte enca­drant leur cycle de vie, la direc­tive 98/79/CE, a été offi­ciel­le­ment abro­gé ; rem­pla­cé par le Règle­ment euro­péen 2017/746.

Vis-à-vis de ce nou­veau contexte régle­men­taire, les DM-DIV peuvent avoir dif­fé­rents sta­tuts pos­sibles : par­mi ceux-ci, il y le cas des « Lega­cy devices », un terme dési­gnant les dis­po­si­tifs, cou­verts par un cer­ti­fi­cat UE valide déli­vré selon la direc­tive, qui conti­nuent à être mis à dis­po­si­tion sur le mar­ché ou mis en ser­vice après la date d’application du Règle­ment. Pour ces dis­po­si­tifs, la période de tran­si­tion vers le Règle­ment, qui a débu­té à son entrée en vigueur, c’est-à-dire le 26 mai 2017, n’est pas encore terminée.

Durant cette période, il y a tout de même cer­taines exi­gences régle­men­taires à appli­quer par les fabri­cants afin que leurs dis­po­si­tifs puissent conti­nuer à être mis sur le mar­ché de l’UE ou mis en ser­vice : par exemple, en matière de Sur­veillance Après Com­mer­cia­li­sa­tion et de Vigi­lance (cf. article 110 du Règle­ment euro­péen 2017/746).

Ce mémoire de fin d’études s’attache donc à décrire une stra­té­gie qui a été employée afin de les mettre en place. Le choix a été pris ici de cou­pler leur implé­men­ta­tion à la mise à jour du Sys­tème de Mana­ge­ment de la Qua­li­té de la start-up confor­mé­ment à la norme EN ISO 13485 : 2016, ain­si qu'aux exi­gences régle­men­taires en matière de qua­li­té (article 10, annexes IX et XI) grâce à son amen­de­ment A11.

Abstract

May 26th 2022 mar­ked an impor­tant change in the In Vitro Diag­nos­tic Medi­cal Devices sec­tor, as on this date, the text fra­ming their life cycle, Direc­tive 98/79/EC, was offi­cial­ly repea­led ; repla­ced by Euro­pean Regu­la­tion 2017/746.

With regard to this new regu­la­to­ry context, IVDs can have dif­ferent pos­sible sta­tuses : among these, there is the case of « Lega­cy devices », a term desi­gna­ting devices, cove­red by a valid EU cer­ti­fi­cate issued under the Direc­tive, which conti­nue to be made avai­lable on the mar­ket or put into ser­vice after the date of appli­ca­tion of the Regu­la­tion. For these devices, the tran­si­tion per­iod to the Regu­la­tion, which began on May 26th, 2017, is not yet over.

During this per­iod, there are still cer­tain regu­la­to­ry requi­re­ments for manu­fac­tu­rers to apply so that their devices can conti­nue to be pla­ced on the EU mar­ket or put into ser­vice : for example, with regard to Post-Mar­ket Sur­veillance and Vigi­lance (cf. Article 110 of Regu­la­tion (EU) 2017/746).

This master’s the­sis the­re­fore des­cribes the stra­te­gy used to imple­ment them. The choice was made here to couple their imple­men­ta­tion with the upda­ting of the start-up's Qua­li­ty Mana­ge­ment Sys­tem in accor­dance with EN ISO 13485 : 2016, as well as with regu­la­to­ry qua­li­ty requi­re­ments (article 10, annexes IX and XI) thanks to its amend­ment A11.

Téléchargements

IDS248 - Charline_Viguier - Mémoire
IDS248 - Charline_Viguier - Mémoire
IDS248 - Charline_Viguier - Gap Analysis dernier amendement au Règlement 2017/746
IDS248 - Charline_Viguier - Gap Ana­ly­sis der­nier amen­de­ment au Règle­ment 2017/746

Remerciements

En pre­mier lieu, j’adresse ma gra­ti­tude à toute l’équipe ensei­gnante du Mas­ter Ingé­nie­rie de la Santé.

Je tiens à remer­cier les res­pon­sables de for­ma­tion, Mme CLAUDE et M. PROT, pour leur impli­ca­tion et leur inves­tis­se­ment dans la réus­site de leurs étudiants.

Je remer­cie en par­ti­cu­lier ma tutrice durant cette année d’apprentissage, Mme FOLLET, pour avoir tou­jours été très réac­tive à mes demandes de relec­ture de mes rap­ports, pour m’avoir conti­nuel­le­ment encou­ra­gée à aller cher­cher plus loin afin de pro­duire un tra­vail construit et cré­dible ain­si que pour m’avoir moti­vée à prendre confiance en mes compétences.

Je sou­haite ensuite remer­cier mon maître de stage, M. RAUX, pour m’avoir offert l’opportunité d’intégrer sa struc­ture et m’avoir fait confiance dans mes mis­sions ; cela a trans­for­mé cet appren­tis­sage en une expé­rience par­ti­cu­liè­re­ment enri­chis­sante à tous les niveaux.

Je vou­drais éga­le­ment témoi­gner toute ma recon­nais­sance à Mme HARRIRI, ma col­lègue chez GENOTROPY et incroyable binôme de tra­vail durant cette année.

J’adresse éga­le­ment tous mes remer­cie­ments à l’ensemble des ensei­gnants de la Licence Pro­fes­sion­nelle Main­te­nance et tech­no­lo­gie : tech­no­lo­gie médi­cale et bio­mé­di­cale de l’Université de Paris qui m’ont tous per­mis d’intégrer la for­ma­tion à l’UTC : notam­ment Mme MONDOLINI qui m’a don­né envie de me lan­cer dans les Affaires Régle­men­taires et la Qua­li­té des Dis­po­si­tifs Médi­caux, Mme LENAT et Mme BAUDOT.

Enfin, mes der­nières pen­sées s’adressent à mes frères et ma sœur pour leur incroyable sou­tien. Mer­ci à mes parents qui ont tou­jours cru en moi et sont le moteur de ma réus­site. À ma maman, le pilier de ma vie.

Table des abréviations

Mémoire complet

Gestion de la transition des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro "legacy devices" vers le règlement européen 2017/746

Introduction

Les tests effec­tués en cas de sus­pi­cion de mala­die à coro­na­vi­rus 2019 (COVID-19), les tests de gros­sesse et les dis­po­si­tifs d’autosurveillance gly­cé­mique pour le dia­bète sont tous des pro­duits de san­té avec un point com­mun particulier.

Ils font tous en effet par­tie de la caté­go­rie des Dis­po­si­tifs Médi­caux de Diag­nos­tic In Vitro (DM-DIV) ; les « col­lègues » moins connus des Dis­po­si­tifs Médi­caux (DM) alors que jusqu’à 70% des déci­sions médi­cales reposent sur leurs résul­tats et qu’ils repré­sentent moins de 1% de la dépense totale de san­té en Europe en 2022 (Figure 1) [1]:

Figure 1 : Répartition des dépenses totales de santé en Europe en 2022 (Source : auteure d'après MedTech Europe 2022):

Les DM et les DM-DIV ont tous deux une fina­li­té médi­cale mais les DM-DIV, contrai­re­ment aux DM, ne sont jamais uti­li­sés ni à l’intérieur ni sur le corps humain de par leur défi­ni­tion régle­men­taire. En effet, les DM-DIV four­nissent une infor­ma­tion sur la base d’un échan­tillon pré­le­vé sur le corps humain : des liquides bio­lo­giques comme le sang et l’urine ou des échan­tillons de tis­su humain. Les DM-DIV sont prin­ci­pa­le­ment uti­li­sés par le corps médi­cal au sein des labo­ra­toires pri­vés de bio­lo­gie médi­cale et des labo­ra­toires des centres hos­pi­ta­liers ; par­fois direc­te­ment par des uti­li­sa­teurs non for­més dits « pro­fanes » , on parle alors d’autotests [2].

Dans le monde, le mar­ché des DM-DIV était esti­mé à plus de 52.622 mil­liards de dol­lars en 2017 avec une pers­pec­tive de crois­sance de 6.1% jusqu’en 2024 [3]. Cette crois­sance peut être expli­quée par l’augmentation de l’incidence des mala­dies chro­niques et infec­tieuses, de la popu­la­tion géria­trique et par les nom­breuses inno­va­tions dans le domaine grâce aux mul­tiples inves­tis­se­ments dans les acti­vi­tés de Recherche & Déve­lop­pe­ment (R&D). Dans le monde, ce mar­ché est domi­né, à près de 60%, par cinq entre­prises : Roche, Abbott Labo­ra­to­ries, Dana­her, Sie­mens Heal­thi­neers et Ther­mo Fisher Scien­ti­fic (Figure 2) [3]:

Figure 2 : Vue d'ensemble du marché mondial du DM-DIV en 2018 (Parts de marché estimées pour 2024 en fonction de la croissance des ventes sur la période 2017-2024 (Source : EvaluateMedTech, Septembre 2018):

En Europe, la crois­sance du mar­ché des DM-DIV enre­gis­trée en 2021 a été sans pré­cé­dent prin­ci­pa­le­ment à cause de la pan­dé­mie de COVID-19 : 41,2% selon les chiffres de Med­Tech Europe publiés en 2022 (Figure 3) [4]:

Figure 3 : Évolution du marché européen du DM-DIV sur deux axes : croissance (en blanc) et revenus en millions d'euros (en rouge) (Source : MedTech Europe, 2022):

Au sein de ce mar­ché euro­péen, la France a atteint la seconde place en 2021, der­rière l’Allemagne et devant l’Italie, avec un mar­ché esti­mé à 2,610 mil­liards d’euros, en crois­sance de 22% par rap­port à 2020 (Figure 4) [4]:

Figure 4 : Classement des pays par taille de marché pour les DM-DIV en 2021 (en millions d'euros) (Source : MedTech Europe, 2022):

D’après le Syn­di­cat de l’Industrie du Diag­nos­tic In Vitro (SIDIV) créé en 1977 qui fédère une cen­taine d’entreprises res­pon­sables d’environ 90% du chiffres d’affaires total du sec­teur en France, le mar­ché fran­çais du DM-DIV reste domi­né par 80% de Petites et Moyennes Entre­prises (PME) et Très Petites Entre­prises (TPE) en 2023. Dans un contexte post pan­dé­mie, son chiffre d’affaires s’est main­te­nu à 2 mil­liards d’euros (hors auto­sur­veillance gly­cé­mique) en 2023 [5].

De plus, le mar­ché a géné­ré 15 100 emplois répar­tis dans plus de 200 métiers [5] ; une caté­go­rie que j’ai rejoint dans le cadre de mon année d’apprentissage en inté­grant en sep­tembre 2023, la start-up GENOTROPY, TPE qui com­mer­cia­lise un DM-DIV uti­li­sé pour le diag­nos­tic géné­tique du rhé­sus fœtal dans le cadre du sui­vi de grossesse.

Comme le sec­teur des DM, celui des DM-DIV a subi un bou­le­ver­se­ment majeur avec l’entrée en vigueur le 26 mai 2017 du règle­ment euro­péen 2017/746 en rem­pla­ce­ment de la direc­tive 98/79/CE qui enca­drait leur cycle de vie.

Pour les DM-DIV pos­sé­dant un mar­quage de Confor­mi­té Euro­péenne (CE) à la direc­tive comme celui de GENOTROPY, cette date a aus­si mar­qué le début d’une période de tran­si­tion dont la fin ne cesse d’être repous­sée. Bien que le règle­ment soit entré en appli­ca­tion le 26 mai 2022, les fabri­cants concer­nés dis­posent en effet d’un temps plus long avant d’être contraints à l’appliquer dans son entiè­re­té : jusqu’au 26 mai 2025 pour les dis­po­si­tifs de classe D, 26 mai 2026 pour les classes C, 26 mai 2027 pour les classes B et 26 mai 2028 pour les classes A à l’état stérile.

Pour béné­fi­cier de cette pro­lon­ga­tion de la période tran­si­toire, les fabri­cants doivent appli­quer cer­taines exi­gences réglementaires.

C’est dans ce cadre que j’ai pris mes fonc­tions au sein de l’entreprise GENOTROPY, en tant qu’apprentie char­gée des Affaires Régle­men­taires et de la Qualité.

Le tra­vail d’apprentissage s’est concen­tré sur la réso­lu­tion de la pro­blé­ma­tique suivante :

Quelle démarche opé­ra­tion­nelle les fabri­cants de dis­po­si­tifs médi­caux de diag­nos­tic in vitro « lega­cy devices » doivent-ils suivre pour béné­fi­cier de la pro­lon­ga­tion de la période de tran­si­tion de la direc­tive 98/79/CE vers le règle­ment euro­péen 2017/746 ?

La pre­mière par­tie de ce mémoire pose le contexte régle­men­taire lié aujourd’hui aux DM-DIV.

La seconde par­tie pré­sente un cas d’usage : le pro­duit com­mer­cia­li­sé par GENOTROPY.

La troi­sième par­tie pose les exi­gences du règle­ment 2017/746 appli­cables aux « lega­cy devices » en période de tran­si­tion en juillet 2024 :

Dans cette der­nière par­tie, une atten­tion par­ti­cu­lière est don­née à l’identification des liens entre les exi­gences régle­men­taires pré­sen­tées et le domaine qualité.

I) Contexte réglementaire des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro

A) Un nouveau cadre réglementaire en Europe : le Règlement 2017/746

1) Le principe de la "Nouvelle Approche"

Les DM-DIV mis sur le mar­ché en Europe sont enca­drés par le règle­ment rela­tif aux dis­po­si­tifs médi­caux de diag­nos­tic in vitro 2017/746 (RDM-DIV) [6]. Celui-ci est entré en vigueur le 26 mai 2017 mais son entrée en appli­ca­tion n’a été pro­mul­guée que cinq ans plus tard le 26 mai 2022 afin de lais­ser un temps suf­fi­sant aux acteurs impli­qués dans le cycle de vie des DM-DIV pour effec­tuer la tran­si­tion par rap­port au pré­cé­dent texte, la direc­tive 98/79/CE [7].

Que ce soit sous direc­tive ou sous règle­ment, tout dis­po­si­tif qui est com­mer­cia­li­sé sur le mar­ché unique euro­péen doit obte­nir en amont un mar­quage CE médi­cal car celui-ci sert de preuve que le dis­po­si­tif est conforme aux exi­gences de sécu­ri­té et de per­for­mance qui lui sont appli­cables en ver­tu du texte en vigueur : les « exi­gences essen­tielles ».

Dans les deux textes, sont ain­si retrou­vés les fon­da­men­taux de la « Nou­velle Approche » : un prin­cipe déve­lop­pé en 1985 selon lequel les légis­la­tions euro­péennes se limitent à fixer les exi­gences essen­tielles que les pro­duits doivent obli­ga­toi­re­ment res­pec­ter ; le choix étant ensuite lais­sé aux entre­prises des moyens tech­niques à appli­quer pour les respecter.

C’est le « ren­voi aux normes » dont cer­taines éla­bo­rées par les orga­nismes euro­péens de nor­ma­li­sa­tion, le Comi­té Euro­péen de Nor­ma­li­sa­tion (CEN) et le Comi­té Euro­péen de Nor­ma­li­sa­tion en Élec­tro­nique et en Élec­tro­tech­nique (CENELEC) sur man­dat de la Com­mis­sion Euro­péenne, sont en plus har­mo­ni­sées car elles four­nissent une pré­somp­tion de confor­mi­té à cer­taines exi­gences éta­blies par la directive/Règlement. Toute norme har­mo­ni­sée est iden­ti­fiée par une déci­sion d’exécution de la Com­mis­sion Euro­péenne et reste d’application volon­taire [2] [8].

2) Le champs d'application : les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro

i) Sous la directive 98/79/CE

La direc­tive 98/79/CE défi­nis­sait la notion de DM-DIV à son pre­mier article. Pour connaître la classe de son DM-DIV, le fabri­cant devait ensuite se repor­ter à son annexe II où deux classes étaient dis­tin­guées sur la base de la des­ti­na­tion d’utilisation du DM-DIV :

Sous la direc­tive, il était pos­sible pour le fabri­cant ayant un dis­po­si­tif ne fai­sant pas par­tie d’une des deux listes de recou­rir à une auto certification.

ii) Sous le Règlement 2017/746

Le règle­ment 2017/746 s’applique de même au « dis­po­si­tif médi­cal de diag­nos­tic in vitro » à usage humain et à ses acces­soires. Le terme de DM-DIV est défi­ni à son article 2.2 ; il est plus pré­cis que sous la direc­tive 98/79/CE avec notam­ment : l’inclusion de la pré­dis­po­si­tion à une affec­tion ou une mala­die et de la pré­dic­tion de la réponse à un trai­te­ment. Son champs com­prend aus­si les logi­ciels et dis­po­si­tifs com­pa­gnons ce qui n’était pas le cas sous la direc­tive 98/79/CE [2].

Seuls les dis­po­si­tifs « in house », c’est-à-dire ceux dont la fabri­ca­tion et l’utilisation se font dans le même éta­blis­se­ment de san­té, sont dis­pen­sés de se confor­mer aux exi­gences régle­men­taires autres que la confor­mi­té aux exi­gences essen­tielles de l’Annexe I et la décla­ra­tion aux auto­ri­tés avant leur mise en ser­vice s’il rem­plissent un cer­tain nombre de condi­tions (cf. article 5.5 du RDM-DIV). Cela signi­fie par exemple que ces dis­po­si­tifs ne portent ni de mar­quage CE ni d’Identifiant Unique de Dis­po­si­tif (IUD) et ne font pas l’objet de cer­ti­fi­cats déli­vrés par des orga­nismes noti­fiés (ON).

Des DM-DIV peuvent être retrou­vés à toutes les étapes du par­cours de soin des patients (Figure 5):

Figure 5 : Représentation de certaines des étapes du parcours de soins dans lesquelles interviennent les DM-DIV (Source : auteure d'après le site du SIDIV, 2024)

Ces dis­po­si­tifs sont donc indis­pen­sables pour la san­té des patients.

De plus, il existe une très grande diver­si­té de DM-DIV sur le mar­ché ; pour les dési­gner, plu­sieurs termes fai­sant réfé­rence à leur fina­li­té d’usage sont ain­si fré­quem­ment ren­con­trés (Tableau 1) :

Tableau 1 : Exemples de finalités d'usage de DM-DIV (Source : auteure d'après le RDM-DIV):

Avec le RDM-DIV, les DM-DIV sont désor­mais répar­tis en 4 classes (Tableau 2) en fonc­tion de leur usage reven­di­qué et du risque qu’ils engendrent pour l’individu et pour la san­té publique en cas de défaillance ; les règles les plus strictes s’appliquant aux classes de risque les plus éle­vées [11] :

Tableau 2 : Les quatre classes de risque des DM-DIV sous le Règlement 2017/746 (Source : auteure d'après le RDM-DIV):

Pour iden­ti­fier la classe de son dis­po­si­tif, le fabri­cant doit se réfé­rer à l’Annexe VIII du RDM-DIV, s’appuyer sur le guide MDCG 2020-16 Rev.2 [12] et le docu­ment de l’Inter­na­tio­nal Medi­cal Device Regu­la­tors Forum (IMDRF) (en fran­çais : Forum inter­na­tio­nal des régu­la­teurs des dis­po­si­tifs médi­caux) inti­tu­lé « Prin­ciples of In Vitro Diag­nos­tic Medi­cal Devices Clas­si­fi­ca­tion » [13].

De manière géné­rale, il est essen­tiel que le fabri­cant lise, dans un pre­mier temps, le cha­pitre « Règles d’application » du RDM-DIV car c’est un préa­lable à l’identification, dans un second temps, de la ou les règles, par­mi les 7 lis­tées, qui sont appli­cables afin de déter­mi­ner la classe de son DM-DIV.

La clas­si­fi­ca­tion du DM-DIV est véri­fiée par l’ON lors de la pro­cé­dure d’évaluation de la confor­mi­té. Il est alors pos­sible que l’ON soit en désac­cord avec le fabri­cant quant à la classe rete­nue. Dans ce cas, l’autorité com­pé­tente de l’État membre où se trouve le fabri­cant est char­gée de tran­cher sur la classe (cf. article 47 « Clas­si­fi­ca­tion des dis­po­si­tifs » du RDM-DIV).

La défi­ni­tion des DM-DIV et leur clas­si­fi­ca­tion n’ont cepen­dant pas été les seules modi­fi­ca­tions induites par le règle­ment 2017/746.

3) Le règlement 2017/746 : principales différences avec la directive 98/79/CE

Sur de nom­breux autres aspects, le règle­ment 2017/746 ren­force le texte de la direc­tive 98/79/CE : il est plus long, plus pré­cis et intègre des nou­veau­tés (113 articles et 15 annexes contre 24 articles et 10 annexes dans la directive).

i) Le droit

De par sa nature, jusqu’au 26 mai 2022, la direc­tive 98/79/CE était trans­po­sée dans le droit interne de chaque pays de l’UE avec cer­tain délai accor­dée pour son appli­ca­tion : en France, la trans­po­si­tion était ain­si faite dans le Code de la San­té Publique (livre II titre II cin­quième par­tie) via l’ordonnance n°2001-198 du 1er mars 2001 et le décret n°2004-198 [14].

Contrai­re­ment à la direc­tive, le règle­ment 2017/746 ne fait tou­te­fois pas l’objet d’une trans­po­si­tion dans le droit natio­nal : il est direc­te­ment appli­cable dans tous les États membres de l’UE ce qui per­met notam­ment d’éviter les dif­fé­rences d’interprétation liées à la trans­po­si­tion des directives.

ii) Les exigences pour obtenir le marquage CE

Dans l’intérêt des uti­li­sa­teurs des dis­po­si­tifs, les exi­gences à res­pec­ter pour obte­nir le mar­quage CE ont été consi­dé­ra­ble­ment ren­for­cées par le RDM-DIV, notam­ment en matière de :

iii) Les organismes notifiés : possibilité d'intervention dans la procédure d'évaluation et évolution de leur nombre

Les ON sont des acteurs, dési­gnés (ou « noti­fiés ») pour éva­luer de façon indé­pen­dante la confor­mi­té de cer­tains DM-DIV avec les exi­gences de sécu­ri­té appli­cables [11] en ver­tu du texte en vigueur (Direc­tive ou Règle­ment) avant leur mise sur le mar­ché sur le ter­ri­toire de l’UE. Cette dési­gna­tion n’est pos­sible qu’après une réus­site de la pro­cé­dure dite de « joint assess­ment » (ou éva­lua­tion conjointe, cf. Article 38 du RDM-DIV) aux­quels ils sont sou­mis ; pro­cé­dure menée par l’autorité com­pé­tente natio­nale (l’Agence Natio­nale de Sécu­ri­té du Médi­ca­ment et des pro­duits de san­té en France ou ANSM en France), la Com­mis­sion Euro­péenne et deux autres auto­ri­tés com­pé­tentes euro­péennes dési­gnées par la Com­mis­sion et le Groupe de Coor­di­na­tion des Dis­po­si­tifs Médi­caux (GDCM).

Avec la tran­si­tion vers le règle­ment, les exi­gences et com­pé­tences deman­dées aux ON ont néan­moins été ren­for­cées, notam­ment en ce qui concerne leurs res­sources humaines et leurs pro­ces­sus internes. Les règles de com­pé­tence, d’impartialité et d’indépendance aux­quelles sont sou­mis les ON figurent au Cha­pitre IV ain­si qu’en Annexe IV du RDM-DIV.

Ce ren­for­ce­ment des exi­gences peut expli­quer la réduc­tion du nombre d’ON dési­gnés : 22 orga­nismes dési­gnés dans le cadre de la direc­tive [16] contre 12 orga­nismes au titre du RDM-DIV. Tous les ON dési­gnés selon les direc­tives et règle­ments euro­péens sont  recen­sés sur la pla­te­forme NANDO (New Approach Noti­fied And Desi­gna­ted Orga­ni­sa­tions, en fran­çais : orga­nismes noti­fies et dési­gnés “nou­velle approche“) ; chaque déci­sion de dési­gna­tion pre­nant effet un jour après sa publi­ca­tion sur la pla­te­forme [2] [16].

Cette réduc­tion a d’autant plus d’impact que leur nombre est tou­jours infé­rieur dans le sec­teur des DM-DIV par com­pa­rai­son à celui des DM : ain­si, en juillet 2024, seuls 12 ON sont enre­gis­trés sur NANDO dans le pre­mier cas contre 45 dans le second.

En outre, le fabri­cant doit sélec­tion­ner, par­mi ces 12 ON, ceux dési­gnés pour l’évaluation de la confor­mi­té au RDM-DIV des types de DM-DIV qui le concernent (Figure 6).

Figure 6 : Nombre d'organismes notifiés auxquels un fabricant peut réellement faire appel pour évaluer sa conformité au RDM-DIV (Source : auteure):

Il y a donc moins d’ON dis­po­nibles sous le RDM-DIV par rap­port à la direc­tive 98/79/CE alors que les chiffres montrent qu’en ver­tu du RDM-DIV, ils devront super­vi­ser dix fois plus de DM-DIV (80% au lieu de 8%) ; la plu­part pour la pre­mière fois [15] avec un niveau de par­ti­ci­pa­tion tou­jours pro­por­tion­né à la classe de risque du dis­po­si­tif (Figure 7):

Figure 7 : Évolution de l'obligation d'intervention des organismes notifiés dans la procédure d'évaluation de la conformité des DM-DIV (Source : auteure d'après la thèse de Quentin Bugnet, 2019):

En somme, entre la Direc­tive 98/79/CE et le règle­ment euro­péen 2017/746, 10 fois plus de DM-DIV néces­sitent l’intervention d’un ON pour leur pro­cé­dure d’évaluation de la confor­mi­té ; avec deux fois moins d’ON dis­po­nibles et des exi­gences à res­pec­ter par les dif­fé­rents opé­ra­teurs éco­no­miques ren­for­cées et nou­velles [17].

B) Le processus de marquage CE sous le Règlement 2017/746

Le pro­ces­sus de mar­quage CE sous le RDM-DIV obéit au rai­son­ne­ment sui­vant (Figure 8) :

Figure 8 : Logique de raisonnement pour le marquage CE médical d'un DM-DIV (Source : auteure):

1) Vue d'ensemble sur le processus

Dans un pre­mier temps, indé­pen­dam­ment de la classe de son DM-DIV, le fabri­cant doit connaître et com­prendre les étapes pour abou­tir à son mar­quage CE médi­cal de son dis­po­si­tif (Tableau 3) :

Tableau 3 : Les différentes étapes du processus de marquage CE d'un DM-DIV (Source : auteure):

Au sein de ce pro­ces­sus, l’étape la plus impor­tante est la sixième car elle fait inter­ve­nir des orga­nismes tiers au fabri­cant : les ON.

2) Zoom sur l'étape 6 : la procédure d'évaluation de la conformité d'un dispositif médical de diagnostic in vitro sous le Règlement 2017/746

Au niveau de l’étape 6, c’est seule­ment dans le cas où le dis­po­si­tif est en classe A non sté­rile que le fabri­cant du DM-DIV peut s’auto mar­quer CE c’est-à-dire que la pro­cé­dure d’évaluation de la confor­mi­té de son pro­duit sera pla­cée sous sa seule responsabilité.

Pour le reste des classes, le fabri­cant doit donc obli­ga­toi­re­ment pas­ser par un des ON dési­gnés pour l’évaluation de la confor­mi­té de son DM-DIV selon le Règlement.

Quand ils sont impli­qués, les ON réa­lisent des pro­cé­dures d’évaluation de la confor­mi­té qui com­prennent tou­jours deux par­ties (Figure 9) :

Figure 9 : Les deux parties de la procédure d'évaluation de la conformité de tous les DM-DIV (à partir de la classe A stérile) (Source : auteure d'après le RDM-DIV):

Il est à noter que les cer­ti­fi­cats EN ISO 13485 :2016 obte­nus à l’année n sont valables 3 ans : un audit de sui­vi a lieu cha­cune des deux pre­mières années sui­vant la cer­ti­fi­ca­tion (années n+1 et n+2) ; à la troi­sième année a lieu l’audit de re cer­ti­fi­ca­tion (année n+3). Les cer­ti­fi­cats UE sont quant à eux valides 5 ans sans audit intermédiaire.

3) Les particularités de la procédure pour certains types de dispositifs médicaux de diagnostic in vitro

La pro­cé­dure d’évaluation de la confor­mi­té de cer­tains DM-DIV peut inclure des par­ti­cu­la­ri­tés sup­plé­men­taires aux démarches pré­sen­tées plus haut :

C’est pré­ci­sé­ment dans ce cadre régle­men­taire que s’inscrit mon entre­prise d’apprentissage pour l’année : GENOTROPY avec son DM-DIV, l’AIO RHD Fetal DNA Kit.

II) Présentation de l'organisme d'accueil et son produit

A) Présentation de GENOTROPY

1) Les missions de l'entreprise

GENOTROPY est une start-up fran­çaise éta­blie à Rouen (Nor­man­die) crée en novembre 2018 par M. Gré­go­ry RAUX, son pré­sident, qui reste le seul employé de l’entreprise jusqu’à aujourd’hui.

Depuis 2021, GENOTROPY com­mer­cia­lise en France un DM-DIV de diag­nos­tic du Rhé­sus D (RHD) fœtal ; ce kit ayant été conçu puis bre­ve­té par l’entreprise à la suite de plu­sieurs années de tra­vaux de R&D en interne.

Ce test est réa­li­sable chez les femmes enceintes de RHD néga­tif, dès la dou­zième semaine d’aménorrhée, par des labo­ra­toires d’analyse accré­di­tés par le COFRAC selon la norme NF EN ISO 15189 : 2022 « Labo­ra­toires de bio­lo­gie médi­cale -Exi­gences concer­nant la qua­li­té et la com­pé­tence » [19] pour réa­li­ser des tests pré­na­taux : c’est le cas de Labo­ra­toires de Bio­lo­gie Médi­cale (LBM) hos­pi­ta­liers ain­si que de labo­ra­toires d’analyses médi­cales pri­vés [20].

Par ailleurs, les tests de géno­ty­page du rhé­sus fœtal comme celui de GENOTROPY sont rem­bour­sés à 100% en France depuis juillet 2017 par l’Assurance Mala­die [21]; et depuis 2022 en Alle­magne [22], le pre­mier mar­ché du DM-DIV en Europe [4].

2) Analyse des forces et faiblesses de GENOTROPY

Une ana­lyse SWOT a été conduite (Figure 10) : elle per­met d’identifier les forces (« Strengths ») et fai­blesses (« Weak­nesses ») (des fac­teurs internes), menaces (« Threats »), et oppor­tu­ni­tés (« Oppor­tu­ni­ties ») (des fac­teurs externes) liées à l’organisation actuelle de GENOTROPY :

Figure 10 : Matrice SWOT de GENOTROPY (Source : auteure):

Cette ana­lyse met en évi­dence une entre­prise pro­met­teuse exis­tant déjà depuis plu­sieurs années et dont l’organisation future doit être déve­lop­pée si elle sou­haite prospérer.

B) Le produit de GENOTROPY : l'AIO-RHD Fetal DNA Kit

Il s’agit ici de pré­sen­ter le contexte cli­nique et le fonc­tion­ne­ment du pro­duit com­mer­cia­li­sé par GENOTROPY.

1) Contexte clinique de réalisation : les incompatibilités fœto-maternelles

Sur la mem­brane des éry­thro­cytes, peuvent être pré­sents ou absents un cer­tain nombre d’antigènes : par­mi ceux-ci, on retrouve l’antigène majeur RHD. Sa pré­sence fait que l’individu est dit RH posi­tif (RH :1), son absence RH néga­tif (RH : -1).

Il y a une incom­pa­ti­bi­li­té fœto-mater­nelle de RHD quand la femme enceinte est de RH : -1 et son fœtus de RH :1.

En effet, dans ce cas, la femme enceinte peut pro­duire des anti­corps contre les anti­gènes RHD de son fœtus lors d’un contact san­guin se pro­dui­sant prin­ci­pa­le­ment lors de l’accouchement ou d’une inter­rup­tion de gros­sesse (dans les deux cas, lors de l’expulsion du fœtus, le pla­cen­ta peut être per­tur­bé ce qui aug­mente le risque de pas­sage des glo­bules rouges fœtaux). Cette pro­duc­tion d’anticorps (ou « alloi­mu­ni­sa­tion ») engendre la des­truc­tion des éry­thro­cytes du fœtus : une ané­mie hémo­ly­tique sévère appa­raît alors, res­pon­sable de la Mala­die Hémo­ly­tique du Fœtus et du Nou­veau-né [23].

Cette ané­mie engendre géné­ra­le­ment la mort du fœtus en l’absence soit de trai­te­ment trans­fu­sion­nel in uté­ro (cura­tif) soit d’une injec­tion pré­ven­tive d’anticorps de pro­phy­laxie (ou Immu­no­glo­bu­lines anti-D) qui sup­prime le phé­no­mène d’alloimunisation. Des risques et effets indé­si­rables existent en lien avec cet injec­tion ; ils sont les même que ceux liés à la vaccination.

On com­prend de ce fait l’intérêt d’un diag­nos­tic pré­coce du RHD fœtal, qui s’il est néga­tif, per­met d’éviter l’injection inutile des Immu­no­glo­bu­lines anti-D chez la femme enceinte de RH :-1 [23].

2) Fonctionnement du kit de GENOTROPY

i) Extraction de l'ADN fœtal

Le pro­duit de GENOTROPY fonc­tionne à par­tir de l’ADN fœtal : celui-ci est extrait à par­tir du plas­ma issu d’un pré­lè­ve­ment san­guin effec­tué chez la femme enceinte de RH : -1 (non inva­sif), grâce à un kit d’extraction de l’ADN. Ce kit d’extraction n’est pas com­mer­cia­li­sé par GENOTROPY qui recom­mande sim­ple­ment à ses clients d’utiliser un kit mar­qué CE opti­mi­sé pour l’extraction d’ADN fœtal [20].

En France, les pré­lè­ve­ments san­guins pour dépis­ter les anti­corps irré­gu­liers sont obli­ga­toires chez les femmes enceintes de RH :-1 : au pre­mier tri­mestre et au cours des 6e, 8e et 9e mois de gros­sesse [23]. Or, seul un cer­tain pour­cen­tage de ces femmes ont un fœtus RH : 1. Par consé­quent, la réa­li­sa­tion pré­coce du test de GENOTROPY chez ces femmes per­met aus­si d’éviter ces mul­tiples dépis­tages inutiles.

ii) Gène RHD

Sur l’ADN fœtal libre cir­cu­lant dans le plas­ma mater­nel, le kit de GENOTROPY détecte spé­ci­fi­que­ment les exons 5, 7 et 10 du gène RHD.

Les gènes RHD et RHCE, qui forment le locus RH, sont posi­tion­nés sur le chro­mo­some 1. Il s’agit de deux gènes sépa­rés par le gène SMP1 et pré­sen­tant 92% de simi­li­tudes [23] dans leurs séquences res­pec­tives de 10 exons. Le gène RHD pré­sente 2 boites rhé­sus en amont et en aval de sa séquence qui sont de même hau­te­ment homo­logues (Figure 11):

Figure 11 : Organisation génétique du locus RH (Source : thèse de doctorat de Fabien Sohet, 2008):

Les gènes RHD et RHCE codent res­pec­ti­ve­ment l’antigène RHD et l’antigène RHCE qui tra­versent la mem­brane des érythrocytes.

Chez les indi­vi­dus cau­ca­siens, le phé­no­type RH : -1 est pré­sent à une fré­quence de 15%, dans la popu­la­tion afri­caine à 8% et asia­tique à moins de 1% [20] [24]. Le cas le plus fré­quent expli­quant l’absence de l’antigène RHD est celui de la délé­tion totale et homo­zy­gote du gène RHD.

iii) Principe de fonctionnement du kit de GENOTROPY

Grâce au kit de GENOTROPY, les exons 5, 7 et 10 du gène RHD de l’ADN fœtal, sont ampli­fiés par tech­nique de « Poly­me­rase Chain Reac­tion » (PCR) au sein d’un appa­reil pro­gram­mable, un ther­mo­cy­cleur. Cette tech­nique per­met en effet l’amplification, grâce à l’utilisation d’une enzyme Taq poly­mé­rase ther­mo­ré­sis­tante, d’une région spé­ci­fique d’un acide nucléique don­né afin d’en obte­nir une quan­ti­té suf­fi­sante pour le détec­ter et l’étudier. Un cycle de PCR com­prend trois étapes, toutes effec­tuées à des tem­pé­ra­tures dif­fé­rentes afin de contrô­ler l’activité enzymatique :

Dans le cas de GENOTROPY, le type de PCR uti­li­sé est la PCR en temps réel ou q-PCR : cela signi­fie que la quan­ti­té d’ADN est mesu­rée à chaque cycle de PCR grâce à un « repor­ter » fluo­res­cent. Le Ct est le nombre de cycles de PCR à par­tir duquel le signal de fluo­res­cence qu'il émet est sta­tis­ti­que­ment dif­fé­rent du bruit de fond repré­sen­té par la ligne seuil sur le gra­phique ci-des­sous (Figure 12):

Figure 12 : Courbe de suivi d'amplification de la PCR représentant l'intensité de fluorescence en fonction du nombre de cycles de PCR (Source : Thèse de Mariko Matsui, Novembre 2009):
iv) Méthode d'analyse post-PCR

En fin de la réac­tion de PCR, une ana­lyse « High Reso­lu­tion Melt » (HRM) (en fran­çais : fusion à haute réso­lu­tion) est réa­li­sée, éga­le­ment dans le ther­mo­cy­cleur. Cela signi­fie que les pro­duits de la PCR, les ampli­cons, sont sou­mis à une aug­men­ta­tion de tem­pé­ra­ture pro­gres­sive pro­vo­quant une sépa­ra­tion des deux brins d’ADN appe­lée fusion. Cette fusion est obser­vable en temps réel grâce à des colo­rants inter­ca­lants ayant la pro­prié­té d’augmenter en fluo­res­cence lorsque fixés à de l’ADN double brin. En revanche, lorsqu’il n’y a pas de double brin, les inter­ca­lants ne peuvent pas se fixer ; par consé­quent, la fluo­res­cence est faible.

La courbe repré­sen­tant l’intensité de fluo­res­cence en fonc­tion de la tem­pé­ra­ture est appe­lée courbe de fusion (Figure 13).

Figure 13 : Courbe de fusion obtenue avec la technique de HRM (Source : Wikipedia, page "High Resolution Melt"):

Le Tableau 4 ci-des­sous montre plu­sieurs déri­vées de cette courbe de fusion : ces déri­vées sont appe­lées courbes d’analyse. Elles per­mettent de mettre en évi­dence les pics cor­res­pon­dant aux tem­pé­ra­tures de fusion de chaque exon du gène RHD (Tableau 4).

Tableau 4 : Différents cas obtenus suite à la réalisation du test de GENOTROPY (Source : auteure d'après le manuel utilisateur de GENOTROPY):

C) Le positionnement réglementaire de GENOTROPY

1) Rôle exercé par l'entreprise dans le cadre de la directive et du Règlement

GENOTROPY pos­sède le sta­tut de « fabri­cant » au regard de la direc­tive 98/79/CE et du règle­ment euro­péen 2017/746 bien que l’entreprise sous-traite la fabri­ca­tion de son kit car la défi­ni­tion n’exige pas qu’il fabrique son pro­duit ; il peut aus­si le faire fabri­quer (défi­ni­tion à l’article 2.23 du RDM-DIV).

2) Certifications possédées par l'entreprise selon la directive

D’une part, GENOTROPY pos­sède un Sys­tème de Mana­ge­ment de la Qua­li­té (SMQ) cer­ti­fié EN ISO 13485 : 2016 par un ON depuis 2021 ; sa cer­ti­fi­ca­tion ayant été renou­ve­lée en sep­tembre 2023 pour un second cycle de 3 ans. Dans le cadre de la pro­cé­dure d’évaluation de la confor­mi­té effec­tuée sous direc­tive (Annexe IV, Assu­rance de la Qua­li­té com­plète), ce SMQ est aus­si cou­vert par un cer­ti­fi­cat UE rela­tif au sys­tème de ges­tion de la qualité.

D’autre part, le pro­duit de GENOTROPY est consi­dé­ré comme un DM-DIV : un « kit » com­po­sé d’un ensemble de « réac­tifs » (et non « ins­tru­ments »), exclu­si­ve­ment des­ti­nés à un usage pro­fes­sion­nel (et non « pro­fane »). Ce pro­duit a fait l’objet d’une docu­men­ta­tion tech­nique éva­luée sous direc­tive, à l’origine d’un autre cer­ti­fi­cat UE.

Par consé­quent, aujourd’hui, GENOTROPY pos­sède 3 cer­ti­fi­cats avec dif­fé­rentes durées de validité.

3) Statut du dispositif de GENOTROPY en période de transition

Selon le règle­ment euro­péen 2017/746, un DM-DIV peut avoir 3 sta­tuts dif­fé­rents. Alors que les deux pre­miers cas concernent des dis­po­si­tifs qui exis­taient déjà sous direc­tive, le troi­sième cas s’applique aux DM-DIV nouveaux :

Le pro­duit de GENOTROPY fait donc par­tie de la deuxième caté­go­rie : les « Lega­cy devices ».

4) Classe et procédure d'évaluation de la conformité du dispositif sous le Règlement

GENOTROPY a iden­ti­fié la règle de clas­si­fi­ca­tion 2 tiret 2 de l’Annexe VIII du règle­ment comme étant appli­cable à son pro­duit : « Les dis­po­si­tifs des­ti­nés à être uti­li­sés pour déter­mi­ner les groupes san­guins (…) relèvent de la classe C, sauf s’ils sont des­ti­nés à la déter­mi­na­tion d’un des mar­queurs sui­vants : (…) – sys­tème Rhé­sus [RH1 (D) (…)] » [6].

Par consé­quent, le pro­duit com­mer­cia­li­sé de GENOTROPY sera en classe D sous le RDM-DIV ; une classe de risque aux exi­gences ren­for­cées par rap­port à sa classe selon l’annexe II de la direc­tive 98/79/CE : la liste A qui inclut à son pre­mier tiret les « réac­tifs (…) pour la déter­mi­na­tion des groupes san­guins sui­vants : (…) rhé­sus (C,c, D, E, e) » [7].

De plus, le pro­duit de GENOTROPY, qui est en classe D sous règle­ment, est enca­dré par des spé­ci­fi­ca­tions géné­rales com­munes (une pos­si­bi­li­té exis­tant en plus des normes har­mo­ni­sées pour être conforme aux exi­gences régle­men­taires) sous ce même texte. Ces spé­ci­fi­ca­tions géné­rales com­munes sont énon­cées aux Annexes I et II du règle­ment d’exécution 2022/1107 de la Com­mis­sion Euro­péenne [9].

En consé­quence, pour son DM-DIV, GENOTROPY devra suivre, la pro­cé­dure d’évaluation de la confor­mi­té au RDM-DIV qui com­prend les trois axes sui­vants (Figure 14):

Figure 14 : Illustration des trois composantes de la procédure d'évaluation de la conformité du dispositif de GENOTROPY au règlement 2017/746 (Source : auteure d'après l'article 48 du RDM-DIV):

III) Présentation et analyse des missions réalisées

A) Les dispositions transitoires prévues par le Règlement 2017/746

Ayant ain­si ana­ly­sé com­ment le pro­duit de GENOTROPY a été éva­lué sous la direc­tive, quel est son sta­tut en période de tran­si­tion et com­ment il sera éva­lué selon le règle­ment 2017/746, ma pre­mière tâche en appren­tis­sage a été de com­prendre quelles sont les dates impor­tantes liées à la tran­si­tion au-delà du 26 mai 2022 ain­si que les condi­tions d’application de celles-ci.

1) Les articles 110, 112 et 113 du Règlement

On compte aujourd’hui plu­sieurs révi­sions du RDM-DIV depuis son entrée en vigueur en 2017 :

La ver­sion du RDM-DIV à uti­li­ser est la ver­sion conso­li­dée (ver­sion sans effet juri­dique) la plus récente qui ras­semble toutes ses modi­fi­ca­tions, celle du 20 mars 2023 [25]. En par­ti­cu­lier, l’article 110 fixe les dis­po­si­tions tran­si­toires appli­cables aux « Lega­cy devices ».

À par­tir d’une ana­lyse de cette ver­sion conso­li­dée, il est ain­si pos­sible de répondre à plu­sieurs questions :

Le Règle­ment dis­tingue 3 cas :

En règle géné­rale, il est pos­sible de conti­nuer à mettre en ser­vice ou mettre sur le mar­ché tant que le cer­ti­fi­cat pro­duit (=cer­ti­fi­cat émis suite à l’évaluation de la Docu­men­ta­tion Tech­nique) déli­vré selon la direc­tive 98/79/CE est valide. Le Règle­ment ne donne plus de date limite (article 110.4 du RDM-DIV).

Il est à noter que les termes « mis sur le mar­ché » et « mis en ser­vice » sont res­pec­ti­ve­ment défi­nis aux points 21 et 22 de l’article 2 du RDM-DIV.

Tou­te­fois, il y a une excep­tion à cette règle géné­rale : le cas des dis­po­si­tifs pour les­quels (article 110.3 3ème para­graphe du RDM-DIV) :

Pour ces dis­po­si­tifs, les dates limites de mise sur le mar­ché ou mise sur le ser­vice sont les sui­vantes (Tableau 5) :

Tableau 5 : Périodes de transition de certains DM-DIV (Source : auteure d'après le RDM-DIV):

Ces dif­fé­rentes dates cor­res­pondent aux fins res­pec­tives des périodes de tran­si­tion de ces DM-DIV vers le Règlement.

Il y a 3 condi­tions (d’après le pre­mier et qua­trième para­graphe de l’article 110.3 du RDM-DIV) :

Il est à pré­ci­ser que les notions de « sur­veillance après cer­ti­fi­ca­tion » et « sur­veillance du mar­ché » sont des mis­sions res­pec­ti­ve­ment réa­li­sées par les ON et Auto­ri­tés Com­pé­tentes. Elles ne concernent pas les fabricants.

2) L'ordonnance n°2022-1186 (article 15)

Les fabri­cants fran­çais doivent effec­tuer une veille régle­men­taire et nor­ma­tive sur tous les textes pou­vant impac­ter leur acti­vi­té et leur pro­duit : des textes d’origine inter­na­tio­nale, euro­péenne comme le RDM-DIV et fran­çaise comme le Code de la San­té Publique.

À l’échelle fran­çaise, il y a notam­ment l’ordonnance n°2022-1086 (cf. Annexe) qui a été adop­tée afin de :

Dans cette ordon­nance entrée en vigueur le 31 juillet 2022, l’article 15 est à prendre en compte de façon par­ti­cu­lière car il concerne les dis­po­si­tions tran­si­toires pré­vues à l’article 110 du RDM-DIV.

3) Résultats pour GENOTROPY et son Legacy Device

Les deux cer­ti­fi­cat UE pos­sé­dés par GENOTROPY ont été émis avant le 25 mai 2017 confor­mé­ment à l’Annexe IV de la direc­tive 98/79/CE. Par consé­quent, ils res­tent valables jusqu’à la fin de période indi­quée des­sus c’est-à-dire : le 26 mai 2025.

Le pro­duit de GENOTROPY peut donc être mis en ser­vice ou mis sur le mar­ché jusqu’au 26 mai 2025 avec ses cer­ti­fi­cats actuels. À cet effet, il doit obéir à l’ensemble des condi­tions régle­men­taires d’application obligatoire.

Dans ce cadre, l’objectif de ma mis­sion glo­bale durant l’année d’apprentissage a été le suivant :

Mettre à jour le SMQ de la socié­té confor­mé­ment à la norme EN ISO 13485 : 2016 + A11 : 2021* ain­si qu’aux exi­gences régle­men­taires appli­cables
Afin de pou­voir pour­suivre la mise sur le mar­ché du DM-DIV de l’entreprise jusqu’à la fin de sa période de transition

Dans cette démarche, a été employé le guide MDCG 2022-8 dont l’annexe liste l’ensemble des exi­gences appli­cables aux DM-DIV « lega­cy devices »[27].

La mise à jour du SMQ selon l’EN ISO 13485 : 2016 n’est pas une obli­ga­tion sur­tout chez GENOTROPY où le SMQ est déjà cer­ti­fié selon la norme. Néan­moins, dans la start-up, dans un objec­tif d’amélioration conti­nue, le choix a été fait de la faire en com­bi­nai­son avec l’application des exi­gences règle­men­taires en matière de qua­li­té (grâce à l’amendement A11) ain­si que des exi­gences pure­ment régle­men­taires liées à la tran­si­tion (Sur­veillance Après Com­mer­cia­li­sa­tion, vigilance…).

Par ailleurs, pour ce tra­vail, a été employée la ver­sion euro­péenne de la norme (qui est donc réfé­ren­cée ci-des­sous) car l’ON de GENOTROPY éva­lue son SMQ selon cette ver­sion. Néan­moins, il est à noter que les exi­gences de cette ver­sion euro­péenne de 2016 sont stric­te­ment les mêmes que celles de la ver­sion fran­çaise de 2016.

4) Stratégie d'action globale pour l'implémentation des exigences

Une Pla­ni­fi­ca­tion Dyna­mique Stra­té­gique (PDS) (Figure 15) a été réa­li­sée afin de recher­cher les enjeux liés à cette mis­sion et les par­ta­ger à l’ensemble de l’équipe de GENOTROPY :

Figure 15 : Planification Dynamique Stratégique associée à la mission (Source : auteure)

On note­ra l’ordre de prio­ri­té qui a été don­né aux dif­fé­rentes tâches qui ont com­po­sé ma mis­sion (Figure 16):

Figure 16 : Ordre de priorité dans la réalisation des tâches de la mission (Source : auteure):

Les tâches 1 et 2 sont pré­sen­tées dans la par­tie B de ce rap­port tan­dis que la tâche 3 se trouve dans la par­tie C.

B) Mettre à jour un Système de Management de la Qualité conformément à la norme EN ISO 13485 : 2016 et à son amendement A11

Les deux pre­mières tâches (Tâche 1 et Tâche 2) de ma mis­sion ayant fait appel à l’EN ISO 13485 : 2016 ain­si qu’à son amen­de­ment A11 de 2021, une pré­sen­ta­tion géné­rale de cette norme s’impose.

1) Présentation générale de la norme

Fon­dée sur les exi­gences de la norme ISO 9001 : 2008 « Sys­tème de mana­ge­ment de la qua­li­té » qui est géné­rique, la norme EN ISO 13485 : 2016 « Dis­po­si­tifs Médi­caux – Sys­tèmes de mana­ge­ment de la qua­li­té- Exi­gences à des fins régle­men­taires » est une norme qui s’adresse à tout orga­nisme (quel que soit sa taille ou sa nature) ayant une action sur une ou plu­sieurs étapes du cycle de vie d’un DM/DM-DIV, de la R&D à la réforme. Sont donc tous autant concer­nés le fabri­cant de DM/DM-DIV, le dis­tri­bu­teur, le man­da­taire, l’importateur et tous les éven­tuels pres­ta­taires d’activités asso­ciées : par exemple, les pres­ta­taires de sup­port technique.

L’objectif de la norme est de four­nir à tous ces acteurs les exi­gences à res­pec­ter, pour leur SMQ, afin de démon­trer qu’ils sont conformes aux exi­gences des clients et aux exi­gences règle­men­taires applicables.

La norme EN ISO 13485 : 2016 est une norme har­mo­ni­sée au titre du RDM-DIV. Comme toute norme har­mo­ni­sée, elle est iden­ti­fiée par une déci­sion d’exécution de la Com­mis­sion Euro­péenne : la déci­sion (UE) 2022/729.

Être une norme har­mo­ni­sée signi­fie qu’elle four­nit une pré­somp­tion de confor­mi­té à cer­taines des exi­gences du Règle­ment ; ici celles rela­tives à la qua­li­té. Pour connaître ces exi­gences, le fabri­cant doit se réfé­rer à l’amendement A11 qui lui a été ajou­té en sep­tembre 2021. Cet amen­de­ment contient deux annexes Z (Z indique le fait que la norme est har­mo­ni­sée au titre d’un règle­ment) : l’annexe ZA pour le règle­ment 2017/745 (RDM) et l’annexe ZB pour le règle­ment 2017/746 (RDM-DIV).

Dans chaque annexe Z, plu­sieurs tableaux relient la norme aux exi­gences des règle­ments : c’est-à-dire les exi­gences décrites à l’article 10, les annexes IX et XI. Chaque tableau décrit 3 cas pos­sibles : « cou­vert », « partiel­le­ment cou­vert » et « non cou­vert » (Figure 17):

Figure 17 : Correspondance entre la norme EN ISO 13485 : 2016 et l'article 10 du Règlement 2017/746 (Source : Amendement A11 de la norme):

Pour les deux der­niers cas, « par­tiel­le­ment cou­vert » et « non cou­vert », le fabri­cant doit donc mettre en place, en plus de la norme (quand il a fait le choix de l’appliquer), des « mesures sup­plé­men­taires » afin que son SMQ soit en confor­mi­té totale aux exi­gences du RDM-DIV.

Cette mise en place repré­sente un tra­vail consé­quent de lec­ture et com­pré­hen­sion des textes qu’il faut donc implé­men­ter par paliers pour ne pas se perdre (Figure 16).

2) Situation de départ chez GENOTROPY : un système qualité certifié mais améliorable

Pour avoir une idée d’ensemble de la com­pa­ti­bi­li­té du SMQ de GENOTROPY avec l’EN ISO 13485 :2016, a été effec­tué, au début de la démarche, un auto­diag­nos­tic du SMQ en uti­li­sant l’onglet « Éva­lua­tion rapide » (regrou­pe­ment de 72 cri­tères sur les 227 de la norme) d’un outil Excel réa­li­sé par des étu­diants de l’UTC en décembre 2017 [28].

À la suite de l’évaluation rapide, l’onglet résul­tat a figu­ré le graphe radar sui­vant (Figure 18):

Figure 18 : Résultat de l'autodiagnostic de départ du SMQ de GENOTROPY selon la norme EN ISO 13485 : 2016 (Source : auteure d'après l'outil Excel):

Le résul­tat glo­bal était « convain­cant » ce qui est cohé­rent avec le fait que le SMQ est déjà cer­ti­fié. Néan­moins, comme pré­ci­sé par l’outil, « convain­cant » signi­fie éga­le­ment que des amé­lio­ra­tions peuvent encore être apportées.

À par­tir de ce résul­tat, la tâche 1 a cor­res­pon­du à la mise à jour du sys­tème qua­li­té de GENOTROPY confor­mé­ment aux exi­gences de l’EN ISO 13485 : 2016.

Dans le cas de GENOTROPY, c’est le manuel qua­li­té qui reprend ces exi­gences dans l’ordre, de la sec­tion 4 « Sys­tème de mana­ge­ment de la qua­li­té » à la sec­tion 8 « Mesu­rage, ana­lyse et amé­lio­ra­tion » de la norme. Celui-ci a par consé­quent été mis à jour durant cette tâche.

3) Méthodologie choisie

Pour pré­sen­ter la métho­do­lo­gie employée à cet effet, un exemple concret est uti­li­sé : celui du para­graphe 8.2.4 « Audit interne » de l’EN ISO 13485 : 2016.

i) Tâche n°1 : mise à jour du système qualité conformément à l'EN ISO 13485 : 2016

Pour la tâche n°1 (Figure 19), la métho­do­lo­gie employée a com­pris 3 étapes.

Figure 19 : Illustration de la tâche n°1 de la mission (Source : auteure):

Étape 1 : répond-on aux bien exi­gences de l’EN ISO 13485 : 2016 dans le Manuel Qualité ?

Dans cette étape 1, il a été mené, pour chaque sec­tion du Manuel Qua­li­té, une com­pa­rai­son de l’existant par rap­port aux exi­gences de la norme afin d’en déduire quels sont les écarts et de les cor­ri­ger (Figure 20).

Figure 20 : Illustration de la méthodologie suivie pour mettre à jour le Manuel Qualité de GENOTROPY selon l'EN ISO 13485 : 2016 (Source : auteure):

Étape 2 : pos­sède t’on les docu­ments deman­dés par la norme dans le sys­tème qua­li­té (docu­ments que l’on relie aux para­graphes cor­res­pon­dants du Manuel Qualité) ?

Dans cette étape 2, une atten­tion par­ti­cu­lière a été don­née, pour chaque sec­tion du Manuel Qua­li­té, aux exi­gences docu­men­taires de la norme grâce à l’analyse nor­ma­tive opé­ra­tion­nelle de celle-ci.

Une ana­lyse nor­ma­tive opé­ra­tion­nelle est un pro­ces­sus qui peut être appli­qué afin de sim­pli­fier la connais­sance et la com­pré­hen­sion d’exigences nor­ma­tives. Pour chaque sous-article du texte, un code cou­leur est uti­li­sé pour iden­ti­fier les élé­ments clefs de l’exigence :

Enfin, dans toute ana­lyse nor­ma­tive opé­ra­tion­nelle, le sous para­graphe de la norme est aus­si résu­mé en un objec­tif syn­thé­tique : en jaune ci-dessous.

La figure 21 montre le cas de l’analyse nor­ma­tive opé­ra­tion­nelle appli­quée au sous para­graphe 8.2.4 « Audit interne » de l’EN ISO 13485 : 2016 (Figure 21) :

Figure 21 : Illustration du principe de l'analyse normative opérationnelle appliqué à un sous article de l'EN ISO 13485 : 2016 (Source : cours de Jean Matthieu Prot, UTC 2023):

Ain­si, à par­tir de cet exemple, s'est posée la ques­tion sui­vante. Le SMQ de GENOTROPY contenait-il :

Cela était bien le cas ici.

Étape 3 : le conte­nu des docu­ments deman­dés est-il cohé­rent avec la sec­tion cor­res­pon­dante du Manuel Qualité ?

Dans l’étape 3, après avoir véri­fié la pré­sence des docu­ments deman­dés par l’EN ISO 13485 : 2016 dans le sys­tème qua­li­té, il a été véri­fié que leur conte­nu était ali­gné avec la sec­tion cor­res­pon­dante du Manuel Qualité.

Pour le même exemple qu’au-dessus, le cas des audits internes, les enre­gis­tre­ments des audits et de leurs résul­tats ont ain­si été relus pour obser­ver s’ils conte­naient bien une « iden­ti­fi­ca­tion des pro­ces­sus et des domaines audi­tés ain­si que les conclu­sions » des audits.

ii) Tâche n°2 : application des exigences réglementaires en matière de qualité grâce à l'A11 de l'EN ISO 13485:2016 :

La deuxième tâche a concer­né la thé­ma­tique sui­vante (Figure 22) :

Figure 22 : Illustration de la tâche n°2 de la mission (Source : auteure):

Pour cette deuxième tâche, il a été fait appel à l’amendement A11 de l’EN ISO 13485 : 2016. La der­nière colonne « Remarques/Notes » de chaque tableau des annexes Z de cet amen­de­ment a été par­ti­cu­liè­re­ment utile car elle indique à quel degré chaque exi­gence régle­men­taire liée à la qua­li­té est cou­verte par l’EN ISO 13485 et sur­tout ce qui est man­quant et donc à implé­men­ter en plus de la norme.

Dans l’exemple ci-des­sous (Figure 23), on voit que le point 2.2 deuxième para­graphe (b) tiret 2 de l’annexe IX du Règle­ment est entiè­re­ment cou­vert par, entre autres, le para­graphe 8.2.4 « Audit interne » de l’EN ISO 13485 : 2016.

Figure 23 : Exemple d'exigence réglementaire couverte par le paragraphe 8.2.1 "Audit interne" de l'EN ISO 13485 : 2016 (Source : Amendement A11 de la norme):

Il n’y a donc pas de mesures sup­plé­men­taires à mettre en place par le fabri­cant pour ce point en particulier.

Pour cette tâche n°2, chez GENOTROPY, a été fait le choix de créer un enre­gis­tre­ment tra­çant la démarche de mise en confor­mi­té aux exi­gences régle­men­taires en matière de qua­li­té ; cet enre­gis­tre­ment com­prend le tableau sui­vant (Tableau 6) :

Tableau 6 : Extrait de la matrice de traçabilité crée chez GENOTROPY pour l'article 10 et l'annexe IX du RDM-DIV (Source : auteure):

De plus, pour res­pec­ter les délais liés aux audits, dans ce même docu­ment, les mesures sup­plé­men­taires à mettre en place ont été regrou­pées par docu­ment du sys­tème qua­li­té impac­té. En effet, la simple lec­ture de l’article 10 et l’annexe IX per­met de voir qu’il s’agit de deux para­graphes du Règle­ment aux nom­breux points communs.

Il est à noter que, pour GENOTROPY, cette tâche n°2 n’a pas concer­né l’annexe XI du RDM-DIV puisque étant en classe D, la pro­cé­dure d’évaluation de la confor­mi­té de son DM-DIV au nou­veau Règle­ment se fera exclu­si­ve­ment selon l’annexe IX.

4) Résultats : un système qualité conforme

En fin de la démarche, un auto­diag­nos­tic du sys­tème qua­li­té a été refait en uti­li­sant le même outil qu’au départ (Figure 24).

Figure 24 : Résultat de l'autodiagnostic de départ du SMQ de GENOTROPY selon la norme EN ISO 13485 : 2016 (Source : auteure d'après l'outil Excel):

Par rap­port à la situa­tion de départ, cet auto­diag­nos­tic montre qu’il y a eu une pro­gres­sion dans la confor­mi­té du SMQ avec les exi­gences de l’EN ISO 13485 : 2016 de façon glo­bale ain­si que pour chaque article de la norme. Ain­si, le SMQ de GENOTROPY est main­te­nant qua­li­fié de « conforme » et non plus « convain­cant ».

C) Les exigences réglementaires applicables pendant la période de transition

Les annexes IX et XI du RDM-DIV ain­si que l’article 10 ne sont tou­te­fois pas les seuls para­graphes du Règle­ment à consi­dé­rer en périodes de tran­si­tion pour les DM-DIV « lega­cy devices ».

Ces para­graphes dont il est ques­tion ont fait l’objet de la tâche 3 de ma mis­sion ; tâche qui est inti­tu­lée « appli­ca­tion des exi­gences régle­men­taires propres à la tran­si­tion » (Figure 25).

Figure 25 : Illustration de la tâche n°3 de la mission (Source : auteure):

Les exi­gences régle­men­taires liées à la tran­si­tion des « lega­cy devices » sont retrou­vées au para­graphe 3 de l’article 110 « Dis­po­si­tions tran­si­toires » du RDM-DIV, il s’agit des exi­gences relatives :

Ces exi­gences s'appliquent en rem­pla­ce­ment des exi­gences cor­res­pon­dantes dans la direc­tive 98/79/CE. Elles cor­res­pondent aux condi­tions qui sont aujourd’hui à res­pec­ter pour pou­voir béné­fi­cier de la pro­lon­ga­tion des périodes de tran­si­tion au-delà du 26 mai 2022.

1) Le système de Surveillance Après Commercialisation sous le Règlement

i) Situation de départ : un système de SAC partiel face aux exigences réglementaires

La SAC n’est pas une nou­veau­té intro­duite par le Règle­ment ; il s’agit d’une exi­gence qui exis­tait déjà sous la direc­tive 98/79/CE ; en effet, d’après l’annexe III du texte : « Le fabri­cant met en place et tient à jour une pro­cé­dure sys­té­ma­tique d'examen des don­nées acquises sur les dis­po­si­tifs depuis leur pro­duc­tion » [7].

De plus, cette exi­gence est aujourd’hui appli­cable à tous les DM-DIV sans exception.

Pour ces deux rai­sons, j’ai obser­vé que GENOTROPY pos­sé­dait déjà, à mon arri­vée en sep­tembre 2023, un sys­tème de SAC mis en place. Cepen­dant, sa mise en place n’était que par­tielle (Figure 26):

Figure 26 : Diagramme d'Ishikawa réalisé afin de déterminer les causes de non achèvement du système de SAC de GENOTROPY (Source : auteure):

*Il est à noter que l’envoi de don­nées cli­niques par le client est cru­cial pour gérer la SAC et l’amélioration conti­nue chez GENOTROPY car il s’agit d’une start-up avec un seul client qui n’a jamais eu ni de récla­ma­tions sur ses pro­duits ni ren­con­tré aucun inci­dent de vigilance.

ii) Méthodologie choisie : se recentrer sur le Règlement 2017/746

Afin de par­ve­nir à un sys­tème de SAC 100% com­pa­tible avec le RDM-DIV chez GENOTROPY, une métho­do­lo­gie en 4 étapes a été sui­vie selon un cycle d’amélioration conti­nue ou de DEMING. Comme la démarche envi­sa­gée est une acti­vi­té stra­té­gique proche de l’audit/inspection, a été fait le choix de débu­ter ce cycle par le « C » ou « Check » don­nant ain­si un cycle CAPD (Figure 27) :

Figure 27 : Cycle de CAPD mise en œuvre chez GENOTROPY pour l'activité de SAC (Source : auteure):

Focus sur le « Check » du cycle :

La pre­mière étape du cycle de CAPD a été cru­ciale puisqu’elle a consis­té en une ana­lyse du RDM-DIV afin de mieux com­prendre le pro­ces­sus de SAC et les écarts de GENOTROPY par rap­port à ces attendus.

La SAC (cf. article 78 du RDM-DIV) : défi­ni­tion et repré­sen­ta­tion du sys­tème, champs d’application :

Ain­si, le sys­tème de SAC, tel que défi­ni dans le Règle­ment, est un pro­ces­sus dont l’objectif final est de sur­veiller et mesu­rer la qua­li­té, la sécu­ri­té et des per­for­mances du DM-DIV à par­tir du moment où il est sur le mar­ché de l’UE/dans la phase de post-pro­duc­tion. Ce pro­ces­sus d’examen des don­nées acquises sur le dis­po­si­tif depuis sa pro­duc­tion est :

Une repré­sen­ta­tion du sys­tème de SAC à implé­men­ter et mettre à jour sous le RDM-DIV peut être pro­duite (Figure 28) :

Figure 28 : Le système de SAC à mettre en place selon le Règlement 2017/746 (Source : article 78 du RDM-DIV):

Il est à noter que le résu­mé des carac­té­ris­tiques de sécu­ri­té et de per­for­mance (cf. article 29 du RDM-DIV) n’est pas appli­cable aux « Lega­cy devices » comme indi­qué dans le guide MDCG 2022-8 [27].

Enfin, selon le RDM-DIV, un sys­tème de SAC doit être construit pour chaque DM-DIV ; pro­por­tion­nel­le­ment à sa classe de risque (Tableau 7 ci-des­sous) et de manière appro­priée par rap­port à son type (cf. article 78 du RDM-DIV).

iii) Résultats obtenus : un système de SAC complet dont le maintien de la conformité doit maintenant être assuré

À la fin de la mise en œuvre du cycle de CAPD, a été obte­nu un sys­tème de SAC com­plet ; ce sys­tème ayant les carac­té­ris­tiques suivantes :

1) Chez GENOTROPY, il s’agit main­te­nant d’un sys­tème lié direc­te­ment au Manuel Qua­li­té (aupa­ra­vant mis à jour selon l’EN ISO 13485/l’annexe IX et l’article 10 du RDM-DIV) :

Tout d’abord, le sys­tème de SAC exi­gé par le RDM-DIV est lié direc­te­ment au para­graphe 8.2.1 « Retours d’information » de la norme EN ISO 13485 : 2016 :

Ensuite, le sys­tème de SAC exi­gé par le RDM-DIV est aus­si en lien avec le para­graphe 8.2.2 « Trai­te­ments des récla­ma­tions » de la norme EN ISO 13485 :2016 :

2) Chez GENOTROPY, le sys­tème de SAC com­prend désor­mais l’ensemble des livrables requis par le Règle­ment euro­péen 2017/746 à leur empla­ce­ment requis :

Les livrables requis sont indi­qués dans le RDM-DIV aux para­graphes suivants :

Confor­mé­ment à l’article 78 du RDM-DIV, ces livrables font par­tie inté­grante du SMQ du fabri­cant : le sys­tème qua­li­té et la docu­men­ta­tion tech­nique du pro­duit pour le mar­quage CE sous le Règle­ment (Tableau 7).

Tableau 7 : Livrables requis en matière de SAC selon le RDM-DIV et leurs conditions d'applicabilité (Source : Chapitre VII du RDM-DIV):

Pour le SPAC, il est à noter ce qui est écrit à l’Annexe XIII par­tie B sec­tion 8 du RDM-DIV : « Si le SPAC n'est pas jugé appro­prié pour un dis­po­si­tif don­né, une jus­ti­fi­ca­tion est four­nie et docu­men­tée dans le rap­port sur l'évaluation des per­for­mances » [6].

Chaque livrable du sys­tème de SAC peut être élaboré/mis à jour en uti­li­sant les guides sui­vants (Tableau 8) :

Tableau 8 : Guides MDCG utilisables pour obtenir un système de SAC entièrement compatible avec le RDM-DIV (Source : auteure):

Enfin, il peut être utile de créer des liens entre les livrables du sys­tème de SAC (Figure 29) :

Figure 29 : Logigramme illustrant les interactions entre les livrables requis du système de SAC (Source : auteure):

3) Une tâche res­tante vis-à-vis du sys­tème de SAC :

Vis-à-vis du sys­tème de SAC, une tâche est res­tée en sus­pens chez GENOTROPY.

En effet, l’entreprise n’est pas par­ve­nue à trans­mettre son PSUR à l’ON du fait de la non dis­po­ni­bi­li­té du por­tail élec­tro­nique de celui-ci qui est pour­tant en prin­cipe dédié à sa sou­mis­sion dans l’attente de la pleine fonc­tion­na­li­té d’EUDAMED.

Cette situa­tion peut sûre­ment s’expliquer par le fait que la rédac­tion d’un PSUR n’est que volon­taire pour les fabri­cants de « Lega­cy devices » comme indi­qué dans le guide MDCG 2022-8 : il pré­cise en effet que seul le rap­port de SAC est appli­cable aux "Lega­cy Devices" à condi­tion que le fabri­cant, comme GENOTROPY, pré­pare volon­tai­re­ment un PSUR. Ain­si, la rédac­tion d’un PSUR ne devient obli­ga­toire que lorsque le dis­po­si­tif devient un « IVDR Device » c’est-à-dire conforme au Règle­ment euro­péen 2017/746, avec pas­sage en classe C ou D.

On peut donc sup­po­ser que la trans­mis­sion du PSUR ne sera réa­li­sable que lorsque la période de tran­si­tion vers le Règle­ment euro­péen 2017/746 sera ter­mi­née : elle devrait dès lors être pos­sible soit par le por­tail élec­tro­nique de l’ON soit via EUDAMED pour revue de l’ON qui y ajou­te­ra son éva­lua­tion ; le PSUR et l’évaluation seront ensuite ren­dus dis­po­nibles aux auto­ri­tés com­pé­tentes tou­jours via EUDAMED.

Dans la tâche n°3, la seconde exi­gence à mettre en œuvre fait par­tie d’une des méthodes réac­tives (et non proac­tives) lis­tées dans le Plan de SAC afin de col­lec­ter les don­nées sur la qua­li­té, la sécu­ri­té et les per­for­mances du DM-DIV durant tout son cycle de vie : c’est la vigilance.

2) La vigilance sous le Règlement

i) Situation de départ : un système de vigilance présent dont la conformité avec le Règlement doit être vérifiée

Comme la SAC, la vigi­lance fait par­tie des res­pon­sa­bi­li­tés du fabri­cant de DM-DIV (cf. article 10.9 du RDM-DIV) indé­pen­dam­ment de sa loca­li­sa­tion (le Règle­ment inter­dit à l’article 11.4 de délé­guer, au repré­sen­tant auto­ri­sé, les obli­ga­tions en matière de vigilance).

Au sein de l’organisation du fabri­cant, c’est pré­ci­sé­ment la Per­sonne Char­gée de Veiller au Res­pect de la Règle­men­ta­tion (PCVRR) (cf. article 15 du RDM-DIV et guide MDCG 2019-7) qui assure la mise en place des exi­gences règle­men­taires de SAC et de vigi­lance. À noter que bien que les obli­ga­tions de SAC et de vigi­lance soient appli­cables aux « Lega­cy devices » et plus géné­ra­le­ment à tous les DM-DIV pla­cés sur le mar­ché, un PCVRR n’est pas exi­gé pour les « Lega­cy devices » comme indi­qué dans le guide MDCG 2022-8.

Chez GENOTROPY, à mon arri­vée, il y avait déjà un sys­tème de vigi­lance pré­sent comprenant :

Avec la démarche enga­gée préa­la­ble­ment, mon objec­tif a été de m’assurer de la confor­mi­té totale de ce sys­tème avec le Règle­ment 2017/746. Il est à noter, qu’à l’heure actuelle, le guide MDCG 2023-3 « Ques­tions and ans­wers on vigi­lance terms and concepts as out­li­ned in the Regu­la­tion (EU) 2017/745 on medi­cal devices » est inuti­li­sable dans cette démarche, bien que cen­tral dans le cas des DM, car il ne com­prend pas dans son champs d’application le Règle­ment euro­péen 2017/746.

ii) Méthodologie choisie : appliquer l'outil de PDCA pour mieux comprendre les activités du processus de vigilance et leur enchaînement

La métho­do­lo­gie choi­sie chez GENOTROPY afin d’aboutir à un sys­tème com­plet de vigi­lance reprend l’outil de PDCA à savoir PLAN-DO-CHECK-ACT.

Étape 1 : CHECK : Com­pa­rai­son de l’existant avec les atten­dus du RDM-DIV [30] :

Cette étape a été réa­li­sée en ana­ly­sant le Règle­ment : plus pré­ci­sé­ment la sec­tion 2 du cha­pitre VII (articles 82 à 87). On retrouve aus­si la notion de vigi­lance des DM-DIV à la sec­tion 2 « Orga­ni­sa­tion de la réac­to­vi­gi­lance » (articles R5222-4 à R5222-11) du Code de la San­té Publique, les articles L.5222-2 à L.5222-4 inclus ain­si que l’article L. 5462 avec les sanc­tions (finan­cières et pénales) pré­vues en cas de man­que­ments aux obligations.

Après ana­lyse du RDM-DIV, on com­prend que la vigi­lance cor­res­pond aux signa­le­ments obli­ga­toires de cer­tains pro­blèmes liés au DM-DIV et révé­lés au cours de leur phase d’après com­mer­cia­li­sa­tion. La vigi­lance entre­prise par le fabri­cant est un pro­ces­sus en 4 acti­vi­tés (Figure 30):

Figure 30 : Les quatre activités du processus de vigilance selon le RDM-DIV ( Source : articles 82 à 87 du RDM-DIV):

Acti­vi­té 1 : Col­lecte d’informations :

La pre­mière acti­vi­té est tou­jours celle de la col­lecte d’informations dans le cadre du Plan de Sur­veillance Après Com­mer­cia­li­sa­tion ; toutes les infor­ma­tions rela­tives à des inci­dents doivent être consi­dé­rées. Le terme inci­dent est défi­ni à l’article 2.67 du RDM-DIV et ne doit pas être confon­du avec celui d’évènement indé­si­rable défi­ni à l’article 2.60 (en anglais, « adverse event ») uti­li­sé dans le contexte des études de per­for­mance menées avant la mise sur le mar­ché (cf. article 76 du RDM-DIV). Mal­gré cette dif­fé­rence, l’utilisation de la ter­mi­no­lo­gie pour les décla­ra­tions des effets adverses caté­go­ri­sés de l’IMDRF est obli­ga­toire par le fabri­cant dans les « Manu­fac­tu­rer Inci­dent Report » (MIR).

Les infor­ma­tions peuvent être reçues des pro­fes­sion­nels de san­té ou des uti­li­sa­teurs pro­fes­sion­nels qui sont sou­mis, par l’article L.5222-3 du Code de la San­té Publique, à une obli­ga­tion de décla­ra­tion à l’ANSM de tout inci­dent grave dont ils connais­sance. Les inci­dents liés au DM-DIV peuvent aus­si être iden­ti­fiées direc­te­ment en interne au fabricant.

Acti­vi­té 2 : Noti­fi­ca­tions des inci­dents graves :

La seconde acti­vi­té est celle de la noti­fi­ca­tion. Cette étape suit le prin­cipe suivant :

Si l’incident reçu est grave, alors il doit être obli­ga­toi­re­ment noti­fié. En cas de doute sur sa nature, il faut éga­le­ment le notifier.

La noti­fi­ca­tion est pos­sible via plu­sieurs livrables dont les for­mu­laires doivent impé­ra­ti­ve­ment être pré­sents au sein du sys­tème de vigi­lance du fabri­cant afin d’être uti­li­sables sans délai en cas de besoin :

Les « inci­dents graves » qui impliquent des dis­po­si­tifs mis sur le mar­ché de l’UE sont à noti­fier dans le res­pect des délais fixés par le Règle­ment ; c’est-à-dire [30]:

La noti­fi­ca­tion d’un inci­dent grave doit être trans­mise à l’autorité com­pé­tente de l’État membre où a eu lieu cet inci­dent par le biais du MIR. Un rap­port ini­tial incom­plet peut être trans­mis dans un pre­mier temps pour res­pec­ter les délais régle­men­taires, sui­vi ensuite d’un rap­port complet.

L’ON du fabri­cant peut aus­si être concer­né par cette noti­fi­ca­tion (cf. contrat liant la socié­té à son ON).

Le rap­port de ten­dances est un docu­ment à employer pour noti­fier les auto­ri­tés com­pé­tentes des États Membres où l’incident grave a eu lieu en cas [25] :

L’objectif de ce rap­port est d’empêcher des inci­dents non graves de cau­ser des plus grands pro­blèmes avec le temps.

Le rap­port de syn­thèse pério­dique est un docu­ment qui ne peut être pro­duit qu’en cas d’accord entre le fabri­cant et son auto­ri­té com­pé­tente coor­di­na­trice (qui consulte les autres auto­ri­tés com­pé­tentes réfé­ren­cées aux points a et b de l’article 87.8), selon un for­mat, un conte­nu et une pério­di­ci­té défi­nie et dans les cas sui­vants [25] :

L’objectif du rap­port de syn­thèse pério­dique est de ras­sem­bler ce qui auraient été des rap­ports indi­vi­duels d’incidents graves en un seul même document.

Il est à noter que tout autre inci­dent ne ren­trant pas dans l’une des caté­go­ries men­tion­nées au-des­sus doit être impé­ra­ti­ve­ment docu­men­té dans les rap­ports pro­duits dans le cadre de la SAC.

Acti­vi­té 3 : Investigations :

Après la noti­fi­ca­tion d’un inci­dent grave en appli­ca­tion du RDM-DIV, inter­vient immé­dia­te­ment la troi­sième acti­vi­té dite d’analyse pour le fabri­cant ; il s’agit alors de :

Acti­vi­té 4 : Actions : FSCA (avec noti­fi­ca­tions de celles-ci) :

Dans une qua­trième acti­vi­té, si elles ont aupa­ra­vant été éva­luées comme étant néces­saires, en appli­ca­tion de l’article 82.1 du RDM-DIV, les FSCA doivent être noti­fiées sans retard injus­ti­fié et avant d’être prises sur les dis­po­si­tifs mis sur le mar­ché dans l’UE et ses pays tiers (seule le cas où la mise en œuvre immé­diate des FSCA est néces­saire jus­ti­fie une noti­fi­ca­tion après son implé­men­ta­tion). Sont concer­nés par la notification :

Les FSCA sont les mesures cor­rec­tives prises par un fabri­cant, pour des rai­sons tech­niques ou médi­cales, afin de pré­ve­nir ou d’atténuer le risque d’incident grave [25] en rap­port avec un dis­po­si­tif mis à dis­po­si­tion sur le mar­ché (cf. article 2.71). Selon le guide MEDDEV 2.12-1 rev. 8 [10], il peut s’agir par exemple de :

Par la suite, le fabri­cant informe les uti­li­sa­teurs affec­tés des FSCA implé­men­tées au moyen des FSN ou « Field Safe­ty Notice ». Les FSN sont les « avis de sécu­ri­té » (cf. défi­ni­tion à l’article 2.72) dans le RDM-DIV et les « fiches d’avertissement » men­tion­nées dans la norme EN ISO 13485 : 2016. Comme indi­qué dans le guide MDCG 2022-12 [31], les FSN ne sont pas trans­mises par le fabri­cant direc­te­ment aux uti­li­sa­teurs de ses dis­po­si­tifs : il s’agit des auto­ri­tés com­pé­tentes qui les ont reçues qui se char­ge­ront de cette transmission.

Étape 2 : ACT : prendre les déci­sions qui s’imposent :

Après ana­lyse du RDM-DIV, dans le cas de GENOTROPY, deux déci­sions se sont imposées.

D’une part, a été déci­dé de revoir entiè­re­ment la pro­cé­dure de vigi­lance à cause de plu­sieurs écarts consta­tés par rap­port aux atten­dus régle­men­taires ; notamment :

1- La struc­ture choi­sie de la pro­cé­dure qui ren­dait dif­fi­ci­le­ment com­pré­hen­sible le pro­ces­sus de vigi­lance : de plus, cette pro­cé­dure ne pré­sen­tait pas de liens avec le pro­ces­sus de SAC bien qu’elle lui est direc­te­ment liée ;

2- L’absence d’une par­tie rela­tive aux rap­ports de syn­thèse pério­dique alors qu’il s’agit pour­tant d’une pos­si­bi­li­té de signa­le­ment pour le fabri­cant ins­tau­rée par le Règlement ;

3- L’absence d’une par­tie rela­tive aux dis­po­si­tions d’EUDAMED en lien avec la vigilance.

D’autre part, a été déci­dé de s’assurer que le dos­sier du SMQ réper­to­riant les for­mu­laires des rap­ports de vigi­lance était bien à jour : c’est-à-dire véri­fier que tous les for­mu­laires exis­tants étaient bien dis­po­nibles dans le SMQ et dans leur ver­sion la plus récente.

Étape 3 : PLAN : pla­ni­fier le tra­vail à réaliser :

En rai­son des contraintes de temps liées à l’audit interne, cette étape n’a pu être appli­quée ; il a fal­lu pas­ser direc­te­ment à la mise en pra­tique des déci­sions préa­la­ble­ment iden­ti­fiées (étape suivante).

Étape 4 : DO : exé­cu­ter les tâches réper­to­riées à l’étape précédente :

Dans cette étape, la pro­cé­dure et le dos­sier adja­cent ont été entiè­re­ment revus menant aux résul­tats pré­sen­tés ci-dessous.

iii) Résultats obtenus : un système de vigilance structuré comprenant toutes les modalités prévues par le RDM-DIV

Suite à la démarche mise en œuvre, les résul­tats sui­vants ont été obtenus :

1- Pro­cé­dure avec une struc­ture repre­nant dans leur ordre les acti­vi­tés du pro­ces­sus de Vigi­lance. Cette pro­cé­dure est désor­mais liée au Pro­ces­sus de SAC aux niveaux sui­vants (Figure 31):

Figure 31 : Interactions du processus de vigilance avec la SAC (en bleu sur la figure) (Source : auteure):

2- Une par­tie de la pro­cé­dure est désor­mais dédiée aux rap­ports de syn­thèse périodique.

De plus, le dos­sier avec l’ensemble des for­mu­laires uti­li­sables pour repor­ter les cas de vigi­lance est com­plet avec les ver­sions les plus récentes des docu­ments dis­po­nibles ; ces for­mu­laires sont tous pré­sents sur le site web de l’ANSM.

Concer­nant ces for­mu­laires, le fabri­cant doit cepen­dant res­ter vigi­lant car cer­tains n’ont pas encore été adap­tés en fonc­tion des exi­gences du RDM-DIV comme cela est pré­ci­sé dans le guide MDCG 2022-12 [31] : cela est le cas du for­mu­laire pour les FSCA, les rap­ports de syn­thèse pério­dique et les rap­ports de ten­dances. Par consé­quent, pour ces cas, le guide MDCG 2022-12 [31] pré­cise que le fabri­cant peut se ser­vir des sec­tions « Com­men­taires Géné­raux » des for­mu­laires pour y indi­quer ce qui est exi­gé par le RDM-DIV et man­quant dans le reste du document.

Pour ce qui est des dis­po­si­tions d’EUDAMED en lien avec la vigi­lance, celles-ci sont vues dans la par­tie sui­vante de ce rap­port qui explique en détail le fonc­tion­ne­ment de la base de don­nées européenne.

3) L'enregistrement des opérateurs économiques et des dispositifs

Selon l’article 110.3 du Règle­ment euro­péen 2017/746, la der­nière exi­gence régle­men­taire appli­cable aux « Lega­cy Devices » pen­dant la période de tran­si­tion est celle rela­tive à l’enregistrement des opé­ra­teurs éco­no­miques et des dispositifs.

Les exi­gences cor­res­pon­dantes sont pré­sentes res­pec­ti­ve­ment aux articles 26 « Enre­gis­tre­ment des dis­po­si­tifs » et 28 « Sys­tème élec­tro­nique d’enregistrement des opé­ra­teurs éco­no­miques » du RDM-DIV. Ces deux articles concernent évi­dem­ment EUDAMED.

Chez GENOTROPY, ma prin­ci­pale mis­sion vis-à-vis de ces articles a été de véri­fier si la socié­té était bien dans le res­pect des règles qu’ils fixent.

i) Présentation générale d'EUDAMED

EUDAMED signi­fie “EUro­pean DATA­base on MEDi­cal devices” ou banque de don­nées euro­péenne sur les Dis­po­si­tifs Médi­caux. Il s’agit d’un élé­ment qui exis­tait déjà sous les direc­tives (men­tion par exemple dans la déci­sion de la Com­mis­sion du 19 avril 2010, [32]). Néan­moins, dans le Règle­ment 2017/746, sa pré­va­lence a été ren­for­cée puisqu’il y est men­tion­né dans près de 50 articles dont l’article 30 qui encadre sa ges­tion et le place sous la res­pon­sa­bi­li­té de la Com­mis­sion Européenne.

EUDAMED doit per­mettre la cen­tra­li­sa­tion de l’ensemble des infor­ma­tions rela­tives au cycle de vie des dis­po­si­tifs mis sur le mar­ché de l’UE ; avec les opé­ra­teurs éco­no­miques qui leur sont asso­ciés. De cette manière, la pla­te­forme doit per­mettre d’améliorer la trans­pa­rence et la dis­po­ni­bi­li­té des infor­ma­tions pour les patients et pro­fes­sion­nels de san­té ain­si que la coor­di­na­tion des dif­fé­rents États membres de l’UE.

Les spé­ci­fi­ca­tions fonc­tion­nelles de la pla­te­forme, défi­nies par la Com­mis­sion Euro­péenne en col­la­bo­ra­tion avec le Groupe de Coor­di­na­tion des Dis­po­si­tifs Médi­caux (GDCM) (en anglais : MDCG, « Medi­cal Device Coor­di­na­tion Group ») (cf. article 34 du RDM), ont été publiées pour la pre­mière fois en mars 2019. Leur der­nière ver­sion date du 15 décembre 2022 (ver­sion 7.2) [33].

D’après ces spé­ci­fi­ca­tions, une fois ache­vé, EUDAMED sera com­po­sé de 6 modules inter­con­nec­tés ; des modules qui sont com­muns à la fois aux DM et aux DM-DIV (Figure 32) :

Figure 32 : Vue d'ensemble de l'architecture prévue de la base de données EUDAMED (Source : proposition de règlement modificatif au RDM-DIV, 23 janvier 2024):

À terme, les six modules d’EUDAMED pré­sen­te­ront cha­cun des niveaux acces­sibles au public ; les éta­blis­se­ments médi­caux et la presse inclus [2].

Les prin­ci­paux acteurs qui auront accès à EUDAMED res­te­ront néan­moins [2] :

Cha­cun de ces acteurs est iden­ti­fié dans EUDAMED grâce au « Single Regis­tra­tion Num­ber » (SRN) ; numé­ro four­ni par son auto­ri­té com­pé­tente natio­nale après son enre­gis­tre­ment ini­tial dans EUDAMED. En fonc­tion de l’activité exer­cée par une même enti­té, le SRN est dif­fé­rent car dif­fé­rents acteurs n’ont pas les même devoirs vis-à-vis d’EUDAMED [2]. Une même enti­té peut donc avoir plu­sieurs SRN si elle exerce plu­sieurs activités.

Un SRN est com­po­sé de trois par­ties (Figure 33) [34] :

Figure 33 : Exemple de code SRN pour un fabricant français (Source : Avanti Europe, octobre 2020):
ii) Etat des lieux de l'avancement d'EUDAMED

À l’heure actuelle, EUDAMED n’est pas com­plet [35].

En effet, seuls trois modules sont aujourd’hui dis­po­nibles (Figure 34) :

Figure 34 : Menu de recherche disponible sur EUDAMED en juillet 2024 (Source : auteure):

La moi­tié d’EUDAMED n’est donc pas encore prête. Par consé­quent, l’utilisation d’EUDAMED n’est ni obli­ga­toire ni exi­gée ; son uti­li­sa­tion n’est que volon­taire aujourd’hui.

En accord avec les dis­po­si­tions tran­si­toires du RDM-DIV, le sys­tème, dans son entiè­re­té, devien­dra obli­ga­toi­re­ment uti­li­sable quand (cf. article 34 du RDM) :

En atten­dant la pleine opé­ra­bi­li­té de la base, les dis­po­si­tions tran­si­toires de l’article 112 et de l’article 113.3.f du Règle­ment sont appli­cables [6]. Le fabri­cant peut de plus s’appuyer sur le guide MDCG 2022-12 paru en juillet 2022 qui liste les dis­po­si­tions alter­na­tives pou­vant être mises en œuvre avant la pleine fonc­tion­na­li­té d’EUDAMED [31]. Enfin, le para­graphe III de l’article 15 de l’ordonnance 2022-1186 doit éga­le­ment être pris en compte (cf. Annexe).

iii) Les modules d'EUDAMED relatifs aux exigences réglementaires à implémenter durant la transition des Legacy Devices

La mise en œuvre d’EUDAMED reste lente : en effet, lors de son entrée en vigueur, l’article 34 du RDM indi­quait que l’avis de la Com­mis­sion annon­çant sa pleine opé­ra­bi­li­té serait publié au plus tard le 25 mars 2020 [6]. Plus de 4 ans après et la moi­tié de la base n’est pas encore déployée.

De plus, les trois modules déjà acces­sibles ne s’avèrent pas com­plè­te­ment opé­ra­tion­nels dans la pra­tique. On se concentre ci-des­sous sur ceux rela­tifs à l’application des exi­gences régle­men­taires durant la période de tran­si­tion des « Lega­cy devices » :

  1. Module 1 : « Enre­gis­tre­ment des opé­ra­teurs éco­no­miques » (cf. article 28 du RDM-DIV) :

Théo­rie : ce module sert à l’application de l’article 28 du RDM-DIV. Pour les fabri­cants, il leur per­met de :

Pra­tique (sur la ver­sion 2.14.1 d’EUDAMED) :

Dans la pra­tique, ce module appa­raît glo­ba­le­ment com­plet par rap­port aux atten­dus régle­men­taires. En effet, le fabri­cant peut aujourd’hui y enregistrer :

Tou­te­fois, il est à pré­ci­ser qu’au quo­ti­dien, l’accès à EUDAMED reste com­pli­qué à cause de l’imbrication qui a été créé pour les droits et pro­fils de ses utilisateurs.

En effet, pre­nons l’exemple d’un Opé­ra­teur Éco­no­mique comme GENOTROPY qui est fabri­cant. GENOTROPY a son propre compte EUDAMED et cela est éga­le­ment le cas de chaque per­sonne de l’entreprise. Chaque pro­fil d’une per­sonne de l’entreprise a un droit spé­ci­fique vis-à-vis de chaque module du compte de GENOTROPY. Il y a plu­sieurs droits possibles :

Cette imbri­ca­tion se complique.

En effet, il est obli­ga­toire pour chaque opé­ra­teur éco­no­mique d’avoir au moins deux LAA qui lui sont connec­tés dont 1 avec un pro­fil actif (l’adresse email avec laquelle est faite l’enregistrement ini­tial de l’opérateur éco­no­mique devient auto­ma­ti­que­ment son pre­mier LAA). Cette par­ti­cu­la­ri­té n’est cepen­dant pas adap­tée au cas des entre­prises avec 1 seul employé comme GENOTROPY l’était avant mon arrivée.

De plus, EUDAMED est orga­ni­sé de telle sorte que chaque per­sonne de l’entreprise qui sou­haite mettre à jour ses droits vis-à-vis d’un module de l’opérateur éco­no­mique doit être approu­vée par un LAA ou LUA de ce même opé­ra­teur [36].

Alter­na­tive :

Aujourd’hui, s’il n’a pas fait d’enregistrement sur EUDAMED, le fabri­cant a tou­jours la pos­si­bi­li­té d’enregistrer son acti­vi­té via un for­mu­laire natio­nal dis­po­nible sur le site de l’ANSM confor­mé­ment à l’article 113 para­graphe 3.f du RDM-DIV. Cepen­dant, il est à noter que ce for­mu­laire n’a qu’une por­tée natio­nale contrai­re­ment à EUDAMED qui est valable à l’échelle euro­péenne. Par consé­quent, un réen­re­gis­tre­ment sera à faire, dans EUDAMED, par tout fabri­cant qui aurait employé ce for­mu­laire une fois que la base sera obli­ga­toi­re­ment uti­li­sable [29].

2. Module 2 : « Enre­gis­tre­ment des dis­po­si­tifs » (article 26 du RDM-DIV) :

Pour ce module, un préa­lable doit être pré­sen­té : c’est le sys­tème IUD.

Le sys­tème IUD com­prend tou­jours trois étapes.

Dans un pre­mier temps, il y a pour les « IVDR devices », une obli­ga­tion de pro­duc­tion de l’IUD valable depuis l’entrée en appli­ca­tion du RDM-DIV c’est-à-dire depuis le 26 mai 2022. Un IUD com­prend tou­jours (Figure 35) [37] :

Figure 35 : Exemple de code IUD délivré par l'entité GS1 sous format code 128 (Source : auteure d'après SNITEM, 2020):

D’après la déci­sion d’exécution (UE) 2019/939 du 6 juin 2019, cette pro­duc­tion de l’IUD passe obli­ga­toi­re­ment par un des 4 orga­nismes agréés par la Com­mis­sion Euro­péenne c’est-à-dire : le GS1, l’HIBCC, l’ICCBBA et l’IFA.

Dans un second temps, il y une obli­ga­tion d’apposer l’IUD sur chaque niveau de condi­tion­ne­ment du DM-DIV (S’il y a plu­sieurs codes sur l’étiquetage, il faut éga­le­ment ajou­ter le logo UDI de la norme ISO 15223-1 à côté du code IUD) dans un for­mat lisible par l’homme et un for­mat lisible par la machine (=QR code, data­ma­trix ou code 128). D’après l’article 113.3.e du RDM-DIV, cette obli­ga­tion posée par l’article 24.4 s’applique à des dates variables en fonc­tion de la classe du DM-DIV :

Dans un troi­sième temps, dans le sys­tème IUD, la der­nière étape est celle de la trans­mis­sion des don­nées rat­ta­chées à l’IUD-ID à EUDAMED, cette der­nière étape res­tant volon­taire aujourd’hui.

Aujourd’hui, les « Lega­cy devices » comme celui de GENOTROPY ne sont en revanche pas obli­gés de suivre ces trois étapes. En par­ti­cu­lier, leur enre­gis­tre­ment dans EUDAMED n’est pour l’instant obli­ga­toire que dans le cas où un inci­dent grave se pro­duit ou une FSCA est implé­men­tée car l’enregistrement des dis­po­si­tifs est une condi­tion préa­lable à l’enregistrement éven­tuel de l’incident grave qui lui est lié dans EUDAMED.

Afin de per­mettre au fabri­cant l’enregistrement dans EUDAMED de son « Lega­cy Device », la base a créé deux outils en rem­pla­ce­ment de l’IUD-ID de base et l’IUD ID : res­pec­ti­ve­ment l’EUDAMED-DI et l’EUDAMED-ID.

Théo­rie : le module dédié à l’enregistrement des dis­po­si­tifs dans EUDAMED doit permettre :

Il est à noter que la pla­te­forme doit éga­le­ment per­mettre des télé­char­ge­ments auto­ma­tiques des infor­ma­tions rela­tives à l’IUD d’après l’article 28.4 du RDM réfé­ren­cé à l’article 25 du RDM-DIV. En revanche, l’IUD-IP ne peut être trans­mis via EUDAMED.

Pra­tique (sur la ver­sion 2.14.1 d’EUDAMED) :

Le dis­po­si­tif de GENOTROPY est un « Lega­cy Device ». Il n’est donc pas contraint de res­pec­ter toutes les obli­ga­tions rela­tives à l’IUD. Pour­tant, celles-ci ont tout de même été appli­quées par l’entreprise : en par­ti­cu­lier, l’ensemble des étapes décrites dans le guide inti­tu­lé « Mana­ge­ment of Lega­cy devices » de la Com­mis­sion Euro­péenne [38] ont été sui­vies pour l’enregistrement du DM-DIV sur EUDAMED.

Alter­na­tive :

Aujourd’hui, s’il n’a pas encore fait d’enregistrement de ses dis­po­si­tifs sur EUDAMED, le fabri­cant a la pos­si­bi­li­té d’employer le même for­mu­laire que celui néces­saire à une décla­ra­tion d’activité pour les décla­rer à l’ANSM. Ce même for­mu­laire sert aus­si, par ailleurs, à la décla­ra­tion à l’agence de la per­sonne en charge de la réac­to­vi­gi­lance en interne au fabri­cant [29].

3. Module 5 : « Sur­veillance Après Com­mer­cia­li­sa­tion et Vigi­lance » (article 87 du RDM-DIV) :

Théo­rie :

Ce module d’EUDAMED doit per­mettre plu­sieurs élé­ments au fabricant :

Pra­tique (sur la ver­sion 2.14.1 d’EUDAMED) :

Ce cin­quième module fait par­tie des modules d’EUDAMED qui ne sont pas encore dis­po­nibles. Son achè­ve­ment est pré­vu au cours du deuxième tri­mestre de l’année 2024 d’après la Com­mis­sion Européenne.

Alter­na­tive (d’après le guide MDCG 2022-12) :

Jusqu’à ce que EUDAMED soit plei­ne­ment opé­ra­tion­nel, pour assu­rer la trans­mis­sion du PSUR à son ON (cas des classes D selon le RDM-DIV), le fabri­cant peut recou­rir à l’utilisation de mails sécu­ri­sés (d’après le guide MDCG 2022-12, [31]).

Selon le docu­ment MDCG 2022-12, la noti­fi­ca­tion des inci­dents graves/FSCA/FSN et la sou­mis­sion des dif­fé­rents rap­ports de vigi­lance doivent conti­nuer à être faits par le biais des sys­tèmes natio­naux de vigi­lance par mail.

Par ailleurs, pour ce qui est du der­nier module d’EUDAMED dis­po­nible à ce jour, le module 3- « Orga­nismes Noti­fiés et cer­ti­fi­cats », celui-ci ne néces­site pas l’intervention des fabri­cants. Il est dédié à l’enregistrement des ON et des cer­ti­fi­cats déli­vrés par ceux-ci (cf. article 52 du RDM-DIV).

Aujourd’hui, cepen­dant, ce module ne per­met de voir aucune de ces infor­ma­tions (Figure 36) :

Figure 36 : Résultat obtenu sur le module 3 d'EUDAMED lorsque l'on veut visualiser les certificats émis par GMED (Source : auteure):

IV) Bilan professionnel à l'issue de l'apprentissage

1) Compétences acquises

Mon année d’apprentissage dans la qua­li­té et les affaires régle­men­taires chez GENOTROPY m’a per­mis de :

De par tous ses aspects, je pense que mon expé­rience pro­fes­sion­nelle chez GENOTROPY a été enri­chis­sante à tous les niveaux. J’ai désor­mais une meilleure idée du quo­ti­dien d’un char­gé des affaires régle­men­taires et de la qua­li­té. J’ai aus­si gagné en confiance dans mes com­pé­tences pro­fes­sion­nelles ain­si qu’en aisance dans mon anglais écrit et oral. Je suis donc par­ti­cu­liè­re­ment moti­vée à pour­suivre dans cette voie après l’année d’apprentissage.

2) Compétences à acquérir

Il y a plu­sieurs com­pé­tences et connais­sances me res­tant à acqué­rir à la suite de mon année d’apprentissage chez GENOTROPY.

Je pense notam­ment à la rédac­tion de la Docu­men­ta­tion Tech­nique d’un DM-DIV selon le Règle­ment, tâche que l’entreprise n’a pas encore pu déve­lop­per puisque le sys­tème qua­li­té est la prio­ri­té en période tran­si­tion des « Lega­cy Devices ». Ain­si, en rela­tion avec la Docu­men­ta­tion Tech­nique, je n’ai seule­ment pu par­ti­ci­per qu’à son main­tien de confor­mi­té selon la direc­tive et dans la conti­nui­té des modi­fi­ca­tions appor­tées au sys­tème qualité.

J’ai aus­si le sou­hait de déve­lop­per ma connais­sance des études de per­for­mances selon le Règle­ment. Enfin, je suis consciente de l’importance de conso­li­der ma culture dans les domaines rela­tifs aux tech­no­lo­gies des pro­duits, pour la suite de ma car­rière, car c’est d’eux dont dépendent ensuite les spé­ci­fi­ci­tés des acti­vi­tés régle­men­taires et qua­li­té engagées.

3) Liens de l'apprentissage avec le Master Ingénierie de la Santé

Durant cette année d’apprentissage, le Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té que j’ai sui­vi à l’UTC m’a été utile sur plu­sieurs points :

Conclusion

Afin de béné­fi­cier de la pro­lon­ga­tion de la période de tran­si­tion vers le Règle­ment, une démarche en trois points a été sui­vie chez GENOTROPY :

Il est à pré­ci­ser que cette démarche a été construite en fonc­tion du cas de l’entreprise et du cadre régle­men­taire exis­tant en matière de tran­si­tion. Celui-ci sera bien­tôt modi­fié puisque, le 23 jan­vier 2024, la Com­mis­sion a pro­po­sé de nou­velles mesures qui consistent notam­ment à accor­der plus de temps aux entre­prises pour faire leur tran­si­tion, sous réserve de nou­velles condi­tions. Cette pro­po­si­tion qui a été adop­tée par le Conseil de l’Union et le Par­le­ment Euro­péen fait l’objet d’une ana­lyse dans un docu­ment sépa­ré dis­po­nible sur la page Word­Press de ce projet.

Il est éga­le­ment à remar­quer que cette démarche n’a pas concer­né la Docu­men­ta­tion Tech­nique du « Lega­cy Device » : seul le main­tien de sa confor­mi­té à la direc­tive a été assu­ré ain­si que sa mise à jour en conti­nu en fonc­tion des modi­fi­ca­tions appor­tées au sys­tème qualité.

Par ailleurs, la notion de chan­ge­ments n’a pas été abor­dée dans le rap­port car jugée par­ti­cu­liè­re­ment dépen­dante de l’ON du fabri­cant. En effet, bien que la régle­men­ta­tion exige que seuls les chan­ge­ments consi­dé­rés comme sub­stan­tiels selon la direc­tive soit repor­tés à l’ON avant leur implé­men­ta­tion et qu’aucun chan­ge­ment signi­fi­ca­tif en matière de concep­tion et d’usage reven­di­qué (selon le Règle­ment 2017/746) soit mis en œuvre pen­dant la tran­si­tion, l’ON peut, comme dans le cas de GENOTROPY, exi­ger que cer­tains chan­ge­ments par­ti­cu­liers lui soient noti­fiés ; sub­stan­tiels ou non, signi­fi­ca­tifs ou non. 

Enfin, il est à sou­li­gner les coûts impor­tants mobi­li­sés par cette démarche : notam­ment en matière de res­sources humaines, de finances et de temps. Cela est consé­quent pour une TPE comme GENOTROPY et peut pro­vo­quer un ralen­tis­se­ment des acti­vi­tés de R&D de la socié­té puisque les res­sources que ces acti­vi­tés mobi­lisent sont désor­mais employées à la mise en œuvre des obli­ga­tions liées au Règle­ment. L’innovation ralen­tit donc, ce qui peut être pré­ju­di­ciable pour le béné­fice des patients.

Annexe

Analyse de l'article 15 de l'ordonnance n°2022-1186

L’ordonnance n°2022-1186 du 29 juillet 2022 [26] sert à l’adaptation du droit fran­çais au règle­ment euro­péen 2017/746 afin d’assurer sa mise en œuvre. Dans cette ordon­nance entrée en vigueur le 31 juillet 2022, un article est d’importance par­ti­cu­lière : c’est l’article 15 car il porte sur les dis­po­si­tions transitoires.

Tableau 9 : Analyse des paragraphes I et II de l'article 25 de l'ordonnance n°2022-1086 (Source : auteure):

Ce para­graphe concerne EUDAMED. Il fait la dis­tinc­tion entre :

Ce para­graphe concerne les études de per­for­mance des DM-DIV.

Celles-ci sont enca­drées par les dis­po­si­tions de la pre­mière par­tie du livre Ier du titre II du Code de la San­té Publique (dans leur rédac­tion anté­rieure au 31 juillet 2022) dans deux cas :

Pour ces deux cas, les dis­po­si­tions de l’article L. 1123-10 ne sont pas appli­cables. De plus, tout évè­ne­ment indé­si­rable grave et défec­tuo­si­tés de DM-DIV sur­ve­nant dans le cadre de ces recherches doit être noti­fié confor­mé­ment à l’article 76 du RDM-DIV.

Ce para­graphe concerne les DM-DIV « in house » c’est-à-dire les DM-DIV fabri­qués et uti­li­sés au sein même des éta­blis­se­ment de san­té. Pour ces dis­po­si­tifs sont aujourd’hui applicables :

Le point d du para­graphe 5 de l’article 5 du RDM-DIV ne devien­dra appli­cable qu’à par­tir du 26 mai 2028. Le seul point res­tant du para­graphe 5 de l’article 5 du RDM-DIV, le point a, n’est pas mentionné.

Ce para­graphe fait réfé­rence à l’ordonnance n°2022-582 por­tant adap­ta­tion du droit fran­çais au Règle­ment (UE) 2017/745 [39].

Références bibliographiques

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[2] Q. Bugnet, « Accès au marché des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro : état des lieux réglementaire en 2019 », Thèse d’exercice de pharmacie préparée à la Faculté de Pharmacie - Clermont Auvergne, Université Clermont Auvergne, 2019. [En ligne]. Disponible sur : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02370692/file/Th%C3%A8se%20BUGNET%20Quentin.pdf

[3] EvaluateMedTech, « World Preview 2018, Outlook to 2024 ». septembre 2018. Consulté le : 7 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.prnewswire.com/news-releases/medtech-market-to-achieve-global-sales-of-440-billion-by-2018-172274151.html

[4] MedTech Europe, « European IVD Market Statistics Report 2022 ». 22 décembre 2022. Consulté le : 12 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.medtecheurope.org/wp-content/uploads/2022/12/european-ivd-market-report-2022.pdf

[5] SIDIV, Syndicat de l’Industrie du Diagnostic In Vitro, « Cartographie 2023 de l’Industrie du DIV ». février 2023. Consulté le : 12 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.calameo.com/read/00740171420fb7fa77341?authid=ZBouvUkhs9HF

[6] « Règlement (UE) 2017/746 du Parlement européen et du Conseil du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro et abrogeant la directive 98/79/CE et la décision 2010/227/UE de la Commission (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE. ) », Journal officiel de l’Union européenne, https://eur-lex.europa.eu, mai 2017. Consulté le : 22 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : http://data.europa.eu/eli/reg/2017/746/oj/fra

[7] « Directive 98/79/CE du Parlement Européen et du Conseil du 27 octobre 1998 relative aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro », Journal officiel des Communautés européennes, https://eur-lex.europa.eu, Document 31998L0079, Journal officiel n° L 331 du 07/12/1998 p. 0001-0037, oct. 1998. Consulté le : 23 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:31998L0079

[8] Université de Lille, Europharmat, et SNITEM, Syndicat National de l’Industrie des Technologies Médicales, « Le Marquage CE des dispositifs médicaux ». Consulté le : 27 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://rpn-pharmacie.univ-lille.fr/marquagece/co/MarquageCE_web.html

[9] « Règlement d’exécution (UE) 2022/1107 de la Commission du 4 juillet 2022 établissant des spécifications communes pour certains dispositifs médicaux de diagnostic in vitro de classe D conformément au règlement (UE) 2017/746 du Parlement européen et du Conseil (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE) », Journal officiel de l’Union européenne, https://eur-lex.europa.eu, juill. 2022. Consulté le : 20 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : http://data.europa.eu/eli/reg_impl/2022/1107/oj/fra

[10] TS Quality & Engineering, ISO 13485 Certified Medical Device Consulting Services, « MEDDEV Guidance List - Download », Medical Device Regulation. Consulté le : 10 juin 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.medical-device-regulation.eu/meddev-guidance-list-download/

[11] Commission Européenne, « La Commission propose des mesures visant à améliorer la disponibilité des dispositifs de diagnostic in vitro », European Commission - European Commission. Consulté le : 23 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_24_346

[12] Medical Device Coordination Group, « MDCG 2020-16 rev.2 : Guidance on Classification Rules for in vitro Diagnostic Medical Devices under Regulation (EU) 2017/746 », févr. 2023. Consulté le : 20 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://health.ec.europa.eu/document/download/12f9756a-1e0d-4aed-9783-d948553f1705_en?filename=md_mdcg_2020_guidance_classification_ivd-md_en.pdf

[13] « Principles of In Vitro Diagnostic (IVD) Medical Devices Classification », IMDRF, International Medical Device Regulators Forum, IMDRF IVD Working Group, IMDRF/IVD WG/N64FINAL:2021, janv. 2021. [En ligne]. Disponible sur : https://www.imdrf.org/documents/principles-vitro-diagnostic-ivd-medical-devices-classification

[14] ANSM, Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé, « DMDIV - Principaux textes législatifs et réglementaires », ansm santé, https://ansm.sante.fr. Consulté le : 25 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://ansm.sante.fr/documents/reference/reglementation-relative-aux-dispositifs-medicaux-dm-et-aux-dispositifs-medicaux-de-diagnostic-in-vitro-dmdiv/dmdiv-principaux-textes-legislatifs-et-reglementaires

[15] Commission Européenne, https://eur-lex.europa.eu, « Proposition de Règlement du Parlement Européen et du Conseil modifiant les règlements (UE) 2017/745 et (UE) 2017/746 en ce qui concerne un déploiement progressif d’Eudamed, l’obligation d’information en cas d’interruption d’approvisionnement et les dispositions transitoires applicables à certains dispositifs médicaux de diagnostic in vitro », janv. 2024. Consulté le : 23 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52024PC0043

[16] Commission Européenne, « NANDO - List of Notified Bodies - Search by Legislation - Single Market Compliance Space », European Commission - European Commission. Consulté le : 23 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://webgate.ec.europa.eu/single-market-compliance-space/#/notified-bodies/by-legislation

[17] J. E. CHEDJOU TAKAM, « Élaboration de la Documentation Technique selon le Règlement 2017/746 & Mise à jour et Amélioration du Système de Management de la Qualité selon ISO 13485 : 2016 », Université de Technologie de Compiègne (France), Master Ingénierie de la Santé, Parcours Dispositifs Médicaux et Affaires Réglementaires (DMAR), https://travaux.master.utc.fr/, Mémoire de stage réf n°IDS049, sept. 2020. Consulté le : 23 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids049/

[18] « Directive 2001/83/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 novembre 2001 instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain », Journal officiel n° L 311 du 28/11/2001 p. 0067-0128, nov. 2001. Consulté le : 20 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : http://data.europa.eu/eli/dir/2001/83/oj/fra

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[20] « GENOTROPY ». Consulté le : 5 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.genotropy.com/accueil

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[23] C. LE VAN KIM, Y. COLIN, Y. BROSSARD, et J.-P. CARTRON, « Rh Haemolytic Disease of the Newborn and Rh genotyping by RFLP - and allele-specific — PCR », Transfus. Clin. Biol., vol. 2, no 4, p. 317‑324, 1995, doi : https://doi.org/10.1016/S1246-7820(05)80098-9.

[24] « Figure 1 : Schematic structure of the RHD locus. a Normal RhD positive... », ResearchGate. Consulté le : 18 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.researchgate.net/figure/Schematic-structure-of-the-RHD-locus-a-Normal-RhD-positive-individuals-b-RhD-negative_fig1_299542042

[25] « TEXTE consolidé : Règlement (UE) 2017/746 du Parlement Européen et du Conseil du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro et abrogeant la directive 98/79/CE et la décision 2010/227/UE de la Commission (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE) ». 20 mars 2023. Consulté le : 23 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX%3A02017R0746-20230320

[26] « Ordonnance n° 2022-1086 du 29 juillet 2022 portant adaptation du droit français au règlement (UE) 2017/746 du Parlement européen et du Conseil du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro - Légifrance », JORF n°0175 du 30 juillet 2022, Texte n°67, juill. 2022. Consulté le : 14 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046113837

[27] Medical Device Coordination Group, « MDCG 2022-8 : Regulation (EU) 2017/746 - application of IVDR requirements to “legacy devices” and to devices placed on the market prior to 26 May 2022 in accordance with Directive 98/79/EC », mai 2022. Consulté le : 22 avril 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://health.ec.europa.eu/document/download/76f9983e-164c-45f1-b2b9-c9e5050cefe9_en?filename=mdcg_2022-8_en.pdf

[28] L. BEUZELIN, A. DESGRANGES, et Q. EMILE, « Aide à l’appropriation de la norme ISO 13485 : 2016 », Université de Technologie de Compiègne, Master Technologies et Territoires de Santé (TTS), Mémoire d’Intelligence Méthodologique du projet d’Intégration, www.utc.fr/master-qualite, puis « Travaux » « Qualité-Management » réf n°425, https://doi.org/10.34746/5q5q-4q73, janv. 2018. [En ligne]. Disponible sur : https://www.utc.fr/master-qualite/public/publications/MQ_M2/2017-2018/MIM_projets/qpo12_2018_gr11_ISO_13485/QPO12_MIM_ISO13485_BEUZELIN_DESGRANGES_EMILE.pdf

[29] ANSM, Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé, « Déclarer / enregistrer des activités des opérateurs, des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro et de la personne en charge de la réactovigilance », ansm santé, https://ansm.sante.fr. Consulté le : 1 juin 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://ansm.sante.fr/vos-demarches/industriel/declarer-enregistrer-des-activites-des-operateurs-des-dispositifs-medicaux-de-diagnostic-in-vitro-et-de-la-personne-en-charge-de-la-reactovigilance

[30] ANSM, Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé, « La vigilance selon les nouveaux règlements DM 2017/745 et DMDIV 2017/746 ». 21 juin 2022. Consulté le : 25 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://ansm.sante.fr/uploads/2022/07/01/20220701-webinaire-compilation-vigilance-dm-juin-2022.pdf

[31] Medical Device Coordination Group, « MDCG 2022-12 : Guidance on harmonised administrative practices and alternative technical solutions until Eudamed is fully functional (for Regulation (EU) 2017/746 on in vitro diagnostic medical devices) », juill. 2022. Consulté le : 1 juin 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://health.ec.europa.eu/system/files/2022-07/md_mdcg_2022-12_guidance-admpractice_techsol_eudamed_en_0.pdf

[32] Commission Européenne, « 2010/227/: Décision de la Commission du 19 avril 2010 relative à la banque de données européenne sur les dispositifs médicaux (Eudamed) [notifiée sous le numéro C(2010) 2363] (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE) », avr. 2010. Consulté le : 1 juin 2024. [En ligne]. Disponible sur : http://data.europa.eu/eli/dec/2010/227/oj/fra

[33] European Commission, « Functional specifications for the European Database on Medical Devices (EUDAMED) - to be audited (only for Minimum Viable Product (MVP) Legal Priority) ». 15 décembre 2022. Consulté le : 1 juin 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://health.ec.europa.eu/document/download/be27b334-455d-4b54-9cef-3dd35b2e3c72_en?filename=md_eudamed_fs_v7_2_en.pdf

[34] AvantiAdmin, « How to read the SRN correctly », avanti europe, https://www.avanti-europe.ch. Consulté le : 1 juin 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.avanti-europe.ch/how-to-read-the-srn-correctly/

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[37]  SNITEM, Syndicat National de l’Industrie des Technologies Médicales, « L’Identifiant Unique du Dispositif (IUD) en pratique ». 2023. Consulté le : 1 juin 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.snitem.fr/wp-content/uploads/2020/03/Snitem-Europharmat-Poster-UDI.pdf

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[39] « Ordonnance n° 2022-582 du 20 avril 2022 portant adaptation du droit français au règlement (UE) 2017/745 du Parlement européen et du Conseil du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux », JORF n°0093 du 21 avril 2022, juill. 2022. Consulté le : 20 mai 2024. [En ligne]. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000045615353/2022-04-22/

IDS240 - La gestion des risques liés aux dispositifs médicaux selon la norme ISO 14971:2019 au sein d'une PME - Franklab SteriFrance

Auteure

Catia­na RAKOTOZAFY

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A rap­pe­ler pour tout usage : Catia­na RAKOTOZAFY, « La ges­tion des risques liés aux dis­po­si­tifs médi­caux selon la norme ISO 14971:2019 au sein d'une PME », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire d'Apprentissage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS240, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids240

Résumé

La ges­tion des risques est un élé­ment essen­tiel dans le déve­lop­pe­ment et la fabri­ca­tion des dis­po­si­tifs médi­caux. La norme ISO 14971 four­nit un cadre struc­tu­ré pour la ges­tion des risques, mais sa mise en place peut être com­plexe et néces­site une bonne com­pré­hen­sion de ses exi­gences et de ses principes.

Ce tra­vail explore le cadre régle­men­taire appli­cable aux dis­po­si­tifs médi­caux, en par­ti­cu­lier les exi­gences de l'ISO 14971:2019. La mise en œuvre de la ges­tion des risques au sein de Frank­lab Ste­ri­France, une PME, est décrite, en com­men­çant par une ana­lyse de l'existant, sui­vie d'une com­pa­rai­son avec les exi­gences normatives.

Sur la base de cette ana­lyse, des actions cor­rec­tives ont été mises en place pour ali­gner les pra­tiques de Frank­lab Ste­ri­France avec les exi­gences régle­men­taires. Aujourd'hui, grâce à une poli­tique de ges­tion des risques rigou­reuse et une démarche d'amélioration conti­nue, plu­sieurs non-confor­mi­tés ont été levés. Les pro­ces­sus de ges­tion des risques ont été opti­mi­sés, amé­lio­rant ain­si la sécu­ri­té des dis­po­si­tifs médi­caux et assu­rant une confor­mi­té totale avec les normes réglementaires.

Les résul­tats obte­nus démontrent l'impact posi­tif de la mise en œuvre de cette poli­tique de ges­tion des risques, sou­li­gnant l'importance de l'amélioration conti­nue pour main­te­nir et opti­mi­ser ces pra­tiques au sein de l'entreprise.

Abstract

Risk mana­ge­ment is an essen­tial ele­ment in the deve­lop­ment and manu­fac­ture of medi­cal devices. ISO 14971 pro­vides a struc­tu­red fra­me­work for risk mana­ge­ment, but its imple­men­ta­tion can be com­plex and requires a good unders­tan­ding of its requi­re­ments and principles.

This work explores the regu­la­to­ry fra­me­work appli­cable to medi­cal devices, in par­ti­cu­lar the requi­re­ments of ISO 14971:2019. The imple­men­ta­tion of risk mana­ge­ment at Frank­lab Ste­ri­France is des­cri­bed, star­ting with an ana­ly­sis of the exis­ting situa­tion, fol­lo­wed by a com­pa­ri­son with the nor­ma­tive requirements.

Based on this ana­ly­sis, cor­rec­tive actions were imple­men­ted to bring Frank­lab SteriFrance's prac­tices into line with regu­la­to­ry requi­re­ments. Today, thanks to a rigo­rous risk mana­ge­ment poli­cy and a conti­nuous impro­ve­ment approach, seve­ral non-confor­mi­ties have been lif­ted. Risk mana­ge­ment pro­cesses have been opti­mi­zed, impro­ving the safe­ty of medi­cal devices and ensu­ring full com­pliance with regu­la­to­ry standards.

The results obtai­ned demons­trate the posi­tive impact of imple­men­ting this risk mana­ge­ment poli­cy, under­li­ning the impor­tance of conti­nuous impro­ve­ment in main­tai­ning and opti­mi­zing these prac­tices within the company.

Mémoire confidentiel

IDS237 - Cheffe de Produit Junior en Électrophysiologie Cardiaque - Abbott Medical

Auteure

Asmae NADIM

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A rap­pe­ler pour tout usage : Asmae NADIM, « Chef de pro­duit junior en élec­tro­phy­sio­lo­gie car­diaque - Abbott Medi­cal », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire de Stage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS237, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids237/

Résumé

Les mala­dies car­dio­vas­cu­laires sont l’une des pre­mières causes de mor­ta­li­té dans le monde. Abbott Medi­cal est une des entre­prises lea­ders sur le mar­ché des dis­po­si­tifs médi­caux notam­ment dans le trai­te­ment des mala­dies car­diaques en par­ti­cu­lier les troubles du rythme car­diaque. Pour fina­li­ser mes études et mon mas­ter 2 Ingé­nie­rie de la San­té par­cours Tech­no­lo­gies Bio­mé­di­cales et Ter­ri­toires de san­té, j’ai réa­li­sé un stage de fin d’études de 6 mois au sein de cette entre­prise en tant que Cheffe de Pro­duit Junior en Élec­tro­phy­sio­lo­gie Cardiaque.

L’électrophysiologie car­diaque est un domaine com­plexe et riche qui  évo­lue très rapi­de­ment, durant ce stage j’ai pu accom­plir diverses mis­sions comme la veille concur­ren­tielle, l’analyse du mar­ché, la pré­pa­ra­tion de congrès, l’organisation de réunion régio­nale, la créa­tion de sup­port de com­mu­ni­ca­tion interne, l’arrêt de com­mer­cia­li­sa­tion et l’accompagnement de mise sur le mar­ché de produits. 

Ce mémoire met en avant le domaine de l’électrophysiologie car­diaque et le rôle d’un chef de pro­duit au sein d’une mul­ti­na­tio­nale qui ne cesse de se renou­ve­ler ain­si que les mis­sions aux­quelles j’ai pu prendre part lors de mon stage. Mais éga­le­ment l’apport per­son­nel et les com­pé­tences pro­fes­sion­nelles de cette expérience.

Abstract

Car­dio­vas­cu­lar diseases are one of the lea­ding causes of mor­ta­li­ty world­wide. Abbott Medi­cal is a lea­ding com­pa­ny in the medi­cal device mar­ket, par­ti­cu­lar­ly in the treat­ment of heart diseases, espe­cial­ly car­diac rhythm disor­ders. To com­plete my stu­dies and my Master's degree in Health Engi­nee­ring, spe­cia­li­zing in Bio­me­di­cal Tech­no­lo­gies and Health Ter­ri­to­ries, I com­ple­ted a 6-month final inter­n­ship at this com­pa­ny as a Junior Pro­duct Mana­ger in Car­diac Electrophysiology.

Car­diac elec­tro­phy­sio­lo­gy is a com­plex and rich field that is evol­ving rapid­ly. During this inter­n­ship, I was able to accom­plish various tasks such as com­pe­ti­tive intel­li­gence, mar­ket ana­ly­sis, congress pre­pa­ra­tion, regio­nal mee­ting orga­ni­za­tion, crea­tion of inter­nal com­mu­ni­ca­tion mate­rials, pro­duct dis­con­ti­nua­tion, and sup­port for pro­duct mar­ket launches.

This report high­lights the field of car­diac elec­tro­phy­sio­lo­gy and the role of a pro­duct mana­ger within a constant­ly evol­ving mul­ti­na­tio­nal com­pa­ny, as well as the mis­sions I was able to par­ti­ci­pate in during my inter­n­ship. It also covers the per­so­nal growth and pro­fes­sio­nal skills gai­ned from this experience.

Mémoire confidentiel

IDS236 - Ingénieur d'Application : Logiciel d'Imagerie Médicale - Avatar Medical

Auteure

MEDJ Marwa

Mar­wa MEDJ 

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A rap­pe­ler pour tout usage : Mar­wa MEDJ, « Ingé­nieur d'Application : Logi­ciel d'Imagerie Médi­cale - Ava­tar Medi­cal », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire d'Apprentissage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS236, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids236/

Résumé

Ce mémoire a pour but d’expliquer les mis­sions réa­li­sées en entre­prise lors d’une année d’apprentissage entre Ava­tar Medi­cal et le mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té (IdS) men­tion Tech­no­lo­gies Bio­mé­di­cales et Ter­ri­toires de San­té (TBTS) à l’Université Tech­no­lo­gique de Com­piègne (UTC). L'imagerie médi­cale donne accès à des visua­li­sa­tions détaillées des struc­tures internes du corps humain, essen­tielles pour le diag­nos­tic et le trai­te­ment. Fon­dée en 2020, Ava­tar Medi­cal est une start-up spé­cia­li­sée dans la trans­for­ma­tion des images médi­cales DICOM issues de scan­ners et d'IRM en ava­tars 3D tout en alliant la réa­li­té vir­tuelle. Cette entre­prise se dis­tingue à l'intersection de la tech­no­lo­gie et de la méde­cine, avec des appli­ca­tions prin­ci­pales telles que la pla­ni­fi­ca­tion chi­rur­gi­cale, l'enseignement ana­to­mique avan­cé, et l'engagement patient. Ces solu­tions visent à amé­lio­rer la pré­pa­ra­tion chi­rur­gi­cale, enri­chir la for­ma­tion médi­cale et ren­for­cer l'implication des patients. Ce mémoire explore en détail le pro­ces­sus de vente d'Avatar Medi­cal, en met­tant l'accent sur l'adaptation aux besoins des pros­pects et la ges­tion des risques, de la pros­pec­tion à la conver­sion client.

Abstract

This report aims to explain the tasks car­ried out during a year of work-stu­dy bet­ween Ava­tar Medi­cal and the Master's pro­gram in Health Engi­nee­ring (IdS), spe­cia­li­zing in Bio­me­di­cal Tech­no­lo­gies and Health Ter­ri­to­ries (TBTS) at the Uni­ver­si­ty of Tech­no­lo­gy of Com­piègne (UTC). Medi­cal ima­ging pro­vides detai­led visua­li­za­tions of inter­nal human body struc­tures, essen­tial for diag­no­sis and treat­ment. Foun­ded in 2020, Ava­tar Medi­cal is a star­tup spe­cia­li­zing in trans­for­ming DICOM medi­cal images from scan­ners and MRIs into 3D ava­tars while inte­gra­ting vir­tual rea­li­ty. The com­pa­ny stands at the inter­sec­tion of tech­no­lo­gy and medi­cine, with main appli­ca­tions inclu­ding sur­gi­cal plan­ning, advan­ced ana­to­mi­cal edu­ca­tion, and patient enga­ge­ment. These solu­tions aim to improve sur­gi­cal pre­pa­ra­tion, enhance medi­cal trai­ning, and streng­then patient invol­ve­ment. This report pro­vides a detai­led explo­ra­tion of Ava­tar Medical's sales pro­cess, focu­sing on adap­ting to the needs of pros­pects and mana­ging risks from ini­tial contact to client conversion.

Mémoire confidentiel

IDS232 - Mise en place de la gestion documentaire pour l'obtention de la certification "AFAQ Service Biomédical"

Auteure

Naï­da IBRAHIM

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A rap­pe­ler pour tout usage : Naï­da IBRAHIM, « Mise en place de la ges­tion docu­men­taire pour l'obtention de la cer­ti­fi­ca­tion "AFAQ Ser­vice Bio­mé­di­cal"», Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire de Stage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS232, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids232/

Résumé

Le ser­vice bio­mé­di­cal du Centre Hos­pi­ta­lier Prin­cesse Grace (CHPG) de Mona­co, enga­gé dans la quête de l'excellence, vise à obte­nir la nou­velle cer­ti­fi­ca­tion « AFAQ Ser­vice Bio­mé­di­cal ». Ini­tiée en 2018 par l'Association Fran­çaise des Ingé­nieurs Bio­mé­di­caux, l'Association des Agents de Main­te­nance Bio­mé­di­cale et l'AFNOR, cette cer­ti­fi­ca­tion garan­tit des stan­dards éle­vés de qua­li­té et de sécu­ri­té. Pour le ser­vice bio­mé­di­cal du CHPG, cette étape repré­sente une pre­mière avan­cée vers l'objectif ultime d'obtenir la cer­ti­fi­ca­tion ISO 9001, qui éta­blit les exi­gences pour un sys­tème de mana­ge­ment de la qua­li­té, appli­cable à toute orga­ni­sa­tion, quel que soit son sec­teur d'activité. Cette der­nière cer­ti­fi­ca­tion est recon­nue pour sa com­plexi­té, son coût éle­vé et la durée néces­saire à son obtention.

Ce mémoire explore la mise en place d’un Sys­tème de Mana­ge­ment de la Qua­li­té (SMQ), en met­tant l'accent sur une ges­tion docu­men­taire rigou­reuse. En struc­tu­rant et opti­mi­sant cette ges­tion, le mémoire démontre com­ment for­ma­li­ser les pro­ces­sus et assu­rer la confor­mi­té aux exi­gences de la cer­ti­fi­ca­tion « AFAQ Ser­vice Bio­mé­di­cal », tout en ren­for­çant la ges­tion de la main­te­nance des dis­po­si­tifs médi­caux. Cette ini­tia­tive sou­tient non seule­ment la sécu­ri­té des soins et la ges­tion des risques, mais aus­si une amé­lio­ra­tion conti­nue des pra­tiques biomédicales.

Le pro­jet éta­blit les bases pour que le ser­vice bio­mé­di­cal conti­nue de contri­buer à la qua­li­té des soins déli­vrés par le CHPG, offrant ain­si un exemple ins­pi­rant pour d’autres ser­vices bio­mé­di­caux cher­chant à obte­nir des cer­ti­fi­ca­tions similaires.

Abstract

The Bio­me­di­cal Ser­vice of the Prin­cess Grace Hos­pi­tal Cen­ter (CHPG) in Mona­co, com­mit­ted to the pur­suit of excel­lence, aims to obtain the new "AFAQ Bio­me­di­cal Ser­vice" cer­ti­fi­ca­tion. Ini­tia­ted in 2018 by the French Asso­cia­tion of Bio­me­di­cal Engi­neers, the Asso­cia­tion of Bio­me­di­cal Main­te­nance Tech­ni­cians, and AFNOR, this cer­ti­fi­ca­tion ensures high stan­dards of qua­li­ty and safe­ty. For the bio­me­di­cal ser­vice of CHPG, this step repre­sents a first advan­ce­ment towards the ulti­mate goal of obtai­ning the ISO 9001 cer­ti­fi­ca­tion, which esta­blishes requi­re­ments for a qua­li­ty mana­ge­ment sys­tem appli­cable to any orga­ni­za­tion, regard­less of its sec­tor of acti­vi­ty. This cer­ti­fi­ca­tion is known for its com­plexi­ty, high cost, and the time requi­red to achieve it.

This report explores the imple­men­ta­tion of a Qua­li­ty Mana­ge­ment Sys­tem (QMS), with a focus on rigo­rous docu­ment mana­ge­ment. By struc­tu­ring and opti­mi­zing this mana­ge­ment, the report demons­trates how to for­ma­lize pro­cesses and ensure com­pliance with the "AFAQ Bio­me­di­cal Ser­vice" cer­ti­fi­ca­tion requi­re­ments, while enhan­cing the main­te­nance mana­ge­ment of medi­cal devices. This ini­tia­tive not only sup­ports the safe­ty of care and risk mana­ge­ment but also fos­ters conti­nuous impro­ve­ment of bio­me­di­cal practices. 

The pro­ject esta­blishes the foun­da­tion for the bio­me­di­cal ser­vice to conti­nue contri­bu­ting to the qua­li­ty of care deli­ve­red by the CHPG, pro­vi­ding an ins­pi­ring example for other bio­me­di­cal ser­vices see­king simi­lar certifications.

Mémoire confidentiel

IDS231 - Ingénieur d’applications en échographie Cardiovasculaire et Point of Care - L’échocardiographie et la mini-sonde d’échographie transoesophagienne en cardiologie interventionnelle

Auteur

Yan HUSEIN

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Citation

A rap­pe­ler pour tout usage : Yan HUSEIN, « Ingé­nieur d’applications en écho­gra­phie Car­dio­vas­cu­laire et Point of Care - L’échocardiographie et la mini-sonde d’échographie trans­oe­so­pha­gienne en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire de Stage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS231, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/type-de-travaux/ids231

Résumé

En ima­ge­rie médi­cale, l’échographie est, des points de vue patient et méde­cin, la moda­li­té la plus simple à mettre en place, la moins oné­reuse, la plus rapide, et pré­sen­tant le moins de risques. Elle s’est rapi­de­ment ins­tal­lée en car­dio­lo­gie, et demeure aujourd’hui indis­pen­sable à l’examen des struc­tures et de la fonc­tion car­diaques. Elle s’est aus­si implan­tée en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle, pour le gui­dage du méde­cin lors de l’opération per­cu­ta­née, dans de nom­breuses indi­ca­tions. L’échographie s’y est si bien implan­tée qu’on en a créé une sous-spé­cia­li­sa­tion de car­dio­lo­gie : les car­dio­logues échographistes.

Aujourd’hui, le sys­tème de san­té fran­çais fait face à de nom­breux enjeux, qui se sont construits avec le temps : la démo­gra­phie médi­cale baisse et sa répar­ti­tion sur le ter­ri­toire est inégale, en par­ti­cu­lier chez les anes­thé­sistes, la popu­la­tion vieillit et les mala­dies chro­niques aug­mentent, et les dépenses en san­té ne font que croître. De nom­breuses mesures sont alors mises en place depuis plu­sieurs années afin d’améliorer la situa­tion qui évo­lue constam­ment, issues des stra­té­gies natio­nales de san­té émises tous les 5 ans. Pro­gres­si­ve­ment, on pal­lie ces pro­blèmes grâce aux lois mises en place, avec un « virage ambu­la­toire » comme une des mesures phares.

L’innovation tech­no­lo­gique en est en par­tie res­pon­sable. En l’occurrence, GE Heal­th­Care com­mer­cia­lise depuis 2022 la mini-sonde pour écho­gra­phie trans­oe­so­pha­gienne (ETO), la 9VT, qui encou­rage la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle à bas­cu­ler de l’hospitalisation conven­tion­nelle des patients vers l’ambulatoire. Ce rap­port retrace donc l’implantation de l’échographie en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle et les béné­fices que la minia­tu­ri­sa­tion de la sonde ETO a appor­tés à la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle et, plus glo­ba­le­ment, au sys­tème de san­té fran­çais, et, enfin, les chan­ge­ments impli­qués dans le métier d’ingénieur d’applications en ultrasons.

Abstract

From a patient and phy­si­cian stand­point, ultra­sound is the sim­plest, least expen­sive, fas­test, and least ris­ky ima­ging moda­li­ty in medi­cal ima­ging. It qui­ck­ly became esta­bli­shed in car­dio­lo­gy and remains essen­tial for exa­mi­ning car­diac struc­tures and func­tion today. It has also been imple­men­ted in inter­ven­tio­nal car­dio­lo­gy to guide the phy­si­cian during per­cu­ta­neous pro­ce­dures in nume­rous indi­ca­tions. Ultra­sound has become so well esta­bli­shed in this field that a sub­spe­cial­ty of car­dio­lo­gy has been crea­ted : echo­car­dio­lo­gist cardiologists.

Today, the French heal­th­care sys­tem faces nume­rous chal­lenges that have built up over time : the medi­cal demo­gra­phy is decli­ning and its dis­tri­bu­tion across the coun­try is une­ven, par­ti­cu­lar­ly among anes­the­sio­lo­gists, the popu­la­tion is aging and chro­nic diseases are increa­sing, and heal­th­care spen­ding is only gro­wing. Nume­rous mea­sures have been imple­men­ted for seve­ral years to improve the constant­ly evol­ving situa­tion, resul­ting from natio­nal health stra­te­gies issued eve­ry 5 years. Gra­dual­ly, these pro­blems are being addres­sed thanks to the laws put in place, with "ambu­la­to­ry sur­ge­ry" as one of the key measures.

Tech­no­lo­gi­cal inno­va­tion is part­ly res­pon­sible for this. In this case, GE Heal­th­Care has been mar­ke­ting the mini-tran­se­so­pha­geal echo­car­dio­gra­phy (ETO) probe, the 9VT, since 2022, which is encou­ra­ging inter­ven­tio­nal car­dio­lo­gy to switch from conven­tio­nal hos­pi­ta­li­za­tion of patients to out­pa­tient care. This report the­re­fore traces the imple­men­ta­tion of ultra­sound in inter­ven­tio­nal car­dio­lo­gy and the bene­fits that the minia­tu­ri­za­tion of the ETO probe has brought to inter­ven­tio­nal car­dio­lo­gy and, more gene­ral­ly, to the French heal­th­care sys­tem, and final­ly, the changes invol­ved in the pro­fes­sion of ultra­sound appli­ca­tion engineer.

Key­words : Appli­ca­tion engi­neer, Echo­gra­phy, Inter­ven­tio­nal car­dio­lo­gy, Minia­tu­ri­za­tion of a medi­cal device, Out­pa­tient surgery

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IDS 231 - Yan HUSEIN - Ingénieur d'applications ultrasons
IDS 231 - Yan HUSEIN - Ingé­nieur d'applications ultrasons

Rap­port de stage d'ingénieur d'applications ultra­sons car­dio­vas­cu­laire et point of care. L'échocardiographie et la mini-sonde d'ETO en car­dio­lo­gie interventionnelle.

Mémoire Complet

L’échocardiographie et la mini-sonde d’échographie transoesophagienne en cardiologie interventionnelle

Remerciements

Avant de com­men­cer ce rap­port, je tiens à remer­cier toutes les per­sonnes qui m’ont accom­pa­gné, aidé, conseillé, ensei­gné durant mon stage. Je remer­cie tout d’abord mes parents, qui m’ont accom­pa­gné tout au long de mon long par­cours d’études, et qui m’ont tou­jours aidé. Mer­ci pour votre patience, ce diplôme, c’est aus­si le vôtre. Mer­ci à mes frères et sœurs qui sont tou­jours là pour moi.

Ces remer­cie­ments s’adressent aus­si à mes amis, du mas­ter et d’avant, d’avoir tou­jours été là et de m’avoir assis­té de toutes les manières, en par­ti­cu­lier Alexandre, Ariane, Aash­na, Claire, Was­sim, Antoine.

Je remer­cie mon mana­ger Eloge TINHAN, de m’avoir offert cette oppor­tu­ni­té d’évoluer au sein de son équipe, de décou­vrir l’entreprise et de tra­vailler avec d’excellents pro­duits. Mer­ci à celles et ceux qui, dans l’équipe, m’ont tant appris, m’ont accom­pa­gné avec bien­veillance et ont contri­bué au bon dérou­le­ment de mon stage.

Mer­ci à Zaka­ria ZAROUI d’avoir tou­jours répon­du à mes appels et mes ques­tions, de m’avoir sui­vi pen­dant mon stage et de m’avoir ensei­gné tant de choses, et à Hou­da HAFI de m’avoir mon­tré son quo­ti­dien, et appris le ter­rain. Mer­ci à Fran­çois BIALY et à Pau­clair MOMO GUENA, res­pon­sables des ventes publiques et pri­vées dans mon sec­teur, d’avoir aus­si été là pour moi pen­dant mon stage, d’avoir contri­bué à mon appren­tis­sage sur le ter­rain et de m’avoir accor­dé votre confiance. J’espère à l’avenir que vous pour­rez comp­ter sur moi autant que nécessaire.

Je tiens enfin à remer­cier Madame Julie FOLLET, ma sui­veuse à l’UTC, de m’avoir accom­pa­gné et aidé à enca­drer mon stage, ain­si que Madame Isa­belle CLAUDE et Mon­sieur Jean-Mat­thieu PROT et tous les ensei­gnants du mas­ter pour votre for­ma­tion et vos enseignements.

Liste des abréviations

Table des figures

Figure 1 : Voluson S10 Expert BT22 [52]
Figure 2 : Versana Premier [52]
Figure 3 : Logiq E10s [52]
Figure 4 : Venue [52]
Figure 5 : Vscan Air SL [52]
Figure 6 : Vivid E95 [52]
Figure 7 : Schéma simplifié de l'anatomie du cœur [6].
Figure 8 : Schéma de l'anatomie des feuillets des valves. En anglais : la valve aortique : Left, Right et Non Coronary Cusp (LCC, RCC et NCC). La valve pulmonaire : Anterior, Left et Right Cusp (AC, LC et RC). La valve mitrale : feuillet Anterior (A1, A2, A3) et Posterior (P1, P2, P3). La valve tricuspide : feuillets Anterior, Posterior et Septal (A, P, S) [8].
Figure 9 : Schéma de la circulation sanguine au sein du cœur [5].
Figure 10 : 4 vues importantes en ETT et le schéma du cœur correspondant. De gauche à droite sur la première ligne : vue apicale 4 cavités (VG, OG, VD et OD) et vue apicale 2 cavités (VG et OG). Sur la deuxième ligne : vue para-sternale grand axe, puis vue parasternale petit axe [9].
Figure 11 : Le module de Strain de GEHC. Le tracking est fait sur les trois vues 4 cavités, 2 cavités et 3 cavités et donne un graphique en "oeil de boeuf" et la FE. Source : auteur
Figure 12 : La sonde d'ETO 3D/4D classique de General Electric HealthCare 6VT [52].
Figure 13 : Schéma des différentes vues obtenues par ETO en fonction de la position de la sonde et de l'angle de béquillage [14].
Figure 14 : Schéma de la pose d'un clip mitral MitraClip [23].
Figure 15 : Large FOP visible à l'ETT [25].
Figure 16 : Courbe de l'évolution en pourcentage de la DCSi par année [31].
Figure 17 : Nombre de places ouvertes en deuxième année en études de médecine [37].
Figure 18 : Nombre et densité de médecins en activités d’après le scénario tendanciel [38].
Figure 19 : Répartition des médecins en activité selon les groupes de spécialités en 2010, 2022 et 2023 [37].
Figure 20 : Variations en % départementales des densités pour 100 000 habitants de médecins spécialistes hors MG en activité régulière entre 2010 et 2022, en % [39].
Figure 21 : Part des Français qui jugent que la pauvreté, l'exclusion et les inégalités ont augmenté en 2015, en % [41].
Figure 22 : Diapositive de Nicolas AMABILE exposant les indications actuelles et potentielles pour la FAG.

Introduction

L’apparition de l’échographie comme tech­nique d’exploration du corps s’est vite tour­née vers l’exploration car­diaque, puisqu’à son appa­ri­tion, et notam­ment au début des années 50, avant l’angiocardiographie, il n’existait encore aucun moyen d’étudier le fonc­tion­ne­ment des ven­tri­cules car­diaques et de leurs valves.

La tech­nique et la tech­no­lo­gie évo­luent avec le temps et ont conduit aujourd’hui à des machines com­plexes et com­plètes, ven­dues par dif­fé­rents construc­teurs. GE Heal­th­Care pro­pose de larges gammes variées d’échographes, à l’ergonomie et aux fonc­tion­na­li­tés variant selon les spé­cia­li­tés de méde­cine visées. Ces machines s’accompagnent de leurs sondes, qui changent aus­si d’aspect et de mode de fonc­tion­ne­ment selon la fina­li­té dési­rée et le type d’examen réa­li­sé [1].

De plus, les récentes lois et déci­sions poli­tiques en France conduisent le sys­tème de san­té natio­nal vers une sim­pli­fi­ca­tion et une réor­ga­ni­sa­tion vers les soins de proxi­mi­té avec un virage ambu­la­toire comme mesure phare depuis plu­sieurs années. Cela pousse les construc­teurs de dis­po­si­tifs médi­caux (DM) à pro­po­ser des solu­tions et des pro­duits favo­ri­sant les soins ambu­la­toires, et les méde­cins à déve­lop­per de nou­velles pra­tiques et s’y adap­ter. Dans ce contexte, on peut se deman­der com­ment l’échographie s’est-elle implan­tée en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle, et com­ment la minia­tu­ri­sa­tion d’un DM peut-elle trans­for­mer le par­cours du patient ?

La sonde pour écho­gra­phie trans­oe­so­pha­gienne (ETO) 6VT est un exemple de DM qui s’adapte à ces nou­velles pra­tiques, puisque de nom­breux méde­cins la rem­placent aujourd’hui par son homo­logue la 9VT, plus fine, plus légère et plus tolé­rable par le patient. En tant qu’ingénieur d’applications en écho­gra­phie Car­dio­vas­cu­laire et Point of Care, j’ai pu voir de nom­breux exa­mens dans dif­fé­rents ser­vices, et voir concrè­te­ment les apports de l’utilisation de la petite sonde par rap­port à sa grande sœur. Pour répondre à cette pro­blé­ma­tique, je vais détailler dans ce rap­port le prin­cipe de l’échographie car­diaque et de l’échographie trans­oe­so­pha­gienne (ETO) en liant la lit­té­ra­ture à mon expé­rience ter­rain, tout en me foca­li­sant sur la mini-sonde ETO 9VT de Gene­ral Elec­tric HealthCare.

Chapitre I : L'échocardiographie par GE HealthCare

I. GE HealthCare et l'échographie

a. Un leader mondial de l'imagerie médicale

Gene­ral Elec­tric Heal­th­Care (GEHC) est une entre­prise indé­pen­dante de tech­no­lo­gies médi­cales, spé­cia­li­sée dans l’imagerie. Elle pro­duit et com­mer­cia­lise prin­ci­pa­le­ment de larges gammes de dis­po­si­tifs médi­caux d’imagerie, de pro­duits de contrastes en ima­ge­rie médi­cale et de radio­phar­ma­ceu­tiques. A la suite d’une longue his­toire d’évolution, d’acquisitions et d’investissements, l’entreprise GE se déve­loppe pour pro­po­ser fin 2022 de nom­breuses filiales, telles que GE Aeros­pace, GE Power, GE Finance ou GE Heal­th­care. Cette der­nière est donc fon­dée en 1994, sous le nom de GE Medi­cal Sys­tems, après de nom­breuses acqui­si­tions et beau­coup d’investissements en R&D, prin­ci­pa­le­ment autour de l’imagerie médi­cale, en Amé­rique du Nord et en Europe.

D’après le Syn­di­cat Natio­nal de l'Industrie des Tech­no­lo­gies Médi­cales (SNITEM), GEHC fait par­tie des 3 acteurs majeurs (avec Phi­lips et Sie­mens Heal­thi­neers) qui détiennent les 2/3 du mar­ché de l’imagerie médi­cale en France, pour un mar­ché qui repré­sente plus d’un mil­liard d’euros, avec entre 4 et 5% de crois­sance annuelle [2]. Cette posi­tion domi­nante se ren­force avec son lea­der­ship sur les DM d’intelligence arti­fi­cielle (IA), puisque l’entreprise se place en tête de la liste des DM d’IA de la Food and Drugs Admi­nis­tra­tion (FDA) en 2023 pour la deuxième année consé­cu­tive (58 DM au total) [3]. GEHC se place donc en lea­der sur le mar­ché de l’imagerie médi­cale, qui conti­nue de croître annuel­le­ment en France et dans le monde.

Pré­sente dans plus de 160 pays, pour une base ins­tal­lée de plus de 4 mil­liards de pro­duits et solu­tions, GEHC per­met la prise en charge de plus d’un mil­liard de patients chaque année. GEHC tra­vaille avec plus de 51 000 col­la­bo­ra­teurs dans le monde, dont 1800 ingé­nieurs d’applications et en R&D, qui se répar­tissent en quatre divi­sions : Ima­ge­rie, Echo­gra­phie, Patient Care Solu­tions (PCS, Moni­to­rage d’anesthésie-réanimation) et Phar­ma­ceu­ti­cal Diag­nos­tics (PDx).

En jan­vier 2023, GEHC devient indé­pen­dante. Ce spin-off, fruit d’une déci­sion stra­té­gique, lui offre plus de liber­tés et de sou­plesse et de nom­breux avan­tages. En effet, quit­ter ce conglo­mé­rat amé­ri­cain qu’est GE per­met à GEHC de se concen­trer davan­tage sur les mar­chés clés et d’accélérer l’innovation. Cette liber­té d’action offre à l’entreprise une flexi­bi­li­té dans sa prise de déci­sion, de manière auto­nome et plus rapide, un accès plus facile aux capi­taux pour les inves­tis­se­ments et une culture d’entreprise plus agile.

Ain­si, GEHC pro­pose des pro­duits à tous les stades du par­cours patient : pré­ven­tion, diag­nos­tic, trai­te­ment et sui­vi. Cela com­prend les appa­reils d’imagerie lourde tels que la tomo­den­si­to­mé­trie (TDM), l’imagerie par réson­nance magné­tique (IRM) ou la tomo­gra­phie par émis­sion de posi­tons (TEP), les dif­fé­rentes gammes d’échographes et l’échographe ultra­por­table, des moni­teurs patients et des ven­ti­la­teurs de soins inten­sifs, quelques pro­duits de contrastes en ima­ge­rie par rayons X et IRM et, enfin, de nom­breuses solu­tions infor­ma­tiques de ges­tion des soins et d’optimisation du par­cours patient (dif­fé­rentes solu­tions notam­ment pour la ges­tion et l’optimisation des don­nées patients, l’IA pour l’analyse des images médicales…).

b. La division Ultrasons

D’après Sta­tis­ta, l’échographie repré­sente avec la radio­gra­phie conven­tion­nelle plus de 60 mil­lions d’actes par an en France, consti­tuant la majo­ri­té des actes d’imagerie médi­cale, contre 3,5 mil­lions pour l’ensemble des autres moda­li­tés d’imagerie. L’échographie repré­sente alors en France un mar­ché d’environ 300 mil­lions d’euros, et devient un exa­men indis­pen­sable dans de nom­breuses spé­cia­li­tés de méde­cine, incluant la gyné­co­lo­gie-obs­té­trique, la car­dio­lo­gie, la radio­lo­gie ou l’anesthésie. La crois­sance de la popu­la­tion, son vieillis­se­ment, l’augmentation des mala­dies chro­niques et de la demande en ima­ge­rie sont les prin­ci­paux fac­teurs res­pon­sables de la crois­sance du mar­ché future. De plus, l’échographie per­met­tant une visua­li­sa­tion rapide et simple, non irra­diante et non inva­sive des patients com­mence à se répandre à de nou­velles spé­cia­li­tés de méde­cine, comme les urgences [4]. Le déve­lop­pe­ment de la tech­no­lo­gie a per­mis aujourd’hui de pro­po­ser des gammes ultra­por­tables, très simples à mani­pu­ler, qui s’adapte à ces spé­cia­li­tés nou­velles et à toutes les uti­li­sa­tions. Enfin, de nou­velles pos­si­bi­li­tés avec l’imagerie 3D/4D, l’intelligence arti­fi­cielle et une excel­lente qua­li­té d’image offrent de nom­breux para­mètres puis­sants dans le pro­nos­tic de nom­breuses mala­dies, notam­ment en cardiologie.

Positionnement des gammes

La divi­sion ultra­sons de GEHC se dis­tingue de ses concur­rents, puisqu’elle pro­pose plu­sieurs gammes de pro­duits spé­cia­li­sés, qui s’adaptent aux besoins des pra­ti­ciens. Cer­taines gammes ont été déve­lop­pées chez GE après l’acquisition d’autres petites entre­prises. C’est le cas de la gamme Volu­son, après l’acquisition de Kretz­tech­nik en 2001 ou de la gamme des Vivid qui fait suite à l’acquisition de Ving­med en 1998. L’acquisition plus récentes de BK Medi­cal a offert à GE de nou­velles tech­no­lo­gies de sondes et de solu­tions logi­cielles, accen­tuant leur posi­tion de lea­der sur le mar­ché. Plus glo­ba­le­ment, le mar­ché de l’échographie mon­diale est carac­té­ri­sé par quelques grosses acqui­si­tions par les grandes entre­prises qui le dominent aujourd’hui, pla­çant à sa tête GEHC, sui­vi par Phi­lips, Fuji­film puis Canon (Annexe 1). La gamme Logiq quant à elle, a été la pre­mière à être déve­lop­pée par GEHC, sui­vie plus récem­ment par la gamme des Venue, qui a été conçue pour être simple d’utilisation et dédiée aux spé­cia­li­tés de PoC.

La diver­si­té des pro­duits de GEHC lui per­met de cou­vrir un large éven­tail de seg­ments de mar­ché, avec des solu­tions dédiées à de nom­breuses spé­cia­li­tés médi­cales. Cette stra­té­gie pré­sente des avan­tages indé­niables, en offrant aux pro­fes­sion­nels de san­té des outils adap­tés à leurs besoins spé­ci­fiques, mais ces avan­tages font aus­si les fai­blesses de l’entreprise : GEHC ne pro­pose pas actuel­le­ment de pro­duit aux fonc­tion­na­li­tés mul­tiples capable de s'adapter à des uti­li­sa­tions variées. Dans le contexte actuel où les déserts médi­caux s’intensifient, les méde­cins se réunissent sou­vent dans des struc­tures poly­va­lentes comme les mai­sons médi­cales, sou­te­nus par les poli­tiques récentes (Ma San­té 2022), avec des spé­cia­li­tés variées et com­plé­men­taires. L’entreprise ne pro­pose alors pas un pro­duit qui se posi­tionne cor­rec­te­ment dans ces contextes et qui puisse bas­cu­ler d’une spé­cia­li­té médi­cale à une autre faci­le­ment, et on se retrouve en dif­fi­cul­té face aux concur­rents qui vendent des pro­duits plus polyvalents.

Dans le contexte de la gamme car­dio­vas­cu­laire (CVUS), les pro­duits Vivid sont spé­ci­fiques de la car­dio­lo­gie, mais ne sont pas tou­jours adap­tés à la méde­cine vas­cu­laire. Ain­si, un car­dio­logue uti­li­se­ra un Vivid, dont l’ergonomie et les modes et options sont spé­ci­fiques à la spé­cia­li­té, et un angio­logue trou­ve­ra son compte avec un Logiq, qui montre de meilleures per­for­mances pour l’étude des vais­seaux (meilleur Dop­pler cou­leur, B-Flow…). Cepen­dant, un Logiq ne sera pas for­cé­ment adap­té à un ser­vice qui com­prend des car­dio­logues et des angio­logues ; un Vivid serait idéal, mais la moins bonne per­for­mance en vas­cu­laire nous met­trait en dif­fi­cul­té face aux concur­rents. De la même manière, en urgences, dans un ser­vice où l’échographie a des uti­li­sa­tions très variées, la machine posi­tion­née dans ces ser­vices peut chan­ger en fonc­tion des besoins des méde­cins. Mal­gré tout, la place de lea­der mon­dial des DM d’imagerie ultra­so­nore est per­mise grâce aux larges gammes de pro­duits très per­for­mants et dédiées à dif­fé­rentes spécialités :

Figure 1 : Voluson S10 Expert BT22 [52]
Figure 2 : Ver­sa­na Pre­mier [52]
Figure 3 : Logiq E10s [52]
Figure 4 : Venue [52]
Figure 5 : Vscan Air SL [52]
Figure 6 : Vivid E95 [52]
La gamme Vivid

En tant qu’ingénieur d’applications PoC et CVUS, je tra­vaillais prin­ci­pa­le­ment avec des Vivid et Venue, et aus­si et en moindre mesure des Logiq et les Vscan. Mon acti­vi­té tour­nait donc autour de ces sys­tèmes, et prin­ci­pa­le­ment des machines com­plexes que sont les Vivid.

Dans la gamme Vivid, les tech­no­lo­gies dif­fèrent en fonc­tion de l’échographe. C’est l’architecture du for­ma­teur de fais­ceau qui influe sur la qua­li­té d’image et fait la dif­fé­rence dans le posi­tion­ne­ment des machines dans la gamme. Les T8 et T9 Matrix uti­lisent la tech­no­lo­gie du TruS­can héri­tier de l’ancien Vivid E9, qui fut long­temps le haut de gamme de l’échocardiographie. Minia­tu­ri­sé et amé­lio­ré, le TruS­can est aujourd’hui adap­té aux Vivid T. Les Vivid S70 et S70 Dimen­sion et les Vivid IQ quant à eux uti­lisent le for­ma­teur de fais­ceau cSound, la nou­velle géné­ra­tion de cette tech­no­lo­gie. Enfin, les E90 et E95 ont une archi­tec­ture cSound amé­lio­rée, la cSound adapt, offrant l’option Hybrid, amé­lio­rant la qua­li­té glo­bale de l’image. Les machines uti­li­sant cSound comme archi­tec­ture de for­ma­teur de fais­ceau voient éga­le­ment leur connec­teur de sonde évo­luer : les connec­teurs RS deviennent des connec­teurs D. Cette nou­velle connec­ti­vi­té offre une meilleure trans­duc­tion du signal ultra­so­nore et donc une meilleure image. Ain­si, plus on monte dans la gamme, meilleure est l’image de l’échographe.

Le choix d’une machine dépend ensuite des besoins du méde­cin et des options et fonc­tion­na­li­tés qui l’intéressent, qui varient en fonc­tion de la machine, mais aus­si des sondes com­pa­tibles. Aujourd’hui, la sonde car­diaque adulte de réfé­rence est la sonde pha­sed-array matri­cielle M5Sc. La dis­po­si­tion matri­cielle des cris­taux trans­duc­teurs des ultra­sons offre une meilleure qua­li­té d’image, une plus grande pro­fon­deur de péné­tra­tion et une meilleure réso­lu­tion spa­tiale. Cette sonde n’est pas com­pa­tible avec les T8, sur les­quels l’ancienne ver­sion est uti­li­sée, la 3Sc. D’autres sondes ne sont pas com­pa­tibles sur toutes les machines, telles que la sonde volu­mique 4Vc qui per­met d’obtenir des images mul­ti­plans et 4D en écho­gra­phie trans­tho­ra­cique (ETT), qui n’est com­pa­tible qu’à par­tir du S70, ou les sondes pour ETO 6VT et 10T qui ne sont com­pa­tibles qu’à par­tir du S60, ou enfin la sonde 9VT qui fait l’objet de ce rap­port de stage, qui n’est com­pa­tible qu’avec le E95.

Enfin, des options logi­cielles ne sont pas com­pa­tibles sur toutes les machines, notam­ment les modules de strain AFI (Auto­ma­ted Func­tion Ima­ging) du VD et OG (en plus de l’AFI VG, qui est dis­po­nible sur toutes les machines) et les outils de recon­nais­sance auto­ma­tique 2D et du spectre Dop­pler (AI auto-mea­sure 2D/Doppler) indis­po­nible sur le T8, le tra­vail myo­car­dique qui n’est com­pa­tible que sur les E90 et 95 et d’autres options d’optimisation de la 4D sur les E90 et 95.

La gamme Vivid convient donc par­fai­te­ment aux car­dio­logues, tant dans l’ergonomie glo­bale de l’appareil et celle du logi­ciel, avec les mesures adap­tées per­son­na­li­sées et orga­ni­sées selon l’activité des méde­cins dans la spé­cia­li­té, que dans la pré­sence des options uniques et spé­ci­fiques à la car­dio­lo­gie, telles que le cal­cul de la frac­tion d’éjection auto­ma­tique, le module de strain myo­car­dique, ou la visua­li­sa­tion 4D du cœur en ETT ou ETO.

II.             L’imagerie par ultrasons pour étudier le cœur

a.    Anatomie

En car­dio­lo­gie, l’échographie per­met d’étudier le cœur tant sur le plan ana­to­mique que fonc­tion­nel. La pre­mière chose qu’on voit en pla­çant la sonde sur le cœur est une image bidi­men­sion­nelle de sa struc­ture, il est donc néces­saire de connaître l’anatomie car­diaque avant d’étudier le cœur par écho­gra­phie. Le cœur, à la forme d’une pyra­mide et dont l’apex pointe vers la gauche, se situe dans le tho­rax, entre les pou­mons, der­rière le ster­num. Sa fonc­tion de pompe est per­mise grâce à ses cel­lules myo­car­diques mus­cu­laires, per­met­tant ain­si de faire cir­cu­ler le sang oxy­gé­né vers tous les organes, soit près de 8000 litres de sang par jour. Le cœur se divise en deux par­ties et 4 cavi­tés : le cœur droit, com­po­sé de l’oreillette droite (OD) et du ven­tri­cule droit (VD), qui per­met la petite cir­cu­la­tion, et le cœur gauche, com­po­sé de l’oreillette gauche (OG) et du ven­tri­cule gauche (VG). Ensuite, dif­fé­rents vais­seaux relient les cavi­tés : les veines caves supé­rieure (VCS) et infé­rieure (VCI) s’abouchent dans l’oreillette droite et y apportent le sang non oxy­gé­né, l’artère pul­mo­naire sort du ven­tri­cule droit pour conduire le sang aux pou­mons, les veines pul­mo­naires, au nombre de 4, s’abouchent dans l’oreillette gauche et y conduisent le sang oxy­gé­né sor­tant des pou­mons, et, enfin, le sang est envoyé dans la cir­cu­la­tion géné­rale par le ven­tri­cule gauche dans l’aorte (figure 7) [5][6].

Figure 7 : Sché­ma sim­pli­fié de l'anatomie du cœur [6].

Le sys­tème car­dio­vas­cu­laire est une boucle fer­mée, dont la cir­cu­la­tion est à sens unique. Pour garan­tir cette bonne cir­cu­la­tion, des valves dans les cavi­tés du cœur per­mettent d’éviter tout reflux ou mau­vaise cir­cu­la­tion du sang dans l’organe : l’oreillette gauche et le ven­tri­cule gauche sont sépa­rés de la valve mitrale, l’oreillette droite et le ven­tri­cule droit sont sépa­rés de la valve tri­cus­pide, la valve aor­tique se trouve au départ de l’aorte, et la valve pul­mo­naire au départ de l’artère pul­mo­naire [7]. Toutes les valves pos­sèdent 3 feuillets, sauf la valve mitrale, dont la forme fait pen­ser à la mitre de l’évêque, qui en pos­sède 2 (figure 8) [8]. La réten­tion de ces valves, per­met­tant la coap­ta­tion et l’étanchéité, et ain­si au sang de ne cir­cu­ler que dans un sens pré­dé­fi­ni, est per­mis par les muscles papil­laires des parois ven­tri­cu­laires, reliés aux valves par les piliers et les cor­dages. Enfin, le cœur est appro­vi­sion­né en sang grâce aux artères coro­naires qui le par­courent, et qui quittent l’aorte à sa base, au niveau du sinus aor­tique, au nombre de 2. Il existe éga­le­ment une petite cavi­té dans l’oreillette gauche, l’auricule, où le sang peut stag­ner et où peuvent se for­mer des caillots.

Figure 8 : Sché­ma de l'anatomie des feuillets des valves. En anglais : la valve aor­tique : Left, Right et Non Coro­na­ry Cusp (LCC, RCC et NCC). La valve pul­mo­naire : Ante­rior, Left et Right Cusp (AC, LC et RC). La valve mitrale : feuillet Ante­rior (A1, A2, A3) et Pos­te­rior (P1, P2, P3). La valve tri­cus­pide : feuillets Ante­rior, Pos­te­rior et Sep­tal (A, P, S) [8].

La cir­cu­la­tion intra­car­diaque est donc per­mise et régu­lée par la contrac­tion régu­lière et invo­lon­taire du cœur, la dis­po­si­tion des valves, et les dif­fé­rences de pres­sion entre les cavi­tés. Elle a lieu en plu­sieurs étapes successives :

Figure 9 : Sché­ma de la cir­cu­la­tion san­guine au sein du cœur [5].

La contrac­tion des cœurs droit et gauche est simul­ta­née [5].

b.    L’ETT et ses limites

Il existe trois voies d’abord par écho­gra­phie pour exa­mi­ner le cœur : l’échographie trans­tho­ra­cique (ETT), l’échographie trans­oe­so­pha­gienne (ETO) et l’échographie intra­car­diaque (ICE pour Intra Car­diac Echo). La pre­mière écho­gra­phie réa­li­sée chez le patient est l’échographie trans­tho­ra­cique. Indo­lore, non inva­sive, rapide, l’ETT per­met de véri­fier le bon fonc­tion­ne­ment du cœur et en exa­mi­ner les struc­tures. Il existe plu­sieurs voies d’accès au cœur en ETT, offrant dif­fé­rentes vues du cœur : on le regarde prin­ci­pa­le­ment par la voie para-ster­nale grand axe (dans l’axe lon­gi­tu­di­nal du cœur) ou petit axe (dans l’axe trans­ver­sal du cœur), ou api­cale (offrant une vue à 5, 4, 3 ou 2 cavi­tés selon l’orientation de la sonde), et plus rare­ment par voie sous-cos­tale ou sus-ster­nale (figure 10) [9].

Figure 10 : 4 vues impor­tantes en ETT et le sché­ma du cœur cor­res­pon­dant. De gauche à droite sur la pre­mière ligne : vue api­cale 4 cavi­tés (VG, OG, VD et OD) et vue api­cale 2 cavi­tés (VG et OG). Sur la deuxième ligne : vue para-ster­nale grand axe, puis vue para­ster­nale petit axe [9].

Le patient est en décu­bi­tus laté­ral gauche, le bras gauche der­rière la tête et le bras droit le long du corps. Une fois l’anatomie car­diaque en mémoire, on repère faci­le­ment les ano­ma­lies, telles que les car­dio­myo­pa­thies hyper­tro­phiques (CMH) ou dila­tées (CMD), les épan­che­ments myo­car­diques ou les car­dio­pa­thies congé­ni­tales. On observe alors le cœur en 2D et on fait dif­fé­rentes mesures sur le VG ou l’aorte en fonc­tion des besoins. Le mode 2D per­met aus­si d’observer les valves, repé­rer les bicus­pi­dies ou qua­dri­cus­pi­dies sur les valves habi­tuel­le­ment tri­cus­pides, d’observer la cal­ci­fi­ca­tion et la bonne ouverture/fermeture des valves, iden­ti­fier les val­vu­lo­pa­thies, mais aus­si diag­nos­ti­quer les mal­for­ma­tions car­diaques, telles que le fora­men ovale per­méable (FOP) avec l’utilisation d’un pro­duit de contraste. En vue api­cale, la mesure du Strain du VG, ou du pour­cen­tage de rac­cour­cis­se­ment sys­to­lique du myo­carde entre la sys­tole et la dias­tole, asso­cié à la frac­tion d’éjection du VG, offre des valeurs impor­tantes pour le pro­nos­tic des CM ou le sui­vi des patients sous chi­mio­thé­ra­pie (figure 11).

Figure 11 : Le module de Strain de GEHC. Le tra­cking est fait sur les trois vues 4 cavi­tés, 2 cavi­tés et 3 cavi­tés et donne un gra­phique en "oeil de boeuf" et la FE. Source : auteur

D’autres modes s’ajoutent au bidi­men­sion­nel et per­mettent de com­plé­ter l’examen, notam­ment les dif­fé­rents modes Dop­pler. Le Dop­pler cou­leur, entre autres per­met de voir la direc­tion du flux san­guin à l’image, et ain­si de détec­ter les éven­tuelles fuites au niveau des dif­fé­rentes valves car­diaques, signes d’insuffisance val­vu­laire. Les Dop­pler pul­sé et conti­nu ajoutent plus d’informations en mesu­rant les vitesses des flux. S’affichent alors des courbes dont on peut avoir une pre­mière impres­sion visuelle, et sur les­quelles on mesure dif­fé­rents para­mètres, tels que la pente, la vitesse maxi­male ou l’intégrale des courbes. Toutes ces don­nées com­mu­niquent des infor­ma­tions sur l’état du cœur du patient et l’éventuel pro­nos­tic d’une mala­die car­diaque [10].

L’ETT per­met de voir le cœur sous de nom­breux angles et com­mu­nique des infor­ma­tions très impor­tantes sur l’état du patient. Cepen­dant, elle pré­sente ses limites dans la visua­li­sa­tion plus pous­sée des structures :

c.     L’ETO pour une visualisation fine des structures

L’ETO offre une visua­li­sa­tion plus fine des struc­tures que l’ETT ne per­met pas tou­jours de voir. C’est une méthode semi-inva­sive et désa­gréable, puisqu’on fait pas­ser par l’œsophage du patient une sonde rela­ti­ve­ment épaisse, pour la faire des­cendre jusqu’à avoir une image du cœur. L’œsophage étant en contact direct pos­té­rieur à l’OG, la sonde est au plus proche du cœur et per­met d’avoir une meilleure réso­lu­tion d’image et une image plus détaillée, pour un plan inver­sé par rap­port à l’ETT. De nom­breux construc­teurs pro­posent aujourd’hui des sondes ETO, GE Heal­th­Care en pro­pose prin­ci­pa­le­ment 4 : la 6T, la 10T (micro-sonde, pour la pédia­trie), et les nou­velles sondes volu­miques 6VT (figure 12) et 9VT.

Figure 12 : La sonde d'ETO 3D/4D clas­sique de Gene­ral Elec­tric Heal­th­Care 6VT [52].

En explo­ra­tion fonc­tion­nelle, l’ETO est indi­quée pour l’évaluation val­vu­laire, l’examen des cavi­tés ou la recherche d’un throm­bus [11]. En effet, il est cou­rant que des throm­bus se forment dans l’auricule gauche, phé­no­mène fré­quent en cas de troubles de l’arythmie comme la fibril­la­tion atriale, et plus rare­ment en cas de sté­nose mitrale, dont les com­pli­ca­tions sont graves, pou­vant entraî­ner une embo­li­sa­tion sys­té­mique ou l’obstruction de l’orifice mitral [12]. L’examen est rela­ti­ve­ment rapide et n’a pas besoin de séda­tion du patient. L’anesthésie géné­rale est requise pour les longues inter­ven­tions, car le geste est très désa­gréable, à laquelle on ajoute sou­vent l’anesthésie locale par xylo­caïne au fond de la gorge. Le rôle de l’anesthésiste est alors essen­tiel en ETO en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle. En chi­rur­gie inter­ven­tion­nelle, l’ETO est alors indi­quée pour le gui­dage en plus des arceaux à rayons X dans des cas de rem­pla­ce­ment ou répa­ra­tion val­vu­laires, de fer­me­ture de com­mu­ni­ca­tion inter-atriale ou inter­ven­tri­cu­laire ou du fora­men ovale perméable.

L’ETO est très effi­cace dans la visua­li­sa­tion des struc­tures car­diaques, mais elle reste contre-indi­quée dans quelques cas, notam­ment si le patient à une tumeur ORL ou s’il a eu une chi­rur­gie ORL ou œso­pha­gienne récente, ou en cas d’irradiation médias­ti­nale. De plus, l’ETO peut engen­drer de nom­breuses com­pli­ca­tions, qui res­tent rares, mais dont le risque n’est pas nul, notam­ment une per­fo­ra­tion de l’œsophage, une hémor­ra­gie, une ody­no­pha­gie ou une lésion den­taire. Ain­si, des pré­cau­tions avant l’examen doivent être prises : le patient doit être à jeun et coopé­rant, et un cale-dent lui est don­né, per­met­tant aus­si d’éviter les mor­sures poten­tielles de la sonde [13].

Il existe alors plu­sieurs vues du cœur, dif­fé­rentes des vues clas­siques d’ETT, sché­ma­ti­sées en figure 8 : une vue aorte-artère pul­mo­naire (I), une vue 4 cavi­tés à (II), et une vue trans-gas­trique à (III). L’angulation de la sonde, grâce aux com­mandes qui sont dis­po­nibles direc­te­ment sur la sonde ou sur l’échographe, per­met ensuite, en fonc­tion du posi­tion­ne­ment de la sonde, d’observer dif­fé­rentes struc­tures du cœur. De plus, la pos­si­bi­li­té d’avoir une image en 3 ou 4 dimen­sions ain­si que d’obtenir des images mul­ti-coupes offre au méde­cin plus de pos­si­bi­li­tés dans l’observation des struc­tures. En effet, obte­nir une image en 4D du cœur per­met de navi­guer plus faci­le­ment au sein du volume, et d’obtenir des coupes qu’il est habi­tuel­le­ment impos­sible à obte­nir en 2D [14].

Figure 13 : Sché­ma des dif­fé­rentes vues obte­nues par ETO en fonc­tion de la posi­tion de la sonde et de l'angle de béquillage [14].

d.    L’ETO en cardiologie interventionnelle

La cardiologie interventionnelle grâce à la voie percutanée

En 1964, Charles Dot­ter, un radio­logue amé­ri­cain, réa­lise la pre­mière dila­ta­tion d’une artère péri­phé­rique, et la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle nait. Les évo­lu­tions tech­no­lo­giques depuis plus de 40 ans ont per­mis à la car­dio­lo­gie de déve­lop­per des tech­niques de plus en plus sophis­ti­quées, fai­sant d’elle une spé­cia­li­té rigou­reuse et com­plexe. Elles ont per­mis à Andreas Gruent­zig, un car­dio­logue alle­mand, en 1977, de réa­li­ser la pre­mière angio­plas­tie coro­naire trans­lu­mi­nale, et à Jacques Puel, car­dio­logue fran­çais, 9 ans plus tard, d’implanter le pre­mier stent coro­naire chez l’Homme. La car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle intègre les actes médi­caux de car­dio­lo­gie pra­ti­qués par voie endo­vas­cu­laire, par l’introduction d’instruments chi­rur­gi­caux à l’intérieur d’un vais­seau san­guin, géné­ra­le­ment la veine fémo­rale, pour atteindre les cavi­tés car­diaques. Ces tech­niques mini-inva­sives influent énor­mé­ment sur le confort des patients puisqu’elles per­mettent d’éviter les chi­rur­gies à cœur ouvert et les ster­no­to­mies dans la majo­ri­té des cas, qui entraînent une cica­tri­sa­tion longue et dou­lou­reuse, néces­si­tant de la réédu­ca­tion, et elles per­mettent de prendre en charge de nom­breux patients jusque-là inopé­rables [15].

La révo­lu­tion se pour­suit en 2002, avec la pre­mière réa­li­sa­tion d’une implan­ta­tion per­cu­ta­née d’une pro­thèse valve aor­tique (TAVI) par Alain Cri­bier, un car­dio­logue fran­çais, et la pre­mière implan­ta­tion d’un pace­ma­ker minia­tu­ri­sé sans chi­rur­gie en 2013 en France [16]. La minia­tu­ri­sa­tion des DM en car­dio­lo­gie devient indis­pen­sable et a révo­lu­tion­né la spé­cia­li­té, en don­nant une place très impor­tante à la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle dans la prise en charge de mil­lions de patients chaque année, pour diverses indi­ca­tions, et amé­lio­rer le confort et la qua­li­té de vie de ces patients par la même occa­sion [17].

La démo­cra­ti­sa­tion du TAVI pour la valve aor­tique a rapi­de­ment per­mis de déve­lop­per des DM rela­ti­ve­ment simi­laires pour le trai­te­ment des valves mitrale et tri­cus­pide, notam­ment le Mitra­Clip et le Tri­Clip de la socié­té Abbott Vas­cu­lar. Ces dis­po­si­tifs per­mettent le trai­te­ment des insuf­fi­sances mitrale et tri­cus­pide par voie per­cu­ta­née, en rap­pro­chant les feuillets entre eux pour en réta­blir la coap­ta­tion [18]. Les indi­ca­tions à la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle en alter­na­tive à la chi­rur­gie s’agrandissent régu­liè­re­ment et per­mettent la prise en charge de nom­breux patients pour les­quels la chi­rur­gie n’est plus pos­sible, en rai­son de la sévé­ri­té de leur état. Les avan­tages de la voie per­cu­ta­née ne sont plus à prou­ver : confort pour le patient, gain de temps et de res­sources en rédui­sant le besoin d’hospitalisation, réta­blis­se­ment plus rapide du patient… Des pré­cau­tions sont tout de même à prendre en compte chez le patient avant de pro­cé­der à l’intervention, pour laquelle il existe plu­sieurs risques à la ponc­tion des artères : hémor­ra­gie, per­tur­ba­tion du sys­tème car­diaque ou risque d’accident vas­cu­laire céré­bral (AVC), entre autres. Le risque d’AVC est d’1% pour toute pro­cé­dure inter­ven­tion­nelle et reste tout de même infé­rieur à celui obser­vé à la suite des chi­rur­gies du cœur [19]. La ryth­mo­lo­gie inter­ven­tion­nelle conti­nue aus­si pro­gres­ser, avec les abla­tions des troubles du rythme, et la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle plus glo­ba­le­ment s’accompagne du déve­lop­pe­ment de l’imagerie.

L’imagerie en cardiologie interventionnelle

Préa­la­ble­ment à l’intervention, l’imagerie médi­cale est néces­saire pour le diag­nos­tic et l’évaluation de la fonc­tion car­diaque. L’ETT est la tech­nique de pre­mière inten­tion, comme tech­nique non inva­sive, non irra­diante et simple à mettre en place, dans le diag­nos­tic des val­vu­lo­pa­thies, ou dans l’étude de la fonc­tion car­diaque : l’échographie de stress est l’examen écho­gra­phique à l’effort du patient ou sous stress phar­ma­co­lo­gique (dobu­ta­mine par exemple). L’échographie de stress per­met alors d’identifier l’étiologie d’une isché­mie ou de dif­fé­rents troubles car­diaques. De la même manière, l’imagerie par scin­ti­gra­phie, la réson­nance magné­tique nucléaire ou la tomo­gra­phie par émis­sion de posi­tons (PET) per­mettent d’évaluer la fonc­tion car­diaque sous stress. La TDM offre éga­le­ment une image très détaillée du réseau coro­naire et de l’anatomie car­diaque grâce à des réso­lu­tions spa­tiale et tem­po­relle impor­tantes. Enfin, dif­fé­rentes com­bi­nai­sons de moda­li­tés d’imagerie per­mettent d’améliorer le diag­nos­tic grâce à des images plus pré­cise en alliant l’anatomie et l’évaluation fonc­tion­nelle, telle que la com­bi­nai­son TEP et IRM.

Durant l’intervention, la fluo­ro­sco­pie et l’ETO sont indis­pen­sable dans le gui­dage et le sui­vi des inter­ven­tions per­cu­ta­nées des val­vu­lo­pa­thies. La fluo­ro­sco­pie est indi­quée dans la réa­li­sa­tion de plu­sieurs pro­cé­dures, en par­ti­cu­lier l’angioplastie coro­na­rienne : la tech­nique per­met de suivre le par­cours des artères coro­naires, de diag­nos­ti­quer les sté­noses et de suivre la mise en place du stent. Un cathé­ter est remon­té jusqu’au réseau coro­naire, et la pro­duc­tion de rayons X par le fluo­ro­scope cou­plée au pro­duit de contraste injec­té par le cathé­ter per­met d’observer les artères sur un écran en temps réel pen­dant l’intervention. Dans le cas des val­vu­lo­pa­thies, les deux tech­niques d’imagerie cou­plées per­mettent une grande pré­ci­sion dans le repé­rage et le pla­ce­ment des pro­thèses, pré­ci­sion indis­pen­sable pour une inter­ven­tion réus­sie [11]

Indications de l’ETO en cardiologie interventionnelle

La place de l’échographie trans­oe­so­pha­gienne est deve­nue indis­pen­sable en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle. Ses indi­ca­tions sont peu nom­breuses, mais les inter­ven­tions n’auraient pas lieu si elles n’étaient pas accom­pa­gnées du gui­dage par ETO. Prin­ci­pa­le­ment, ce sont les trai­te­ments des val­vu­lo­pa­thies par voie per­cu­ta­née par répa­ra­tion ou et les fer­me­tures du fora­men ovale per­méable (FOP).

Une insuf­fi­sance val­vu­laire, mitrale ou tri­cus­pide par exemple, cor­res­pond à un défaut de coap­ta­tion des feuillets de la valve et donc à l’absence d’étanchéité. Ain­si, elle ne rem­plit pas entiè­re­ment sa fonc­tion, puisqu’elle n’empêche plus le sang de prendre la mau­vaise direc­tion en repas­sant par la valve. Ces insuf­fi­sances peuvent être dues à dif­fé­rentes causes, le plus sou­vent une patho­lo­gie intrin­sèque ou une dis­tor­sion de la valve par dila­ta­tion de l’anneau val­vu­laire. Le pro­nos­tic de la mala­die dépend de plu­sieurs fac­teurs, notam­ment de la fonc­tion du VG et de l’étiologie de l’insuffisance val­vu­laire : elle peut être phy­sio­lo­gique, ou dis­crète et asymp­to­ma­tique, néces­si­tant une sur­veillance sans trai­te­ment. En revanche, une insuf­fi­sance val­vu­laire symp­to­ma­tique (dys­pnée, fatigue, asthé­nie, pal­pi­ta­tions… dans le cas de la valve mitrale) évo­lue­ra vers l’insuffisance car­diaque et des troubles du rythme, ou une fibril­la­tion auri­cu­laire dans le cas de l’insuffisance tri­cus­pide. La répa­ra­tion ou le rem­pla­ce­ment de la valve devient alors néces­saire [20] [21].

La répa­ra­tion val­vu­laire concerne les valves mitrale et tri­cus­pide. Elle est indi­quée quand l’annuloplastie et la chi­rur­gie sont irréa­li­sables ou pré­sentent trop de risque. Elle a lieu par voie per­cu­ta­née en fai­sant mon­ter un guide et un cathé­ter au cœur par l’artère fémo­rale, pour l’injection de pro­duit de contraste de fluo­ro­sco­pie, ain­si qu’un dis­po­si­tif, sou­vent le Mitra­Clip ou le Tri­Clip de la socié­té Abbott, qui per­met d’apporter une pro­thèse val­vu­laire jusqu’au cœur. Le Mitra­Clip éta­blit une connexion entre les feuillets pos­té­rieur et anté­rieur de la valve mitrale, en rete­nant ces feuillets entre ses bras et en les pin­çant, pour ensuite les rap­pro­cher en se refer­mant. Le clip est alors pla­cé au niveau de la fuite, entre les feuillets, et les main­tient en place, annu­lant la fuite [22] (figure 14).

Figure 14 : Sché­ma de la pose d'un clip mitral Mitra­Clip [23].

Le prin­cipe du Tri­Clip est rela­ti­ve­ment simi­laire, pour une pro­cé­dure plus com­plexe, puisque la valve est for­mée de 3 feuillets. Le gui­dage par écho­car­dio­gra­phie trans­oe­so­pha­gienne est indis­pen­sable à la pro­cé­dure, pour visua­li­ser la valve, repé­rer les feuillets, suivre le clip, le pla­cer cor­rec­te­ment, étu­dier la fuite, et véri­fier le pla­ce­ment cor­rect du clip en fin d’intervention. L’ETO 3D offre alors aux méde­cins une vue bien plus com­plète de la valve en ques­tion, offrant plus d’information, et l’obtention d’un volume leur per­met d’y navi­guer à sou­hait et ain­si obser­ver la valve sous plu­sieurs angles. D’autres options per­mettent éga­le­ment de faci­li­ter l’intervention, telle que la pos­si­bi­li­té d’obtenir une image mul­ti-coupe, sous plu­sieurs angles, en temps réel, afin de mieux pla­cer le clip au centre de la fuite [24].

Le TAVI n’est géné­ra­le­ment pas concer­né par l’ETO, puisque l’observation des feuillets n’est pas néces­saire pen­dant l’intervention. De plus, d’expérience au bloc de car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle, de nom­breux méde­cins affirment que l’échographie gêne­rait l’intervention, et que la fluo­ro­sco­pie est suf­fi­sante, par­fois l’ETT. Cepen­dant, j’ai pu aus­si assis­ter à plu­sieurs inter­ven­tions de mise en place de TAVI durant les­quelles l’ETO était pra­ti­quée : l’image par écho­gra­phie per­met de s’assurer du bon pla­ce­ment de la valve. Ce type d’intervention ne néces­site donc habi­tuel­le­ment pas d’ETO, mais les nou­velles pos­si­bi­li­tés de l’échographie, ain­si que la minia­tu­ri­sa­tion des sondes et la faci­li­ta­tion de son appli­ca­tion pour­raient chan­ger les pratiques.

Figure 15 : Large FOP visible à l'ETT [25].

Le fora­men ovale (FO) per­méable quant à lui est une com­mu­ni­ca­tion entre les deux oreillettes, OG et OD. Pré­sent phy­sio­lo­gi­que­ment chez le fœtus, le FO se referme par une mem­brane après la nais­sance. Il per­met nor­ma­le­ment au sang d’éviter le pas­sage par le cœur droit qui est inutile au fœtus, après son pas­sage par le pla­cen­ta. Le FO devient patho­lo­gique par sa per­sis­tance : il reste per­méable chez près d’une per­sonne sur quatre, à cause de l’absence ou la non-com­plé­tion de la fer­me­ture du fora­men, et se résulte par la pos­si­bi­li­té d’un shunt inter-atrial. Le FOP est diag­nos­ti­qué par ETT ou ETO, avec uti­li­sa­tion d’un pro­duit de contraste écho­gra­phique. Une solu­tion de micro­bulles est injec­tée par voie intra-vei­neuse, aug­men­tant l’échogénicité des tis­sus qu’elle tra­verse, et per­met­tant alors de mettre en évi­dence la com­mu­ni­ca­tion entre les oreillettes. Les com­pli­ca­tions d’une per­sis­tance du FOP peuvent être notam­ment la migra­tion de caillots, dont les consé­quences peuvent être l’AVC ou l’infarctus du myo­carde [25]. Lorsque le trai­te­ment par anti­coa­gu­lants n’est pas suf­fi­sant, la fer­me­ture inter­ven­tion­nelle peut être envi­sa­gée, sous cer­taines condi­tions. La pro­cé­dure per­cu­ta­née repose sur le pla­ce­ment d’un DM, appe­lé ombrelle, au niveau du FOP, réta­blis­sant l’étanchéité entre les deux cavi­tés [26].

Enfin, une pro­cé­dure cou­rante en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle, pour laquelle l’ETO est requise est la Fer­me­ture d’Auricule Gauche (FAG). Chez les patients souf­frant de Fibril­la­tion Atriale (FA), cette pro­cé­dure per­met notam­ment de pré­ve­nir les risques d’AVC [26].

Chapitre II : Vieillissement de la population, déserts médicaux, augmentation des dépenses : un contexte en évolution

III.           L’état du système de santé français

a.    Organisation

Le sys­tème de san­té fran­çais fait face à de nom­breux chan­ge­ments démo­gra­phiques, sociaux et éco­no­miques. L’Organisation Mon­diale de la San­té le défi­nit comme « l’ensemble des orga­ni­sa­tions, des ins­ti­tu­tions, des res­sources et des per­sonnes dont l’objectif prin­ci­pal est d’améliorer la san­té ». On trouve alors en France par­mi les acteurs qui y inter­viennent les offreurs de soins, les pro­duc­teurs de biens et ser­vices en san­té comme l’industrie phar­ma­ceu­tique, les ins­ti­tu­tions publiques, les finan­ceurs et les béné­fi­ciaires. Sa direc­tion se décline de manière hié­rar­chique, avec le minis­tère char­gé de la san­té au niveau natio­nal, sou­mis aux lois et objec­tifs votés par le Par­le­ment, et les Agences Régio­nales de San­té (ARS). D’autres ins­ti­tu­tions inter­viennent aus­si dans le conseil de ces der­nières et la ges­tion du sys­tème de san­té, telles que le Haut Conseil de la San­té Publique (HCSP), ou l’Agence Natio­nale d’Appui à la Per­for­mance des éta­blis­se­ments de san­té et médi­co-sociaux (ANAP). Enfin, la cour des comptes par­ti­cipe au contrôle de ces ins­ti­tu­tions par la ges­tion des finances de ce sys­tème de san­té [27]. De nom­breux fac­teurs influent sur les dif­fé­rents acteurs du sys­tème de san­té, dont la direc­tion doit prendre en compte les chan­ge­ments afin de conti­nuer à fonc­tion­ner de manière opti­male et à répondre aux besoins de l’ensemble de la population.

b.    Une démographie qui évolue

En 2017, le Pre­mier Ministre Edouard Phi­lippe par­lait de « vieillis­se­ment de la popu­la­tion donc plus de mala­dies chro­niques ; l’aspiration des nou­velles géné­ra­tions de méde­cins à recher­cher un meilleur équi­libre entre vie pri­vée et pro­fes­sion­nelle ; et sur­tout la démo­gra­phie médi­cale décli­nante ». L’espérance de vie aug­mente, l’incidence des mala­dies chro­niques aug­mente, et les dépenses de san­té en France suivent difficilement.

En effet, mal­gré une faible baisse en 2020 durant l’année du COVID, l’espérance de vie à la nais­sance est crois­sante depuis plu­sieurs décen­nies, pas­sant de 75,4 ans en 1985 à 82,3 ans en 2020 en France [28]. De plus, la pré­va­lence des mala­dies chro­niques passe de 14,6% en 2008 à 17,8% en 2021 [29]. La pyra­mide des âges change aus­si, à cause du vieillis­se­ment de la popu­la­tion (d’après l’INSEE, 19,6% de la popu­la­tion avaient plus de 65 ans en 2018, contre 19,2% un an aupa­ra­vant et 18,8% en 2016 [30]).

c.     Des dépenses en santé en croissance constante

Les dépenses en san­té aug­mentent alors en réponse à ces chan­ge­ments, et à la volon­té de d’offrir une cou­ver­ture uni­ver­selle de qua­li­té opti­male. La part de la richesse natio­nale consa­crée à la san­té en France est la plus impor­tante des dépenses de la pro­tec­tion sociale, fai­sant de notre pays l’un des plus dépen­siers en san­té. Cette part impor­tante et cette aug­men­ta­tion dyna­mique est sous l’effet de nom­breux fac­teurs, notam­ment démo­gra­phiques comme l’augmentation de l’espérance de vie, ou l’amélioration des pres­ta­tions [31]. Accen­tuée depuis la crise de COVID, cette part de la richesse natio­nale, comp­ta­bi­li­sée comme Dépense Cou­rante en San­té au sens inter­na­tio­nal (DCSi) cor­res­pon­dait en 2021 à 12,3% du pro­duit Inté­rieur Brut (PIB), contre 11,2% en 2019, et elle est repré­sen­tée à 75% par la Consom­ma­tion de Soins et Biens Médi­caux (CSBM). La CSBM regroupe tout ce qui est des­ti­né au trai­te­ment direct des malades, c’est-à-dire les soins hos­pi­ta­liers et ambu­la­toires, les trans­ports sani­taires, les médi­ca­ments et dis­po­si­tifs médi­caux… Les 25% res­tant de la DCSi cor­res­pondent aux dépenses liées aux soins de longue durée des per­sonnes han­di­ca­pées ou âgées en éta­blis­se­ment, aux indem­ni­tés jour­na­lières ver­sées par l’Assurance Mala­die en rai­son d’un arrêt de tra­vail, aux sub­ven­tions au sys­tème de soin, aux dépenses de recherche médi­cale et aux for­ma­tions des pro­fes­sion­nels de san­té, aux dépenses pour la pré­ven­tion et aux coûts liés à la ges­tion du sys­tème de san­té [32]. La CSBM s’élève à 235,8 Mil­liards d’euros en 2021, soit 8,9% du PIB, et la DCSi conti­nue d’augmenter chaque année (figure 16). Cette hausse s’explique prin­ci­pa­le­ment par le prix des soins hos­pi­ta­liers et les volumes de ventes de médi­ca­ments [33].

Figure 16 : Courbe de l'évolution en pour­cen­tage de la DCSi par année [31].

Ces dépenses impor­tantes et leur crois­sance constante par­ti­cipent au défi­cit dans les comptes publics et à l’intensification de la dette publique en France. En effet, les admi­nis­tra­tions de Sécu­ri­té Sociale repré­sentent 10,6% de la dette publique, soit 300,1 mil­liards d’euros. Ce défi­cit dû à la Sécu­ri­té Sociale est sujet à débat depuis de nom­breuses années, puisque la Sécu­ri­té Sociale n’a pas été excé­den­taire depuis 2001. La mise en place en 1996 de l’Objectif Natio­nal des Dépenses d’Assurance Mala­die (ONDAM), un indi­ca­teur de maî­trise des dépenses de san­té, voté chaque année par la loi de finan­ce­ment de la Sécu­ri­té Sociale a eu pour but de fixer les pla­fonds d’emprunts des orga­nismes de Sécu­ri­té Sociale et pro­pose un plan de ges­tion des dépenses annuelles en fonc­tion des recettes. Ain­si, depuis 2010, le bud­get était res­pec­té, jusqu’à la crise sani­taire de 2020 où les dépenses ont lar­ge­ment dépas­sé le rem­bour­se­ment des pres­ta­tions [34].

d.    Des inégalités d’accès aux soins

« Nous man­quons de méde­cins » est une phrase qui revient régu­liè­re­ment au cœur de nos dis­cus­sions. L’inégalité de répar­ti­tion du per­son­nel soi­gnant et des res­sources médi­cales, ain­si que la dimi­nu­tion du nombre de para­mé­di­caux ampli­fient les pro­blèmes d’accès aux soins. Le minis­tère des soli­da­ri­tés et de la san­té affir­mait en 2022 que le nombre de méde­cins baisse for­te­ment, et que l’accès aux soins pour tous et par­tout sur le ter­ri­toire est au cœur des pré­oc­cu­pa­tions des Fran­çais [35]. Le pro­blème est aus­si sujet de nom­breux débats, et la loi immi­gra­tion de 2023 en est la preuve en pro­po­sant de dimi­nuer l’accès aux soins pour les étran­gers en situa­tion irré­gu­lière [36].

L’évolution du nume­rus clau­sus (NC) est en par­tie res­pon­sable : le nombre de nou­veaux méde­cins aujourd’hui ne com­pense pas les départs en retraite, pour une popu­la­tion fran­çaise qui ne cesse d’augmenter. Fai­sant sa seconde appa­ri­tion en 1971 (la pre­mière date de la seconde guerre mon­diale, le NC ser­vait alors à limi­ter le nombre d’étudiants juifs pou­vant pas­ser à l’année supé­rieure d’études), il fait suite au début de la gra­tui­té des études, avec pour but de bien gérer les dépenses dans la for­ma­tion des étu­diants et gar­der une ges­tion opti­male du sys­tème hos­pi­ta­lier, mais aus­si de main­te­nir un pres­tige de la for­ma­tion. Le pre­mier quo­ta de places ouverts pour le pas­sage en deuxième année était alors de plus de 8000, très loin de la volon­té de l’Ordre des Méde­cins et du Syn­di­cat Auto­nome des Ensei­gnants de Méde­cine (SAEM) qui esti­maient « qu’il ne faut pas for­mer plus de 4000 nou­veaux méde­cins par an ». Pro­gres­si­ve­ment et à par­tir de 1976, après l’émission d’une cir­cu­laire du minis­tère de l’éducation natio­nale, le nume­rus clau­sus dimi­nue jusqu’à atteindre un mini­mum de 3500 places en 1993 (figure 17), sans ana­lyse pré­cise des besoins médi­caux, et sur­tout sans prise en compte des fac­teurs démo­gra­phiques chan­geant et du vieillis­se­ment de la popu­la­tion [37].

Figure 17 : Nombre de places ouvertes en deuxième année en études de méde­cine [37].

C’est cette baisse du nombre d’étudiants admis en deuxième année de méde­cine à la suite de l’instauration du nume­rus clau­sus qui est res­pon­sable de la dimi­nu­tion du nombre de méde­cins aujourd’hui, rela­ti­ve­ment à la popu­la­tion gran­dis­sante. La ten­dance s’inverse dès 1994 pour faire face au départ en retraite des nom­breux méde­cins pré­cé­dents, mais il fau­dra attendre 2030 pour retrou­ver une den­si­té médi­cale opti­male (figure 18). Cette ten­dance à s’inverser est une pré­dic­tion de la Direc­tion de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Sta­tis­tiques (DREES) de 2007, qui part de l’hypothèse que la popu­la­tion devrait croître de 10% entre 2006 et 2030 [38].

Figure 18 : Nombre et den­si­té de méde­cins en acti­vi­tés d’après le scé­na­rio ten­dan­ciel [38].

Au nombre de méde­cin dimi­nuant s’ajoute la répar­ti­tion des spé­cia­li­tés inégale lors des Epreuves Clas­santes Natio­nales (ECN) : chaque spé­cia­li­té ne voit pas le même nombre de méde­cins for­més chaque année. De plus, ce nombre de place évo­lue, et en anes­thé­sie-réani­ma­tion en par­ti­cu­lier, 500 anes­thé­sistes étaient for­més en 1985 contre 90 en 2000. Cela a entraî­né une baisse dras­tique du nombre de méde­cins spé­cia­listes en anes­thé­sie-réani­ma­tion, dû au nombre de sor­tie de fonc­tion (prin­ci­pa­le­ment dues à des départs à la retraite) plus impor­tant que le nombre d’entrées [38]. Cepen­dant, en se basant sur des pré­dic­tions du nombre de départs et d’entrées chaque année, et sur le nombre d’anesthésistes for­més chaque année qui est remon­té à 307 en 2015 (grâce à l’augmentation du nume­rus clau­sus de la spé­cia­li­té en 2009), les nom­breuses sta­tis­tiques menées par le Centre natio­nal de ges­tion des pra­ti­ciens hos­pi­ta­liers et des per­son­nels de direc­tion de la fonc­tion publique hos­pi­ta­lière (CNG) estime un retour à un solde posi­tif du nombre d’anesthésistes en 2022. Ain­si, les effec­tifs de pra­ti­ciens hos­pi­ta­liers à temps plein en anes­thé­sie réani­ma­tion qui sont en baisse constante depuis plu­sieurs années, devraient atteindre un mini­mum en 2022 à envi­ron 3600 spé­cia­listes, puis remon­ter à plus de 4000 en 2030. Cet effec­tif pré­vu est tou­jours insuf­fi­sant en termes de den­si­té et de besoins, et cela se fait res­sen­tir dans de nom­breux éta­blis­se­ments de san­té : il est com­mun de voir des hôpi­taux ou éta­blis­se­ments de san­té man­quer d’anesthésistes et dépendre d’eux pour l’optimisation de leur acti­vi­té, en l’occurrence dans la région qui m’est attri­buée, le nord et le grand-est.

En paral­lèle du nombre d’anesthésiste évo­luant, les pra­tiques médi­cales de la spé­cia­li­té ont chan­gé, avec l’augmentation des actes d’anesthésie, et leur inter­ven­tion en chi­rur­gie, dans les mater­ni­tés, aux urgences et pour les endo­sco­pies diges­tives. A cela s’ajoute la réduc­tion du temps médi­cal dis­po­nible par la mise en place du repos de sécu­ri­té post-garde et l’augmentation des hono­raires qui ont induit une réduc­tion du temps de tra­vail [37].

Enfin, la pré­sence de déserts médi­caux en France se fait res­sen­tir : plus de 5,4 mil­lions de Fran­çais n’ont pas de méde­cin trai­tant, et les inéga­li­tés ter­ri­to­riales sont impor­tantes. D’après le rap­port de la DREES dans le rap­port de l’Assemblée natio­nale début 2022, 11,6% des Fran­çais vivraient dans un désert médi­cal. La répar­ti­tion des méde­cins de spé­cia­li­té méde­cine géné­rale (MG) et des autres spé­cia­li­tés hors MG change : la pro­por­tion des spé­cia­listes hors MG aug­mente aux dépens des spé­cia­listes en MG (figure 19).

Figure 19 : Répar­ti­tion des méde­cins en acti­vi­té selon les groupes de spé­cia­li­tés en 2010, 2022 et 2023 [37].

Cette répar­ti­tion ne comble pas les ter­ri­toires à faible den­si­té de méde­cins, où les inéga­li­tés res­tent impor­tantes : le défi­cit de méde­cins spé­cia­listes hors MG reste impor­tant dans de nom­breuses régions (figure 20), mal­gré une meilleure répar­ti­tion depuis quelques années [39].

Figure 20 : Varia­tions dépar­te­men­tales des den­si­tés pour 100 000 habi­tants de méde­cins spé­cia­listes hors MG en acti­vi­té régu­lière entre 2010 et 2022, en % [39].

Les inéga­li­tés d’accès aux soins sont ren­for­cées, les délais de prise en charge peuvent être impor­tants et entraî­ner l’aggravation de l’état de san­té des patients, la qua­li­té des soins baisse et sur­tout la satis­fac­tion et la confiance de la popu­la­tion et du per­son­nel médi­cal envers leur sys­tème de soins dimi­nuent. En effet, d’après le « baro­mètre d’opinion » publié par la DREES en 2015, « une large part des Fran­çais estime qu’il y a eu une hausse des inéga­li­tés, de la pau­vre­té et de l’exclusion », et « plus de 40% pensent que leur situa­tion est plus dif­fi­cile que celle de leurs parents » [40]. Un rap­port de l’Institut Fran­çais d’Opinion Publique (IFOP) de 2022 confirme la confiance de la majo­ri­té des Fran­çais dans leur sys­tème de san­té, mais que ces mêmes Fran­çais sou­lignent le manque de per­son­nel soi­gnant et les dif­fi­cul­tés d’accès aux soins sur l’ensemble du ter­ri­toire. L’avis de la popu­la­tion et leur peur pour le futur qui s’ajoute à tous les pro­blèmes éco­no­miques, démo­gra­phiques et sociaux auquel fait face le sys­tème de san­té fran­çais conduisent à de nom­breuses mesures et lois pour amé­lio­rer la situa­tion et pré­ve­nir au mieux les pro­blèmes futurs [41].

Figure 21 : Part des Fran­çais qui jugent que la pau­vre­té, l'exclusion et les inéga­li­tés ont aug­men­té en 2015, en % [41].

IV.          Les stratégies nationales de santé

Ces chan­ge­ments dans la démo­gra­phie fran­çaise et dans la démo­gra­phie médi­cale, ain­si que l’augmentation de l’endettement et des dépenses de san­té sont pro­gres­si­ve­ment pris en compte. De nom­breuses mesures sont mises en place par le gou­ver­ne­ment avec le temps afin d’optimiser le sys­tème de san­té fran­çais : depuis 1991, les réformes de san­té se mul­ti­plient dans le cadre de la Stra­té­gie Natio­nale de San­té (SNS), émise par le minis­tère char­gé de la san­té, fixant des objec­tifs prio­ri­taires pour cinq ans (Annexe 2). Par ailleurs, les soins en ambu­la­toire repré­sentent une solu­tion en faveur de la régu­la­tion des coûts et d’un meilleur accès aux soins. En ce sens, le « virage ambu­la­toire » est offi­cia­li­sés dès les textes de 1991, avec pour but d’améliorer la qua­li­té de prise en charge et de confort des patients [42].

a.    Les réformes pour améliorer le système national de santé

La loi de modernisation du système de santé français (Loi n°2016-41)

Le minis­tère des Affaires Sociales et de la San­té affirme dans un rap­port que « notre sys­tème de san­té laisse sub­sis­ter d’importantes inéga­li­tés et n’est pas pré­pa­ré à l’évolution des besoins de la popu­la­tion ». Il met alors en place la réforme de 2016, la loi de moder­ni­sa­tion du sys­tème de san­té fran­çais, avec pour but de ras­sem­bler les acteurs de la san­té autour d’une stra­té­gie par­ta­gée, autour de trois axes d’amélioration :

Dans la conti­nui­té, la SNS 2018-2022 repose sur la pré­ven­tion, la lutte contre les inéga­li­tés sociales et ter­ri­to­riales d’accès à la san­té, la per­ti­nence et la qua­li­té des soins, et le sou­tien à la recherche. Ces objec­tifs natio­naux sont décli­nés à l’échelle régio­nale au niveau des Agences Régio­nales de San­té (ARS) en pro­jet régio­naux de san­té (PRS).

La loi ma santé 2022

La loi Ma san­té 2022, annon­cée par le pré­sident de la Répu­blique Emma­nuel Macron en sep­tembre 2022, pro­pose des réponses aux dif­fé­rents défis et chan­ge­ments aux­quels fait face le sys­tème de san­té du pays, tant dans les inéga­li­tés d’accès aux soins que dans la répar­ti­tion de la démo­gra­phie médi­cale ou dans l’optimisation des dépenses de santé.

Cet « enga­ge­ment col­lec­tif » a pour but une fois de plus de réor­ga­ni­ser les soins entre la méde­cine de ville et les spé­cia­listes, avec la géné­ra­li­sa­tion des Com­mu­nau­tés Pro­fes­sion­nelles Ter­ri­to­riales de San­té (CPTS) et des Mai­sons de San­té Plu­ri­pro­fes­sion­nelles (MSP), regrou­pant per­son­nels médi­caux et para­mé­di­caux, et offrant une meilleure coor­di­na­tion des soins et une prise en charge glo­bale des patients. Les objec­tifs ici sont d’offrir une meilleure coor­di­na­tion des soins et une prise en charge plus glo­bale des patients, de mieux répar­tir l’offre de soins. L’offre hos­pi­ta­lière est repen­sée pour délo­ca­li­ser les soins pri­maires aux éta­blis­se­ments de proxi­mi­té, et, par consé­quent, de s’adapter au vieillis­se­ment de la popu­la­tion et à l’augmentation des mala­dies chro­niques, et de par­ti­ci­per au désen­gor­ge­ment des urgences. L’hôpital n’est alors plus le centre mais une étape de la prise en charge des patients, et leur par­cours est flui­di­fié. De plus, la lutte contre l’inégalité d’accès aux soins pri­maires est sou­te­nue par l’encouragement du déve­lop­pe­ment de la télé­mé­de­cine, per­met­tant aux patients éloi­gnés des centres de san­té de consul­ter un méde­cin plus faci­le­ment [43].

La loi Ma San­té 2022 a aus­si pré­vu sa réponse à la baisse du nombre de méde­cins : les études de san­té sont revues de la pre­mière à la sixième année d’études. En 2021 a eu lieu la fin du nume­rus clau­sus, pour la mise en place d’un nume­rus aper­tus (nombre ouvert), qui per­met­trait d’accepter plus d’étudiants en deuxième année d’études de méde­cine. Le nombre de places n’est plus fixé par les minis­tères mais par les uni­ver­si­tés elles-mêmes. Ain­si, 13 050 étu­diants sup­plé­men­taires seraient pré­vus de 2021 à 2025 par rap­port à la période de 2016 à 2020. De plus, les lieux de for­ma­tions seraient éten­dus aux déserts médi­caux, afin de pré­ve­nir le sur­plus d’étudiants en stage d’externat par méde­cin et par ser­vice, et de sen­si­bi­li­ser dès le début des études à l’installation dans ces régions. Enfin, la loi a eu pour pro­jet d’en finir avec la voie royale et sélec­tive d’accès aux spé­cia­li­tés médi­cales : l’ECN fut rem­pla­cé par l’Examen Déma­té­ria­li­sé Natio­nal (EDN) en 2021. L’EDN est nou­veau par la meilleure valo­ri­sa­tion et répar­ti­tion des coef­fi­cients des expé­riences cli­niques de l’externe et de son par­cours, et un meilleur accom­pa­gne­ment de l’externe dans le choix de ses études d’interne, ain­si que la hié­rar­chi­sa­tion des connais­sances à maî­tri­ser pour les épreuves théo­riques de début de sixième année. Ain­si, le but serait de faci­li­ter la spé­cia­li­sa­tion des étu­diants dès le début de leur par­cours, et de mieux répar­tir les méde­cins spé­cia­listes sur l’ensemble du ter­ri­toire [43] [44].

Enfin, la loi apporte son sou­tien aux pro­jets d’innovation en chi­rur­gie ambu­la­toire. L’Etat a notam­ment lan­cé un appel à pro­jet « accom­pa­gner le déve­lop­pe­ment de la chi­rur­gie ambu­la­toire par des pro­jets d’innovation en chi­rur­gie ambulatoire ».

b.    L’encouragement au virage ambulatoire

Dans un contexte où le besoin en anes­thé­sie pour les actes chi­rur­gi­caux et inter­ven­tion­nels aug­mente et où le manque de spé­cia­listes en anes­thé­sie-réani­ma­tion est impor­tant, le virage ambu­la­toire se pré­sente comme une solu­tion idéale pour répondre à cette pro­blé­ma­tique. Il faci­li­te­rait l’organisation de ces actes en rédui­sant le temps des anes­thé­sistes requis pour un patient, les ren­dant plus dis­po­nibles pour d’autres actes, rédui­rait les durées d’hospitalisation et les coûts d’hospitalisation par la même occa­sion, et amé­lio­re­rait le confort du patient grâce à une prise en charge plus rapide et moins contrai­gnantes. Cepen­dant, sa mise en place est com­plexe, et doit s’accompagner d’une évo­lu­tion des pratiques.

La chirurgie ambulatoire en France

Le mode de prise en charge ambu­la­toire cor­res­pond à la prise en charge des patients en moins de douze heures, sans néces­si­té d’hospitalisation. Elle est défi­nie par la Haute Auto­ri­té de San­té en 2012 comme « une chi­rur­gie pro­gram­mée et réa­li­sée dans les condi­tions tech­niques néces­si­tant impé­ra­ti­ve­ment la sécu­ri­té d’un bloc opé­ra­toire, sous une anes­thé­sie de mode variable, sui­vie d’une sur­veillance post­opé­ra­toire per­met­tant, sans risque majo­ré, la sor­tie du patient le jour même de son inter­ven­tion » [45]. En pra­tique, c’est une inter­ven­tion chi­rur­gi­cale qui per­met la sor­tie du patient en moins de douze heures.

Sur l’ensemble de la chi­rur­gie, d’après une enquête menée par l’International Asso­cia­tion Ambu­la­to­ry Sur­ge­ry (IAAS), le taux de chi­rur­gie ambu­la­toire en France est de 36% contre plus de 50% dans plu­sieurs pays du nord de l’Europe [45]. D’après Visu­chir, l’outil mis à dis­po­si­tion par l’Assurance Mala­die pré­sen­tant des don­nées sur les pra­tiques chi­rur­gi­cales, ce taux atteint 62,8% en 2022, repré­sen­tant près de 4 mil­lions de séjours, et, mise à part la Guyane (35%), toutes les régions dépas­saient les 60%. La marge de pro­gres­sion reste impor­tante puisqu’on estime encore 1,21 mil­lion d’actes chi­rur­gi­caux poten­tiel­le­ment trans­fé­rables en ambu­la­toire, ce qui per­met­trait d’atteindre un taux de plus de 80%. Ce taux dépend du type d’acte réa­li­sé et de la spé­cia­li­té médi­cale concer­née. En effet, la chi­rur­gie en oph­tal­mo­lo­gie était à plus de 90% en ambu­la­toire contre 44% en uro­lo­gie en 2022 [46].

La notion du virage ambu­la­toire comme objec­tif des poli­tiques de san­té a com­men­cé à émer­ger lors des débats de la SNS de 2013. Les dif­fé­rentes mesures mises en place depuis ont pour objec­tif de rat­tra­per le retard de la France par rap­port aux autres pays euro­péens sur le taux de chi­rur­gie ambu­la­toire, mais aus­si de répondre aux nom­breux défis sociaux et finan­ciers évo­qués plus tôt. En ce sens, la loi de 2016 évoque d’une part la réduc­tion des hos­pi­ta­li­sa­tions conven­tion­nelles au pro­fit d’hospitalisations de jour, et d’autres part la sub­sti­tu­tion des soins hos­pi­ta­liers par des soins médi­caux et para­mé­di­caux en ville. Plus tard, la loi ma san­té 2022 annon­çait l’objectif de por­ter à 70% le taux de chi­rur­gie ambu­la­toire en 2022 : comme évo­qué pré­cé­dem­ment, il n’est pas atteint, mais a gran­de­ment pro­gres­sé depuis plu­sieurs années, et pré­sente tou­jours un poten­tiel d’augmenter [42]. Dif­fé­rentes mesures sont mises en place à cet effet, telles que la mise en place d’un tarif unique, entre les séjours de chi­rur­gie ambu­la­toire et ceux pré­sen­tant le degré le plus faible de sévé­ri­té en hos­pi­ta­li­sa­tion conven­tion­nelle, pour des inter­ven­tions chi­rur­gi­cales pour les­quelles étaient obser­vé, selon l’instruction en vigueur du minis­tère, « un conte­nu médi­cal simi­laire entre ces niveaux et une prise en charge réa­li­sable en ambu­la­toire ». De plus, les seuils de durée de séjour en hos­pi­ta­li­sa­tion conven­tion­nelles en deçà des­quels les tarifs étaient mino­rés de 50% ont été sup­pri­més [42]. De leur côté, les socié­tés savantes émettent des recom­man­da­tions afin de gui­der et ras­su­rer les pra­ti­ciens sur la qua­li­té et la sécu­ri­té des actes ambu­la­toires et leurs avan­tages [47].

Avantages et limites de la chirurgie ambulatoire

Ces mesures sont mises en place car il existe des avan­tages à la chi­rur­gie ambu­la­toire sur plu­sieurs plans. Pour le patient, elle réduit l’inconfort grâce à une prise en charge plus rapide (chez soi est tou­jours plus agréable qu’un lit d’hôpital) et moins contrai­gnante, et réduit le risque d’infection noso­co­miales et asso­ciées aux soins puisqu’il aug­mente avec la durée d’hospitalisation. La chi­rur­gie ambu­la­toire per­met éga­le­ment une meilleure orga­ni­sa­tion des ser­vices de chi­rur­gie avec une opti­mi­sa­tion des condi­tions de tra­vail et un gain de temps consi­dé­rable. Enfin, d’un point de vue finan­cier, et c’est ce qui fait de cette mesure un point phare des dif­fé­rentes SNS qui l’évoquent, la chi­rur­gie ambu­la­toire mobi­lise moins de res­sources que la chi­rur­gie avec hos­pi­ta­li­sa­tion conven­tion­nelle. En effet, les frais d’hébergement et de res­tau­ra­tion sont moindres, la quan­ti­té de soins et d’examens com­plé­men­taires est dimi­nuée, des lits sont libé­rés pour les patients plus lourds, moins de maté­riel médi­cal est néces­saire, la pla­ni­fi­ca­tion est plus simple et plus rapide, et les com­pli­ca­tions et réhos­pi­ta­li­sa­tions sont moins cou­rantes [48].

Mal­gré les avan­tages indé­niables, la chi­rur­gie ambu­la­toire doit répondre à cer­tains cri­tères et ne peux pas être appli­quée dans tous les cas [45]. En par­ti­cu­lier, le patient ne doit pas pré­sen­ter de comor­bi­di­tés, doit être en bonne condi­tion phy­sique, afin de réduire le risque de com­pli­ca­tions, et son contexte social doit être stable afin de pou­voir être cor­rec­te­ment accom­pa­gné après l’intervention. De plus, alors que les avan­tages cités pré­cé­dem­ment pour­raient lais­ser pen­ser que durant une crise épi­dé­mique telle que la crise du COVID, la chi­rur­gie ambu­la­toire serait mise en avant, le constat est para­doxal : 80% des prises en charge en ambu­la­toires ont été dépro­gram­mées contre 58% des chi­rur­gies avec hos­pi­ta­li­sa­tion conven­tion­nelle, chiffres dus à une mécon­nais­sances des apports de la chi­rur­gie ambu­la­toire [47]. Enfin, tous les actes chi­rur­gi­caux ne sont pas réa­li­sables en ambu­la­toires. Ces quelques limites res­tent moindres en com­pa­rai­son des avan­tages que la chi­rur­gie ambu­la­toire apporte, et que la SNS met en avant depuis quelques années en France, et les avan­cées tech­no­lo­giques en termes de DM per­mettent de faci­li­ter la réa­li­sa­tion de nom­breux actes chi­rur­gi­caux en ambulatoire.

Chirurgie ambulatoire et cardiologie interventionnelle

La car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle per­met de réa­li­ser des pro­cé­dures sans pas­ser par une chi­rur­gie à cœur ouvert. Ces pro­cé­dures n’étaient pas pos­sibles par le pas­sé, mais l’évolution des tech­no­lo­gies et tech­niques per­mettent de faci­li­ter le par­cours patient en ren­dant l’opération mini-inva­sive. Alors, quand le contexte et les condi­tions cli­niques le per­mettent, cer­taines pro­cé­dures chi­rur­gi­cales sont trans­mises à la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle. Or, alors que la car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle repré­sente plus de 5% des séjours chi­rur­gi­caux et inter­ven­tion­nels, moins de 10% des 400 000 séjours en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle ont eu lieu sans nuit d’hospitalisation en 2017. La car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle repré­sente alors un poten­tiel impor­tant pour atteindre les 70% pré­vus par le plan Ma San­té 2022, et rat­tra­per le retard sur les objec­tifs [49].

Chapitre III : La mini-sonde ETO de GE HealthCare : une innovation pour la chirurgie ambulatoire

V.             La mini sonde

L’objectif de l’ETO en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle est donc de gui­der l’intervention, mais aus­si de sécu­ri­ser la ponc­tion trans­sep­tale, c’est-à-dire le pas­sage du cathé­ter de l’OD à l’OG. Le risque est de per­fo­rer les zones péri­car­diques ou l’aorte, et pos­si­ble­ment entraî­ner un AVC, une tam­pon­nade voire une mort subite. L’ETO, au-delà de ce gui­dage, per­met de s’intéresser à d’autres para­mètres plus pré­cis, comme la mesure de la taille de la déhis­cence en cas de fer­me­ture de CIA, ou l’évaluation de la fuite concer­née en cas de répa­ra­tion de valve.

Aujourd’hui, pour ces inter­ven­tions chez l’adulte, c’est la sonde 6T (2D) ou la 6VT (3D/4D) qui sont uti­li­sées. Les sondes 10T (2D) et 9VT (3D/4D) sont les sondes ETO pédia­triques. On appelle aus­si la 10T micro-sonde, et la 9VT la mini-sonde, puisque ces der­nières voient leur uti­li­sa­tion chez l’adulte se démo­cra­ti­ser dans les quelques indi­ca­tions de l’ETO en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle. En 2022 com­mence la com­mer­cia­li­sa­tion de la mini-sonde ETO, la 9VT. Cette der­nière révo­lu­tionne encore l’ETO en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle, puisqu’elle com­plète les avan­cées per­mises par la micro-sonde, en offrant la pos­si­bi­li­té d’obtenir des images en plu­sieurs dimensions.

La pointe de la micro-sonde de 5,2mm, soit presque 2 fois moins que sa grande sœur, offre une bien meilleure tolé­rance chez le patient. De nom­breuses études sont publiées depuis quelques années appuyant les béné­fices de la sonde pour le patient, ajou­tés à la qua­li­té d’image et à la sim­pli­fi­ca­tion de l’intervention. Alors que, très récem­ment et avant le début de la pro­duc­tion des sondes ETO volu­miques pour la pédia­trie, c’est la sonde 10T qui pré­sen­tait son poten­tiel en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle adulte, elle n’était encore que peu démo­cra­ti­sée, car la qua­li­té d’image n’était pas encore assez bonne, et la pos­si­bi­li­té d’obtenir une image volu­mique n’était pas encore là. Ce sont les deux incon­vé­nients qui se pré­sen­taient à la sonde et qui limi­taient donc son uti­li­sa­tion chez l’adulte. Mal­gré ces pro­blèmes, le volume de vente de la 10T conti­nuait de croître et les preuves de son effi­ca­ci­té s’accumulaient. La nou­velle sonde 9VT sor­tie plus tard répon­dit à tous ces pro­blèmes : son excel­lente qua­li­té d’image et la pos­si­bi­li­té d’obtenir des volumes à plu­sieurs dimen­sions offrent des avan­tages indé­niables à la sonde adulte clas­sique dans de nom­breuses indi­ca­tions de l’ETO en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle. Son inté­rêt a été prin­ci­pa­le­ment mesu­ré pour les FOP et les FAG, et de nom­breuses études ont été relayées à ces sujets.

a.    Des procédures sans anesthésie générale pour le confort du patient

L’ensemble des méde­cins et des patients que j’ai pu inter­ro­ger l’affirment : la tolé­rance de la micro-sonde est excel­lente. Une étude d’impact réa­li­sée en interne chez GE montre l’efficacité de la sonde sur ce point sur des cohortes de 20 patients par pro­cé­dure et par type de sonde. Cette meilleure tolé­rance qui est avé­rée sim­pli­fie déjà l’intervention du point de vue du patient et de l’anesthésiste : les inter­ven­tions qui aupa­ra­vant néces­si­taient 3 jours d’hospitalisation, une anes­thé­sie géné­rale, beau­coup de bran­car­dage et un pas­sage en ser­vice de soins post inter­ven­tion­nels, n’en requiers plus qu’un. En effet, la taille de la sonde clas­sique oblige l’anesthésie géné­rale, les risques dus à cette anes­thé­sie aug­mentent, de nom­breux per­son­nels para­mé­di­caux sont mobi­li­sés, et, sur­tout, le patient n’est pas conscient de l’intervention qu’il subit. La mini-sonde per­met alors de ne pas avoir à recou­rir à l’anesthésie géné­rale, pour une inser­tion de sonde d’environ 24 minutes pen­dant l’intervention [50]. Le dérou­le­ment de l’intervention a alors évo­lué, et les pra­ti­ciens se voient attri­bués de nou­velles tâches : le car­dio­logue écho­gra­phiste prend le temps d’expliquer la démarche au patient éveillé, le pro­duit anes­thé­sique local est pla­cé dans la bouche, puis un second est vapo­ri­sé au fond de sa gorge, le cale-dent est pla­cé et l’échographiste passe la sonde dans la bouche du patient. Le plus dur est alors fran­chi pour le patient. Les échanges entre les dif­fé­rents pra­ti­ciens conti­nuent alors pour la bonne réa­li­sa­tion de l’intervention, et le posi­tion­ne­ment de la sonde est modi­fié en temps réel pour obte­nir des vues idéale, grâce aux com­mandes de flexion et rota­tion de la sonde. L’intervention se finit rapi­de­ment, et une ETT est réa­li­sée après avoir reti­ré la 10T pour véri­fier le bon état du péricarde.

L’inconfort de la sonde est donc pal­lié par l’anesthésie local, l’intervention est réa­li­sée rapi­de­ment et effi­ca­ce­ment, la col­la­bo­ra­tion entre les pra­ti­ciens per­met un tra­vail d’équipe effi­cace, le patient est satis­fait, et res­sort le jour-même de l’intervention. Enfin, les objec­tifs de per­for­mance sont atteints : la méde­cine ambu­la­toire est favo­ri­sée, les res­sources sont éco­no­mi­sées et l’activité évo­lue. Cette nou­velle pro­cé­dure pour l’intervention implique que la pré­sence d’un anes­thé­siste n’est plus néces­saire, ce qui pal­lie le manque d’anesthésiste évo­qué au cha­pitre II. Néan­moins, un anes­thé­siste pour­ra tou­jours inter­ve­nir en cas de bas­cule vers l’ETO clas­sique si besoin, ou l’intervention peut être faci­le­ment repro­gram­mée. Ce taux de conver­sion d’anesthésie locale à géné­rale reste minime, d’après l’étude menée par GE. Enfin, des res­sources telles que le curare sont éco­no­mi­sées, et peuvent être mobi­li­sées pour d’autres inter­ven­tions. Durant la pan­dé­mie de COVID, ces éco­no­mies ont per­mis de pal­lier le manque d’approvisionnement, et de conti­nuer l’activité en car­dio­lo­gie interventionnelle.

La sup­pres­sion de l’étape d’anesthésie géné­rale a aus­si modi­fié l’activité des pra­ti­ciens de manière plus géné­rale : le ser­vice de car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle aug­mente son acti­vi­té et son effi­ca­ci­té, et les anes­thé­sistes se recentrent sur d’autres. Il n’y a plus besoin de visite pré­anes­thé­sique pour le patient, des lits d’hospitalisations se libèrent et laisse la place pour d’autres patients. Les patients quittent sou­vent l’hôpital de jour 4 à 6 heures après leur inter­ven­tion, et peuvent ren­trer chez eux. Une infir­mière les appelles le len­de­main pour un contrôle, et une ETT de contrôle est réa­li­sée 6 mois après l’intervention.

Enfin, d’après mes dis­cus­sions avec des écho­gra­phistes, aucune com­pli­ca­tion impu­table à la micro-sonde ou la mini-sonde n’a été réper­to­riée. La meilleure appré­hen­sion de l’intervention par le patient est jus­ti­fiée, puisqu’elle s’accompagne d’une réduc­tion de tous les risques et toutes les contraintes qu’implique l’anesthésie géné­rale. Pour les patients ayant déjà fait de l’ETO aupa­ra­vant, voir la mini-sonde est très rassurant.

b.    Des économies budgétaires

Les chan­ge­ments dans la pra­tique et dans la stra­té­gie thé­ra­peu­tique dus à la minia­tu­ri­sa­tion de la sonde impliquent des résul­tats posi­tifs sur les aspects de san­té et du par­cours patient, mais aus­si sur l’aspect finan­cier. En effet, des éco­no­mies sont effec­tuées grâce à la réduc­tion de l’utilisation de pro­duits anes­thé­siants, de la mobi­li­sa­tion du temps dis­po­nible du per­son­nel, du taux d’occupation des lits d’hospitalisation et de toutes les dépenses asso­ciées (repas, soins…) et des délais d’attente, avec un volume d’activité plus impor­tant. Les frais de san­té du patient sont for­te­ment dimi­nués, et les coûts glo­baux sont opti­mi­sés éga­le­ment pour l’hôpital et la Sécu­ri­té Sociale.

Les DM impli­qués dans ces inter­ven­tions sont aujourd’hui tota­le­ment rem­bour­sés, comme les Mitra­Clip ou Tri­Clip, ou les Amplat­zer PFO Occlu­der de Abbott Medi­cal. La base de rem­bour­se­ment de l’anesthésie locale s’élève à 96,50 € pour ces inter­ven­tions. Le reste à charge pour les patients est très faible, et les coûts en termes d’anesthésie sont for­te­ment dimi­nués. Cette opti­mi­sa­tion de l’activité hos­pi­ta­lière encou­rage les éta­blis­se­ments à se munir d’une mini-sonde ETO pour favo­ri­ser la prise en charge des patients pour FAG et FOP en ambu­la­toire, et répondre ain­si aux exi­gences de l’Etat dans le but d’atteindre le taux d’ambulatoire fixé comme objec­tif. En 2019, on compte en effet 3 150 actes de fer­me­ture de FOP, soit sept fois plus qu’en 2016, et ce nombre est prin­ci­pa­le­ment dû à l’augmentation de l’activité grâce à la faci­li­ta­tion de l’acte avec la micro-sonde [51].

c.     Les axes d’amélioration

Cette bas­cule vers l’ambulatoire ne repose pas seule­ment sur la minia­tu­ri­sa­tion de la sonde : c’est, d’après de nom­breux méde­cins que j’ai pu inter­ro­ger, la sécu­ri­té du patient et son confort qui res­tent prio­ri­taires. Toutes les pro­cé­dures de car­dio­lo­gie struc­tu­relle inter­ven­tion­nelle ne peuvent pas encore être prises en charge par l’ambulatoire. Le temps impor­tant néces­saire pour cer­taines inter­ven­tions ne per­met pas de bas­cu­ler vers l’ambulatoire : même si la sonde est mieux tolé­rée, la gar­der trop long­temps dans l’œsophage est désa­gréable pour le patient et peut lais­ser des séquelles. De plus, cer­taines inter­ven­tions doivent être sui­vie par une sur­veillance du patient plus accrue, puisqu’elles peuvent impli­quer plu­sieurs consé­quences chez le patient. C’est le cas des fer­me­tures de CIA, où le risque d’embolisation de pro­thèse est impor­tant, et qui néces­sitent une sur­veillance cli­nique et ryth­mo­lo­gique pen­dant 48. La bas­cule vers l’ambulatoire est alors dif­fi­cile dans un tel contexte.

Cepen­dant, l’arrivée très récente de la 9VT per­met de faci­li­ter ces inter­ven­tions avec une meilleure qua­li­té d’image, et la pos­si­bi­li­té de navi­guer dans des volumes. La sécu­ri­té des actes est amé­lio­rée grâce à une pré­ci­sion plus accrue, per­mise par la 4D. c’est une option qui était for­te­ment atten­due par de nom­breux pra­ti­ciens : une com­bi­nai­son de la micro-sonde et de la sonde clas­sique volu­mique. Cette der­nière ver­sion de la sonde ETO offre les mêmes pos­si­bi­li­tés que la 6VT, pour une qua­li­té d’image qua­si simi­laire. La 4D aug­mente la pré­ci­sion de l’acte et réduit les risques d’erreur, puisque le gui­dage est faci­li­té et opti­mal, en temps réel. Enfin, son dia­mètre à peine plus grand que celui de la sonde clas­sique reste moins désa­gréable pour le patient et per­met les inter­ven­tions en ambulatoire.

A l’avenir, l’ambulatoire pour­rait être pro­po­sé éga­le­ment aux inter­ven­tions plus com­plexes, telles que les répa­ra­tions mitrales ou tri­cus­pide. Cela implique le besoin d’augmenter l’efficacité, afin de réduire le temps d’insertion de la sonde dans l’œsophage pour réduire l’inconfort du patient. De plus, de nou­velles indi­ca­tions sont envi­sa­gées pour un rem­bour­se­ment de FAG, com­ment le car­dio­logue Dr Nico­las AMABILE a expo­sé dans un webi­nar au Col­lège Natio­nal des Car­dio­logues des Hôpi­taux en 2021 (figure 22).

Figure 22 : Dia­po­si­tive de Nico­las AMABILE expo­sant les indi­ca­tions actuelles et poten­tielles pour la FAG. 

VI.          Le rôle d’ingénieur d’application

a.    Un métier essentiel

L’ingénieur d’application est un expert de son pro­duit. Il par­ti­cipe à la ges­tion de la base ins­tal­lée. Il fait l’intermédiaire entre le pra­ti­cien, expert cli­nique, le ven­deur, le tech­ni­cien, et la machine. Il forme les uti­li­sa­teurs et futurs uti­li­sa­teurs à l’utilisation de la machine et aux nou­velles tech­niques qui se déve­loppent régu­liè­re­ment. Il par­ti­cipe au déve­lop­pe­ment du pro­duit en étant chaque jour à ses côtés et en face des méde­cins, ains qu’en obser­vant et en par­ti­ci­pant à l’évolution des pra­tiques. Il est pro-actif et répond aux besoins des méde­cins en confi­gu­rant les appa­reils selon leurs besoins. L’environnement chez GEHC faci­lite cette impli­ca­tion dans la cli­nique et la for­ma­tion des uti­li­sa­teurs, tant sur le plan pra­tique de l’échographie que cli­nique, avec l’organisation régu­lière des Sep­ti­mus et de for­ma­tions ou work­shop sur l’ensemble du ter­ri­toires, acces­sibles à tous les médecins.

Ce rôle est alors indis­pen­sable en ima­ge­rie médi­cale, et il est voué à l’être d’autant plus dans le futur. Des nou­velles pra­tiques comme celle de car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle gui­dée par les mini-sondes ETO sont per­mises par la col­la­bo­ra­tion entre les méde­cins cher­cheurs et les entre­prises comme GE Heal­th­Care, par l’intermédiaire notam­ment des ingé­nieurs d’application. Il reste l’interface entre le monde médi­cal et tech­no­lo­gique, et le contact humain du médecin.

Enfin, il joue un rôle impor­tant aus­si dans la vente des machines, puisqu’il orga­nise et par­ti­cipe aux démons­tra­tions. Le choix du méde­cin ne se joue pas que dans le logo affi­ché sur la machine ou ses options, mais aus­si dans le ser­vice qu’il obtien­dra après avoir acquis l’échographe. Avant l’achat, que le méde­cin passe par un appel d’offre ou non, il est essen­tiel de lui mon­trer toutes les fonc­tion­na­li­tés de l’appareil et ce que lui appor­te­ra d’acheter telle machine ou une autre. C’est un des rôles essen­tiels de l’ingénieur d’application qui ne pour­ra, selon moi, jamais être rem­pla­cé. Le contact avec le client est indis­pen­sable, puisque l’ingénieur d’application doit convaincre le futur client. Une fois de plus, être client chez GE Heal­th­Care ne se limite pas qu’à la pos­ses­sion d’une machine : il sera accom­pa­gné de l’ingénieur d’application pour ses for­ma­tions, pour la confi­gu­ra­tion de son appa­reil, il aura accès à de nom­breux wor­shop et webi­nars, et un ser­vice client tou­jours disponible.

b.    L’ingénieur d’applications dans le futur

Bien que de nom­breux outils soient déve­lop­pés régu­liè­re­ment, faci­li­tant cer­taines mis­sions de l’ingénieur d’applications, l’ingénieur d’application évo­lue­ra mais ne dis­pa­raî­tra pas. Par­mi ces outils, il y a l’application à dis­tance qui existe depuis quelques années, qui per­met à l’équipe à dis­tance de prendre en main la machine et d’effectuer tous les réglages pos­sibles d’un ingé­nieur d’applications à dis­tance, rédui­sant ain­si, quand c’est pos­sible, les besoins de dépla­ce­ments, et per­met­tant au méde­cin d’avoir les réglages dont il a besoin au plus vite. Ensuite, le choix des machines pour une démons­tra­tion sera bien­tôt faci­li­té par l’anticipation des besoins du méde­cin, grâce à un outil en ligne qui per­met­trait de faire une demande et de per­son­na­li­ser la machine selon ses envies. Enfin, un outil comme Veri­sound Fleet per­met de gérer toute une flotte de machines au niveau de leur pré­ré­glages d’imagerie, et d’analyser l’activité des écho­graphes (les modes uti­li­sés, les types d’examens réa­li­sés…) pour étu­dier l’évolution des pra­tiques et s’adapter aux besoins.

Conclusion

L’échocardiographie est indis­pen­sable à l’étude de la struc­ture et de la fonc­tion car­diaque. L’ETO s’est rapi­de­ment implan­tée en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle grâce à l’évolution rapide de la tech­no­lo­gie et des pos­si­bi­li­tés qu’elle offre, notam­ment l’imagerie 3D/4D. Elle per­met de gui­der le car­dio­logue inter­ven­tion­nel lors des chi­rur­gies per­cu­ta­nées dans plu­sieurs indi­ca­tions, telles que la fer­me­ture de FOP ou la FAG, ou les répa­ra­tions de valve.

L’état du sys­tème de san­té fran­çais qui s’est long­temps dégra­dé connaît pro­gres­si­ve­ment un renou­veau grâce aux stra­té­gies natio­nales de san­té depuis quelques années, qui ont impo­sé des objec­tifs et entraî­nés dif­fé­rentes lois et direc­tives pour l’améliorer, en par­ti­cu­lier la volon­té d’un « virage ambu­la­toire ». Ain­si, ces objec­tifs sont rela­ti­ve­ment atteints, petit à petit, et l’innovation tech­no­lo­gique y par­ti­cipe grandement.

La minia­tu­ri­sa­tion de la sonde ETO par­ti­cipe gran­de­ment à ce virage ambu­la­toire dans une spé­cia­li­té qui se base encore beau­coup sur les hos­pi­ta­li­sa­tions conven­tion­nelles dans la prise en charge de ses patients. Elle amé­liore la per­for­mance des ser­vices de car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle en rédui­sant les besoins en res­sources maté­rielles, finan­cières et humaines. Les éco­no­mies sont consi­dé­rables sur tous ces points, et le par­cours du patient est gran­de­ment faci­li­té, avec une prise en charge rapide et aux risques réduits.

La mini-sonde 9VT offre de nou­velles pos­si­bi­li­tés, depuis sa com­mer­cia­li­sa­tion en 2022, grâce à l’imagerie volu­mique qu’elle pro­pose. Ain­si, les indi­ca­tions pour­raient s’élargir à de nou­veaux cas cli­niques et de nou­velles patho­lo­gies à trai­ter. En clair, le champ des pos­sible reste vaste dans l’innovation en car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle et en ETO.

J’ai pu écrire ce rap­port grâce à toutes les études et tous les articles que j’ai lu, mais aus­si grâce à mon expé­rience en tant qu’ingénieur d’applications ultra­sons car­dio­vas­cu­laire. J’ai pu décou­vrir le métier en tra­vaillant avec les meilleures machines du mar­ché, dans un envi­ron­ne­ment riche, et au contact des méde­cins tous les jours. J’ai pu apprendre beau­coup, tant sur la tech­no­lo­gie que sur la pra­tique cli­nique, et enri­chir mes pro­pos des témoi­gnages que j’ai pu récol­ter et des expé­riences que j’ai vécues. J’ai très appré­cié tra­vailler avec mon équipe, dans un tel envi­ron­ne­ment, et j’ai encore beau­coup à apprendre durant mes deux mois de stages res­tants, durant les­quels je vais éga­le­ment pou­voir ouvrir les nom­breuses portes qui s’ouvriront à moi, dans un domaine très vaste.

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Annexes

Annexe 1 : Les prin­ci­pales acqui­si­tions sur le mar­ché de l’échographie.
Annexe 2 : Les prin­ci­pales lois de san­té en France de 1991 à 2019.

IDS229 - Stratégie de marquage CE pour les dispositifs médicaux en Europe selon le Règlement 2017/745 : Zoom sur l'élaboration du Dossier Technique

Autrice

Contacts

Citation

A rap­pe­ler pour tout usage : Ouis­sal HAKIK, « Stra­té­gie de mar­quage CE pour les dis­po­si­tifs médi­caux en Europe selon le Règle­ment 2017/745 : Zoom sur l'élaboration du Dos­sier Tech­nique », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Par­cours Dis­po­si­tif médi­cal et Affaires Régle­men­taires, Mémoire d'Apprentissage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS229, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids229/

Résumé

Le Règle­ment sur les Dis­po­si­tifs Médi­caux (RDM) de l'UE 2017/745 a appor­té d'importants chan­ge­ments dans la pro­cé­dure de mise sur le mar­ché des dis­po­si­tifs médi­caux en Europe. Ce règle­ment exige des fabri­cants qu'ils démontrent non seule­ment la confor­mi­té de leurs pro­duits mais aus­si qu'ils dis­posent d'un sys­tème fiable pour la repro­duc­tion de ces dis­po­si­tifs. Ces nou­velles direc­tives consti­tuent un défi majeur, en par­ti­cu­lier pour les petites entre­prises, néces­si­tant ain­si l'élaboration d'une stra­té­gie régle­men­taire robuste pour se confor­mer aux normes ren­for­cées du RDM et garan­tir une totale confor­mi­té réglementaire.

Ce rap­port pré­sente les mis­sions menés pour accom­pa­gner la socié­té Suri­cog, fabri­cant de dis­po­si­tifs médi­caux, dans son pro­ces­sus d'obtention du mar­quage CE. Il expose les étapes clés pour déve­lop­per une stra­té­gie régle­men­taire ciblée, en met­tant par­ti­cu­liè­re­ment l'accent sur la pré­pa­ra­tion des dos­siers tech­niques conformes au règle­ment euro­péen (UE) 2017/745. De plus, il aborde les acti­vi­tés annexes menées en paral­lèle, notam­ment en ce qui concerne la confor­mi­té du sys­tème de mana­ge­ment de la qua­li­té, aidant ain­si Suri­cog à com­mer­cia­li­ser ses pro­duits sur le mar­ché européen.

Abstract

The EU Medi­cal Device Regu­la­tion (MDR) 2017/745 has brought signi­fi­cant changes to the pro­ce­dure for pla­cing medi­cal devices on the mar­ket in Europe. This regu­la­tion requires manu­fac­tu­rers not only to demons­trate the confor­mi­ty of their pro­ducts, but also to have a reliable sys­tem for repro­du­cing these devices. These new direc­tives represent a major chal­lenge, par­ti­cu­lar­ly for smal­ler com­pa­nies, requi­ring the deve­lop­ment of a robust regu­la­to­ry stra­te­gy to meet the enhan­ced stan­dards of the MDR and ensure full regu­la­to­ry compliance.

This report pre­sents the assi­gn­ments car­ried out to sup­port Suri­cog, a medi­cal device manu­fac­tu­rer, in its pro­cess of obtai­ning CE mar­king. It out­lines the key steps invol­ved in deve­lo­ping a tar­ge­ted regu­la­to­ry stra­te­gy, with par­ti­cu­lar empha­sis on the pre­pa­ra­tion of tech­ni­cal dos­siers com­pliant with Euro­pean Regu­la­tion (EU) 2017/745. In addi­tion, it dis­cusses the ancil­la­ry acti­vi­ties car­ried out in paral­lel, nota­bly with regard to qua­li­ty mana­ge­ment sys­tem com­pliance, hel­ping Suri­cog to mar­ket its pro­ducts on the Euro­pean market.

Mémoire confidentiel

IDS228 - Mise en application des exigences relatives à la base de données européenne EUDAMED

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A rap­pe­ler pour tout usage : Mar­gaux GUILBERT, « Mise en appli­ca­tion des exi­gences rela­tives à la base de don­nées euro­péenne EUDAMED au sein de l’entreprise SYMATESE DEVICE », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire de Stage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS228, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids228/

Résumé

Le sec­teur de la san­té connaît des évo­lu­tions constantes et d’autant plus avec l’intégration de l’informatique. Ces nou­velles tech­no­lo­gies peuvent être uti­li­sés pour amé­lio­rer la per­for­mance des pro­duits mais éga­le­ment pour en assu­rer la tra­ça­bi­li­té et la sécu­ri­té, comme en témoigne la mise en ser­vice de EUDAMED. Ce mémoire de stage porte sur la mise en place des exi­gences rela­tives à cette base de don­nées euro­péenne au sein d’une entre­prise fran­çaise de dis­po­si­tifs médicaux.

La mis­sion prin­ci­pale de ce pro­jet consis­tait à implé­men­ter les exi­gences d’EUDAMED, incluant l’étude de la docu­men­ta­tion, l’enregistrement des don­nées néces­saires sur EUDAMED, et la péren­ni­sa­tion des acti­vi­tés liées à la base de don­nées via l’établissement de pro­cé­dures pour assu­rer la conti­nui­té et la confor­mi­té à long terme.

Ces acti­vi­tés ont per­mis de mettre en confor­mi­té l’entreprise vis-à-vis des exi­gences rela­tives à EUDAMED et à l’IUD, d’enregistrer avec suc­cès les dis­po­si­tifs médi­caux sur EUDAMED, et de for­mer le per­son­nel concer­né aux nou­velles pro­cé­dures. Ces résul­tats per­mettent une amé­lio­ra­tion de la tra­ça­bi­li­té et de la sécu­ri­té des dis­po­si­tifs médi­caux, tout en assu­rant la confor­mi­té aux régu­la­tions européennes.

Abstract

The heal­th­care sec­tor is under­going constant change, and par­ti­cu­la­ry so with the inte­gra­tion of IT into the sec­tor. These new tech­no­lo­gies can be used to improve pro­duct per­for­mance, but also to ensure tra­cea­bi­li­ty and safe­ty, as demons­tra­ted by the launch of EUDAMED. This inter­n­ship report deals with the imple­men­ta­tion of the requi­re­ments rela­ting to this Euro­pean data­base within a French medi­cal device company.

The main task was to imple­ment the EUDAMED requi­re­ments, inclu­ding the stu­dy of the docu­men­ta­tion, the regis­tra­tion of the neces­sa­ry data on EUDAMED, and the sus­tai­na­bi­li­ty of the acti­vi­ties lin­ked to the data­base by esta­bli­shing pro­ce­dures to ensure conti­nui­ty and com­pliance in the long term.

The pro­ject car­ried out within the host orga­ni­za­tion enabled the com­pa­ny to com­ply with EUDAMED and UDI requi­re­ments, to suc­cess­ful­ly regis­ter medi­cal devices on EUDAMED, and to train inter­nal staff in the new pro­ce­dures. These results have impro­ved the tra­cea­bi­li­ty and safe­ty of medi­cal devices, while ensu­ring com­pliance with Euro­pean regulations.

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IDS228- Mise en application des exigences relatives à la base de données européenne EUDAMED au sein de l’entreprise SYMATESE DEVICE- Rapport de stage de fin d'études
IDS228- Mise en appli­ca­tion des exi­gences rela­tives à la base de don­nées euro­péenne EUDAMED au sein de l’entreprise SYMATESE DEVICE- Rap­port de stage de fin d'études

Mise en appli­ca­tion des exi­gences rela­tives à la base de don­nées euro­péenne EUDAMED au sein de l’entreprise SYMATESE DEVICE

IDS227 - Implantation du dispositif d’ablation par électroporation Farapulse dans les blocs de cardiologie interventionnelle 

Auteure

Swann GHEUNG

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A rap­pe­ler pour tout usage : Swann GHEUNG, « Implan­ta­tion du dis­po­si­tif d’ablation par élec­tro­po­ra­tion Fara­pulse dans les blocs de car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle », Uni­ver­si­té de Tech­no­lo­gie de Com­piègne (France), Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té, Mémoire de Stage, https://travaux.master.utc.fr/, réf n° IDS227, juillet 2024, https://travaux.master.utc.fr/formations-master/ingenierie-de-la-sante/ids227/

Résumé

Bos­ton Scien­ti­fic est une entre­prise amé­ri­caine qui déve­loppe des dis­po­si­tifs médi­caux de pointe notam­ment dans le domaine de la car­dio­lo­gie. Aujourd’hui, ce􏰁e socié­té est lea­der dans une nou­velle tech­nique d’ablation des cel­lules du cœur, l’électroporation. Cte éner­gie per­met de trai­ter cer­tains troubles du rythme car­diaque avec plus de sécu­ri­té que la radio fré­quence et la cryo-abla­tion, his­to­ri­que­ment utilisées.

Ce rap­port retrans­crit mes débuts en tant qu’ingénieure d’application en élec­tro­phy­sio­lo­gie. C’est prin­ci­pa­le­ment au côté de l’équipe d’ingénieurs de la divi­sion d’électrophysiologie d’Île-de-France que j’ai évo­lué durant 6 mois. L’objectif de ce stage fut de me for­mer afin de sup­por­ter tech­ni­que­ment et cli­ni­que­ment les car­dio­logues durant les pro­cé­dures d’ablation par électroporation.

Abstract

Bos­ton Scien­ti­fic is an Ame­ri­can com­pa­ny that deve­lops high-tech medi­cal devices, par­ti­cu­lar­ly in car­dio­lo­gy. Cur­rent­ly, Bos­ton Scien­ti­fic is the lea­der in a brand-new abla­tion tech­nic for car­diac cells, elec­tro­po­ra­tion or pul­sed field abla­tion. This ener­gy is used to treat heart rhythm disor­ders more safe­ly than radio­fre­quen­cy or cryo-abla­tion, his­to­ri­cal­ly used.

This report trans­cribes the begin­nings as field cli­ni­cal engi­neer in elec­tro­phy­sio­lo­gy. It was within the Île- de-France elec­tro­phy­sio­lo­gy engi­neer team, that I main­ly wor­ked for 6 months. The internship’s objec­tive was to train myself to sup­port tech­ni­cal­ly and cli­ni­cal­ly phy­si­cians during pul­sed field abla­tion procedures.

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IDS227 - Rapport de stage
IDS227 - Rap­port de stage

Implantation du dispositif d’ablation par électroporation Farapulse dans les blocs de cardiologie interventionnelle 

Introduction

La fibril­la­tion atriale (FA) est l’arythmie car­diaque la plus fré­quente et est res­pon­sable d’un tiers des acci­dents vas­cu­laires céré­braux (AVC). En France 110 000 à 230 000 nou­veaux cas de fibril­la­tion atriale sont obser­vés par an [1]. Trai­ter ce trouble du rythme car­diaque est donc un enjeu de san­té publique. Les trai­te­ments exis­tants sont adap­tés à cha­cun, il peut s’agir d’une simple pres­crip­tion de médi­ca­ments (anti­aryth­mique et anti­coa­gu­lant) à une désac­ti­va­tion per­ma­nente des cel­lules de cer­taines zones du cœur néces­si­tant une inter­ven­tion au bloc opératoire.

Dans le but de trai­ter de façon sécu­ri­sée et per­ma­nente les indi­vi­dus atteints d’arythmie car­diaque, la socié­té Bos­ton Scien­ti­fic par­ti­cipe très lar­ge­ment au déve­lop­pe­ment de nou­velles tech­no­lo­gies et pro­pose une gamme de pro­duits entiè­re­ment dédiés au trai­te­ment des troubles du rythme. Bos­ton Scien­ti­fic est notam­ment pré­cur­seur dans l’implantation d’une nou­velle tech­nique de désac­ti­va­tion ou abla­tion des cel­lules du cœur res­pon­sables d’arythmies, l’électroporation. Cette toute nou­velle méthode par­ti­cu­liè­re­ment sûre, rapide et effi­cace par rap­port aux autres tech­no­lo­gies d’ablation est de plus en plus adop­tée par les car­dio­logues, ryth­mo­logues fran­çais pour sou­la­ger leurs patients.

L’ingénieur d’application tra­vaille alors en col­la­bo­ra­tion avec les équipes du bloc opé­ra­toire afin d’assurer la bonne implan­ta­tion et uti­li­sa­tion du sys­tème inno­vant qu’est l’ablation par élec­tro­po­ra­tion (Pul­sed Field Abla­tion PFA). C’est donc au sein de la socié­té Bos­ton Scien­ti­fic que j’ai eu la chance de décou­vrir le quo­ti­dien et les mis­sions d’un ingé­nieur d’application en élec­tro­phy­sio­lo­gie EP, dans le cadre de mon stage de fin d’études de Mas­ter Ingé­nie­rie de la San­té (Par­cours TBTS) à l’Université Tech­no­lo­gique de Com­piègne (UTC).  

Dans ce contexte d’implantation d’une nou­velle tech­no­lo­gie, l’ingénieur d’application répond à la pro­blé­ma­tique déter­mi­nante d’assurer l’utilisation pérenne et adé­quate de la PFA pour le trai­te­ment des troubles du rythme cardiaque.

I. Boston Scientific et son environnement

A. Boston Scientific au cœur de de l'innovation

La socié­té Bos­ton Scien­ti­fic est fon­dée 1979 par John Abele et Peter Nicho­las, dans le Mas­sa­chu­setts aux États-Unis. Les pre­miers pro­duits déve­lop­pés par les fon­da­teurs sont des bal­lons d’angioplastie. Ils ont ensuite éten­du leurs acti­vi­tés à plu­sieurs spé­cia­li­tés médi­cales en inves­tis­sant dans la recherche et le déve­lop­pe­ment (R&D) et éga­le­ment en rache­tant des start-ups au fil des années. C’est plus d‘un mil­liard de U.S dol­lars inves­tis en R&D par an. Aujourd’hui Bos­ton Scien­ti­fic pro­pose des dis­po­si­tifs médi­caux en uro­lo­gie, neu­ro­lo­gie, chi­rur­gie, médi­cine vas­cu­laire et évi­de­ment en cardiologie. 

La socié­té a une offre de pro­duits essen­tiel­le­ment de haute tech­no­lo­gie et à risque. En effet, il s’agit majo­ri­tai­re­ment de dis­po­si­tifs médi­caux en contact avec l’intérieur des patients et d’implants qui peuvent être élec­tro­niques. C’est plus de 37 mil­lions de patients trai­tés chaque année avec un dis­po­si­tif Bos­ton Scien­ti­fic à tra­vers les 140 pays dans les­quels la socié­té com­mer­cia­lise ses pro­duits. La diver­si­té de pro­duits et la rigueur por­tée à la qua­li­té des dis­po­si­tifs médi­caux per­mettent l’immense crois­sance que Bos­ton Scien­ti­fic pré­sente cette der­nière décen­nie, voir figure n°1.  Bos­ton Scien­ti­fic s’impose sur le mar­ché du dis­po­si­tif médi­cal de pointe au même titre que de célèbres concur­rents tels qu’Abbott ou Med­tro­nic, avec un chiffre de vente net à plus 14 mil­liards de dol­lars en 2023.

Figure n°1 : Croissance chiffre d’affaires Boston Scientific cette dernière décennie

Depuis 2012, le CEO est Michael Maho­ney, il a à cœur de faire de Bos­ton Scien­ti­fic une entre­prise avec des valeurs fortes. En effet, l’inclusivité, la diver­si­té ain­si qu’une grande vigi­lance sur l’empreinte car­bone offrent un envi­ron­ne­ment de tra­vail favo­rable à la bonne crois­sance de la socié­té et à la qua­li­té des pro­duits Bos­ton Scien­ti­fic. Cette poli­tique per­met d’ailleurs de pla­cer cette socié­té dans le top de nom­breux clas­se­ments tels que dans le top 100 America’s Just Most Com­pa­nies [2] ain­si que la sixième place du clas­se­ment Top Com­pa­nies Lin­ke­dIn [3].

B. Investir et innover pour tous les besoins

La rai­son d’être de Bos­ton Scien­ti­fic est « advan­cing science for life » et cela se tra­duit par l’investissement et la com­mer­cia­li­sa­tion de dis­po­si­tifs médi­caux par­ti­cu­liè­re­ment inno­vants et tech­no­lo­giques dans plu­sieurs spé­cia­li­tés médi­cales. Ain­si, six divi­sions, voir figure n°2, se dis­tinguent autour de spé­cia­li­tés médicales :

Inter­ven­tions périphériques

Bos­ton Scien­ti­fic étant his­to­ri­que­ment pré­sent sur le mar­ché de la méde­cine vas­cu­laire, aujourd’hui encore, ils assurent l’accès et le déve­lop­pe­ment de bal­lon d’angioplastie high­tech ou encore l’Angiojet qui per­met d’aspirer les throm­boses vei­neuses. S’ajoutent à cela des appa­reils chi­rur­gi­caux uti­li­sés dans le trai­te­ment de cer­tain cancer.

Car­dio­lo­gie inter­ven­tion­nelle et struc­ture cardiaque

Pour diag­nos­ti­quer et trai­ter une varié­té de mala­dies car­dio­vas­cu­laires, cette divi­sion offre une large gamme de stents pour les coro­naires, des pro­thèses de valves aor­tiques et des pro­thèses de fer­me­ture d’auricule. Encore aujourd’hui, Bos­ton Scien­ti­fic par­ti­cipe acti­ve­ment à l’innovation pour ces dis­po­si­tifs médi­caux déjà per­for­mants dans le but de garan­tir une sécu­ri­té maximale.

Neu­ro­mo­du­la­tion

La neu­ro­mo­du­la­tion est un mar­ché récent, encore peu exploi­té et à forte crois­sance avec une aug­men­ta­tion du nombre de patients éli­gibles. Il s’agit de dis­po­si­tifs médi­caux actifs, intel­li­gents et tech­no­lo­giques qui per­mettent la ges­tion de la dou­leur chro­nique et des affec­tions neu­ro­lo­giques comme la mala­die de Parkinson.

Endo­sco­pie diges­tive et pulmonaire

Lea­der sur le mar­ché mon­dial de tech­no­lo­gies pour le diag­nos­tic et le trai­te­ment des mala­dies gas­tro-intes­ti­nales et des affec­tions des voies res­pi­ra­toires, Bos­ton Scien­ti­fic pro­pose notam­ment des bron­cho­scopes, une large gamme d’endoscopes ain­si que des équi­pe­ments pour réa­li­ser les biop­sies ou encore des pro­thèses pour le sou­tien struc­tu­rel biliaire.

Uro­lo­gie, San­té pel­vienne et Gynécologie

Bos­ton Scien­ti­fic s’investit éga­le­ment dans la prise en charge des mala­dies rénales, de la ves­sie en pro­po­sant par exemple des uré­tro­scopes pour le diag­nos­tic et des lasers au CO2 pour les trai­te­ments chi­rur­gi­caux. S’ajoute à cela des dis­po­si­tifs pour le trai­te­ment de la pros­tate élar­gie ou de l’incontinence urinaire.

Rhythm Mana­ge­ment (RM)

Enfin, la divi­sion RM résulte du rachat en 2006 de l’entreprise Gui­dant spé­cia­li­sée dans le trai­te­ment des troubles du rythme car­diaque, cette étape est d’ailleurs celle qui a per­mis l’incroyable crois­sance de Bos­ton Scien­ti­fic ces der­nières décennies.

RM est divi­sé en deux sous-divi­sions : CRM Car­diac Rythm Mana­ge­ment et EP Elec­tro­phy­sio­lo­gie. CRM pro­pose tous les dis­po­si­tifs car­diaques implan­tables actifs tels que les appa­reils d’enregistrement sous cuta­né connu sous le nom de hol­ter, les sti­mu­la­teurs ou pace­ma­kers et les défi­bril­la­teurs et notam­ment le S-ICD qui était jusqu’à ce début d’année 2024 le seul défi­bril­la­teur sans sonde endocavitaire.

L’EP offre des solu­tions pour trai­ter les aryth­mies direc­te­ment dans le cœur lors d’une inter­ven­tion au bloc opé­ra­toire. C’est au sein de cette sous-divi­sion que j’ai pu évo­luer durant mon stage. 

Figure n°2 : Les six divisions de produits Boston Scientific

Bos­ton Scien­ti­fic se coor­donne autour de ces six divi­sions pour un mana­ge­ment au plus proche de cha­cun, réduire le nombre d’intermédiaires et d’interlocuteurs et per­mettre à cha­cun d’être entiè­re­ment expert de ses pro­duits. Ain­si chaque groupe de pro­duits a sa propre équipe de vente, de mar­ke­ting et d’ingénieurs d’application.

C. Place dans le monde et en France

Bos­ton Scien­ti­fic compte aujourd’hui plus de 48 000 employés à tra­vers le monde. La socié­té amé­ri­caine est divi­sée en conti­nents Uni­ted-State, APAC (Asia-Paci­fic), LACA (Latin Ame­ri­ca and Cana­da) et EMEA (Europe Middle East Afri­ca). La France appar­tient au « clus­ter » Nord d’EMEA avec la Bel­gique, les pays scan­di­naves, l’Irlande et le Royaume-Uni, voir figure n°3. Cette répar­ti­tion en clus­ter per­met de s’adapter au mieux aux dif­fé­rents mar­chés et cultures.

 Figure n°3 : Clusters de la région EMEA

En tant que sta­giaire en EP, je dépends de la divi­sion RM. Cette der­nière est assez large puisqu’elle regroupe éga­le­ment les forces de ventes, ingé­nieurs et sup­port en Car­diac Rythm Mana­ge­ment CRM. C’est donc au côté de 25 ingé­nieurs d’application en EP, dont deux alter­nantes, et 12 ven­deurs que j’ai effec­tué mon stage tout comme 9 autres sta­giaires. L’équipe de FCS est super­vi­sée par 5 mana­gers qui sont aus­si ingé­nieurs et pré­sents quo­ti­dien­ne­ment sur le ter­rain. Ils gèrent les dif­fé­rentes régions, à savoir Sud, Rhône-Alpes, Sud-Ouest, Île-de-Fran­ce/Est et Île-de-Fran­ce/Ouest, cette der­nière étant celle sur laquelle j’ai exer­cé, voir figure n°4. Nous sommes alors deux sta­giaires basées en région pari­sienne, les 8 autres sta­giaires sont loca­li­sés à Bor­deaux, Mar­seille, Nantes, Mont­pel­lier, Tou­louse, Angers, Cler­mont-Fer­rand et Lyon.

Figure n°4 : Régions des managers

II. Diagnostiquer et traiter les troubles du rythme cardiaque

A. Physiologie du rythme cardiaque

A.1 L'anatomie cardiaque

Le cœur est un muscle d’environ 300 à 400 grammes et de la taille d’un point situé sous le pou­mon gauche. Le cœur est donc le prin­ci­pal organe vital du corps humain car il joue un véri­table rôle de « pompe ». Sépa­ré en deux par­ties par une cloi­son appe­lée sep­tum, le cœur droit assure la cir­cu­la­tion pul­mo­naire, le sang qui va s’oxygéner dans les pou­mons et le cœur gauche la cir­cu­la­tion sys­té­mique, celle qui va ali­men­ter les muscles et les autres organes. Ces deux par­ties sont cha­cune divi­sées en deux cavi­tés une oreillette et un ven­tri­cule, com­mu­ni­quant par une valve. A droite, l’oreillette com­mu­nique avec le ven­tri­cule droit grâce à la valve tri­cus­pide, à gauche c’est la valve mitrale qui sépare les deux cavi­tés gauches, voir figure n°5. Concrè­te­ment, le sang désoxy­gé­né est ache­mi­né vers l’oreillette droite via les veines caves infé­rieure et supé­rieure. Il passe dans le ven­tri­cule droit qui l’éjecte vers les pou­mons. Une fois oxy­gé­né, le sang est rame­né à l’oreillette gauche via les quatre veines pul­mo­naires, voir figure n°6. Il passe ensuite dans le ven­tri­cule gauche puis l’aorte afin d’être redis­tri­bué à tous les organes du corps.

 Figure n°5 : Schéma du cœur & Figure n°6 : Schéma du cœur vue postérieure

Afin de com­prendre au mieux l’ablation des car­dio­myo­cytes dans le cadre du trai­te­ment de la fibril­la­tion atriale, il est éga­le­ment impor­tant de défi­nir deux struc­tures ana­to­miques du cœur : la fosse ovale FO et le sinus coro­naire CS. La FO est un trou situé au niveau du sep­tum sépa­rant les deux oreillettes, voir figure n°7. Nor­ma­le­ment des­ti­né à se bou­cher lors du déve­lop­pe­ment embryon­naire, il est cepen­dant pos­sible de trou­ver des patients chez les­quels cette fer­me­ture ne s’est pas réa­li­sée : on appelle ceci un Fora­men Ovale Per­méable FOP.

Figure n°7 : Schéma de la fosse ovale

Le CS est une « veine » qui col­lecte le sang vei­neux du cœur, voir figure n°8, il s’enroule autour de la valve mitrale et son ostium débouche direc­te­ment dans l’oreillette droite. En élec­tro­phy­sio­lo­gie, les méde­cins insèrent sou­vent des cathé­ters de diag­nos­tic dans cette struc­ture car celle-ci est stable et per­met de recueillir les signaux du côté gauche du cœur.

Figure n°8 : En vert le sinus coronaire en vue postérieure

A.2 Le système de conduction cardiaque

Les contrac­tions du cœur sont contrô­lées par un sys­tème de conduc­tion élec­trique. Les cel­lules car­diaques ont des pro­prié­tés par­ti­cu­lières qui leur per­mettent de géné­rer une impul­sion et de se dépo­la­ri­ser de proche en proche. Le che­mi­ne­ment de ce cou­rant élec­trique à tra­vers le cœur assure sa contrac­tion. L’impulsion élec­trique pri­maire est engen­drée auto­ma­ti­que­ment au niveau du nœud sinoa­trial, aus­si appe­lé nœud sinu­sal SA. Ce véri­table « pace­ma­ker » du cœur est situé à la jonc­tion entre l’oreillette droite et la veine cave supé­rieure et génère un rythme régu­lier d’environ 80 bat­te­ments par minute (bpm). L’impulsion pro­duite par le SA emprunte une voie de conduc­tion par­ti­cu­lière appe­lée fais­ceau de Bach­mann pour rejoindre l’oreillette gauche et la contrac­ter. En paral­lèle, l’impulsion se déplace via les fais­ceaux inter-nodaux menant au nœud atrio­ven­tri­cu­laire NAV. Une fois exci­té, le nœud AV trans­met le cou­rant au fais­ceau de His, sépa­ré en deux branches droite et gauche des­cen­dantes le long des ven­tri­cules. Les branches sont connec­tées à des fila­ments situés à l’apex du cœur : les fibres de Pur­kinje. Le par­cours de l’influx élec­trique prend donc fin au niveau de ces fila­ments reliés aux fibres mus­cu­laires car­diaques, assu­rant ain­si une contrac­tion des ven­tri­cules, voir figure n°9. Ce che­min élec­trique est le sys­tème nor­mal de conduc­tion car­diaque. Le rythme géné­ré est appe­lé sinu­sal. Tout sché­ma de conduc­tion dif­fé­rent du sinu­sal est appe­lé aryth­mie. Pour déter­mi­ner quel est le mode de conduc­tion car­diaque d’un patient, il est pos­sible d’enregistrer son acti­vi­té élec­trique à l’aide d‘un élec­tro­car­dio­gramme (ECG). Les dépo­la­ri­sa­tions et repo­la­ri­sa­tions suc­ces­sives des oreillettes et des ven­tri­cules s’observent sur un tra­cé ECG à l’aide des ondes P,QRS et T. Chaque irré­gu­la­ri­té au niveau de ces ondes per­met de dif­fé­ren­cier et dis­cri­mi­ner les aryth­mies cardiaques.

Figure n°9 : Schéma de dépolarisation (à gauche) et électrocardiogramme (à droite)

B. La fibrillation atriale

B.1 Principe et causes

La fibril­la­tion atriale (FA) est un trouble du rythme carac­té­ri­sé par l’activation rapide et désor­don­née des oreillettes, ren­dant ain­si la contrac­tion atriale inef­fi­cace et la contrac­tion ven­tri­cu­laire irrégulière.

Lors d’un épi­sode de FA cer­taines cel­lules des oreillettes, déchargent suc­ces­si­ve­ment et de façon irré­gu­lière, des poten­tiels qui vont ensuite dépo­la­ri­ser le reste des oreillettes. Ces acti­va­tions aléa­toires ont une fré­quence entre 350 et 400 bpm ce qui est lar­ge­ment plus rapide que ce qu’orchestre le SA, entre 60 et 100bpm au repos et 200bpm lors d’une acti­vi­té phy­sique.  Ce rythme atrial pro­vo­qué par ces acti­va­tions prend alors le pas sur le SA, cepen­dant le NAV a la capa­ci­té de fil­trer les dépo­la­ri­sa­tions des oreillettes et pro­tège les ven­tri­cules de se contrac­ter éga­le­ment à 350/400 bpm, voir figure n°10. Ain­si en FA, les ven­tri­cules se contractent de façon rapide et tota­le­ment irré­gu­lière avec envi­ron 170bpm. Les méca­nismes et sources exactes de la FA posent encore beau­coup de ques­tions et reste un réel sujet de débat au sein de la com­mu­nau­té de ryth­mo­logue. Cepen­dant, le tra­vail du Pro­fes­seur Bor­de­lais Hais­sa­guerre, sug­gère que ces décharges de poten­tiels rapides et désor­ga­ni­sées à l’origine de la dépo­la­ri­sa­tion des oreillettes pro­viennent très sou­vent des quatre veines pul­mo­naires de l’oreillette gauche. En effet, ces der­nières ini­tie­raient la FA par leur capa­ci­té à libé­rer des trig­gers, influx élec­triques dans les oreillettes. Ain­si, abla­ter l’ostium des veines pul­mo­naires per­met l’isolation élec­trique et l’interruption des dépo­la­ri­sa­tions inap­pro­priées des atriums dans une majo­ri­té des cas.

Figure n°10 : Schéma de dépolarisation en fibrillation atriale

B.2 Conséquences et diagnostic

La FA est une aryth­mie très cou­rante, elle touche envi­ron 750 000 per­sonnes en France et elle est res­pon­sable d’un tiers des AVC. En 2050 c’est près de 2 mil­lions d’individus qui risquent de souf­frir de cette patho­lo­gie, cette crois­sance étant liée à l’augmentation de l’obésité et de la séden­ta­ri­té [1]. Les symp­tômes s’expriment de façon très sin­gu­lière chez chaque indi­vi­du. En effet, une per­sonne atteinte ne peut pré­sen­ter aucun symp­tôme, comme res­sen­tir une fatigue, la sen­sa­tion d’un pois­son dans la poi­trine, des vertiges, …

De plus, la FA est dis­cri­mi­née selon deux types qui s’expriment selon les patients et l’avancement de la maladie :

Pour le diag­nos­tic les patients soup­çon­nés de faire de la FA, passent alors un élec­tro­car­dio­gramme ECG ou portent un hol­ter (appa­reil qui enre­gistre l’activité car­diaque sans inter­rup­tion le temps de quelques jours) si l’épisode d’arythmie ne peut être diag­nos­ti­qué lors d’une consul­ta­tion. A l’ECG la FA se carac­té­rise par l’absence d’onde P puisque les contrac­tions atriales son trop rapides pour être visibles, et l’irrégularité des QRS, voir figure n°11.

Figure n°11 : Electrocardiogramme normal à gauche en fibrillation atriale à droite

C. Traiter la fibrillation atriale avant l'électroporation, techniques d'ablation

La FA étant encore un mys­tère, il n’y a pas vrai­ment de réel consen­sus autour de son trai­te­ment. Cepen­dant en pre­mière inten­tion, les car­dio­logues ont pour habi­tude de pres­crire des anti­aryth­miques afin de dimi­nuer les épi­sodes de FA et des anti­coa­gu­lants qui per­mettent de mini­mer les risques d’AVC.
Lorsque les médi­ca­ments ne suf­fisent plus, il est néces­saire d’ablater les zones où des poten­tielles cel­lules qui délivrent les trig­gers sont pré­sentes, en l’occurrence les veines pul­mo­naires. Avant l’électroporation qui est la tech­no­lo­gie avec laquelle j’ai tra­vaillé, ils exis­taient deux éner­gies pour neu­tra­li­ser les cel­lules, la radio­fré­quence et la cryo-abla­tion, voir figure n°12.

Figure n°12 : A. Ablation par radiofréquences et B. Cryo-ablation

C.1 Ponction transeptale

Pour abla­ter les veines pul­mo­naires, il est néces­saire d’introduire du maté­riel dans l’oreillette gauche.

Ain­si, en début de pro­cé­dure les ryth­mo­logues iden­ti­fient à la main ou à l’échographie, la veine fémo­rale située au niveau du pli de l’aine. La veine peut alors être ponc­tion­née et des cathé­ters peuvent être intro­duis dedans. Le méde­cin fait alors mon­ter un guide jusqu’à l’oreillette droite en pas­sant par la veine cave infé­rieure. Une fois ce guide pla­cé le car­dio­logue peut intro­duire une aiguille dans l’oreillette droite depuis le point de ponc­tion au niveau de l’aine. Cette aiguille va per­mettre de faire la ponc­tion tran­sep­tale, c’est-à-dire faire un petit ori­fice dans le sep­tum sépa­rant les deux atriums, plus pré­ci­sé­ment au niveau de la FO, et ain­si accé­der à l’oreillette gauche.

Ce geste rapide est très bien mai­tri­sé, mais il n’en est pas moins ano­din, puisqu’à proxi­mi­té de cette FO se trouve l’aorte, or per­fo­rer cette der­nière peut être dra­ma­tique. Ain­si, les méde­cins s’appuient sou­vent sur les images, four­nies en temps réel, de l’échographie trans-œso­pha­gienne ETO ou se placent grâce à des repères ana­to­miques à la sco­pie et en uti­li­sant une aiguille munie d’un cap­teur de pres­sion à son extré­mi­té, voir figure n°13, en effet si la pres­sion aug­mente dras­ti­que­ment c’est l’aorte qui est perforée.

Figure n°13 : Ponction transeptale. Gauche : échographie trans-œsophagienne, Droite :  Scopie

C.2 La radiofréquence avec la cartographie

La radio­fré­quence cou­plée à la car­to­gra­phie est une méthode his­to­rique, remon­tant au milieu des années 2000’, pour iso­ler les veines pul­mo­naires. Elle consiste dans un pre­mier temps à intro­duire un cathé­ter dit de « map­ping », voir figure n°14, dans l’oreillette gauche après la ponc­tion tran­sep­tale. Puis, il faut faire la carte ana­to­mique et de vol­tage, c’est-à-dire repé­rer les zones actives élec­tri­que­ment de l’oreillette gauche, voir figure n°14. Pour cela le méde­cin bouge dou­ce­ment le cathé­ter de map­ping sur les tis­sus de l’oreillette gauche, les signaux émis par les car­dio­myo­cytes sont cap­tés par des élec­trodes et envoyés direc­te­ment en trai­te­ment sur un ordi­na­teur, l’ingénieur d’application en élec­tro­phy­sio­lo­gie for­mé à la car­to­gra­phie joue alors un rôle fon­da­men­tal sur la qua­li­té de la carte en tra­vaillant notam­ment sur l’anatomie et les signaux pris par le cathéter.

  Figure n°14 : Cathéter de Mapping Orion et carte de voltage atrium gauche

Une fois la carte faite, le méde­cin intro­duit le cathé­ter d’ablation dans l’atrium gauche et peut le repé­rer de façon extrê­me­ment pré­cise (au mm près) en temps réel sur la carte pré­cé­dem­ment réa­li­sée grâce à sys­tème de détec­tion magné­tique et par impé­dance. Le cathé­ter d’ablation est connec­té à un géné­ra­teur élec­trique radio­fré­quence et peut ain­si sur l’électrode dis­tale envoyer de l’énergie pour chauf­fer le tis­su par convec­tion et ain­si le nécro­ser, voir figure n°15.

 Figure n°15 : Cathéter d’ablation par radiofréquences et isolation par encerclement des veines pulmonaires

Après l’ablation les cel­lules ne sont plus en mesure de conduire les trig­gers, ain­si pour l’isolation des veines pul­mo­naire la stra­té­gie d’ablation est d’encercler point par point les veines pulmonaires

La radio­fré­quence et la car­to­gra­phie sont uti­li­sées pour beau­coup d’autres formes d’arythmies, il est notam­ment pos­sible de car­to­gra­phier et d’ablater dans l’oreillette et le ven­tri­cule droit. Bos­ton Scien­ti­fic com­mer­cia­lise le sys­tème de car­to­gra­phie Rhyth­mia, des cathé­ters d’ablation et de mapping.

C.3 La cryo-ablation

La cryo-abla­tion est une tech­nique dite « single-shot » pour l’ablation de FA. Après la ponc­tion tran­sep­tale, le car­dio­logue monte sur un guide un cathé­ter spé­ci­fique à la cryo-abla­tion dans l’oreillette gauche. Grace à la fluo­ro­sco­pie et au guide le méde­cin peut trou­ver cha­cune des quatre veines pul­mo­naires. Une fois la veine bien iden­ti­fiée, le car­dio­logue peut déci­der de gon­fler un bal­lon de pro­toxyde d’azote sous pres­sion situé sur l’extrémité du cathé­ter de cryo-abla­tion. L’objectif est de pla­quer le bal­lon à l’ostium de la veine et assu­rer le contact com­plet entre le cathé­ter et le tis­su de la veine pour assu­rer l’isolation élec­trique, voir figure n°16. Le bal­lon des­cend à une tem­pé­ra­ture de -50° et ceux durant envi­ron 4 minutes par appli­ca­tion. Le tis­su gèle et se nécrose, il n’est plus pos­sible pour ces cel­lules de conduire les trig­gers, les veines sont donc iso­lées. Cette tech­nique est donc « single shot » puisqu’en une appli­ca­tion par veine, l’isolation est réa­li­sée, contrai­re­ment au point par point de la radio­fré­quence. Bos­ton Scien­ti­fic pro­pose la tech­nique de cryo-abla­tion avec le PolarX.

      Figure n°16 : PolarX

C.4 Cathéters de diagnostic et baie

Afin de visua­li­ser les signaux et avoir une idée des acti­va­tions élec­triques au sein même des cavi­tés car­diaques le méde­cin intro­duit comme les cathé­ters d’ablation, c’est-à-dire par le point de ponc­tion au niveau de l’aine et en remon­tant la veine cave infé­rieure, des sondes de diag­nos­tic. Ces cathé­ters ont entre 4 et 20 élec­trodes et per­mettent d’obtenir des signaux très locaux entre chaque dipôle.

Le CS étant un repère et une par­tie ana­to­mique très stable et dans laquelle la sonde peut res­ter sans être main­te­nue par le méde­cin, il est très fré­quent qu’un cathé­ter y soit intro­duit pour une pro­cé­dure. De plus dans cette posi­tion, les signaux les plus amples sont les acti­va­tions de l’oreillette gauche.
Afin de récol­ter les signaux dits « endo­ca­vi­taires », les sondes sont connec­tées à un ampli­fi­ca­teur et ensuite on peut affi­cher en temps réel l’activité élec­trique de chaque dipôle sur un logi­ciel qui s’appelle la baie d’électrophysiologie, voir figure n°17. Pen­dant une pro­cé­dure le méde­cin a les yeux rivés sur ces signaux affi­chés juste en face de lui sur un grand écran.

Figure n°17 : Baie d’électrophysiologie

C.5 Les acteurs principaux en électrophysiologie

Le domaine de l’électrophysiologie dans sa glo­ba­li­té repré­sente un mar­ché mon­dial qui s’élève à 209 mil­liards d’euros en 2023 avec une crois­sance de +18%.  Quatre acteurs prin­ci­paux animent ce mar­ché, Bio­sense Webs­ter (John­son & John­son), Abbott, Med­tro­nic et bien évi­de­ment Bos­ton Scien­ti­fic. Bio­sense Webs­ter est le pre­mier indus­triel a pro­po­sé la car­to­gra­phie et la radio­fré­quence dans les années 2000’, ils ont par la suite été seuls sur le mar­ché pen­dant plus d’une décen­nie, ce qui fait qu’encore aujourd’hui ils res­tent lar­ge­ment lea­der en sys­tème de car­to­gra­phie et d’ablation par radio­fré­quence. Puis Med­tro­nic est arri­vé avec le pre­mier sys­tème d’ablation par la cryo-abla­tion fin des années 2000.

Ensuite Abbott (ancien­ne­ment St Jude Medi­cal) et Bos­ton Scien­ti­fic déve­loppent éga­le­ment leur sys­tème de car­to­gra­phie dans les années 2010’. Fina­le­ment, Bos­ton Scien­ti­fic a élar­gi dans les années 2020’ son cata­logue de pro­duits en pro­po­sant du single-shot en cryo-abla­tion et de l’électroporation.  L’électroporation est main­te­nant la grande révo­lu­tion en EP et pro­voque une réelle course à l’innovation chez tous les acteurs. Bos­ton Scien­ti­fic est clai­re­ment pré­cur­seur dans l’implantation de cette nou­velle énergie.

III. L'électroporation, la révolution aux traitements de la fibrillation atriale : place de l'ingénieur d'application dans l'implantation de cette nouvelle technologie

L’électroporation est une nou­velle éner­gie, extrê­me­ment pro­met­teuse, d’ablation des car­dio­myo­cytes au regard de tech­niques comme la radio­fré­quence et la cryo-abla­tion. L’implantation de son uti­li­sa­tion en France et dans le monde est en cours, sus­cite un grand inté­rêt et une cer­taine curio­si­té de la part des ryth­mo­logues, infir­miers et même de patients deman­dant cette éner­gie pour leur ablation.

C’est donc au sein de l’équipe de vingt-cinq ingé­nieurs d’application qui déve­loppe l’activité d’électroporation en France, que j’ai effec­tué mon stage de 6 mois.

A. L'électroporation au service des cœurs malades

A.1 Principe et histoire de l’électroporation

L’électroporation est une tech­nique qui repose sur la mai­trise de la per­méa­bi­li­té de la mem­brane de cel­lule du corps. Elle consiste en l’application d’un champ élec­trique par­ti­cu­liè­re­ment intense qui va pro­vo­quer la pola­ri­sa­tion de la cel­lule.  Des pores au niveau de sa mem­brane cel­lu­laire vont alors se créés et per­mettre le contact entre le milieu intra et extra cellulaire.

His­to­ri­que­ment l’électroporation est un prin­cipe déve­lop­pé en onco­lo­gie dans les années 90’. En effet, le mana­ge­ment de la mem­brane per­met en onco­lo­gie de faire entrer les thé­ra­pies direc­te­ment au sein des cel­lules can­cé­reuses. Ces der­nières une fois trai­tées récu­pèrent la per­méa­bi­li­té de leur mem­brane, c’est l’électroporation réver­sible. Depuis une quin­zaine d’années ce prin­cipe évo­lue pour l’ablation des car­dio­myo­cytes en misant sur une élec­tro­po­ra­tion irré­ver­sible, c’est-à-dire que la cel­lule n’est pas capable de refer­mer les ports créés dans sa mem­brane, voir figure n°18. Par consé­quent, la cel­lule se vide de son conte­nu et finit par mou­rir par apop­tose. Le suc­cès de cette tech­nique pour l’ablation des car­dio­myo­cytes repose sur l’étude de la fré­quence, de l’amplitude et le type d’onde du champ élec­trique appli­qué aux cel­lules. En effet, l’étude de l’application d’un champ élec­trique sur des cel­lules est pri­mor­diale, car cela peut aus­si pro­vo­quer l’échauffement plus ou moins intense du tis­su. C’est alors soit le prin­cipe de l’ablation par RF lors d’échauffement, soit de l’électroporation réver­sible donc inef­fi­cace pour la neu­tra­li­sa­tion des car­dio­myo­cytes, voir figure n°19.

Figure n°18 : Principe de la PFA

Trois grands para­mètres sont à prendre en compte pour l’élaboration d’un champ élec­trique per­met­tant d’électroporer des cel­lules. Le pre­mier est le vol­tage, le second le temps d’application et le troi­sième la forme d’onde.

Figure n°19 : Seuils de types d’électroporation

Dans le cadre de l’électroporation des car­dio­myo­cytes pour l’isolation des veines pul­mo­naires, il y a deux autres para­mètres pri­mor­diaux à prendre en compte : la forme du cathé­ter qui va faire l’ablation dans l’oreillette gauche et le « work­flow » c’est-à-dire le pro­to­cole d’application de PFA. 

A.2 Farapulse

Fara­pulse est le pre­mier sys­tème d’ablation par élec­tro­po­ra­tion single-shot. Il a été déve­lop­pé à par­tir de 2012, par une strat-up du même nom. Les pre­miers essais sur l’humain ont été réa­li­sés en 2017 et ont été suc­cé­dés par de mul­tiples études qui ont per­mis d’optimiser l’utilisation du dis­po­si­tif médi­cal et prou­ver son effi­ca­ci­té. C’est en 2020 que la tech­no­lo­gie est rache­tée par Bos­ton Scien­ti­fic, suit alors  la com­mer­cia­li­sa­tion du Fara­pulse en France en 2021. Aujourd’hui, on compte une cin­quan­taine d’équipements sur le ter­ri­toire fran­çais. J’ai donc eu la chance d’effectuer mon stage en tra­vaillant avec ce très récent dis­po­si­tif médi­cal de pointe.

1. Farawave & Faradrive

Le Fara­pulse est donc un sys­tème d’ablation par élec­tro­po­ra­tion conçu et mar­qué CE pour l’ablation des veines pul­mo­naires. C’est à tra­vers un cathé­ter, le Fara­wave, au desi­gn conçu spé­cia­le­ment pour les veines pul­mo­naires que l’énergie est déli­vrée sur les tis­sus. Com­po­sé de cinq branches, il peut prendre trois formes carac­té­ris­tiques : nomi­nal, bas­ket et fleur, ces géo­mé­tries sont modu­lables grâce à une glis­sière réglable par le méde­cin. Sur cha­cune des branches se trouve quatre élec­trodes qui per­mettent d’émettre l’énergie. Les troi­sièmes élec­trodes de chaque branche en par­tant de la dis­ta­li­té per­mettent en plus d’ablater, de recueillir les signaux locaux des tis­sus à proxi­mi­té et de sti­mu­ler. Le Fara­wave est dis­po­nible en deux dia­mètres de posi­tion fleur, 31 et 35 mm, voir figure n°20.

Figure n°20 : Cathéter Farawave

Le Fara­wave n’est pas rigide et ne pas être cour­bé par le méde­cin avec une poi­gnée comme les sondes d’ablation par RF. Pour per­mettre de modi­fier la cour­bure du cathé­ter et le posi­tion­ner par­fai­te­ment à l’ostium de chaque veine, Bos­ton Scien­ti­fic com­mer­cia­lise éga­le­ment la gaine déflec­table Fara­drive. Cette gaine dans laquelle est intro­duit le Fara­wave et dont le dia­mètre externe est de 16F, soit envi­ron 5,3mm, assure main­tient et mania­bi­li­té, voir figure n°21.

Figure n°21 : Gaine FaraDrive

Ces deux équi­pe­ments sont des consom­mables, ils sont non stérilisables.

2. Farastar+RSM

Le Fara­wave ne peut abla­ter sans avoir la source d’énergie néces­saire. Ain­si la Faras­tar est une console mobile bran­chée à une prise de cou­rant au bloc, voir figure n°22. Elle est dotée de conden­sa­teurs per­met­tant de déli­vrer 2000 volts en 2,5 secondes pour chaque appli­ca­tion de PFA. Entre chaque tir les conden­sa­teurs doivent se rechar­ger durant une petite dizaine de secondes. Un écran tac­tile sur la console per­met à l’ingénieur d’application d’initier un tir en cli­quant sur « confirm » puis « deli­ver » après avoir confir­mé avec le méde­cin le lan­ce­ment de l’ablation.

L’énergie déli­vrée par le cathé­ter dans le cœur du patient est très intense et a pour risque d’endommager les autres équi­pe­ments du bloc. En effet, le patient étant por­teur d’un ECG durant l’intervention et très pro­ba­ble­ment d’un cathé­ter de diag­nos­tic, ces der­niers ont pour risque de cap­ter cette forte dif­fé­rence de poten­tiel élec­trique et d’endommager l’amplificateur de la baie. Ain­si chaque console est connec­tée à un Recor­ding Sys­tem Module RSM, voir figure n°22, auquel elle va indi­quer lorsqu’un tir est lan­cé. Le RSM va alors jouer le rôle d’interrupteur et cou­per la connexion élec­trique entre l’ECG, les cathé­ters de diag­nos­tic et l’amplificateur de la baie. 

Figure n°22 : Gauche :  console FaraStar, Droite : Recording System Module
3. Procédure et « Workflow »

L’utilisation du Fara­pulse se fait essen­tiel­le­ment et très majo­ri­tai­re­ment sous fluo­ro­sco­pie donc sans repé­rage dans une carte comme en radio­fré­quence. Il est donc impor­tant d’avoir les bons repères ana­to­miques et l’habitude des images de radio­lo­gie pour pou­voir abla­ter cor­rec­te­ment les quatre veines pul­mo­naires de l’oreillette gauche.

Une pro­cé­dure d’ablation par élec­tro­po­ra­tion avec le sys­tème Fara­pulse se déroule de la manière suivante :

1 – Ins­tal­la­tion et anesthésie

La pre­mière étape est l’installation du patient et du maté­riel. L’infirmière du bloc pose un ECG 12 déri­va­tions au malade et pré­pare la table sté­rile. Sur la baie avec l’ECG, il est pos­sible de savoir si le patient est déjà en FA ou en rythme sinu­sal. L’ingénieur d’application va alors faire et véri­fier les bran­che­ments de la console, du RSM, de l’ECG et des câbles de signaux endo­ca­vi­taires. On allume la console avant d’endormir le patient pour s’assurer qu’elle est bien opé­ra­tion­nelle sans mes­sage d’erreur. L’infirmier anes­thé­siste super­vi­sé d’un méde­cin anes­thé­siste peut pro­cé­der à l’endormissement et intu­ba­tion du patient si le centre fonc­tionne avec de l’anesthésie géné­rale ou à une séda­tion pro­fonde qui ne néces­site pas d’intubation.

2 – Recons­truc­tion 3D du scanner

Afin de connaitre au mieux l’anatomie car­diaque du patient ce der­nier passe un scan­ner injec­té quelques jours avant la pro­cé­dure. L’injection per­met de mettre en lumière les cavi­tés du cœur. L’ingénieur d’application a alors pour mis­sion de réa­li­ser la recons­truc­tion 3D de l’oreillette gauche et des veines pul­mo­naires. Le logi­ciel de car­to­gra­phie Rhyth­mia per­met de faire cette recons­truc­tion, voir figure n°23. Plu­sieurs mesures peuvent être effec­tuées, comme le cal­cul du volume de l’oreillette gauche sou­vent dila­tée lorsque le patient fait de la FA per­sis­tante et le dia­mètre des veines pul­mo­naires pour déci­der de la taille du cathé­ter Fara­wave (31mm ou 35mm de dia­mètre en fleur) la plus adaptée.

Figure n°23 : Etape de construction 3D de l’oreillette gauche depuis un scanner sur Rhythmia

De plus, des ana­to­mies par­ti­cu­lières peuvent être ren­con­trées, voir figure n°24. Grâce au scan­ner, on peut décou­vrir une troi­sième veine à droite, un tronc com­mun à gauche, une veine sur le toit de l’oreillette ou encore un FOP qui consiste en une connexion entre l’oreillette gauche et droite, ce qui per­met de ne pas faire de ponc­tion transeptale.

Figure n°24 : Les anatomies d’oreillette gauche rencontrées

2 - La ponc­tion fémo­rale et cathé­ter de diagnostic

Le méde­cin habillé en sté­rile, pro­cède sur le patient endor­mi ou séda­té, à la ponc­tion de la veine fémo­rale. Puis, le car­dio­logue intro­duit un cathé­ter de diag­nos­tic géné­ra­le­ment qua­dri­po­laire dans le CS gui­dé par la sco­pie, voir figure n°25. Les signaux obte­nus avec cette sonde sont lus sur la baie et per­mettent de confir­mer ou non le rythme sup­po­sé à l’ECG en début de pro­cé­dure, voir figure n°26.

Figure n°25 : Cathéter de diagnostic dans le sinus coronaire

En jaune la trans­pa­rence du cathé­ter, entou­rées en orange : les électrodes

Figure n°26 : Signaux obtenus avec une sonde quadripolaire dans le sinus coronaire, entourés en bleu des signaux d’un rythme sinusal, en rouge de la fibrillation atriale

4 - Tran­sep­tal et héparine

Cette étape est cer­tai­ne­ment la plus déli­cate même si elle est mai­tri­sée. Le tran­sep­tal est donc réa­li­sé soit sous ETO ou à la pres­sion et sco­pie. Une fois l’accès à l’atrium gauche effec­tué, un guide est intro­duit dans la veine pul­mo­naire supé­rieure gauche.

Le tran­sep­tal réa­li­sé, le méde­cin demande qu’un bolus d’héparine soit fait, cela per­met de flui­di­fier le sang et de limi­ter l’apparition de throm­bus et risque d’AVC.

5 - Pré­pa­ra­tion et intro­duc­tion de la Faradrive

Le car­dio­logue peut alors pro­cé­der à la pré­pa­ra­tion de la gaine Fara­drive, en pur­geant le dila­ta­teur et l’intérieur de la gaine avec une solu­tion saline. Il peut ensuite intro­duire le dila­ta­teur dans la gaine et mon­ter le tout sur le guide. Ce der­nier étant déjà dans la veine pul­mo­naire supé­rieure gauche, c’est géné­ra­le­ment sans dif­fi­cul­té que la gaine et le dila­teur peuvent aller jusqu’à la cavi­té de l’atrium gauche.

Le sep­tum tra­ver­sé par la Fara­drive, le dila­ta­teur et le guide peuvent être reti­rés, et la gaine est bran­chée par un port d’irrigation à une poche de solu­tion saline héparinée.

6 - Pré­pa­ra­tion et intro­duc­tion du Fara­wave et char­ge­ment des condensateurs

La gaine sécu­ri­sée dans l’oreillette gauche, le pra­ti­cien peut pré­pa­rer le cathé­ter d’ablation. Pour cela il branche le Fara­wave au câble de la console Faras­tar, cette der­nière recon­nait le cathéter.

Ensuite, il purge la lumière interne du cathé­ter dans laquelle pas­se­ra un guide, et le port d’irrigation. La connexion avec une seconde poche d’irrigation de solu­tion saline hépa­ri­née et l’introduction du guide dans le Fara­wave peuvent être effec­tuées. Avec le guide bien visible à la dis­ta­li­té du cathé­ter, le car­dio­logue teste les dif­fé­rentes posi­tions (fleur et bas­ket) du cathé­ter et peut intro­duire le Fara­wave dans la gaine et le mon­ter jusqu’à la cavi­té gauche. Pen­dant cette étape, l’ingénieur d’application guide le méde­cin sur les dif­fé­rentes purges et autres tests à réa­li­ser. Il agit comme une seconde paire d’yeux pour limi­ter le risque d’introduction de bulles d’air dans la cir­cu­la­tion sys­té­mique. Aus­si, l’ingénieur d’application appuie sur le bou­ton « Pre­pare » de la console pour char­ger les conden­sa­teurs et s’assure que le vol­tage est bien à 2000 Volts.

7 - Abla­tion veines pul­mo­naire gauches

Le cathé­ter est dans la gaine qui est elle-même dans l’atrium gauche. Le méde­cin peut alors trou­ver la veine supé­rieure gauche avec le guide du Farawave.

Il peut déployer, dans la cavi­té, le cathé­ter en dehors de la gaine en forme bas­ket et le pla­quer à l’ostium de la veine pul­mo­naire supé­rieure gauche en le glis­sant sur le guide et en s’appuyant sur le retour de sco­pie. On observe le nombre de branche au-des­sus et en des­sous du guide. Le méde­cin et le FCS valident la posi­tion et les deux tirs de PFA peuvent être envoyés en appuyant sur « Confirm » et « Deli­ver » sur la console.

Le méde­cin peut faire une rota­tion d’environ 30° du cathé­ter pour avoir une posi­tion com­plé­men­taire aux deux pre­miers tirs. Deux nou­veaux tirs sont alors lan­cés, tou­jours après accord entre pra­ti­cien et ingé­nieur d’application.

Une fois les quatre tirs en posi­tion bas­ket réa­li­sés le pra­ti­cien peut pas­ser en confi­gu­ra­tion fleur, voir figure n°27. Il faut alors être vigi­lant à ce qu’il y ait bien contact avec le tis­su et que les pétales soient bien repar­tis . Pour cela, le méde­cin peut jouer avec l’incidence de la sco­pie pour avoir dif­fé­rentes vues, pers­pec­tives, et vali­der les para­mètres de répar­ti­tion et de contact.

Tout comme les bas­kets 4 tirs dans 2 posi­tions com­plé­men­taires sont nécessaires.

Figure n°27 : Position basket et fleur dans la veine pulmonaire supérieure gauche

Le « work­flow » recom­man­dé par Bos­ton Scien­ti­fic est donc 4 tirs dans 2 posi­tions com­plé­men­taires en bas­kets et en fleurs par veine.

Ain­si, pour la veine pul­mo­naire infé­rieure le méde­cin doit la trou­ver avec le guide en s’appuyant sur la sco­pie et la recons­truc­tion 3D et en gar­dant le cathé­ter en forme de fleur.  Ensuite, il suit le work­flow d’ablation tou­jours en étant vigi­lant sur le contact et sur la bonne répar­ti­tion des branches.

8 - Abla­tion veines pul­mo­naires droites

Pour les veines pul­mo­naires droites, le méde­cin peut ren­trer le Fara­wave dans la gaine et cour­ber cette der­nière pour ne pas perdre le tran­sep­tal et ensuite faire une rota­tion de la gaine en sens horaire. Sinon, il peut lais­ser le cathé­ter en fleur et faire la rota­tion avec la gaine cour­bée et bien col­lée à la fleur et faire la rota­tion éga­le­ment en sens horaire.

Le work­flow est le même pour les deux (ou trois en cas de veines d’intermédiaires) veines pul­mo­naires droites, voir figure n°28, que pour les gauches. Cepen­dant, elles sont sou­vent plus dif­fi­ciles à iden­ti­fier et les posi­tions fleurs et bas­kets sont plus com­pli­quées à exé­cu­tées cor­rec­te­ment à cause de contraintes ana­to­miques comme celle du septum.

Figure n°28 : Position fleur dans la veine pulmonaire supérieure droite

8 Bonus - Abla­tion d’autres zones poten­tiel­le­ment arythmogènes

Le sys­tème Fara­pulse est mar­qué CE pour l’ablation des veines pul­mo­naires uni­que­ment, cepen­dant cer­tains méde­cins l’utilisent pour abla­ter d’autres zones qui peuvent être res­pon­sables de trig­gers de FA ou d’autres aryth­mies. Le mur pos­té­rieur de l’oreillette gauche est très régu­liè­re­ment ablaté.

L’isthme mitrale, c’est à dire la zone entre la veine pul­mo­naire infé­rieure gauche et la valve mitrale et l’isthme cavo-tri­cus­pide (zone entre la valve tri­cus­pide et la veine cave supé­rieure) sont par­fois abla­tés avec le Fara­pulse dans cer­tains centres. 

9 - Véri­fi­ca­tion des veines et tirs supplémentaires

Une fois les quatre veines abla­tées, la véri­fi­ca­tion de l’isolation des veines peut être faite. Pour cela le rythme du patient doit être sinu­sal. Si le patient est en FA après les abla­tions, une car­dio­ver­sion avec un défi­bril­la­teur externe est nécessaire.

Pour conclure sur l’isolation des veines, le méde­cin va intro­duire en posi­tion bas­ket apla­ti le Fara­wave dans une veine, figure n°29. Grâce à la troi­sième élec­trode de chaque branche, les signaux locaux sont obte­nus sur la baie comme les signaux du cathé­ter de diag­nos­tic dans le CS.

Le suc­cès est lorsque on ne voit pas de poten­tiels sur les dipôles du Farawave.

Figure n°29 : Position pour bloc de sortie dans la veine pulmonaire gauche inférieure

Cepen­dant, il est pos­sible d’avoir des signaux mal­gré l’ablation. Pour véri­fier s’il s’agit de poten­tiels autres que ceux res­pon­sables de la FA ou qu’il s’agit d’une mau­vaise abla­tion, il faut sti­mu­ler sur les élec­trodes du Fara­wave en envoyant des cou­rants de faible inten­si­té loca­le­ment. S’il l’on cap­ture, c’est-à-dire que la sti­mu­la­tion dans la veine engendre la contrac­tion de l’oreillette tout entière, les signaux du cathé­ter de diag­nos­tic dans le CS se syn­chro­ni­se­ront avec la sti­mu­la­tion du Fara­wave, voir figure n°30. Dans ce cas, il est néces­saire de faire des tirs de PFA sup­plé­men­taires.
S’il n’y a pas de cap­ture, alors le poten­tiel visible sur les dipôles sont ceux qu’on appelle du « far field », c’est-dire les signaux d’autres structures.

Figure n°30 : Stimulation avec le Farawave dans la veine, capture sur l’exemple en haut, pas de capture sur l’exemple en bas

7 - Fin de procédure

Une fois les veines véri­fiées, le méde­cin peut extraire tout le maté­riel du patient, à savoir Fara­wave, Fara­drive, guide, cathé­ter de diag­nos­tic et faire un point au niveau de la veine fémo­rale. Le patient se réveille ensuite et pas­se­ra ou non une nuit à l’hôpital.

Une pro­cé­dure Fara­pulse est plu­tôt rapide, il faut comp­ter 30 à 50 min contre près du double pour un résul­tat équi­valent en RF.

Fina­le­ment, quelques méde­cins font une car­to­gra­phie de vol­tage de l’atrium gauche avant et après la PFA. Voi­ci un exemple de carte de vol­tage, figure n°31, et il est inté­res­sant de voir à quel point cette tech­nique est effi­cace et per­met de cou­vrir d’immense zone en peu de temps.

Figure n°31 : Carte de l’oreillette gauche après PFA des 4 veines pulmonaires et du mur postérieur

Vue pos­té­rieure et laté­rale gauche de l’oreillette, en gris la zone qui ne pré­sente plus de poten­tiels élec­triques et en vio­let les zones saines

4. Sélectivité et sécurité

Aujourd’hui l’électroporation appa­rait comme une tech­nique d’ablation sécu­ri­taire, limi­tant le risque d’apparition des pires com­pli­ca­tions déjà connues en cryo-abla­tion et RF. L’engouement des ryth­mo­logues envers la PFA est jus­ti­fié par la sélec­ti­vi­té tis­su­laire de cette tech­nique. En effet, par chance les car­dio­myo­cytes ont un seuil d’électroporation irré­ver­sible plus bas que les autres cel­lules. Ain­si, lorsqu’une abla­tion est réa­li­sée, les car­dio­myo­cytes sont neu­tra­li­sés mais les nerfs, les cel­lules œso­pha­giennes, la matrice extra-cel­lu­laire et les vais­seaux proches des zones abla­tées ne sont pas impac­tés. De plus avec la PFA, le tis­su cel­lu­laire est lar­ge­ment pré­ser­vé contrai­re­ment à l’ablation par RF, voir figure n°32.

Figure n°32 : Coupes histologiques à gauche après PFA, à droite après RF

Les com­pli­ca­tions comme la para­ly­sie du nerf phré­nique (per­met les mou­ve­ments dia­phrag­ma­tiques) connues avec la cryo-abla­tion, la sté­nose des veines pul­mo­naire et la fis­tule atrio-œso­pha­gienne pro­vo­quées par la RF ne sont pas des dan­gers que l’on peut trou­ver avec la PFA, voir figure n°34.

Il est impor­tant de savoir que la fis­tule atrio-œso­pha­gienne, qui consiste en une com­mu­ni­ca­tion entre l’œsophage et l’oreillette gauche, est la pire des com­pli­ca­tions abou­tis­sant dans la majo­ri­té des cas au décès du patient.

La grande force du Fara­pulse est éga­le­ment liée aux résul­tats très favo­rables en termes de sécu­ri­té, d’efficacité et de rapi­di­té obte­nus dans dif­fé­rentes études.

En effet, l’étude cli­nique ran­do­mi­sée ADVENT AF, voir figure n°33, a per­mis au sys­tème Fara­pulse d’obtenir le mar­quage de FDA (l’équivalent du mar­quage CE aux États-Unis) et prouve la non-infé­rio­ri­té de l’électroporation vis-à-vis de la RF ou la cryo-abla­tion. Il montre que le temps moyen de pro­cé­dure est lar­ge­ment réduit et qu’il n’y a pas de com­pli­ca­tions majeures liées à la PFA. Cette étude a été réa­li­sée aux États-Unis dans plus de 30 centres sur plus de 350 patients ran­do­mi­sés entre un bras élec­tro­po­ra­tion et un autre qui regroupe RF et cryo.

Figure n°33 : Schéma de l’étude ADVENT AF
Figure n°34 : Résumé des complications de chaque énergie d’ablation

Le registre Mani­fest AF regroupe au niveau euro­péen plus de 1300 patients sur 24 centres et confirme les résul­tats d’ADVENT avec : aucune com­pli­ca­tion majeure (sté­nose de veine, para­ly­sie défi­ni­tive du nerf phre­nique, fis­tule atrio-œso­pha­gienne) sur un groupe de patients plus large.

Durant mon stage, le Centre Hos­pi­ta­lier Uni­ver­si­taire de Gre­noble a remar­qué une réac­tion d’hémolyse lorsque le nombre de tirs de PFA est supé­rieur à 100 (le work­flow nor­mal est de 32 tirs). L’hémolyse étant la des­truc­tion des glo­bules rouges, ces der­niers libèrent des pro­téines d’hémoglobine en grande quan­ti­té. Or, il s’agit d’une pro­téine de grosse taille qui risque de gra­ve­ment endom­ma­ger la fonc­tion rénale. Une étude est en cours pour éva­luer les effets d’un pro­to­cole d’hydratation à la suite de la pro­cé­dure. Pou­voir suivre tout au long de mon stage l’évolution des dis­cours autour de cette com­pli­ca­tion était très enri­chis­sant et a per­mis d’avoir un sens critique.

5. L’arrivée de concurrents et avenir de la PFA chez Boston Scientific

Jusqu’à ce début d’année, cela fai­sait presque 3 ans que Bos­ton Scien­ti­fic était l’unique construc­teur de sys­tème d’ablation par élec­tro­po­ra­tion. Aujourd’hui, Med­Tro­nic avec le Pul­se­Se­lect et l’historique Bio­sense avec Vary­Pulse s’essayent à l’électroporation single shot com­bi­née à la car­to­gra­phie, voir figure n°35.

Figure n°35 : Pulse Select de Medtronic à gauche, VariPulse de Biosense

Med­Tro­nic a éga­le­ment fait l’acquisition d’Affera qui pro­pose un sys­tème de car­to­gra­phie ave un cathé­ter de PFA point par point, c’est-à-dire qui crée des lésions de quelques mil­li­mètres. Cepen­dant, la quan­ti­té dis­po­nible de consom­mables et d’équipement est très limi­tée. Aujourd’hui on ne compte que 4 sys­tèmes en France.

Abbott ne ren­tre­ra sur le mar­ché de l’électroporation qu’en 2025 avec le Volt. 

Aujourd’hui, Bos­ton Scien­ti­fic envi­sage de pou­voir uti­li­ser le Fara­wave com­bi­né à la car­to­gra­phie Rhyt­mia pour début 2025 et conti­nue le déve­lop­pe­ment de cathé­ter d’électroporation point par point pour 2026, voir figure n°36

Figure n°36 : Tableau des solutions existantes et à venir en électroporation

B. Rôles de l'ingénieur d'application en électrophysiologie

B.1 Formation et observation

Afin d’être un bon FCS, Bos­ton Scien­ti­fic pro­pose une for­ma­tion mixte ponc­tuée de jour­née au bloc en obser­va­tion avec un autre ingé­nieur senior et un appren­tis­sage par e-lear­ning. Ain­si dès mon second jour de stage, j’ai pu décou­vrir le bloc de ryth­mo­lo­gie du Centre Hos­pi­ta­lier Uni­ver­si­taire CHU de Tours avec ma men­tor. Les trois pre­mières semaines de stage, le rythme fut donc d’environ trois/quatre jour­nées de bloc par semaine et une/deux jour­nées de e-lear­ning. Des modules sur l’anatomie, les dif­fé­rents types d’arythmies, le fonc­tion­ne­ment des tech­no­lo­gies, le com­por­te­ment à adop­ter en salle sont obli­ga­toires et à vali­der sur la pla­te­forme d’apprentissage à distance.

La qua­trième semaine de stage s’est dérou­lée sans bloc, au siège de Bos­ton Scien­ti­fic France à Voi­sins-le-Bre­ton­neux. Les dix sta­giaires en élec­tro­phy­sio­lo­gie ont été réunis pour une semaine de for­ma­tion en pré­sen­tielle. Ce qui a été vu en e-lear­ning les trois pre­mières semaines, a été revu plus en détail pour une bonne com­pré­hen­sion. L’anatomie car­diaque, les aryth­mies, la lec­ture ECG, les pro­duits Bos­ton en élec­tro­phy­sio­lo­gie, Fara­pulse, la RF, la cryo-abal­tion, la car­to­gra­phie ont été tra­vaillés sous forme d’atelier pra­tique en petits groupes de 3 ou 4. Nous avons eu la chance de dis­sé­quer un cœur afin de bien prendre conscience de la struc­ture des cavi­tés, mais aus­si voir de la RF sur du tis­sus ani­mal et se rendre compte de la lésion, voir figure n°37. Une jour­née entiè­re­ment dédiée à Fara­pulse nous a per­mis d’affirmer nos connais­sances et de nous essayer à la mani­pu­la­tion du Fara­wave dans un cœur artificiel.

Figure n°37 : Dissection de cœur porcin et lésion par RF sur le myocarde 

Il a été éga­le­ment extrê­me­ment enri­chis­sant de retrou­ver les autres sta­giaires acteurs dans d’autres régions de la France. En effet, cela nous a per­mis d’échanger sur nos pre­mières expé­riences au bloc, sur les pra­tiques des dif­fé­rents centres et rendre compte des dif­fé­rences entre les régions.

Ain­si, à la suite de cette semaine, Bos­ton Scien­ti­fic nous encou­rage à voir d’autres centres. J’ai pu alors voir des pro­cé­dures Fara­pulse à Gre­noble, Aix-en-Pro­vence et Mona­co. Décou­vrir de nou­velles équipes avec leurs propres fonc­tion­ne­ments, des points de vue dif­fé­rents sur la tech­no­lo­gie et des usages inso­lites du Fara­pulse, fût très for­ma­teur. Cela m’a per­mis par la suite, de voir le sys­tème d’électroporation sous un angle plus glo­bal et d’avoir une vision moins cloi­son­née des uti­li­sa­tions pos­sibles. Un sens cri­tique plus aigu, mais aus­si pou­voir débattre de ces obser­va­tions avec les équipes Franciliennes.

Afin de véri­fier nos com­pé­tences sur le ter­rain, je me suis ren­due, avec deux autres sta­giaires à une PFA Aca­de­my le 20 mars au CHU de Cler­mont Fer­rand. Pen­dant cette jour­née, nous avons accom­pa­gné un méde­cin très expé­ri­men­té avec la tech­no­lo­gie sur 5 pro­cé­dures. Le pra­ti­cien étant par­fai­te­ment à l’aise avec la tech­no­lo­gie, il a pris soin de nous tes­ter sur nos connais­sances et poten­tielles recom­man­da­tions à faire durant une inter­ven­tion Farapulse.


J’ai été cer­ti­fiée début avril 2024, voir figure n°38. Cela per­met de faire de pro­cé­dures Fara­pulse en auto­no­mie, sans FCS senior. Cette cer­ti­fi­ca­tion consiste en une réunion d’environ deux heures, pen­dant laquelle deux FCS experts du Fara­pulse, teste nos connais­sances et nos capa­ci­tés à sur­mon­ter les dif­fi­cul­tés qui peuvent être ren­con­trées au bloc. Dès le len­de­main, j’étais en pro­cé­dure en auto­no­mie à la Pitié-Salpêtrière. 

Figure n°38 : Planning des premiers mois de formation

Cepen­dant même après la cer­ti­fi­ca­tion, des for­ma­tions doivent régu­liè­re­ment être faites pour res­ter à jour, notam­ment sur les recom­man­da­tions, les études cli­niques ou la concurrence.

J’ai eu la chance d’observer plu­sieurs pro­cé­dures de car­to­gra­phie Rhyth­mia avec des ingé­nieurs d’application for­més, et suis actuel­le­ment au tout début des e-lear­ning de for­ma­tion pour la car­to­gra­phie. Aus­si, j’ai eu l’opportunité de m’essayer à cette dis­ci­pline de car­to­gra­phie avec ma men­tor, cette der­nière fai­sait les cartes que le méde­cin voyait et je pou­vais, avec les mêmes don­nées et en direct, faire éga­le­ment mes propres cartes que seule ma men­tor et moi pou­vions voir, figure n°39.

Figure n°39 : Carte réalisée en mai 2024 pour l’isolation des veines en RF sur Rhythmia 

Fina­le­ment j’ai pu élar­gir ma culture du trai­te­ment du rythme car­diaque en assis­tant à l’implantation de deux défi­bril­la­teurs sans sonde endo­ca­vi­taire, voir figure n°40, au CHU de Tours. Ce fut une expé­rience très enri­chis­sante puisque j’ai pu décou­vrir le métier, les mis­sions et les enjeux des FCS en CRM.

Figure n°40 : Défibrillateur sans sonde endocavitaire Boston Scientific 

Tout ce par­cours de for­ma­tion est évi­de­ment enca­dré par notre mana­ger, et éga­le­ment par un men­tor. Chaque nou­vel entrant ingé­nieur d’application se voit attri­buer un FSC senior. Le men­tor a un unique sta­giaire à aider et enca­drer durant la for­ma­tion, ce qui per­met un accom­pa­gne­ment vrai­ment per­son­na­li­sé. Ce rôle a beau­coup d’importance, puisque le men­tor est le pre­mier lien qu’on a avec l’entreprise, il est pré­sent pour répondre aux ques­tions tech­niques ou admi­nis­tra­tives, et sur­tout il a une vraie fonc­tion de trans­mis­sion du savoir et de passion.

B.2 Place et missions de l’ingénieur d’application au bloc

Au bloc opé­ra­toire le FCS assure un rôle de sup­port tech­nique et clinique.

Les pre­mières pro­cé­dures en auto­no­mie sont réa­li­sées avec des méde­cins déjà à l’aise avec la tech­no­lo­gie et la mani­pu­la­tion du cathé­ter. L’ingénieur est alors pré­sent pour ins­tal­ler et bran­cher le maté­riel en fonc­tion de la confi­gu­ra­tion du bloc et des cathé­ters utilisés.

Il réa­lise ensuite la recons­truc­tion 3D du scan­ner du patient, éta­blit l’anatomie de l’oreillette (tronc com­mun, veine sup­plé­men­taire, FOP, volume), et mesure le dia­mètre des veines pour ensuite dis­cu­ter avec le ryth­mo­logue de la taille de cathé­ter la plus adap­tée au patient.

Lors de la pré­pa­ra­tion de la Fara­Drive et du Fara­wave, le FCS observe chaque geste de purge et s’assure qu’aucune étape n’est omise.

Durant la pro­cé­dure le FCS s’assure que le work­flow est cor­rec­te­ment sui­vi, c’est-à-dire que les 4 tirs par veine dans deux posi­tions dif­fé­rentes en fleur et en bas­ket sont bien réa­li­sés sans oubli. Il peut être déci­dé de faire des tirs com­plé­men­taires, mais ils seront tou­jours en sup­plé­ment des 32 tirs recommandés.

 Lorsque le méde­cin est prêt pour le tir de PFA, il fait signe et l’ingénieur peut envoyer les tirs en appuyant sur « confirm » puis « deliver ».

En cas de bruit ou de plat sur les signaux ECG ou endo­ca­vi­taire, le FCS doit immé­dia­te­ment réagir et a pour mis­sion de trou­ver la cause. Le nombre de câbles et d’électronique fait que cette situa­tion arrive régu­liè­re­ment. Heu­reu­se­ment nous avons été for­més à suivre une stra­té­gie de détec­tion des causes et à réta­blir rapi­de­ment une bonne qua­li­té de signaux. De plus, il arrive que la console indique des erreurs avant ou pen­dant un tir de PFA. Le plus fré­quem­ment les erreurs sont liées à la trop grande proxi­mi­té entre les branches du cathé­ter d’ablation. La console détecte que cer­taines élec­trodes sont trop proches et annule le tir, le méde­cin peut alors essayer de bou­ger le Fara­wave et libé­rer la contrainte sur les branches du cathé­ter pour que ce der­nier prenne une forme fleur ou bas­ket avec une bonne répar­ti­tion. Le FCS est là pour don­ner des astuces pour avoir la meilleure posi­tion et limi­ter l’apparition d’erreur.

De plus, les branches du cathé­ter étant souples il est pos­sible que l’une d’elle s’« inverse », c’est ce qu’on appelle le cobra. Cette situa­tion est rare mais nous avons des conseils pour gui­der le méde­cin à libé­rer le pétale, voir figure n°41.

Figure n°41 : Cathéter en cobra

Enfin à la fin des pro­cé­dures, le FCS échange sur dérou­le­ment de la pro­cé­dure, des nou­velles recom­man­da­tions avec le méde­cin avant de ran­ger et net­toyer les câbles et la console.

En avan­çant dans les pro­cé­dures en auto­no­mie, j’ai tra­vaillé avec des méde­cins moins à l’aise avec la technologie.

En plus de faire ce qui a été évo­qué pré­cé­dem­ment s’ajoute un rôle « d’expert » de l’utilisation du Fara­pulse. Le but est de gui­der au mieux le méde­cin débu­tant en Fara­pulse pour que les bonnes pra­tiques et les réflexes néces­saires soient adop­tés. Le tra­vail com­mence dès la pré­pa­ra­tion en rap­pe­lant les étapes clés des purges et aspi­ra­tions de la gaine et du cathé­ter d’ablation. Puis lorsque le cathé­ter est dans la gaine, elle-même dans la cavi­té de l’atrium gauche le coa­ching peut com­men­cer. Le FCS guide alors sur la cathé­ri­sa­tion des veines, rap­pelle que le déploie­ment du cathé­ter doit se faire au milieu de la cavi­té, sans contrainte de la gaine, s’assure que les élec­trodes soient bien en contact avec le tis­su car­diaque et que le cathé­ter a vrai­ment une posi­tion idéale. L’ingénieur d’application invite le méde­cin à s’habituer aux signaux obte­nus avec le Fara­wave dont l’interprétation n’est pas tou­jours évi­dente à cause du far Field.

Lorsque les équipes et les pra­ti­ciens sont à l’aise et le sou­haitent, l’autonomie est pos­sible avec le Fara­pulse. Une assis­tance à dis­tance « Rythm­Care » est éga­le­ment pro­po­sée, il s’agit d’un numé­ro de télé­phone qui redi­rige vers une FCS sénior qui tra­vaille depuis chez elle et guide les équipes à la réso­lu­tion de problèmes.

IV. Bilan et perspectives

A. Chiffres clés 

Il me semble inté­res­sant de com­mu­ni­quer quelques sta­tis­tiques clés de ce stage. En effet, c’est plus de 150 pro­cé­dures d’ablation toutes tech­niques confon­dues, aux­quelles j’ai pu par­ti­ci­per, voir figure n°42.

Figure n°42 : Nombre de procédures faites

Moti­vée par mon tuteur et ma men­tor, j’ai eu la chance de pou­voir décou­vrir un très grand nombre de centres, notam­ment en dehors de la région d’Ile de France. Au total, c’est 18 hôpi­taux et cli­niques dif­fé­rentes que j’ai pu décou­vrir, voir figure n°43. Les dépla­ce­ments étant propres au métier, ils m’ont conduite à par­cou­rir plus 18 000 km en cinq mois de stage. 

Figure n°43 : Carte des centres

Avoir ain­si cir­cu­lé durant mon stage m’a éga­le­ment don­né la chance de ren­con­trer plus de 50 méde­cins, une ving­taine d’équipes de para­mé­di­caux et ain­si autant de tech­niques, dis­cours et avis dif­fé­rents. Être confron­tée à cette diver­si­té fut extrê­me­ment for­ma­teur et m’a per­mis de déve­lop­per mon sens critique.

B. Apports personnels et professionnels 

Cette pre­mière expé­rience pro­fes­sion­nelle fut un trem­plin pour le déve­lop­pe­ment de com­pé­tences pro­fes­sion­nelles et per­son­nelles. En effet, une solide base de connais­sance en ryth­mo­lo­gie a été édi­fiée au cours de ces six der­niers mois. La for­ma­tion en e-lear­ning com­plé­tée par l’apprentissage sur le ter­rain avec les FCS, méde­cins et para­mé­di­caux a été pas­sion­nante et c’est avec enthou­siasme que je sou­haite élar­gir d’avantage mon champs de connais­sance en électrophysiologie.

La confiance qui m’a été don­née par les FCS seniors et les super­vi­seurs m’a per­mis de déve­lop­per mon assu­rance et de faire d’immenses pro­grès sur ma nature timide. J’ai été obli­gée de sor­tir de ma zone de confort et cela pour le meilleur. En effet, aller en auto­no­mie (sans senior) dans un bloc encore incon­nu me sem­blait impensable.

La Cli­nique de l’Europe à Amiens aura été ma pre­mière expé­rience en auto­no­mie dans un centre dans lequel je n’étais jamais allée. Aujourd’hui, je conti­nue à déve­lop­per davan­tage mes com­pé­tences rela­tion­nelles ain­si que ma confiance en moi, et c’est avec fier­té que je vois semaines après semaines les pro­grès réa­li­sés et les dif­fi­cul­tés surmontées.

De plus, il a été très gra­ti­fiant de voir que mon tra­vail et ma pré­sence est utile et je trouve satis­fai­sant de voir au fil des pro­cé­dures cer­tains car­dio­logues adop­ter les bonnes pra­tiques et gestes que vous lui avez pré­cé­dem­ment suggérés. 

C. Les difficultés rencontrées

Durant ce stage j’ai été confron­tée à quelques moments délicats.

La plus grande dif­fi­cul­té a été lorsque j’ai été cer­ti­fiée et que j’ai fait mes pre­mières pro­cé­dures en auto­no­mie. Il a été dif­fi­cile de me sen­tir légi­time et d’affirmer des points de vue sur l’utilisation du Fara­pulse à des méde­cins qui ont fait plus de 10 années d’études et qui ont deux, voire trois fois mon âge.

Créer du lien avec le per­son­nel médi­cal et para­mé­di­cal n’a pas été simple, sachant que l’on est en cous de for­ma­tion et que l’on change quo­ti­dien­ne­ment de centres. Pen­dant mes pre­mières semaines de pro­cé­dures en auto­no­mie, j’ai été deux à trois fois par semaine dans le même centre. Cela m’a ras­su­rée sur le fait que je pou­vais créer de bonnes rela­tions de tra­vail et de confiance avec les équipes de ce centre. Aujourd’hui, je tra­vaille quo­ti­dien­ne­ment à créer un lien solide avec les dif­fé­rents acteurs des blocs que je fréquente.

Enfin, la balance vie pro­fes­sion­nelle et vie per­son­nelle n’a pas tou­jours été simple à équi­li­brer. Pour­tant, la fluc­tua­tion du temps de tra­vail et des sites géo­gra­phiques font aus­si le grand charme de ce métier. En effet, ne pas avoir de rou­tine fait que chaque jour est une sur­prise. Aucune jour­née ne se res­semble et sur­tout cela me montre que pour le moment je ne me vois abso­lu­ment pas effec­tuer un tra­vail de bureau.

D. Perspectives

L’électrophysiologie est un domaine pas­sion­nant et inno­vant qui est en pleine muta­tion avec la tech­nique de la PFA et j’ai eu beau­coup de chance de pou­voir par­ti­ci­per son expan­sion sur le ter­ri­toire fran­çais au cours de ces six der­niers mois. Je sou­haite pour­suivre dans le domaine de l’électrophysiologie et sur­tout conti­nuer à déve­lop­per mes com­pé­tences et élar­gir mon champ de connaissance. 

Conclusion

Ce stage marque de la meilleure des façons, la fin de cinq ans d’études supé­rieures. Je suis fière de l’évolution per­son­nelle que m’a per­mis cette expé­rience. J’ai été obli­gée de sor­tir pro­gres­si­ve­ment de ma zone de confort en ren­con­trant quo­ti­dien­ne­ment des per­sonnes pas­sion­nées et passionnantes.

Aujourd’hui, c’est un socle de connais­sances solides en élec­tro­phy­sio­lo­gie que j’ai construit, et c’est avec envie et curio­si­té que je sou­haite pour­suivre dans ce domaine innovant.

Pour conclure, c’est avec enthou­siasme que je vais pour­suivre la construc­tion du par­cours pro­fes­sion­nel que j’ambitionne.

Bibliographie

[1] J.-Y. L. Heuzey, « Académie Nationale de Médecine,» [En ligne]. Available : https://www.academie-medecine.fr/epidemiologie-etiologie-et-mecanisme-de-la-fibrillation-atriale/.

[2] « 2024 Overall Rankings,» 2024 avril 5. [En ligne]. Available : https://justcapital.com/rankings/. [Accès le 29 avril 2024].

[3] S. E. Majdoubi, « LinkedIn,» 28 avril 2023. [En ligne]. Available : https://www.linkedin.com/pulse/top-companies-2023-les-25-entreprises-o%C3%B9-acc%C3%A9l%C3%A9rer-1c/. [Accès le 29 avril 2024]